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Mazarinade n° A_9_2

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Fortin, Pierre (sieur de La Hoguette) [1650], CATECHISME ROYAL. , françaisRéférence RIM : M0_653. Cote locale : A_9_2.


a dans le monde. Vous y estes entré nud comme eux, sujet comme
eux au froid, à la faim, à la soif, aux maladies, aux blessures, & à toutes
les infirmitez & passions humaines ; & de cette societé de miseres
doit naistre vne compassion respectiue, qui produise entre vous
& eux vne mutuelle bien-veillance : & c’est la premiere alliance
que vous auez en qualité d’homme auec toute la nature humaine.
Mais outre tout cela, SIRE, vous y en ayez encore vne autre, quoy
que de moindre estenduë, qui vous lie bien plus estroitement auec
tous ceux qui portent comme vous le nom de Chrestien. En cette
qualité vous deuenez le frere de tous ceux qui sont reünis auec vous
par la foy sous vne Mere commune, qui est l’Eglise, & cette alliance
qui est entre vous & eux, n’est point vne alliance de la chair, c’est
vne fraternité contractée au Sang de IESVS-CHRIST, qui vous doit
embraser d’vn excez d’amour & de charité enuers tous les fideles,
dautant plus que V. M. porte le nom de Tres-Chrestien, c’est à dire
de Chrestien au souuerain degré, & les autres ne le portent que de
Chrestien simplement. Outre que vous estes homme, & que vous
estes Chrestien, vous estes Roy, c’est à dire que vous estes le premier
de vôtre Royaume, & l’image visible de Dieu dans toute son
estenduë : En cette qualité V. M. doit prẽdre garde de ne faire point
vn mauuais crayon d’vn si saint & si adorable original : car il est en
vôtre puissance de vous faire semblable ou dissemblable à Dieu, selon
vos vices, ou selon vos vertus. Les Loix de vostre Estat ont tant
de conformité auec les Loix diuines, que qui obserue les vnes obserue
les autres. Toutes deux veulent que tous vos Sujets vous respectent
& vous obeïssent ; elles veulent aussi que vous les gouuerniez
en bon Roy : Car comme la bonté est inseparable de Dieu, elle le
doit estre aussi du Roy qui le represente, Portons cette consideration
plus auant, & sçachons de Vôtre Majesté qui vous a fait homme ;
qui vous a fait Chrestien, & qui vous a fait Roy ; est-ce vous
méme, ou quelque autre ?
 
L. R. C’a esté le feu Roy mon Pere & la Reine ma Mere.
L. G. Et le feu Roy qui l’auoit fait Roy ?
L. R. Le Roy son Pere.
L. G. Et ce pere vn autre pere ; ainsi ce discours iroit à l’infiny de
de pere en pere, si nous ne nous arrestions à vne premiere cause :
qui est Dieu, qui n’a pas fait les hommes & les Rois seulement,
mais qui est le Createur vniuersel de toutes les choses qui sont au