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Mazarinade n° C_9_60

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Anonyme [1649], SVITTE DE LA RENCONTRE INOPINÉE DE MARS ET DE VENVS DANS LE COVRS DE LA REYNE, ARRIVEZ NOVVELLEMENT EN FRANCE. SECOND ENTRETIEN. , françaisRéférence RIM : M0_3348. Cote locale : C_9_60.


des Iuifs sinon les charmes, & les perfections de la Reyne
Esthée : par tout où la beauté se descouure, elle se fait des
Adorateurs, elle n’a qu’à paroistre pour vaincre, & à se
monstrer pour auoir des seruiteurs : D’ailleurs la beauté à
cét auantage que souuent elle est vne marque de la beauté
interieure de l’ame, & les caracteres visibles d’vne vertu
qui est cachée ; en effet ce n’est pas vne chose moins estonnante
de voir vne belle ame logée dans vn corps difforme,
que de voir vn Roy reuestu des haillons d’vn gueux, ou demeurer
sous le toict d’vne pauure cabane.
 
Cypris.
Madame, vous entretenez le Dieu Mars d’vn discours
qui à la verité est tres-agreable, & capable de flatter sa passion,
mais aussi qui pourroit bien le mettre en colere : puis
que vous luy faites connoistre par se raisonnement que
vous remportez dessus ses armes tous les auantages imaginables
veu qu’elles sont seulement victorieuses des hõmes.
Là où par les charmes de vostre beauté vous triomphez &
des hommes & des Dieux ; Il cognoist bien cette verité, mais
il ne l’auoüera iamais, & sans doute il aymera mieux abandonner
nostre compagnie, que d’entendre de semblables
cõplimens. Certes, c’est l’vnique expedient pour nous deffaire
de sa personne, & le meilleur moyen du monde pour
ne plus estre importunées de ses frequentes visites, aussi
bien sont-elles scandaleuses, & prejudiciables à nostre reputation.
O dieux ! le voila qui se retire tout en colere, &
sans prendre congé de vostre grandeur. Vne autrefois
quand il viendra nous chercher en ces lieux, & nous entretenir
de son courage & de ses combats, de ses actions genereuses :
ie suis resoluë afin de le faire en aller aussi tost, de
parler des louanges de la beauté, & des mépris de la guerre.
Venus.
Cypris, i’ay beau te dissimuler ma flamme, & les ardeurs
qui me bruslent, ie ne puis me dispenser de l’entretien de
Mars, & quand bien mon honneur y seroit interessé il faut
que ie le voye. Non, Cypris, vnique confidente de mes
pensées & de mes larmes, mon cœur ne peut souffrir son