[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° C_3_24

Image de la page

Anonyme [1649 [?]], LETTRE DV SIEVR MAZARINI au Cardinal Mazarin son fils. De Rome le 25. Octobre 1648. Auec la Response du Cardinal Mazarin à son Pere. , françaisRéférence RIM : M0_2204. Cote locale : C_3_24.


dans la Bastille du moment que le Roy pourra dire, Ie veux, sans consentement
de la Reyne sa Mere iusques à ce temps, ie vous confesse que mes interests me
sont mille fois plus chers que ceux de toute la France, i’aymerois mieux que
tout le Royaume fut dans la dominatiõ du Turc, que de souffrir vne picure d’espingle
au bout du doigt. Et ie vous asseure, que si dans vn certain temps les affaires
generalles & particulieres ne changent, & que ie voye qu’il ne fasse pas
bon à Paris pour moy, & que le Parlement continuë à me pousser, comme ie
voy qu’il en prend le grand chemin, ie transporteray le siege du Roy hors de
Paris en quelque ville du Royaume, où ie seray en seureté, & d’où ie me
vengeray à loisir de la canaille, aussi bien que du Parlement, quand tout
le Royaume deueroit perir, si c’est estre mal habille homme, que de penser
serieusement à sa seureté particuliere, i’aduouë que ie le suis extremement.
 
Messieurs du Parlement de Paris ont fait auec moy, & ie m’en vengeray pat
l’authorité du Roy quand il sera maieur, si ie ne le puis faire pendant sa minorité :
si i’en ay recherché quelques-vns d’amitié, ce procedé ne peut pas estre
appellé ridicule ny extrauagant, ie vois bien presentement, qu’il est impossible,
que iamais la confiance se restablisse de part & d’autre.
Le Sieur d’Auaux est encore vn de ceux de qui ie dois apprehender la societé,
parce qu’il est de race de gens qui ne pardonnent point les offenses : &
qu’il a suiet de se plaindre de la protection que i’ay despartie au Sieur Seruient
pendant la diuision qui a esté entr’eux deux estant à Munster. I’ay essayé de me
bien remettre auec luy en apparence pendant le trouble & assemblées du Parlement,
à cause du President de Mesme son frere, qui estoit capable de m’y seruir :
mais à present ie ne me soucie ny de l’vn ny de l’autre, & espere leur faire
voir à leur tour que ie ne les crains gueres & que ie m’en passeray fort bien.
Ne vous mettez point en peine de moy conseruez-vous & croyez que le pis
qui me puisse arriuer, est de retourner à Rome en estat de me passer de tous nos
ennemis, & que toutes ces trauerses ne font autre mal à nostre Famille, que de
retarder le mariage de mes niepces. Ie suis, &c.