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Mazarinade n° C_5_40

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Anonyme [1649], LA HARANGVE DES PROVINCIAVX FAITE A LA REINE POVR LE PROCHAIN retour du ROY en sa bonne ville de Paris. , françaisRéférence RIM : M0_1557. Cote locale : C_5_40.


Il n’y a donc point de Iustice qui vous aye pu obliger à vouloir
traitter vos subjets si cruellement, & s’il n’y a point de
Iustice il n’y a point non plus de contentement. C’est vn
spectacle peu delectable à vne ame genereuse, que de voir
beaucoup de malheureux. Ils seroient plustost capables de
mouuoir en elle de la compassion que de la joye, & d’arracher
des larmes à vos yeux que de mettre des ris en vostre
bouche. Quelle delectation de voir brusler ce Royaume
en mille lieux, que d’entendre par tout les cris des femmes
& des filles qu’on viole, des hommes que l’on met à la torture
& des petits enfans que l’on déchire ? Ceux mesmes qui
commettent ces inhumanitez estranges fremissent de leur
propre rage ; Comment y pourriez vous prendre plaisir ?
Or s’il n’y peut auoir de plaisir pour vous, MADAME,
en ces barbaries il y a bien encores moins d’vtillité. Par elles
toutes les forces de ce Royaume s’espuisent, le soldat insolent
enleue ou dissipe tout le peu de biens qui restoyent à
vos subjets. Ce n’est pas par ce moyen, MADAME, que
vous remplirez vostre Epargne, quand la source d’où sortent
les reuenus de cét Estat sera épuisée, il n’y aura plus de
reuenu. Vous vous allez voir dans vne disette effroyable &
vous ne pouuez manquer de treuuer vostre ruine en celle-là
de vos subjets. Alors les emprunts serõt vn remede invtile :
il n’y aura plus personne qui preste ne voyant plus surquoy
se rembourcer, il n’y aura plus personne qui preste n’y ayant
plus personne qui ait rien à prester. Car enfin apres la ruine
de tant de particuliers, il faut qu’elle deuienne generale.
Desia peu s’en faut qu’elle ne le soit. Les plus riches de vos
subjets sont dans l’indigence. L’argent est desia si rare qu’il
n’en paroist qua si plus. On voit en vostre bonne ville de Paris,
où il est encore plus commun qu’ailleurs, vne infinité
de personnes qui encherchent, mais on ne voit personne qui
en treuue, telle [1 mot ill.] que chacun ne sçait plus dequoy deuenir.
Il faudra, MADAME, que vous vous ressantiez de
cette necessité publique. On ne pourra plus payer aucun
droit, & quoy que l’on puisse dire ce ne sera point rebellion,