[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° A_2_16

Image de la page

Le Solitaire [signé] = Arnauld d'Andilly, Robert [?] [1649], ADVIS D’ESTAT A LA REYNE, Sur le gouuernement de sa Regence. , françaisRéférence RIM : M0_498. Cote locale : A_2_16.


voyage du Roy à Perpignan. Le Cardinal de Richelieu se trouuoit
lors dans la conjoncture la plus difficile qu’il ait rencontrée
en sa vie ; en mesme temps malade, & combatu par vn party
contraire, assez puissant pour le défaire, si ceux qui en estoient
les chefs n’eussent point imprudemment recherché l’appuy des
estrangers, auec lesquels on est encores en guerre ouuerte. Et V.
M. sçait que les innocens, bien intentionnez pour son seruice jusques
à la mort, se trouuerent enueloppez dans la mesme ruine que
les coupables à la funeste catastrophe de telles intrigues. Le Cardinal
de Richelieu assailly de la sorte, jugea qu’il auoit besoin de
l’assistance de tous ses amis, & il retint le Cardinal Mazarin, qui
estoit prest de partir de la Cour pour s’en aller à Rome. Vostre Majesté
peut aussi rappeler dans sa memoire, ce qui se passa tout le reste
de l’année, jusques au retour du Cardinal de Richelieu à Paris, de
la visite dont elle l’honora, & des complimens qu’elle receut de luy.
Elle sçait aussi, que depuis qu’il eut pleu à Dieu luy donner des enfans,
le dessein du Cardinal de Richelieu, basty sur l’incertaine &
debile santé du Roy, qu’il a tousiours esperé de suruiure, estoit de
s’emparer de la Regence du Royaume, au prejudice de V. M. & des
Princes de la Maison Royale ; & cette pensée l’a accompagnée jusques
à la mort. Mais sur les derniers iours de sa vie, se trouuant extraordinairement
extenué par vne longue maladie, la peur de mourir
a quelques fois interrompu les pensées de ce qu’il auoit projetté
de long-temps ; & ses soins se tournerent à donner ordre à la conseruation
des siens apres son depart, & à les mettre sous la protection
d’vne de ses creatures. C’est pourquoy il recommanda au feu
Roy le Cardinal Mazarin, afin qu’il s’en seruist, & le fist chef de son
Conseil. Ne croyez pas, MADAME, que le Cardinal de Richelieu
rendist au Cardinal Mazarin ces offices aupres du Roy, pour auoir
recogneu en luy la suffisance & la capacité necessaires à la conduite
d’vn si grand Estat. C’estoit l’interest particulier de sa maison & des
siens, qu’il vouloit asseurer contre les euenemens ordinaires, qui
suiuent le changement de Ministres à la Cour, & principalement
lors qu’ils ont esté odieux. Il est impossible de s’imaginer que ce
personnage, qui auoit vne cognoissance exacte des affaires de cet
Estat, acquise par l’experience de plusieurs années, ait creu qu’vn
estranger, ignorant la forme interieure & les maximes de la