[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° C_10_17

Image de la page

Anonyme [1649], SOMMAIRE DE LA DOCTRINE CVRIEVSE DV CARDINAL MAZARIN PAR LVY DECLAREE EN VNE LETTRE qu’il escrit à vn sien Confident, pour se purger de l’Arrest du Parlement, & des Faicts dont il est accusé. Ensemble la Response à icelle, par laquelle il est dissuadé de se representer au Parlement. , françaisRéférence RIM : M0_3683. Cote locale : C_10_17.


consideré comme la cause, non plus que defunct Monsieur le Cardinal : dautant
que i’ay trouué sur ses memoires, qu’il n’auoit suscité cette guerre, que pour diuertir
le secours, qu’il sçauoit de bonne part que le Roy d’Angleterre deuoit enuoyer
à celuy d’Espagne, lors que l’armée du Roy voudroit assieger Dumxerque, & les
autres villes qu’il ne pouuoit voir en nos mains sans ialousie ; mais que Monsieur le
Cardinal auoit fait estat que le party du Roy d’Angleterre subsisteroit plus long-temps,
& que c’estoit son intention de luy prester secours, & de le desgager de cette
oppression, lors qu’il auroit eu fait la paix auec l’Espagne, à quoy il destinoit le reste
de nos troupes, pour empescher les desordres que les soldats accoustumez en la
guerre causent en vn Estat, quand ils se trouuent oisifs.
 
Si la paix nous ayant esté offerte par le Roy d’Espagne & ses Confederez, auec
des conditions tres-auantageuses pour la France, ie n’en ay pas destourné l’effet,
& plutost souffert la desunion de nos Alliez, que d’y vouloir entendre, pour cette
seule consideration, que ie ne pourrois me maintenir pendant la paix, comme
ie fais en temps de guerre ? Si à cette occasion ie n’ay pas rendu Monsieur le Duc
de Longueuille malcontent, ayant veu que ie me seruois de l’industrie d’vn Plenipotentiaire
qui n’estoit de sa condition, pour empescher l’effet de ce que ce Prince
auoit arresté ? Et si ie ne sçay pas que l’Archiduc Leopold en a depuis peu rendu
tesmoignage au Parlement ?
31. Int.
Que si l’on considere la paix comme fait le commun du peuple, c’est à dire comme
le seul & vnique bien de l’Estat, que ie pourrois veritablement encourir quelque
sorte de blasme en ce rencontre ; mais si esleuant ses pensées, on considere que
la guerre & la paix sont indifferentes au bien de l’Estat, pourueu qu’il trouue les
moyens de subsister en l’vn ou en l’autre auantageusement, il n’y a personne pour
peu illuminé qu’il soit en l’art de regner, qui ne iuge mon procedé tres-iudicieux,
s’il sçait que defunct monsieur le Cardinal de Richelieu n’a pas tant declaré la
guerre dans l’esperance de prendre quelques villes sur l’ennemy, qui seroit peu en
comparaison de la despense qu’il faut faire pour les conquerir, que pour auoir sujet
d’éleuer pendant ce temps l’autorité du Roy au poinct où il l’a mise, ce qu’il
n’eust pû faire en temps de paix : C’est pourquoy c’est auec beaucoup plus de raison,
qu’ayant entrepris d’esleuer de la mesme façon l’autorité de la Regence, i’ay
procuré de tous mes efforts la continuation de la guerre. Ne faisant rien contre
moy ce qu’on objecte pour me blasmer, que dans cette pratique j’ay aussi bien eu
en consideration le maintien de mon autorité, que de celle du Roy & de la Reyne,
dautant que cherchant à me conseruer, c’est donner moyen à leurs Majestez
de garder cette puissance absoluë que nous leur auons donnée sur leurs subjets :
pour laquelle maintenir, il est necessaire qu’elle soit aidée par vn Ministre absolu
& nourry dans nos maximes : ayant fait en sorte que cette dignité est maintenant
plus necessaire dans la France en l’estat que les choses sont reduites, que toutes les
autres ensemble.
Resp.
Si cette prorogation de la guerre n’a pas esté cause des progrez du Turc en la
Chrestienté, les Princes Chrestiens estans empeschez en cette guerre domestique ?
Si le Pape & les Venitiens ne m’en ont pas fait reproche ? Et si ie n’en ay pas tiré
recompense du Turc ?
32. Int.
Que ie n’ay pas crû que l’interest general de la Chrestienté deust estre preferé
au bien particulier de la France, tel que ie viens de monstrer en respondant à l’article
precedent. Et si en seruant mon Maistre, le Turc s’est persuadé que ie luy rendois
seruice pour sa seule consideration, il est ertain que ie n’ay deu refuser se presens,