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Mazarinade n° C_3_94

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Polichinelle [signée] [1649], LETTRE DE POLICHINELLE A IVLE MAZARIN. , françaisRéférence RIM : M0_2045. Cote locale : C_3_94.


& ie pourrois bien estropier Goliat par la teste,
comme fit le petit Dauid ; si vous vous rendez ennemy
du ventre aussi bien que de l’Estat, & si vous
deuenez encore Partizan du ieusne, vous nous
contraindrez tous à nous ruer sur vostre charongne,
& à vous deschirer à belles dents. Gardez-vous
des morsures d’vn homme enragé de faim ;
car nostre Oruietan, quoy que tres-rare medicament,
ne vous en pourroit pas guerir, & ainsi
vous mourriez infailliblement de mort subite, &
peut-estre, qui pis est, sans pouuoir dire, mea culpa,
De plus, on vous appelle peste publique, & chacun
vous abhorre comme tel, & ie remarque tres-iudicieusement,
que l’on ne se trompe pas ; car deuant
que vous fussiez sorty de certe ville, beaucoup
acheptoient de l’Oruietan, pour se preseruer
de ce mal funeste, & à present que vous en
estes dehors, personne n’en veut achepter, se pensant
tout à fait libre de cette maladie en vostre absence.
Vous auez porté ce guignon à Monsieur
l’Oruietan, qui n’a point voulu vous suiure, pour
auoir de la pratique ; dautant, comme ie pense,
qu’il craint de pren dre vn mal si grand en vostre
compagnie, que son Oruietan ne seroit peut-estre
pas assez puissant pour l’en garentir. On vous fait
passer encor pour vn Mercure, c’est vous faire de
beaucoup de Mestiers tout à la fois ; c’est à sçauoir,
Postillon d’Amour, ioüeur, trompeur, rapin, ruzé,
imposteur ; & vous auez assez fait paroistre vostre