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Mazarinade n° B_6_48

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Bourbon-Condé, Anne Geneviève de (duchesse de Longueville) [?] [1650 [?]], APOLOGIE POVR MESSIEVRS LES PRINCES, ENVOYEE PAR MADAME DE LONGVEVILLE A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_126. Cote locale : B_6_48.


que l’on vouloit laisser cette gloire à la Reyne, que le Conseil qui
estoit auprés d’elle leuast ces foibles obstacles, & que la conclusion de la
Paix que les peuples desiroient si ardemment prist sa source de la Cour.
Nos Plenipotentiaires en écriuirent au Cardinal Mazarin, & de telle
sorte, qu’on ne douta point que sa response ne fut l’acheuement d’vn si
grand ouurage. Mais l’ambition & les desseins de cét homme, qui pour
les grands establissemens où il destinoit sa famille, pensoit auoir besoing
de la continuation de la guerre ; ayant fait répondre de telle façon, qu’il
ostoit toute esperance de terminer si-tost les affaires. Et les Hollandois cognoissans
clairement que Monsieur mon mary & Monsieur d’Auaux
estoient trompéz, que Monsieur Seruien se sacrifioit tout entier aux volontez
du Cardinal Mazarin, & que ce Ministre trahissant l’Estat qu’il
gouuernoit, fondoit les progrés de sa fortune sur les desordres de la France ;
protesterent hautement qu’ils se vouloient separer de nos interests :
Qu’ils recognoissoient nos artifices opposez au bien de l’Europe : & qu’ils
ne pretendoient point que trouuant vne Paix honneste & vtile pour eux,
ils deussent la rejetter ; parce que nous n’en voulions pas accepter vne qui
nous estoit tres-aduantageuse. Deslors ils se resolurent de faire leur accommodement
sans nous. Et ce fut aussi que le Cardinal Mazarin enuoya
Monsieur Seruien à la Haye afin de le rompre. Tout le monde sçait assez
comment au lieu de ramener cette Republique dans nostre vnion pour faire
la Paix ensemble, il ne trauailla à rien qu’à la porter à continuer la
guerre. De quelle sorte voyant qu’il ne pouuoit rejetter dans cette resolution,
non seulement odieuse mais detestée, les Estats des Prouinces Vnies,
il fit tous ses efforts pour mettre la diuision entr’eux, & pour les porter à
rompre la concorde, qui seule parmy tant de trauerses a estably leurs affaires.
Publiant par d’injurieux libelles que les Plenipotentiaires de ce
pays là qui inclinoient le plus au repos, trahissoient leur Patrie, estoient
ennemis declarez des François, & se trouuoient corrompus par l’argent
d’Espagne. Vous auez veu ie m’assure les ouurages qui se sont publiez sur
ce sujet, & vous pouuez juger quelle estoit la meschanceté du Cardinal
Mazarin, ne pouuant souffrir la Paix en France, de la vouloir encore
persecurer chez nos Alliez. Cependant la sagesse de cette Republique ne
s’estant point émeuë pour ses pernicieux complots, & les Estats ayans
preferé aux dangereuses pratiques & aux emportemens de Monsieur Seruien
les respects qu’ils deuoient à nostre Alliance, & les grandes obligations
qu’ils auoient à cette Couronne : firent derechef proposer par leurs
Plenipotentiaires, que si nous voulions entendre à la Paix, ils ne signeroient
point leur Traitté que nous n’eussions acheué le nostre. Le Cardinal
Mazarin pressé de cette sorte, n’osant refuser vne seconde fois cét accommodement
aux yeux de toute l’Europe : & croyant que la negociation
pourroit allonger auec bien-seance, ce qu’il n’auoit aucun dessein de