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Mazarinade n° C_6_76

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Anonyme [1649], QVESTION, SI LA VOIX DV PEVPLE EST LA VOIX DE DIEV ? , français, latinRéférence RIM : M0_2951. Cote locale : C_6_76.


pour nous broüiller dauãtage auec les Espagnols, croyant que
son veritable interest estoit que nous ne nous approchassions
pas tant d’elle, cõme nous faisions chaque campagne, & qu’il
demeurast toujours entredeux vne puissance assez grãde pour
empescher que l’on ne vinst à elle, & pas assez forte toutefois
pour la destruire ; ce qui ne se pouuoit faire, suiuant sa politique,
que par vne paix prompte : Et que cette paix estant faite,
il luy estoit auantageux aussi que les deux Couronnes ne s’accordassent
iamais, & s’affoiblissent au contraire de plus en plus
l’vne par l’autre ; afin qu’elle restast seule paisible au milieu de
l’embrasement de toute l’Europe, & qu’ainsi elle asseurast son
Estat encore tout nouueau, & s’estendist plus aisément dans
tout le monde par le commerce, dont le trafiq d’Espagne
n’estoit pas vn petit accroissement, ce qui ne se pouuoit faire
que par vne paix separée.
 
Apres que les Espagnols eurent acheué ce grand œuure,
auquel ils trauailloient depuis si longtemps, quelle apparence
y auoit-il qu’ils voulussent la paix auec nous, qu’ils voyoient
auoir moins d’vne armée puissante sur la mer, & d’vne puissante
sur la terre ? Tout le monde sçait que leur Plenipotentiaire
quitta l’Assemblée aussi tost, sans laisser aucun pouuoir
de la traiter à Mõsieur le Brun, qui eut bien de la peine en fin à
en obtenir vn tel quel, & qui receut de grandes reprimẽdes de
Bruxelles pour auoir voulu entrer en matiere. De façon que
l’on vit bien qu’il n’y estoit demeuré que pour empescher la
conclusion de la paix d’Allemagne, qu’ils ne trouuent pas si
peu honorable, ny si peu auantageuse à la France, qu’ils ne taschent
par toutes sortes de voyes d’en empescher l’execution :
Et où ils n’ont garde de nous faire l’objection que nous nous
faisons nous-mesmes de la Religion, recognoissant bien que
ce sont eux qui l’ont laschemẽt abandonnée dans le Traité de
Hollande, permettant à la fureur de l’heresie de grands pays
tous entiers, qui n’en auoient iamais esté infectez : au lieu que
dans celuy d’Allemagne nous en auons sauué plusieurs grãds
Eueschez qu’elle s’estoit desia appropriez. Il semble que ce
n’estoit pas tesmoigner vne trop grande auersion pour la paix,
mais que c’estoit plutost faire la moitié du chemin que de s’accorder
ainsi auec la maison d’Austriche, & que la cholere où