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Mazarinade n° A_7_24

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Criquetot,? de [1649], LA SYNDEREZE OV L’INNOCENCE FOVREE DE MALICE DE L’AVTHEVR DE NOS MAVX. Quis das salutem Regibus: de gladio maligno eripe me. Et erue Galliam de manu filiorum alienorum, quorum os locutum est vanitatem, & dextera eorum, dextera iniquitatis: Psal. 143. Par le Sr de CRIQVETOT. , français, latinRéférence RIM : M0_3740. Cote locale : A_7_24.


mes forces à deffendre ma vie si ie veux prolonger
celle de mon pere qui ne respire que par moy. Ha !
miserable & desolé vieillard, plust à Dieu qu’il m’y fust
possible de prolonger tes jours ? quand ce ne seroit
que d’vn moment, & d’arrester tant soit peu la violence
de la douleur qui va precipiter ta vieillesse dans
les enfers, i’endurerois volontiers tous les supplices
que l’ingenieuse cruauté des bourreaux me pourroit
apprester, & ie n’aurois dans les veines aucune
goutte de sang que ie ne versasse aussi volontiers que
les larmes dont ie moüille les miserables François : Helas !
mon bon pere, que ne suis ie à l’heure que ie parle
comme ie fus autresfois entre vos bras, que ne puis-ie
entendre ses oracles que Dieu nous mettoit en la bouche ?
pourquoy me suis-ie retiré de vostre sein ? il seroit
bien mieux à la France que vous ne vous fussiez rendu
à mes importunes volontez ? que ne m’auez vous mis
à couuert de vos entrailles pour éuiter vn tel desastre
que ie faits fondre sur la teste de tant d’innocens, & sur
la mienne propre, ie joüirois encor du bien de la vie, &
quoy que la fin m’en ostast les douleurs ie le sçaurois
bien trouuer dans vos œillades, vne seule de vos paroles
me seruiroit de nourriture, & vos embrassemens seroiẽt
capables de me rendre la chaleur que la froidure
de la mort m’auroit esteinte. Mais, ô malheur ! il faut
que la main d’vn bourreau moissonne tant de douces
esperances en la presence de la France & de mes compatriotes,
qui vous porteront mes os auec le tesmoignage
de mon innocence. Vieillesse infortunée, miserable
pere, si la cruauté d’vne beste farouche m’auoit
englouty m’aymant à l’égal de vous, ie croy
que la douleur vous auroit en mesme temps conduit
au tombeau, mais vous n’en auriés receu de honte.
 
Est il pas vray que si ma mere ne m’eust mis au monde
pour ressusciter vos amours, vous vous alliez mourant,
vous teniés le jour de ma naissance toutes les