[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° A_8_1

Image de la page

Anonyme [1649], TRES-HVMBLES REMONSTRANCES DE LA PROVINCE DE GVYENNE, AV ROY. , français, latinRéférence RIM : M0_3828. Cote locale : A_8_1.



Ie souhaitterois pouuoir faire vn Tableau de la
contusion qui les enuironne, à vostre imagination, &
ie m’asseure que Vostre Maiesté ne seroit pas longtemps
sans voir dans la leur, l’horreur de tout ce qu’ils
ont iamais pensé : si cette vagabonde iusques icy n’a
sçeu donner aucun frein, ny aucun terme a ses sallies,
la vengeance qu’elle prend, SIRE, de soy mesme,
par l’abus de tout ce qu’elle a iamais dit ny imaginé,
surpasse de beaucoup les peines de vostre iustice, & les
souhaits que vous pourriez faire à son desauantage :
vous la verrez tousiours dans vne forte créance du
bien de vostre seruice, & la haine qu’elle porte à toutes
ces vaines illusions qu’elle a iamais enfantées ; n’est
pas moindre que celle de cette maistresse d’vn de nos
Princes, à qui apres qu’elle luy eut fait ce monstre,
dont parle l’Historien, elle en conçeut tant d’horreur,
qu’il ne luy fut iamais possible d’oster de son souuenir
cette image, d’vne malheureuse secondité.
Histoire de
France,
dans la vie
de Robert.
Ouy, SIRE, vostre vertu & leur crime sont auiourd’huy
au plus haut point où ils se peuuent faire
voir tous deux, l’vne en pesant sa gloire, & l’autre en
pesant son dommage. La premiere à fait voir par le
peu de soin que vous auez pris à retirer vos satisfactions,
ce qu’elle peut elle seule, sans secours contre
l’iniustice : elle a tousiours fait la plus grande consolation
des malheureux iusqu’icy par la pensée de leur
innocence, & c’est elle aussi qui iette le respect & la
crainte dans l’ame des assassins, qui de la seule froideur
de son maintien, a desarmé les rebelles de ce Royaume,
& auec vne Auguste presence, a ruiné tout ce qui
s’opposoit au cours de vos fleurissantes prosperitez.
Vostre Majesté pouuoit en me priuant de ses bonnes
graces, m’oster par iustice vne chose qu’elle m’a
seulement accordée par grace ; les moyens pour y
reussir ne luy ont iamais mãqué, quoy qu’en puisse iuger
vne saison pleine de blasphemateurs, qui ne m’a iamais