[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° C_12_48

Image de la page

Anonyme [1652], PROCEZ DES VERITABLES HABITANS DE LA VILLE D’ANGERS CONTRE L’EVESQVE, AVEC LES PIECES IVSTIFICATIUES de leur differend. LETTRE PASTORALE DE MONSEIGNEVR L’EVESQVE D’ANGERS. AVEC LA RESPONSE DES Habitans d’Angers à ladite Lettre Pastorale de mondit Seigneur l’Euesque. ET LA PLAINTE DE LA RESPONSE A LA Lettre Pastorale de l’Euesque d’Angers, bruslée par les Mazarins de la ville d’Angers. Aux Habitans de ladite Ville , françaisRéférence RIM : M0_2886. Cote locale : C_12_48.


de Vous, & sur laquelle vous n’auez aucune puissance. Ie ne vous reconnois plus pour
Peres, crainte de vous faire encore par vostre desadueu commettre vn parricide.
 
La verité seule m’a fait naistre, elle immortalisera mon nom, & la posterité desinteressée
admirera mes genereuses remonstrances, & blasmera vostre aueuglement.
Ie triompheray de vos ennemis, lors que vous serez dans leurs fers, & que vous n’oserez
mesme faire éclatter vos plaintes : car le tourment que vous m’auez veu souffrir seroit
vostre condemnation, & authoriseroit vostre supplice.
Et vous, Monseigneur l’Euesque, ne pensez pas que le feu ait estouffé mes genereux
desseins, la teste des Hydres se consomme par la flamme : mais la Verité renaist de ses propres
cendres. Ie feray cognoistre à tout le monde vos déreglemens, si vous ne les voulez
corriger.
Souuenez vous de la violence dont vous vsâtes cõtre vostre Chapitre, lors qu’il vous
representa auec respect les entreprises que vous vouliez faire sur ses droicts, vous le menaçâtes
de faire des procez verbaux pour le rendre criminel d’Estat : sans mentir cela
conuient-il bien à la moderation Episcopale.
Le Libelle seditieux que vous enuoyâtes pendant le siege d’Angers pour estre publié,
eust bien mieux merité le feu que moy : aussi vostre grand Vicaire, plus iudicieux que
vous, craignant de hazarder la reputation de vostre Saincteté, en supprima ce qu’il
en peût recouurer d’exemplaires.
Ha ! que vostre humeur dans ceste piece paroissoit sans déguisemẽt, & que vostre bile
trop échauffée trahissoit bien vostre mine si sainte & si religieuse.
Et vous, Magistrats, qui m’auez condamnée souuerainement ; parce que, dites vous,
ie suis vagabonde, & sans adueu, permettez-moy de dire auec liberté mes sentimens de
vostre conduite. I’honore vostre dignité, mais ie deteste vostre tyrannie. Vous croyez
faire valoir l’authorité que le Roy vous a donnée, lors que vous marchez par les ruës
auec insolence sans regarder personne, & que vous exigez auec violence le salut d’vn
chacun, ostant le chapeau de dessus la teste des honnestes gens pour le fouler aux pieds,
vous menacez mesme les Ecclesiastiques au milieu des places publiques, & vous reprochez
à vos concitoyens ce que S M. veut estre enseuely dans vn oubly perpetuel.
L’éclat de cette authorité doit principalement paroistre en l’obseruation des Loix &
à rendre la Iustice, qui a pour sa principale fin l’entretien de la Societé ciuile. Si vous
estes bons citoyens vous serez infailliblement bons Iuges.
Cessez donc de faire vos establissemens de Pancarte contre les formes, quittez les charges
que vous auez vsurpées contre les priuileges de vostre Ville, ne faites plus faire ces
emprisonnemens des Bourgeois dans le Chasteau & ailleurs contre les Loix du Royaume :
ne souffrez plus ses bannissemens & ses proscriptions d’habitans, contre la liberté
publique : establissez le repos, l’vnion, & la tranquilité dans vos Compagnies, & faites
cognoistre au peuple par vostre exemple, que vous estes capables de luy administrer la
Iustice : Bref, ne soyez plus Mazarins, c’est à dire, protecteurs & Defenseurs de la Tyrannie
& de l’Iniustice.
Vous serez alors respectez & reuerez, vous rendrez le calme à vostre Ville, & vous y
rappellerez le bon-heur & l’abondance que vostre diuision en auoit chassée. Ce sont les
Vœux & les souhaits que font auec moy les bons Habitans d’Angers.

FIN.