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Mazarinade n° A_5_66

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Anonyme [1649], LETTRE DV SIEVR MAZARINI AV CARDINAL MAZARIN SON FILS, De Rome du 25. Octobre 1648. TOVRNEE D’ITALIEN EN FRANCOIS par le Sieur de Lionne. AVEC LA RESPONSE DV CARDINAL Mazarin à son Pere. , françaisRéférence RIM : M0_2203. Cote locale : A_5_66.


aux Princes & à leurs fauoris, & que ie leur monstreray
que i’ay esté esleué en bonne escole. Ie voy bien que les
Princes peschent en eau trouble, & qu’ils vsurpent impunément
dans les Prouinces l’authorité du Roy pendant sa
minorité, ils se trouveront bien loin de compte, quand le
Roy sortira de page, ie ne leur demande qu’vn mois de ce
tẽps là, pour leur faire voir que ma patience n’est pas coyonnerie,
comme ils s’imaginent, & ie vous donne le plus huppé
d’entre eux dans la Bastille du moment que le Roy pourra
dire, Ie veux, sans le consentement de la Reyne sa Mere.
Jusques à ce temps, ie vous confesse que mes interests me
sont mille fois plus chers que ceux de toute la France, & i’aymerois
mieux que tout le Royaume fut dans la domination
du Turc, que de souffrir vne picqueure d’espingle au bout du
doigt. Et ie vous asseure, que si dans vn certain temps les affaires
generalles & particulieres ne changent, & que ie voye
qu’il ne fasse pas bon à Paris pour moy, & que le Parlement
continue à me pousser, comme ie voy qu’il en prend le grand
chemin, ie transporteray le siege du Roy hors de Paris en
quelque ville du Royaume, où ie seray en seureté, & d’où ie
me vengeray à loisir de la canaille, aussi bien que du Parlement,
quand tout le Royaume deuroit perir, si c’est estre mal
habile homme, que de penser serieusement à sa seureté particuliere,
i’aduouë que ie le suis extremement.
 
Messieurs du Parlement de Paris ont fait auec moy, & ie
m’en vengeray par l’authorité du Roy quand il sera majeur,
si ie ne le puis faire pendant sa minorité : si i’en ay recherché
quelques-vns d’amitié, ce procedé ne peut pas estre appellé
ridicule ny extrauagant, ie vois bien presentement qu’il est
impossible, que iamais la confiance se restablisse de part &
d’autre.
Le Sieur d’Auaux est encore vn de ceux de qui ie dois apprehender
la societé, parce qu’il est de race de gens qui ne
pardonnent point les offenses : & qu’il a sujet de se plaindre
de la protection, que i’ay despartie au Sieur Seruiert pendant
la diuision qui a esté entr’eux deux estant à Munster. I’ay essayé
de me bien remettre auec luy en apparence pendant le