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Mazarinade n° C_9_67

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Anonyme [1649], REQVESTE DV DVC DE VENDOSME AV PARLEMENT DE PARIS. Auec les Memoires & Pieces qui en dependent. , françaisRéférence RIM : M0_3496. Cote locale : C_9_67.


le Roy par nulle de mes actions. Sur cela eux-mesmes me dirent
sur chaque article mes responses : & Lhostelnau me dit sur le point
de Blauet, dites que vous auez eu volonté de vous en saisir ; ie respõdis
que le Roy m’enuoyast quelque personne de qualité qui m’asseurast
de ma liberté, que ie ferois tout ce que ie pourrois, mon
honneur & ma conscience sauue. Deux iours apres Monsieur de
Bellegarde vient, lequel m’apporta vne lettre du Roy, qui chantoit
tout autre langage, & ne parloit rien moins que de ma liberté,
& lors ie dis que ie n’auois rien à dire : eux dirent (i’entends Lhostelnau
& Lamont) que ie leur auois aduoüé tout ce qu’eux-mesme
m’auoient conseillé d’auoüer : le dis que non, & que c’estoit
eux qui me vouloient faire auoüer toutes les choses pour auoir ma
liberté. Sur ce mot Monsieur de Bellegarde dit qu’il n’auoir qu’à
m’oüir, & n’auoit rien à respondre sur l’heure, sinon qu’il falloit
que le Roy se deschargeast aux despens de qui il appartenoit, & que
les Maistres ne vouloient pas auoir le dernier, qu’il reuiẽdroit dans
deux iours, & que si ie voulois moy mesme escrire quelque memoire
pour contenter le Roy, que de sa part il m’apporteroit, à ce qu’il
esperoit, tout contentement, que cela ne me pouuoit nuire, veu que
la lettre du Roy me seruoit de seureté. Nous nous separasmes en
cette sorte. Le soir Lamont & Lhostelnau me firent escrire dans la
chambre de Lamont ce memoire, non en forme de memoire, mais
de declaration, dictans eux mesmes les mots qu’ils vouloiẽt, & me
faisant oster ceux qui ne leur plaisoient pas. Le temps du retour de
Monsieur de Bellegarde venu, ie fus tout estonné de voir entrer
Madame d’Elbeuf ma sœur auec luy, laquelle apres quelque peu de
larmes & de complimens (marchandise dont les femmes ne sont
pas chiches) me dit qu’elle estoit venuë pour retirer ma declaration
& m’apporter la grace du Roy & asseurance de plus, mais que
pour l’honneur du Roy elle ne le pouuoit dire que ma declaration
ne fust entre ses mains : ie m’excuse & luy dis que l’on ne m’auoit
demãdé qu’vne declaration verballe : elle me dit qu’elle seroit inutile,
& là dessus elle me leut vne article de son instruction, qui portoit
que le Roy ne demandoit ma declaration que pour les estrangers,
afin de leur faire voir qu’il m’auoit fait arrester auec raison, &
par ce moyen se garantir du blasme d’auoir fait arrester son frere
sans sujet : en suitte dequoy elle adiousta force coups de genoux &
œillades, me disant, ie suis vostre sœur, croyez-moy, conrentez le