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Mazarinade n° B_12_27

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Anonyme [1652], LE GOVVERNEMENT DE L’ESTAT PRESENT, Où l’on void les fourbes & tromperies de Mazarin. , françaisRéférence RIM : M0_1502. Cote locale : B_12_27.



Dans Ré, dans Cazal & Mantouë,
Qui n’a point veu que Dieu se jouë
Des vains & des ambitieux
Qui pensent escheller les cieux,
Lorsque le Seigneur des batailles,
Attaque ou defond des murailles,
Les foibles domptent les puissans,
Et les Nains vainquent les Geans,
>Sous luy les hommes obeissent
Sous luy les elemens flechissent.
Il retient le cours du Soleil,
Il destourne vn sage Conseil,
Il glace de peur les armées,
Il les rend d’ardeur enflammées,
Il meut leur corps pousse leur bras,
Dresse leur mains, regle leur pas,
Et par des destours inuisibles,
Conduit les courages sensibles,
Armand faisoit fleurir les lys,
Quand Dieu perdoit nos ennemis,
Mais quand il a pris pour objet,
D’estre plustost Roy que subjet,
De faire adorer sa prudence
Plus que la Royale puissance,
D’estre le tyran des François,
Et le fleau des plus grands Rois,
D’eterniser dedans la terre,
Le triste flambeau de la guerre,
De violer tous les traitez
De voler toutes les Citez,
D’vsurper toute la Loraine,
D’emprisonner sa souueraine,
De separer ce que Dieu joint
De mépriser ce qu’il enjoint,
De rendre l’Eglise asseruie,
De ne luy laisser que la vie,
De la faite esclaue des Rois,
De rauir ses biens & ses droicts,
De dissoudre vn saint mariage,
Pour faire vn ridicule ouurage,
Pour joindre auec des ieunes lys,
Des grateculs & seps vieillis,
Pour méler le sang de la France
Au vil sang de son Eminence,
Pour faire Dame Combalet,
La veufue d’vn pauure Argoulet,
La posterité d’vn Notaire,
L’hermaphrodite volontaire,
La main de la main du vigent,
La Princesse au teint desaffrant,
La Nayade qui dans sa chambre,
Tient vne fontaine d’eau d’ambre,
Et chasse le Dieu des jardins,
Parmy les lys & les jasmins,
Quand renuersant le cours des choses,
Il a fait des metamorphoses,
A rendu vierge Marmouset
La femme d’vn maistre mulet,
Alors les celestes puissances,
N’ont pû souffrir les insolences,
On a veu cét audacieux,
Hay de la Terre & des Cieux,
On a veu ses palmes fanées,
Depuis le cours de trois années
Dieu ne reglant plus ses desseins,
Ils ont paru des choses vains
Il vouloit vaincre l’Allemagne,
Et dompter la Maison d’Espagne,
En laissant perir nos soldats,
Victorieux aux Païs-bas.
En commuant l’or des finances,
Dans l’éclat des magnificences,
En prodiguant pour ses Duchesses,
De quoy munir ses forteresses,
En amassant de grands tresors
Dedans le Havre & autres ports,