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Mazarinade n° B_6_48

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Bourbon-Condé, Anne Geneviève de (duchesse de Longueville) [?] [1650 [?]], APOLOGIE POVR MESSIEVRS LES PRINCES, ENVOYEE PAR MADAME DE LONGVEVILLE A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_126. Cote locale : B_6_48.


leur bonne foy, ny de rejetter leur entremise. Le Cardinal Mazarin auoit
esté contraint de ceder au consentement de cét Arbitrage : par consequent
le seul interest de Lorraine pouuoit empescher la paix. Iugez, MESSIEVRS,
combien il sembloit que la France fut proche de son bon-heur ;
& s’il n’y auoit pas toutes les apparences du monde d’esperer, que quelque
difficile que fust cét interest, non seulement il ne romproit pas, mais
il ne tarderoit que peu la felicité publique. Voicy quel estoit cét interest ;
Nos Plenipotentiaires auoient donné vn escrit, par lequel le Roy retenant
pour soy le [1 mot ill.], & tout ce qui dans la Lorraine a sa mouuance
des trois Eueschez & de la Couronne de France, consentoit à la restitution
de la vieille Duché de Lorraine, à la charge neantmoins qu’elle demeurast
entre ses mains l’espace de dix années : afin que ce temps luy seruist
pour s’assurer de la conduite & de la fidelité du Duc. Promettant durant
ce temps-là de luy donner vne pension de deux cens mil escus, d’en
donner vne de cinquante mil à Madame la Duchesse sa femme, & vne de
pareille somme au Prince François son frere. Cette difficulté pouuoit s’ajuster
en se relaschant des deux costez, comme l’on fait d’ordinaire. Vous
verrez maintenant les tromperies que le Cardinal Mazarin employa pour
en empescher l’accommodement, les choses estans à ce point. Monsieur
Knuct Plenipotentiaire de Messieurs les Estats, vint chez Messieurs nos
Plenipotentiaires, & leur apporta sur l’obstacle de la Lorraine vne condition
plus prompte, plus auantageuse, & plus honnorable pour la
France, que celle que nous demandions. Il leur proposa de restituer dés
lors la vieille Duché : offrant au lieu des dix années de possession la garentie
de la fidelité du Duc de la part de Messieurs les Estats ; qui vouloient
s’obliger, qu’au cas qu’il y eust le moindre manquement contre la France,
de prendre les armes, & de se joindre auec nous pour le dépoüiller &
pour le punir. Cette proposition ne nous faisoit rien restituer dauantage
que ce que nous auions offert ; nos Alliez l’appuyant la rendoient raisonnable,
& nous donnoient lieu de ne rien quitter du reste de nos demandes.
La seureté que nous pretendions estoit plus grande par ce moyen
puis qu’elle duroit tousiours, & que la nostre se terminoit à dix années :
Il y auoit mesme plus de bien-seance à l’accepter, d’autant qu’elle ostoit
tout lieu de nous reprocher que nous ne nous voulions seruir du motif
de l’inconstance de ce Prince, que comme d’vn pretexte pour posseder ses
Estats. C’est pourquoy Monsieur mon mary & Monsieur Dauaux ayant
receu auec joye vne si fauorable ouuerture, Monsieur Seruien à qui le
Cardinal Mazarin auoit donné l’ordre d’empescher la Paix s’y opposa.
Et cela auec tant de violence, qu’encore qu’on luy fist comprendre outre
les raisons que ie vous viens de dire, que c’estoit aux Espagnols qui y
estoient mal traittez à la rejetter : qu’on luy monstrast que les Hollandois
nous abandonneroient s’ils nous voyoent agir de si mauuais pied ? Il se