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Mazarinade n° C_3_31

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Anonyme [1649], LETTRE D’AVIS A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS, ESCRITE PAR VN PROVINCIAL. , français, latinRéférence RIM : M0_1837. Cote locale : C_3_31.


en faisant mettre bas les armes à ses Ministres ; voyons maintenant
à quel danger s’exposeroit le Parlement, s’il faisoit comme
on demande le premier pas, & s’il se soumetoit encore vne
vne fois aprés tant d’autres. Quelle seureté y auroit-il pour luy ?
le peu de fidelité qu’on a experimenté dans les Ministres, desia
par deux fois, ne permet pas d’en tenter vne troisiesme ; ce ne seroit
pas faire en gens prudens, que de rechercher les precipices
qu’ils ont éuitez. Aprés la victoire de Scipion sur les Carthaginois,
l’on proposa dans le Senat ce qu’il en falloit faire ; Cn.
Cornelius Lentulus fut d’auis de les ruiner tout à fait, parce que
de tous les traittez qu’on auoit fait auec eux, ils n’en auoient pas
obserué vn, qu’ils ne demandoient iamais la paix, que quand ils
n’en pouuoient plus, & que puis que l’on ne leur pouuoit oster
la perfidie qui leur estoit naturelle, au moins leur falloit-il oster
la puissance de nuire. Et quoy que cét aduis ne fust pas suiuy pour
l’heure, neantmoins l’on y fust obligé aprés, à cause de ce qui arriua
depuis, c’est à dire à cause de la foy qu’ils violerent aprés
tant de traitez, & qu’ils violoient sans cesse. Aussi quel traitté
peut on faire auec les Ministres qui font comme on tient que faisoient
Alexandre sixiesme, & son neueu le Comte de Valentinois,
que Machiauel met pour le Parangon des Princes : car quelque
paix ou accord qu’ils fissent, il n’y auoit iamais de seureté, d’autant
qu’Alexandre ne faisoit rien de ce qu’il disoit, & que le Comte
ne disoit rien de ce qu’il faisoit. L’histoire marque les grands
sermens qu’il fit pour asseurance de la paix auec les Princes qui
s’estoient liguez contre luy, lesquels aprés auoir attirez sous ombre
de bonne soy, il fit aprés cruellement mourir, sur quoy Alexandre
dit en riant, qu’il auoit ioüé vn tour d’Espagnol. Leçon
aux Princes vnis de ne se fier iamais à des infracteurs de la foy publique,
imitateurs encore en ce point de Maximilian premier,
qui disoit qu’il ne faisoit iamais de traitté auec Louys douziesme,
que pour l’abuser & l’amuser, & pour se vanger de dix-sept iniures
qu’il pretendoit auoir receuës des François. Et quoy Messieurs,
les Princes oseront-ils donner leur foy à des gens qui n’en
ont point ; & si vous entendez à vn accord, croyez-vous qu’ils
le tiennent, eux qui ont de grands interests à prendre leurs seuretez,
pensez-vous qu’ils ioüent à des ieux d’enfans ? & les Prouinces
qui sont pour vous, que diront-elles ? & celles qui ne sont pas
encore declarées, le voudront-elles faire, si elles entendent que
vous traittiez de paix. C’est vn artifice, ne vous y fiez pas, &
tout ce que pretendent les Ministres, est de vous oster l’appuy,
que vous auez & l’vnion qui vous rend inuincibles. Puis qu’il