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Mazarinade n° C_10_17

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Anonyme [1649], SOMMAIRE DE LA DOCTRINE CVRIEVSE DV CARDINAL MAZARIN PAR LVY DECLAREE EN VNE LETTRE qu’il escrit à vn sien Confident, pour se purger de l’Arrest du Parlement, & des Faicts dont il est accusé. Ensemble la Response à icelle, par laquelle il est dissuadé de se representer au Parlement. , françaisRéférence RIM : M0_3683. Cote locale : C_10_17.


charges du Royaume à ma discretion, il est hors de doute, que i’en puis disposer à
telles conditions que ie trouueray raisonnable ; moyennant que i’en pouruoye des
personnes qui n’en soient incapables, & qui sçachent exercer les fonctions des charges
que ie leur commets.
 
Resp.
Si ie n’ay pas soûtenu les Partisans pour mon interest particulier : parce qu’il ne
s’adiugeoit pas de party au Conseil, que l’Adiudicataire ne me donnast vn droit &
recompense tres-considerable ?
13. Int.
Que i’ay tousiours estimé, que la direction des finances par party, estoit tres-avantageuse
à la France, à cause de la facilité & prompt secours que les affaires du
Roy en reçoiuent. Ce qui rend l’interest des particuliers fort peu considerable, qui
se plaignent de ce que par ce moyen il se leue beaucoup plus d’argent qu’il ne se feroit
dans la forme ordinaire ; & que par vne injustice apparente, il se void que ceux
par le moyen desquels ces deniers sont leuez, y profitent plus que le Roy mesme,
outre les recompenses qu’ils sont obligez de donner à ceux qui leur facilitent ces
partis : parce qu’oû l’interest du Roy & de l Estat se rencontre, celuy de ses subiets
ne luy doit estre opposé ; & le Prince, ny ses Ministres qui gouuernent le Royaume,
comme Peres communs autant des vns que des autres, ne doiuent considerer, si les
biens de l’vn de ses subiets passent à l’autre, pourueu qu’ils demeurent tousiours dans
le Royaume. Et n’importe en façon quelcõque à la conseruation de l’Estat, si le riche
est dépoüillé pour en couurir le pauure, pourueu qu’il en demeure toûjours vn riche,
sur qui le Roy puisse leuer les droicts qui luy appartiennent. De là s’ensuit, que ce ne
m’est pas vn crime d’Estat d’auoir profité des partis, particulierement s’il est remarqué,
que ce qui m’estoit baillé n’alloit pas à la diminution du party, qui entroit entierement,
pour mon regard, dans les coffres de sa Maiesté, & ma part ne consistoit
qu’en vn present que le Partisan me faisoit à sa discretion, & qui n’alloit qu’a sa
charge.
Resp.
Si sous le pretexte des Comptans, ie ne me suis pas fait bailler plusieurs sommes
considerables, que i’ay appliquées à mon profit ?
14. Int.
Que ce faict est veritable : mais qu’il ne m’est calomnieux, parce que i’ay fidelement
precompté ces sommes sur le coutant de mes pensions, la Reine ayant trouué
tant de sincereté en mon procedé, qu’elle m’a permis de tirer mes recompenses en
telle maniere que ie croirois le plus expedient, sur ce que ie luy ay donné à entendre
qu’il n’estoit pas à propos que mes gages & pensions passassent par les formalitez
ordinaires des Finances, sujectes à vne infinité d’Officiers, qui n’ayans connoissance
de la despense qu’il conuient faire à vn Ministre, s’en pourroient formaliser, & exciter
du bruit parmy le peuple, à quoy toutes personnes interessees dans les affaires
publiques doiuent particulierement prendre garde.
Resp.
Si par ces moyens, & plusieurs autres desquels ie me seruois, ie n’ay pas tiré des
sommes immenses des coffres du Roy ?
15. Int.
Que ie ne dois rendre compte de cet article, parce que la Reine m’ayant trouué assez
fidele pour laisser à ma discretion les sommes que ie dois toucher par chacun an
pour mes gages & pensions ; & sa Maiesté ayant la disposition absolue de toutes les
Finances du Roy, aussi bien que ses autres affaires, il s’ensuit que les biens que i’ay
acquis en France ne me peuuent estre enuiez, & encores moins imputez à crime,
supposé que la quantité s’en trouue exorbitante : parce que l’acquisition que i’en
ay faite, a eu pour fondement vne authorité absoluë.
Resp.
Si ie ne me suis pas serui de Leoni, & d’autres banqueroutiers pour attirer à moy
l’argent de plusieurs Bourgeois de Paris, ayant souffert qu’ils ayent fait banqueroute