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Mazarinade n° E_1_81

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Anonyme [1649], SOMMAIRE DE LA DOCTRINE CVRIEVSE DV CARDINAL MAZARIN. PAR LVY DECLAREE EN VNE LETTRE qu’il escrit à vn sien Confident, pour se purger de l’Arrest du Parlement, & des Faicts dont il est accusé. Ensemble la response à icelle, par laquelle il est dissuadé de se representer au Parlement. , françaisRéférence RIM : M0_3683. Cote locale : E_1_81.


LA RESPONSE A LA LETTRE
DV CARDINAL MAZARIN.

MONSEIGNEVR,
I’ay crû que la consequence de l’affaire que vous me faites l’honneur de
me communiquer par celle que i’ay receuẽ de vostre Eminence, desiroit
vne plus prompte response que celle que vous demandez de moy : C’est
le sujet pour lequel ie vous enuoye ce Courier extraordinaire, pour
vous mander mon sentiment, touchant la comparution que vous auez
resolu de faire au Parlement, pour vous purger des calomnies que l’on
vous impose, & vous dire auec liberté (puisque vous me tesmoignez le souhaitter ainsi)
que vous deuez bien vous donner de garde de mettre vostre dessein à execution, sur la confiance
que vous auez de la iustice des Responses que vous auez dressees contre les Faicts
dont on vous accuse. Car combien que vostre Politique & Art de regner vous mettent à
couuert de tout reproche, vous deuez neantmoins considerer, que ceux deuant qui vous
auez à vous representer ne cognoissent pas les maximes de Machiauel ny de Monsieur le
Cardinal de Richelieu, non plus que celles que vous auez inuentees par vos artifices
(puisque c’est vn des mots de l’art) pour regles de leurs iugemens, comme vous vous les
estes proposez pour but & conduite de vos actions. De sorte que ie suis fasché de vous
dire, Monseigneur, que le Parlement qui ne recognoist autre loy en ce Royaume, à l’esgard
de telle personne que ce puisse estre, que les Ordonnances Royaux, trouueroit en vos
Responses, de la façon qu’elles sont conceuës par vostre Memoire, plus de cent chefs pour
prononcer vostre condemnation : C’est pourquoy, Monseigneur, pour ne pas flatter vostre
Eminence en vn rencontre où il importe de luy declarer la verité, ie serois d’aduis puis que
vous me faites l’honneur de participer à vos conseils, que vous cherchiez vostre salut par
tout autre moyen que celuy que vous me proposez. Ie vous prie de receuoir ce sentiment de
celuy qui ne s’est porté à vous le dire auec tant de liberté, que dans le dessein qui’ay de
vous tesmoigner que ie suis,

De Vostre Eminence,
MONSEIGNEVR,
Vostre tres-humble & obeissant seruiteur T. T.
De Paris ce 2. iour de Mars 1649.