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Mazarinade n° A_8_35

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Anonyme [1649], LA RESPONSE DE LA RALLIERE A L’ADIEV DE CATELAN, SON ASSOCIÉ. OV L’ABREGÉ DE LA VIE DE CES deux infames Ministres, & Autheurs des principaux brigandages, volleries, & extorsions de la France. , françaisRéférence RIM : M0_3394. Cote locale : A_8_35.


bras de leur Iustice, en leur rendant ce que i’ay pris : au contraire,
vous ne deuez attendre aucune grace, si vous ne venez promptement
mettre en leurs mains les deniers que vous & moy auons
voiez aux Peuples.
 
Vous croyez, peut estre, par l’adieu que vous m’auez enuoyé de
m’auoir grandement consolé, mais sçachez que vous auez plus besoin
de consolatiõ que ie n’ay pas : C’est pourquoy ie vous exhorte
d’oublier tous ces vains proiets, & ces diaboliques moyens, par
lesquels vous esperiez de ruiner toute la France. Ne me parlez plus
de ces noms odieux, sous lesquels nous auõs pille les biens de tout
le monde : Ne me dites point que c’estoit vne chose bien douce de
gaigner vn million par vn auis ou par vn traité : Ne me representez
iamais le plaisir qu’il y auoit, d’aller trouuer cette Eminence qui
s’est éleuée des ruines que nous auons causées, & de là, luy dire,
Monseigneur, nous auons découuert vn moyen d’auoir tout l’argent
du Royaume. Ne me faites plus de feste des caresses & des matachinades,
auec lesquelles ce grand Ministre nous receuoit, pour
nous faire comprendre sa ioye & sa reconnoissance.
Brisons-là ces propos inutils, pour entendre les remedes que ie
vous dõne pour nostre salut. Car pour ne vous flater point, ne voyés
vous pas que nous sommes dans vn vaisseau qui se perd, & comme
des voyageurs, qui ne communiquent iamais ensemble, que pour
la crainte particuliere du danger qu’ils courent. Ie sçay bien que
c’est vn fascheux plaisir, que de vous annoncer les mal-heurs qui
pendent sur nos testes criminelles : Mais ce sont les meilleurs amis
qui disent ordinairement les veritez aux malades. Les mal-heurs
n’arriuent pas pour estre predits, au contraire, ils sont predits, afin
qu’on les éuite : c’est le seul moyen d’y pouruoir, on ne peut pas
guerir vn mal sans le connoistre, ny le bien connoistre sans l’auoit
preueu.
Nous voicy dans vne grande crise de nostre mal, & il ne tiendra
qu’à nous de le guerir, en abandonnant le party contraire. Vous
sçauez que c’est de repletion, que nous sommes malades : Que
c’est du sang des particuliers que nous sommes enflez, & que nostre
graisse ne vient pas de race. Il faut ayder la Nature, pour mettre
dehors ces humeurs qui nous incommodent, & aualler ses pillules
quon nous donnera pour nostre guerison. C’est l’vnique remede
pour asseurer nos vies, nos biens, & nos fortunes. Nous ne pouuõs
pas dire, comme ce genereux Romain, que nos affaires sont en tres
bon estat, lors qu’il estoit sur le poinct d’executer sa resolution, disant