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Mazarinade n° A_7_56

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Anonyme [1649], LE TI ΘEION DE LA MALADIE DE L’ESTAT. Piece docte & curieuse. , françaisRéférence RIM : M0_3775. Cote locale : A_7_56.


s’éuanoüir, ses soldats se venir joindre auec les nostres, d’abord
qu’ils auront perdu l’esperance du butin : Vne armée ne
peut subsister long-temps sans payement, l’argent est les
nerfs de la guerre ; & comment voulez-vous que quelques
chetifs villages fournissent à la despense, & au luxe de celuy
qui a englouty toutes les richesses du Royaume.
 
4. La malignité ou la violence de la maladie ne peuuent
estre ensemble auec la longueur ; icy doit auoir lieu le raisonnement
de cét esprit fort que Cicer on fait ainsi parler au liuret
de la fin des meschans : Le sage, dit-il, n’a que faire de
craindre pour aucun mal qui lui puisse arriuer, s’il est violent
il sera de fort peu de durée, & s’il est long à peine se fera
il sentir.
Venons maintenant aux remedes, qui doiuent estre beaucoup
en nombre, differens en espece, & tous proportionnez,
& contraires aux causes de nostre mal.
Nos crimes ont attiré l’ire de Dieu sur nous, & ont allumé
le feu de ses vengeances ; pour oster l’effet faisons cesser la
cause en luy opposant la saincteté, ou la repentance, esteignons
par nos larmes, ou du moins arrestons les progrez de
cét incendie. Si nous sommes humiliez, Dieu sera cesser ses
chastimens, il tournera son courroux contre ceux qui ont
esté les instrumens de nos souffrances, & comme vn pere satisfait
iettera dãs le feu les verges, dont il a chastié ses enfans.
Le Ciel jette des influences malignes contre les tyrans, &
fauorables pour ceux qui aiment le bien public, & leur Patrie ;
suiuons ses mouuemens, & souuenons nous qu’il n’est
rien de si doux, que de mourir pour sa Patrie, pour son Roy,
& pour sa liberté.
Les trahisons nous font le plus de peine, recherchons les
traistres, & ostons-les du milieu de nous. C’est vne cruauté
que pardonner à ces infames, c’est trahir sa Patrie, & se faire
mourir soy mesme que de leur laisser la vie.
Enfin le mal est violent, opposons la force à la force, la
generosité à l’obstination, la constance au desespoir, & Dieu
nous rendra plus que vainqueurs.

FIN.