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Mazarinade n° A_8_75

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Anonyme [1649], RELATION VERITABLE DE CE QVI S’EST FAIT ET passé dans la ville d’Aix en Prouence, depuis l’enleuement du Roy Louys XIV. fait à Paris, le sixiesme Ianuier 1649. Et en l’affaire du Parlement, où le Comte d’Alais, Madame sa femme, & Mademoiselle sa fille, le Duc de Richelieu, Monsieur de Sceue, Intendant, & plus de cent cinquante Gentils-hommes ont esté arrestez prisonniers. Apportée par le Sr T. enuoyé par Messieurs du Parlement de Prouence. , françaisRéférence RIM : M0_3202. Cote locale : A_8_75.



Mais comme il n’y a rien qui nous oblige tant à nostre conseruation,
que lors que nous sommes à la mercy d’vn ennemy cruel & sanguinaire,
ces Messieurs voyans cette iniuste persecution, firent resolution de se
mettre tous ensemble, en cas qu’on en relançast quelqu’vn d’eux en détail ;
ils ne tarderent pas long-temps de voir l’effet de leur apprehension.
Le Lundy 18. Ianuier, le Comte d’Alais allant à la Messe accompagné
d’vne grande quantité des gardes, & suiuy de tous les Officiers de
ses Regiments, & grand nombre d’autres personnes, comme des Officiers
du Semestre & autres, vn de ses Gardes s’auisa de quereler vn Laquais,
qu’il disoit n’auoir pas osté son chapeau deuant Monsieur le Comte ;
le Laquais qui ne sçait ce qu’on luy veut dire, & qui se voit mal-traité,
s’enfuit. Le Garde ne pouuant l’attaindre, tire sa carabine sur luy,
luy casse vn bras, le met par terre ; les autres Gardes courent aprés, le
prennent, & le meinent dans la prison tout blessé. On dit, c’est le Laquais
de Monsieur Senier Conseiller au Parlement, il faut aller prendre
son Maistre. Ce bruit venu aux oreilles de tous ces Messieurs qui estoiẽt
menacez, les oblige de se mettre ensemble, & se sauuent tous chez Monsieur
le President d’Oppede, où estoit leur rendez-vous en cas de besoin ;
tous leurs amis s’assemblent auec eux, iusques au nombre de cinq à six
cens, se barricadent, & sont sur la deffensiue. Vne fille aagée de quinze à
seize ans, fust toute la iournée & toute la nuict, auec vne espée à chaque
main, à la porte dudit sieur d’Oppede, sans qu’on peut la faire retirer,
quoy qu’on luy peut dire, disant qu’elle vouloit mourir pour sa patrie
qu’elle voyoit opprimée Le Comte d’Alais fait mettre ses gens en bataille,
au nombre d’enuiron deux mille, tant Caualerie qu’Infanterie, dans
la place des Precheurs, auec dessein de les venir tailler en pieces.
A mesme temps Monsieur le Comte de Carces, Monsieur l’Archeuesque
d’Arles, & Monsieur le President Seguiran, s’entremettant d’accommodement,
& aprés auoir parlé à Monsieur le Comte d’Alais, &
luy auoir remonstré que ces Messieurs auoient raison de se tenir sur leurs
gardes, aprés les violences de ses gardes, ils allerent chez Mõsieur d’Oppede,
où estoient Monsieur le Baron de Bras, Monsieur le Baron de Sainct
Marc, Monsieur du Canet, & vne infinité de gens de condition de la ville
& de la campagne, auec ces Messieurs du Parlement, & commencerent à
traiter d’accord. Ces Messieurs voyans Monsieur le Comte de Carces
parmy eux, le prierent de demeurer, disans qu’ils desiroient qu’il fust spectateur
de leurs deportemens, & que Messieurs l’Archeuesque d’Arles
& de Seguiran feroient les allées & venuës pour conclurre leur accord ;
lequel porta, que Monsieur le Comte d’Alais promettoit de ne parler
aucunement, ny escrire à la Cour de ce qu’on auoit pris les armes, lesquelles
ces Messieurs mettroient bas, & que dans trois iours il congedieroit
de son costé, toutes les trouppes qui estoient pour lors dans la ville,
& traitteroit l’accommodement du Semestre. Cela accordé, on fit suspension