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Mazarinade n° C_5_20

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Anonyme [1649], LA FRANCE VICTORIEVSE AV ROY, OV PANEGIRIQVE. DEDIÉ A SA MAIESTÉ. , françaisRéférence RIM : M0_1446. Cote locale : C_5_20.



Ie trouue, SIRE, que depuis vostre naissance iusques
à present vous auez suiuy l’exemple de l’amitié des plus
grands Roys de la Terre, Iules Cæsar aymoit tant sa mere
Aurelie qu’ils se sousmettoit entierement à luy rendre
obeïssance ; Charlemagne affectionna si particulierement
la Reyne Berthe sa mere, qu’il brusloit du desir de luy tesmoigner
le zele qu’il auoit à luy rendre ses deuoirs ; Sainct
Louys cherit si passionnément la Reyne Blanche, qu’il la
laissa Regente dans son Royaume au voyage qu’il fit outremer
pour la conqueste de la Terre Saincte ; l’Empereur
Constantin paruenu à la majorité despartit le Gouuernement
de son Empire à la Reyne Zoe sa mere, femme de
l’Empereur Leon V. & se seruit de la lumiere de son Esprit,
comme d’vn Phanal pour mieux conduire la Barque de son
Estat : Agnes mere de l’Empereur Henry III. gouuerna
long-temps l’Empire auec le Roy son fils d’vne pareille
vnion de cœurs & conformité de desirs, comme si ce n’eust
esté que deux ames en vn mesme corps, ou deux corps en
vne mesme ame ; l’Empereur Tibere permit durant plusieurs
années que sa mere Liuie veufue du grand Auguste
qui s’estoit bien acquitté de cette grande charge durant la
vie de son mary, ombrageast sa teste des lauriers de l’authorité
Imperialle ; luy permettant que toutes les depesches &
patentes fussent signées & scellées aussi bien de son sceau
comme du sien. Et ie voy, SIRE, que vous auez auiourd’huy
cette mesme amitié de Tibere enuers Liuie ; & d’autre
part cette genereuse Liuie si bien conseruer le droit de
cette Couronne, que tous ces monstres & ces pestes
d’Estat, qui comme vne Hydre renaissante pullulent tous
les iours dans vostre Royaume, ne peuuent attendre que
leur perte & leur ruyne de la main de cette prudente Amazonne.
Voila, SIRE, les effets de vostre amitié filiale.
Ceux de l’amitié maternelle imitent la mere de Tobie,
qui fondoit toute en larmes de douleur au despart
de son fils, qu’elle appelloit le baston de ses mains, la lumiere
de ses yeux, & l’œil de sa lumiere ; amitié maternelle