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Mazarinade n° A_1_7

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Anonyme [1649 [?]], Lettre d’vn Bourgeois de Paris estant à la Cour, envoyée à Paris, à vn sien amy, le 26 Ianvier 1649: Sur le sujet des présens mouvemens. , françaisRéférence RIM : M0_1855. Cote locale : A_1_7.


le mal des sujets du Roy. Ces bonnes gens avant que s’engager
à prendre les armes sous le commandement du Parlement,
devoyent considérer qu’ils donnoyent moyen à l’ennemy de la
France, de venir bien fort dans l’Estat, & d’y faire de grands desordres,
& que les forces que l’on pouvoit employer contr’eux,
seroyẽt détournées pour résister aux mauvais desseins de ces factieux
qui les ont trompez. Ie croy qu’ils cognoistront bien-tost,
qu’il y a plus d’avantage d’estre dans l’obeyssance d’vn bon Roy,
que de suivre le commandement de ceux qui se révoltent contre
luy. Auparavant tous ces mouvemens, le traffic, & le commerce
estoyent libres per toute la France, les boutiques estoyent ouvertes
dans Paris, les artisans & le menu peuple gaignoyent leur vie,
le pain estoit à bõ marché : à présent Messieurs les reformateurs de
l’Estat sont cause qu’il n’y a plus de traffic, que l’artisan ne peut
plus travailler pour gaigner sa vie, que la necessité augmente de
jour en jour, que le pain enchérit, & qu’ils n’ont point d’argent
pour en achepter, & que ces gens qui ne preschent que le soulagement
du peuple, imposent tous les iours des sommes excessives
sur eux, taxent les maisons, font des levées de deniers par violence,
lors qu’ils disent qu’ils veulent les soulager. Ils condamnoyent
il n’y a pas long-temps les impositions légitimes, & à présent
ils en font de plus dures, pour jetter ces bonnes gens dans la
misére. S’ils veulent vn peu se détromper, ils verront que l’on
les engage dans vne affaire bien malheureuse, que l’on veut leur
faire soustenir toutes les despẽces de la guerre, que ce n’estoit rien
que ces premieres impositions, qui augmenteront bien, & alors
ils sentiront trop tard leur mal. C’est vne résolution bien imprudente
pour eux de vouloir demeurer, dans la rebellion de quelques
factieux qui veulent satisfaire à leur passion, & qu’il les sacrifient
pour leurs interests. Quand ces pauvres gens, seront demeurez
encore du temps dans la desobeyssance, que peuvent-ils
espérer, sinon leur ruyne ? Il faut qu’ils reviennent tousjours
sous l’authorité légitime de leur Roy : le Parlement n’est pas pour
gouverner le Royaume, & changer cét établissement des Roys
qu’il y a si long temps qui dure : il leur est bien aisé de finir leurs
maux, ils n’ont qu’à envoyer au Roy luy tesmoigner qu’ils veullent
obeyr, & qu’ils tournent leurs armes contre ceux qui les ont
trompez, tant plus long temps, ils demeureront en l’estat où ils
seront ils augmenteront leurs maux : La misére se mettra au milieu
de Paris où estoit l’abondance : toute la campagne sera ruynée,