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Mazarinade n° C_3_37

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Anonyme [1649], LETTRE DV COMTE DVC D’OLIVAREZ MINISTRE D’ESTAT DV ROY D’ESPAGNE : A IVLES MAZARIN CARDINAL, ET N’AGVERES MINISTRE D’ESTAT, DV ROY DE FRANCE. , françaisRéférence RIM : M0_2101. Cote locale : C_3_37.


Cardinal d’Amiens, qui les emporta hors du Royaume, ou
comme cet autre, qui les destinant au dessein qu’il descouurit
à François premier, quand il vit son temps, tesmoigna
comme il luy fut reproché, qu’il aimoit mieux son argent,
que son Maistre, quoy que ie sois Espagnol, ie ne laisse pas de
sçauoir l’Histoire de France. Qu’on me die tant que l’on
voudra, que le Duc de Richelieu ne faisoit que preter que ce
qu’il auoit receu, il ne m’importe pourueu que l’on m’auoüe
en mesme temps, que c’est ce que nous & dix mil autres,
que en auons eu dix fois plus que luy, n’auons pas fait. Nous
ne sommes pas de son humeur ; & nous deuons confesser, que
nous viuons dans l’air d’vn siecle, où nous, & la pluspart des
autres fauoris, mesurant nostre deuoir à nostre profit, nous
prendrions plustost des tresors pour perdre l’Estat de nos
Roys, que nous n’en donnerons pour le sauuer.
 
C’est assez parlé de ce grand homme, ie veux acheuer cette
lettre, & parlant de vous & de nos menées. N’auons nous
pas cent fois flattez nos Princes, & coniointement ne leur
auons nous pas fait croire qu’ils n’estoient point obligez à
contribuer rien du leur à l’amitié de leurs suiets ? ne leur auons
nous pas persuadé, qu’il falloit estimer vn gain, ce qu’ils tirent
d’eux, comme si à la façon d’vne balance, leur Eatat s’éleuoit
plus haut, quand le peuple est raualé plus bas, leur faisant
tirer cette mauuaise consequence, qu’ils ne sont iamais
plus haut montez, que lors que leurs suiets ont à peine loisir
de respirer sous le iour de leur bassesse. Nous auons fait de
puissans efforts pour faire passer dans leur esprit cette fausse
maxime pour vne iuste loy, & ces mauuais amis ont donné
lieu aux peuples d’Espagne, que i’ay fait si mal mené, d’auoir
fait naistre parmy eux des parricides, pour attenter à la vie de
leur Prince. Les François plus retenus, se sont contentez de
vouloir conseruer la franchise auec laquelle ils sont nez,
sans desormais vouloir plus tendre le col au sacrifice,
où vous les auiez fait plusieurs fois exposer. Si nos esprits
eussent esté vertueux, & excellens, ils eussent abhorrez
les artifices, & les meschancetez, & n’eussent aimé
que les choses raisonnables de fideles Ministres, doiuent tant