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Mazarinade n° B_4_22

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Montmorancy, C. de [signé] [1650], LETTRE DE MADAME la Princesse Doüairiere de Condé, presentée à la Reine Regente. Contentant tous les moyens dont le Cardinal Mazarin s’est seruy pour empescher la Paix, pour ruiner le Parlement & le Peuple de Paris; pour tâcher de perdre Monsieur le Duc de Beaufort, Monsieur le Coadjuteur, Monsieur de Brousselles, & Monsieur le President Charton; par l’assassinat supposé contre la personne de Monsieur le Prince; & pour emprisonner Messieurs les Princes de Condé & de Conty, & Monsieur le Duc de Longueuille. , françaisRéférence RIM : M0_1954. Cote locale : B_4_22.


moindre piece du naufrage illustre de ma maison dans son
entier, ils vouloient me pousser hors du Royaume, par
l’apprehension qu’ils vouloient me donner, d’estre enfermée
dans Chantilly par les gens de guerre comme dans
vne prison, ou d’estre menée en vne autre encore plus
estroitte, à l’exemple de Madame la Duchesse de Bouïllon,
qui auoit esté conduitte à la Bastille depuis peu de jours.
Dieu me fit la grace de preuoir aussi cét artifice, & de ne
pas tomber dans le mesme piege, que la malice d’vn pareil
Ministre à celuy qui me persecute, tendit en 1631. à l’innocence,
& à la simplicité de la feuë Reine Marie de Medicis
vostre belle mere, par la peur qu’il luy fit à Compiegne d’y
estre arrestée prisonniere, que ses plus confidens Conseillers
& Domestiques, qui estoiẽt les pẽsiõnaires du feu Cardinal,
luy augmẽterẽt si fort à la Capele, & à tous les autres
lieux par où elle passoit, qu’ils la firent sortir hors de France
auec toute la precipitation requise, pour euiter vne veritable
prison. Profitant de l’exemple & des malheurs de
cette misererable Princesse qui estoient prests de tomber
dessus ma teste, si ie l’eusse imitée en sa sortie, comme ie
tache de l’imiter en sa constance au milieu des persecutions,
j’ay mieux aimé m’exposer au danger plus apparent
que n’estoit le sien, d’estre menée prisonniere en
quelque coin du Royaume, que pour l’euiter estre reputée
criminelle, sortant hors de France sans vostre permission,
 
Apres auoir exhorté Madame la Princesse ma fille, & le
Duc d’Enguien mon petit fils, de s’en aller en diligence
suiuant vos ordres en mon Chasteau de Mouron, & de se
preparer de bonne heure à supporter courageusement nos
malheurs presents, & ceux qui semblent nous menacer
encore à l’auenir, si par vostre justice vous ne venez à les
détourner de dessus nous : Ie me suis disposée à faire ce
mesme voyage, si tost que la foiblesse de ma santé, alterée
par la grandeur de mes ennuis & de mon âge, m’en donneroient
la liberté.
Ie partis donc de Chantilly la veille de Pasques, accompagnée