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Mazarinade n° C_11_5

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Anonyme [1651 [?]], LA SVITTE DV MANIFESTE DV CARDINAL MAZARIN LAISSÉ A TOVS LES FRANCOIS auant sa sortie hors du Royaume. Confessant les motifs & les moyens qu’il a tenus pour s’agrandir. Exposant au vray tous les monopoles qu’il a brassé contre la Maison de Condé, & les intrigues qu’il a fait ioüer pour perdre le Comte d’Alais. Respondant à la temerité des entreprises qu’on luy impute. Déguisant ses fourbes en general par des pretextes d’Estat. Iustifiant les Simonies, les trocs, les permutations illicites, & les Retentions criminelles des pensions sur les benefices Ecclesiastiques. Déduisant les raisons qu’il a eu de disposer des gouuernements en faueur de ses creatures, & faisant voir les maximes necessaires à vn homme de peu pour s’esleuer & pour se soustenir dans les grandeurs. Ecce morituri vera hæc sunt verba Ministri Clau. in Eut. lib. 1. , françaisRéférence RIM : M0_2390. Cote locale : C_11_5.


sans iniustice : mais mon dessein estoit
d’obliger le Prince de Condé par le refus d’vne
chose si iuste, de s’emporter suiuant les caprices
des grands cœurs à quelque extremité, pour en
tirer, si ie pouuois, le pretexte de le rendre Criminel
d’Estat ; & cette Politique ce me semble
n’est pas des plus grossieres, mesme au iugement
de mes plus grands ennemis.
 
Ie pense toutefois que ma Politique triompha
plus heureusement ; lors que le Prince de Condé
s’estant auisé de demander l’espée de Connestable
en recompense de tant d’illustres seruices qu’il
auoit rendus à l’Estat, ie me resolus d’en faire la
principale piece de mes batteries, pour le ruiner
sans ressource. En effet i’en exageray tellement
l’importance dans le Conseil du cabinet, que ie
fis conceuoir à la Reyne que cette demande du
Prince ne tendoit qu à se bastir vne puissance, qui
se rendroit redoutable & qui brideroit à mesme
temps l’Authorité du Roy ; ne manquant d’abord
de faire gouster à S. A. R. que le Prince ne buttoit
par ce moyen qu’à rendre son pouuoir infecond, &
sa Lieutenance Generale de l’Estat sterile. Quel
en a esté le succés, tout le monde le sçait : comme
il n’est personne apres cela qui ne soit contraint
d’aduoüer, que i’ay esté capable de faire passer vn
premier Prince pour criminel d’Estat mesme pour
n’auoir demandé, que ce que la iustice demandoit
auant luy.