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Mazarinade n° B_5_24

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Anonyme [1649], LA RESSEMBLANCE DE MADAME LA DVCHESSE D’ORLEANS A LA COLOMBE QVI APPORTA LE RAMEAV d’Oliue à Noé. Presenté à son Altesse Royale. , françaisRéférence RIM : M0_3516. Cote locale : B_5_24.


car à quoy bon d’aller dirẽ que vous estes la plus chaste Princesse de
la terre ? Ne le sçait on pas ? à quoy bon d’aller dire que vous auez
voüé toutes vos affections à Monseigneur le Duc, ne le sçait-on
pas & ne l’esprouue t’il pas tous les jours, & ne pouuez vous pas
dire auec l’Epouse au Cantique, moncher Espoux est à moy & moy
ie suis à luy, puis que vous l’aimez si cherement & que luy Vous
cherit auec tant de tandresse. I’ay donc à me taire sur ce sujet, sçachant
bien qu’on peut dire de vous ce qu’on dit de la bien heureuse
Vierge. Que vous paroissez entre les filles d’Adam ce que le lys
parmi les espines y conseruant tousiours son integrité.
 
Mais quoy parleray-je de vostre pieté c’est vn abysme sans fond
& elle est si grande qu’on n’en peut efflairer que les moindres particularitez
soit l’amour de Dieu, soit l’amour de vostre Patrie, pour
l’amour de Dieu i’en ay déja touché quelque chose, & pour l’amour
de vostre Patrie, la France en a ressenti ces iours passez des
preuues, & si Paris gouste les douceurs de la paix il sçait que Vostre
Altesse Royale y a contribué de la meilleurs partie, puis que Monseigneur
le Duc vostre mary par vos tendres & pieuses sollicitations
s’est tant donné de peine pour vous la procurer, & nous sommes
tous confus de tant de vertueuses & iustes remonstrances dõt
Vostre Altesse Royale a flechi la Reine, luy remonstrant nostre
obeyssance & nostre misere, & si enfin elle vous a escouté nous
sçauons tres bien que sa Majesté n’a iamais esté que tres-bonne, &
nous voulons croire pieusement que comme tres sage elle n’a rien
faict que bien conseillée, & vous, Madame, tres affectionnée.
Ie n’oserois rien dire de vostre constance, puis que ce seroit en
quelque façon renouueller vos peines ; mais pourtant permettez-moy
de dire, Madame, que vous auez tousiours pris toutes les afflictions
qui vous sont arriuées comme venantes de la main de Dieu, si
vous auez veu Monseigneur vostre mary esloigné de la Cour de
son propre frere nostre Roy deffunct d’heureuse memoire ; Si vous
auez veu Monseigneur vostre frere despoüillé presque de tout son
Domaine : Qu’auez vous iamais fait autre chose que d’admirer les
sacrez iugemens de Dieu, & d’attendre l’issuë de ses volontés.
Enfin si Dieu à voulu esprouuer vostre constance ne couronnant
pas vostre heureux mariage de la naissance de quelques Princes :