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Mazarinade n° C_4_27

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Anonyme [1649 [?]], LE GOVVERNEMENT PRESENT, OV ELOGE DE SON EMINENCE, SATYRE, OV LA MILIADE. , françaisRéférence RIM : M0_1503. Cote locale : C_4_27.



Qui sentent son ioug rigoureux :
Leur sang, leurs prisons, leurs supplices,
Sont ses plus aimables delices :
Il se nourrit de leurs mal-heurs,
Il se baigne en l’eau de leurs pleurs,
Et sa haine fiere & cruelle
Dans leur mort mesme est immortelle,
Il agite encor leur repos,
Il trouble leur cendre & leurs os,
Il deshonnore leur memoire,
Leur oste la vie & la gloire.
Ce tyran veut que ces martyrs
N’ayent que d’infames souspirs,
Dans leur plus iniuste souffrance,
Qu’on approuue ses violences,
Et qu’on blesse la verité,
Pour adorer sa cruauté.
Il ayme les fureurs brutales,
Des trois suppots de sa caballe,
De ce pouruoyeur de bourreaux,
Et de ces deux monstres nouueaux,
Qui plus terribles qu’vn Cerbere,
Deschirent sans estre en colere :
De Testu cette ame de fer,
Digne Preuost de Lucifer,
Cet instrument de tyrannie,
Qui rend la liberté bannie,
Ce Geolier, qui de sa maison
Faict vne cruelle prison,
Et qui traitte auec insolence
Les braues Mareschaux de France,
Lors qu’il les conduit à la mort,
Lors que l’Estat pleure leur sort,
Lors que leur destin miserable
Rendroit vn Tygre pitoyable.
Mais quels insignes attentats
N’ont faict MACHAVD &
L’AFFEMAS ?
Quels Iuges sont aussi seueres,
Que ces deux cruels Commissaires,
Ces bourreaux, de qui les souhaits,
Sont de peupler tous les gibets,
De qui les mains sont tousiours prestes
A couper des illustres testes,
A faire verser à grands flots,
Le sang dessus les eschaffaux :
La mort naturelle & commune
Leur desplaist & les importune,
Et la sanglante a des appas,
Où leurs cœurs prẽnent leurs esbats
En decapitant ils se iouent,
Ils sont encor plus guays s’ils rouẽt,
Mais leur plus agreable ieu,
Est de bruler à petit feu.
ARMAND a choisi ces deux
Scythes
Pour ses fideles satellites,
Pour monstrer qu’il tient en les
mains
La vie & la mort des humains,
Et qu’il regne par sa puissance,
Comme les Roys par leur naissance,
Ses Iuges menacent les Grands,
Et font trembler les innocens.
Castrain, Marillac & de Iarre
Ont paty deuant ces barbares,
Et veu leur mort dedans les yeux
De ces Tygres audacieux.
ARMAND voulant des sacrifices
De cruauté & d’iniustice,
Pour paroistre ses seruiteurs,
Ils sont les sacrificateurs.
Ce Moloce a pour ses Prestes,
Il arme de cousteaux tes traistres,
Pour immoler sur ses Autels
Non des bestes, mais des mortels,
Le vieux tyran des Arsacides