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Mazarinade n° A_5_51

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Anonyme [1649], LOVANGE DE LA GENEROSITÉ DES PARISIENS, PENDANT LE SIEGE DE LEVR VILLE. , françaisRéférence RIM : M0_2326. Cote locale : A_5_51.


fatigues de la guerre, dans vn hyuer autant extraordinaire
en rigueur, qu’en sa durée, ce sont veritablement
des metamorphoses bien estranges. C’est vne
espece de miracle, que d’auoir ainsi passé d’vne extremité
à l’autre, sans auoir passé par le milieu.
 
Si la promptitude des Parisiens à prendre les armes, & à
mettre la main à la bourse, tant pour la leuée que pour la
subsistance de la milice, est recommandable, leur perseuerance
est tout à fait digne d’admiration. Ce n’est pas nouueauté
que de voir le peuple esmeu, il est remüant de son
naturel, le Bourgeois prend aisément le mousquet, & la hallebarde,
& n’épargne rien dans ses premieres impetuositez,
mais de persister constamment plus de deux mois, resister à
toutes les iniures de l’air, aux menaces des ennemis, & principalement
aux horreurs épouuantables de la famine : c’est
en verité ce que l’on n’auoit iamais veu à Paris, & l’on doit
plutost appeller cela vn ouurage de la raison, que l’effet d’vne
boutade. L’ardeur & le zele de ces braues Citoyens ne
paroist que trop dans les sorties qu’ils ont faites, & dans celles
qu’ils demandoient incessamment de faire. Messieurs
les Generaux me seront garands de cette verité, puis qu’ils
ont eu tant de peine à les retenir, ce sont aussi toutes les
plaintes qu’ils en ont receües, de les auoir trop aimez, &
d’auoir esté si auares du sang des Parisiens, eux qui ont esté
si prodigues du leur.
Apres cette merueilleuse constance se trouuera il quelque
personne si ennemie de la vertu, qui refuse aux Bourgeois
de Paris tous les Eloges qui se doiuent à vn peuple liberal,
vigilant, & laborieux, qui a preferé les interests de
l’Estat aux siens particuliers, & qui a si glorieusement & si
heureusement pris les armes pour retirer son Prince d’entre
les mains des rauisseurs, pour reformer tous les desordres
du Royaume, & pour vne paix generale, que le bon Dieu
nous donnera s’il luy plaist, apres nous auoir donné la particuliere.

FIN.