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Mazarinade n° B_6_48

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Bourbon-Condé, Anne Geneviève de (duchesse de Longueville) [?] [1650 [?]], APOLOGIE POVR MESSIEVRS LES PRINCES, ENVOYEE PAR MADAME DE LONGVEVILLE A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_126. Cote locale : B_6_48.


bien se mocquer de vouloir faire des graces des choses qui appartiennent,
& qu’on ne peut oster sans injustice : & de pretendre persuader qu’en renonçant
au partage de l’autorité Souueraine, non seulement on n’oblige
pas ceux pour qui on s’en dépouïlle auec respect ; mais qu’en cela, l’on
leur est encore infiniment redeuable.
 
Quelques-vns aussi examinans ce grand seruice, ont voulu dire que le
don de Dampmartin & de Chantilly estoient les tesmoignages de la reconnoissance
de sa Majesté, & c’est peut estre pour ce sujet, que l’Escriuain
du Cardinal Mazarin en exagere si fort le prix, qu’il asseure qu’aucun
de nos Rois n’en a iamais fait de semblable. Surquoy il est tres-aisé
de voir qu’il a fort peu leu l’Histoire. Nous ne sommes pas si mal-heureux
que nos Annales ne fournissent au Roy d’illustres exemples de la magnificence
de ses Ancestres, sans qu’il soit obligé d’apprendre à faire du bien
chez les autres Nations. Et c’est auoir trop mauuaise opinion de la liberalité
de nos Monarques, de croire qu’ayant receu eux mesmes des petits
Princes, des Souuerainetez & des Prouinces entieres, ils ayent si fort resserré
les bornes de leurs presens. Le Cardinal Mazarin pouuoit mesme
penser qu’ayant pris dans les coffres du Roy vnze millions pour s’establir
vne retraitte, ou plustost vn Estat en Italie : il ne deuoit pas nous enuier
deux terres de vingt mille liures de rentes. Mais de plus il deuoit considerer
que ces deux terres estans sorties si fraischement de nostre Maison,
nous auions lieu de pretendre que sa Majesté nous les rendroit : & que la
colere & la justice du feu Roy se trouuant appaisée par la mort de feu
Monsieur de Montmorency mon oncle, il n’estoit pas juste que sa punition
passast à ses heritiers, ny que nous fussions dépouïllez, nous qui n’auions
pas failly. La coustume honneste que nos Rois ont prise, de ne
point vouloir que leur Domaine s’augmente des biens qu’ils confisquent,
est digne de louange. Et sans cela, sous les mauuais Princes en France,
comme en Turquie, la richesse feroit le crime, & l’innocence opulente ne
seroit iamais asseurée. Ainsi donc puisque le Roy deuoit disposer de nos
biens en faueur de quelqu’vn, ie ne pense pas qu’il se fust trouué personne
qui ne nous les eust rendus, s’il eust pleu à sa Majesté choisir cette
voye pour nous les restituer, & qu’elle n eust pas judicieusement consideré ;
qu’il estoit bien seant & ensemble juste, que le Fils aisné de l’Eglise
remist liberalement luy-mesme, aux heritiers du premier Chrestien de
son Royaume, ce que le malheur leur auoit osté.
On impute en dernier lieu à obligation, la permission que feu Monsieur
mon pere auoit receuë, d’achepter les biens de feu Monsieur de Bellegarde.
I’ay honte en verité de respondre à cét article : ie ne sçaurois comprendre
comme on veut estimer vne faueur signalée, ce qui est de droit
public. Les affaires de Monsieur de Bellegarde l’obligeoient de vendre son
bien : celles de feu Monsieur le Prince luy permettoient d’en traitter. Y a-t’il