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Mazarinade n° B_19_17

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Anonyme [1652], HARANGVE DE LA VILLE DE PARIS A MONSIEVR DE BROVSSEL, CONSEILLER DV ROY, Sous-Doyen de la grand’Chambre, & Preuost des Marchands de Paris. , françaisRéférence RIM : M0_1548. Cote locale : B_19_17.



Il y a quatre ans que le Mazarin ne pouuant plus soustenir
la guerre sur les frontieres esloignées, l’a fait naistre & fait venir
au milieu, & dans le cœur du Royaume ; Et comme si ce perturbateur
du repos public estoit pay à pour trauailler à la destruction
de ce grand Empire, nous n’y voyons plus que des pertes
& des desolations, & semble que tout son credit ne soit plus que
pour renuerser nostre Monarchie. Nous voyons, & non sans
douleur, nostre ieune Roy errant comme vn Carabin parmy
le Royaume, les gens de bien n’oser plus l’approcher ny luy parler,
les Deputez du Parlement arrestez prisonniers contre la foy
publique & contre les paroles de sa Majesté : La Religion & la
Pieté bannies de la Cour, la Iustice n’y estre plus recõnuё, le cõmerce
cessé par tout, le peuple aux abois, & tout l’Estat dans
son penchant. Et tout cela parce que le Mazarin violente les
volontez de sa Majesté, corrompt le petit nombre d’Officiers
qu’elle a aupres de soy, achepte à beaux deniers comptants l’infidelité
de ceux qui fomentent ses des ordres & son ambition,
& donne toutes les charges à ceux qui luy promettent de tromper
le Roy, & de persecuter ses subjets.
Puis donc, Monsieur, que ces pestes publiques, & ces fauteurs
de la tirannie sont chassez honteusement, & que tous les
ordres de l’Estat ont jetté les y eux sur vous pour leur donner
vn successeur, qui fasse connoistre au Roy & à ses subjets ce qu’ils
doiuent estre & ce qu’ils doiuent faire. Nous nous promettons
de vostre Vertu, que vous attachant au seruice de sa Majesté, &
au soulagement de ses subjets, comme vous auez tousiours fait ;
Vous dissiperez ces monstres de la tirannie, vous ramenerez
nostre Souuerain dedans sa Capitale, vous restablirez le commerce
dedans la Ville, & ferez par vos soins & vostre sage conduite,
que ce grand peuple dont vous estes le Chef & le Pere, ne
boiue plus de larmes, & ne mange plus de ce pain de douleur
qu’il faut qu’il achepte au prix de son sang, & par le nombre infiny
de ses trauaux.
Vous connoissez la malice des Tirans qui nous oppressent,
vous estes du nombre de leurs victimes, & du rang de ceux dont
l’innocence & l’integrité leur est suspecte & odieuse. C’est pourquoy,
Monsieur, il ne faut pas trouuer estrange si vostre Vertu