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Mazarinade n° C_6_50

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La Colombière, Marc de Vulson de [?] [1649], LA PARABOLE DV TEMPS PRESENT, Denottant les cruautez de Mazarin contre les François, & prophetisant la victoire de Messieurs du Parlement. , françaisRéférence RIM : M0_2674. Cote locale : C_6_50.


grand & assez puissant pour le bien garder.
 
Et pource qu’il connut fort bien que sa femme
(qui n’auoit pas accoustumé ce mestier) auroit
trop de peine à bien prendre soin de ce troupeau,
& à le defendre contre les bestes farouches,
il luy fit present d’vn chien estranger, qui luy
auoit esté donné, lequel il croyoit estre assez
bon & assez courageux pour resister à tout ce qui
pourroit causer du mal aux brebis de ce troupeau.
Mais, helas ! ce pauure Berger se trompa
bien dans le choix de ce chien. Car l’on a bien
senty & reconnu depuis par experience, qu’il
n’auoit que l’apparence d’vn chien, mais qu’en
effet il estoit plus cruel que les lougaroux les plus
sanguinaires & les plus acharnez, & qu’il auoit
succé le laict de la plus grande louue du monde,
& en auoit retenu le vray naturel. Cette méchante
beste pourrant dissimula quelque temps ses
méchancetez, & fut tousiours beaucoup estimé
& fauorisé par la vefue de ce Berger, laquelle le
croyant fidele, luy laissa le soin du troupeau, &
fit comme l’on dit, du loup le Berger. En sorte
qu’en peu de temps cet enragé animal au lieu de
garder les brebis, & de songer à leur bien & à leur
conseruation, leur arracha premierement la laine
auec violence, & puis non content de se sustanter
de leur laict, leur sucça le sang & les moëlles,
en égorgea la plus grande partie, & mesme
les mit en proye à diuers animaux & sangsuës domestiques,