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Mazarinade n° C_10_28

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Anonyme [1649], LES TERREVRS DE MAZARIN, ET LE SECOVRS CHIMERIQVE & imaginaire qui luy vient d’Italie, conduit par le redoutable Capitaine & General Scaramouche. , françaisRéférence RIM : M0_3762. Cote locale : C_10_28.



Le Signor Crepa-cuore, est Lieutenant General, non seulement à cause
de l’adresse merueilleuse qu’il a de dõner des bottes franches dãs le milieu
du cœur de ses ennemis ; mais aussi pource qu’il sçait dõner des coups
de poignards & de dagues aussi finement qu’homme qui soit au monde,
& qu’il a plusieurs excellens poisons, dont il se seruira en ma faueur selon
que i’en auray besoin. Les quatre Mareschaux de Camp, sont aussi tres-vaillans
& tres-experimentez, & il y a long-temps que l’Italie a veu des
preuues de leur courage & de leur suffisance. Voicy leurs noms, le Signor
Spessa monti, le Marquis Rompi-testa, le Signor Taglia-cantoni, & le
Baron de Malla gamba,
Leurs Aydes de Camp sont les sieurs Pasquariello, Bello sgnardo, Maramao,
& Trastullo.
Le grand Maistre, & le Lieutenant de l’Artillerie sont le Capitaine
Bombardon, & le signor Fracasse. Le Sergent de bataille le signor Esgangarato
general des viures, le signor de Bella-vita, le Preuost Ratsa di Boio.
Voila pour ce qui est des principaux officiers, & quant aux Mestres de
Camp, Colonels & Capitaines, ie n’aurois iamais fait si ie vous en voulois
dire tous les noms ; les plus considerables sont, les sieurs Cururuca, Cucorogna,
Squaquara, Maramao, Virginio, Tailla-fromay, Mestolino,
Fritello, Rauanello, Bragueta, Polliciniello, Fritelino, Cardoni, Francatripa,
Cocodrillo, Bagattino, Scapino, Fricasso, Babeo, Atto-Castrato,
Busetto, Briguello & plusieurs autres au nombre de plus de cinquante ;
tous les Regimens composez de plus de mille hommes bien armez, tellement
que vous pouuez iuger par ce nombre capable de conquerir les
Indes, si nos ennemis pourront resister à toutes ces forces ; Et si la nouuelle
qu’ils auront de la marche de cette formidable armée qu’on peut
appeller à tres-iuste raison la Mazarine, ne leur donnera pas bien-tost
l’espouuante, & ne les obligera pas a venir demander pardon à mon Eminence,
& dependre desormais de toutes mes volontez, pour mauuaises &
iniustes qu’elles puissent estre.
Comme ce pauure hypocondriaque eut esté escouté auec beaucoup
de patience par ces trois courtisans raffinez ; Ils ne se pûrent jamais
contenir, & nonobstant le respect qu’ils auoient accoustumé de porter à
cet idole (c’est à dire à luy pour l’amour d’elle) ils se mirent tous trois
à esclater de rire des discours chimeriques qu’il leur auoit tenu ; Mais
luy s’imaginant que la joye qu’ils receuoient de cette nouuelle leur auoit
causé ces transports ; Il reprit sa narration en cette sorte : Messieurs, ce
n’est pas tout, j’oubliois à vous dire que le Grand Turc auec lequel j’ay
des intelligences secretes depuis long-temps, & qui me donne vne tres-grosse
pension pour m’obliger à entretenir la guerre dans la Chrestienté,
& ainsi diuertir le secours que les Princes Chrestiens pourroient donner
aux Venitiens contre luy ; Vous sçaurez, dis-ie, qu’il a fourny vne tres-belle
armée nauale & plusieurs autres vaisseaux pour faire passer la mer
à mon armée, laquelle il doit venir débarquer au Havre de grace. Les
Lettres que j’ay receu les plus fraiches, m’apprennent qu’il y a six ou