[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° A_9_2

Image de la page

Fortin, Pierre (sieur de La Hoguette) [1650], CATECHISME ROYAL. , françaisRéférence RIM : M0_653. Cote locale : A_9_2.


de la main ; & que nous voyons au contraire vne conspiration de
deux mains, & de tous les doigts avec le poulce pour leur service
commun : Tout de mesme V. M. ne doit rien attendre de Monsieur
son Frere, qu’vne obeïssance tres-humble, & vn concours de son
affection & de ses services, pour le maintien de son Estat, dont il est
la seconde Colomne. Les Poëtes en la fable d’vn homme à cent
bras, & d’vn autre à trois corps, nous ont voulu designer en cette
belle fiction vne image veritable de la force invincible de l’amitié
fraternelle. Apres tout, c’est le premier Prince de vôtre Sang ; &
en cette qualité V. M. sçaura qu’il est comme vn ostage de la seureté
de vôtre vie, à laquelle on attentera bien moins estans deux,
que si vous estiez seul, & cela luy suffise pour l’aimer.
 
L. R. Il est juste, & je vous proteste que je le veux aimer de
tout mon cœur : mais je vous prie aussi de luy faire entendre ce que
vous me venez de dire touchant l’amitié fraternelle, afin qu’il me
soit vn aussi bon frere comme je veux estre le sien.
L. G. Il est déja si bien instruit en cette belle leçon, qu’estant
vôtre Frere, il vous appelle son petit Papa, pour marque de l’obeïssance
qu’il vous doit ; & pour exiger aussi de V. M. par cette soûmission
vn amour de Pere, & vne tendresse de Frere tout ensemble. En
effet, sa grandeur n’est qu’vne dépendance de la vôtre, & le respect
qu’on luy rend, qu’vne reflexion de celuy qui vous est deu. V. M.
se peut asseurer, qu’il n’abusera point des auantages qu’il a d’estre
vôtre Frere. Tant y a, SIRE, qu’il me semble qu’il ne manque plus
rien à vôtre felicité : vous auez vne Reine pour Mere, vn Royaume
pour heritage, dont vous estes la premiere Personne, & vn Frere
pour son appuy. Croyez-vous auec cela qu’il manque quelque
chose à V. Majesté ?
L. R. Non pas que je sçache.
L. G. Si la teste disoit, Ie suis la Reine du corps, j’ay de l’entendement
pour raisonner, & des yeux pour me conduire ; & qu’elle
refusast le ministere des mains qui luy sont inferieures, est il pas
vray qu’il se trouueroit bien souuent du desordre en cette teste ?
L. R. Il y a bien de l’apparence.
L. G. Par la mesme raison, SIRE, quoy que V. M. soit la teste
de son Estat, & que vôtre Conseil en soit les yeux ; si elle estoit privée
du service de ses Domestiques, qui font l’office des mains, elle
se trouveroit souvent bien empeschée.