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Mazarinade n° C_7_3

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Anonyme [1649], DECISION DE LA QVESTION DV TEMPS. A LA REYNE REGENTE. , françaisRéférence RIM : M0_871. Cote locale : C_7_3.


le nom du Roy, & vostre authorité ?
 
Mais on les a prises ? Oüy. Mais quand ? Lors qu’on s’est veu
assailly par le fer, le feu, le sang & la faim, les plus extraordinaires
& cruels ennemis de la vie des hommes. Lors qu’on
s’est veu assiegé de tous costez, par des demons, non par des
hommes. Lors qu’on a veu les Allemans & les Polonois voler,
violer, & piller plus cruellement qu’en vn païs de conqueste.
Lors qu’on a entendu publier les defenses, d’apporter à Paris
aucuns viures, sur peine de la vie. Lors qu’on a veu les villages
pillez & desolez, pour marque de ce que l’on preparoit
aux Parisiens. Mais encore qu’a on fait auec ces armes ? On a tasché
à se conseruer de la surprise, & d’vn pillage general. A se garentir
des coureurs, qui viennent voler iusques dedans les portes.
Et si l’on s’est auancé plus auant, ça esté pour aller chercher du
pain, afin que les pauures ne mourussent pas de faim ; encore ne
l’a on pû auoir qu’au prix de beaucoup de sang. Et voila, Madame,
ce que ces sçauans en la Theologie de Machiauel, veulent faire
passer dans l’esprit de vostre Majesté pour rebellion, dont Dieu,
qui voit tout, & qui penettre les cœurs, sera en fin le Iuge, & prendra
le party de la Iustice ; comme non seulement Paris, mais toute
la France l’en supplie, auec des larmes & des gemissemens.
Mais si le Parlement, si Paris, est rebelle, qu’est-ce que les habitans
de la campagne, ont fait à vostre Majesté ? De quoy sont coulpables
les pauures villageois, que l’on a mis en chemise & à la besace,
ne leur laissant pas seulement de la paille pour coucher, ny
des portes à leurs maisons pour se defendre de la rigueur de l’Hyuer ?
Hé l’oseray-ie dire à vostre Majesté ? & le pourra-elle bien
entendre sans mourir de douleur ? De quel crime estoient coulpables,
les femmes & les filles des vilages conuoisins, que pour
l’expier, il ait fallut les exposer à la barbarie des Soldats, pour estre
violées. Qu’on les aye veu rauies d’entre les bras de leur Pasteur,
où elles s’estoient refugiées, trainées dans l’Eglise ; & là leur pudeur
& leur virginité prostituée, en la presence de Iesus-Christ au S.
Sacrement de l’Autel ; afin de ioindre le sacrilege, au rauissement,
& faire voir qu’on n’est pas moins ennemy de Dieu que des
hommes ? Oseray-je encore faire vne demande ? Quel tort
auoit receu : vostre Majesté des Eglises, pour en punition
estre exposées au pillage ; iusqu’aux nappes, aux Croix, aux