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Mazarinade n° C_3_34

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Anonyme [1649], VERITABLE CENSVRE DE LA LETTRE D’AVIS, ESCRITE PAR VN PROVINCIAL, A MESSIEVRS DV PARLEMENT. ET LA VERITABLE CENSVRE de la Réponse à la mesme Lettre, auec la Refutation de la Replique à ladite Réponse. OV La Critique des trois plus fameux Libelles que nous ayons veu paroistre, depuis le commencement de ces derniers Troubles, iusques à present. Par vn des plus Illustres Grammairiens de Samothrace. Domine libera animam meam à labiis iniquis, & à lingua dolosa. Psalm. 119. , français, latinRéférence RIM : M0_3924. Cote locale : C_3_34.



Voila s’il me semble la vraye methode qu’il faut tenir pour
battre en ruine celuy qu’on veut entieremẽt destruire, ou qu’on
veut parfaitement confondre. Ie ne dis pas cecy pour vous instruire,
Monsieur le Refutateur : mais seulement pour vous faire
ressouuenir de ce que vous aurez à faire vne autre fois en de pareils
rencontres. Vous dites de trop belles & de trop bonnes
choses, pour ne nous pas monstrer euidemment que les sciences
sainctes, curieuses, & profanes, vous sont familieres, & que
vous estes aussi bien fondé, que qui que ce puisse estre en Theologie
aussi bien qu’en Philosophie, qu’en Morale & en Politique.
Toutefois pour ne pas abuser dauantage de vostre patience,
ie passeray de vostre entretien à celuy d’vn Prouincial, qui a
fait plus de bruit que trente, auec sa lettre.
Apres auoir voulu donner de la lumiere au Soleil, & des eaux
à toutes les campagnes flotantes, il dit ; Mon excuse vous paroistra
peut-estre legitime, si ie vous dis que les grands esprits,
pour estre trop attachez aux reflections qu’ils font sur des hautes
affaires, chopent bien souuent en celles qui sont fondamentales ;
parce qu’ils les negligent, comme leur paroissant trop petites.
Comme si les affaires les plus hautes, & les affaires fondamentales
de ces mesmes affaires, estoient deux choses si differentes
& si detachées, qu’on peust cõsiderer les vnes sans les autres :
& comme si ce grand nombre de clairs voyans qui sont
dans vn si Auguste Senat que celuy de Paris, n’estoient pas
en estat de mieux iuger des choses dont ils font vne si solemnelle
profession depuis longues années, qu’vn homme seul, qui n’a
iamais peut estre en sa vie, estudié en des matieres si épineuses
& delicates que celles qu’il veut dire.
L’exemple qu’il rapporte du Philosophe Thales est tres mal
aproprié en ce rencontre. Car si ce sçauant homme chopa, ce ne
fut pas en la contemplation des choses, où son esprit estoit occupé,
& où il se deuoit occuper en ce rencontre. Il estoit trop
bien fondé pour manquer en des sciences qui le firent mettre au
nombre des sept Sages de Grece. Ie croy que si nostre nouueau
Politique eut marché, & qu’il eut eu les yeux tournez vers le
Ciel lors qu’il dictoit sa lettre, comme faisoit ce Philosophe
Thales, lors qu’il contemploit les Astres, qu’il n’auroit pas
chopé seulement, mais qu’il auroit donné tout à fait du nez