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Mazarinade n° B_14_23

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Anonyme [1651], LE MANIFESTE VERITABLE DES INTENTIONS DE MR LE PRINCE, QVI NE TENDENT qu’au restablissement de l’authorité Souueraine, & du repos des peuples. Presenté à Nosseigneurs de Parlement. , françaisRéférence RIM : M0_2404. Cote locale : B_14_23.


preiugé de l’innocence de Monsieur le Prince, que de voir, qu’il n’est accusé
que par ses ennemis, ou par les ennemis de l’Estat, & qu’il est à mesme temps
iustifi par le suffrage de ceux, qui sont generalement approuuez de tout le
monde.
 
Apres cette verité, qui fait voir que Monsieur le Prince est coupable, parce
qu’il est ennemy de nos ennemis ; Voyons encor, cher Lecteur, pour le
iustifier dauantage, quels sont les sujets du mescontentement, en suitte duquel
on le veut traitter auec cette rigueur Monsieur le Prince pour reuenir
en Cour, demande qu’on luy donne quelque seureté auprés de leurs Maiestez :
Si cette proposition est desraisonnable, elle marque quelque autre dessein,
auquel elle sert de pretexte, comme les Mazarins pretendent : Si elle est
raisonnable, on peut dire aussi que le refus qu’on fait à Monsieur le Prince,
de luy donner quelque seureté, n’est pas trop bon augure : Examinons-là de
part & d’autre.
Pour monstrer que cette demande de Monsieur le Prince est desraisonnable ;
il faut faire voir que Monsieur le Prince n’a pas raison de se deffier ; pour
conclure puis apres par vne consequence infaillible, que s’il a raison de se
deffier, sa demande est donc tres-raisonnable. C’est ce que ie m’en vay faire
sans passion.
Comme l’iniuste emprisonnement de Monsieur le Prince ne fut resolu
qu’ensuitte des oppositions qu’il auoit formé à l’ambition du Cardinal Mazarin,
aussi sçait-on que l’eslargissement ne fut accordé, que lors que ce Ministre
ne peut resister à toute la France, qui vouloit r’auoir son Conquerant,
à quelque prix que ce fust : Cela est certain Cét eslargissement donc estant
vn pur effet des poursuittes de toute la France, malgré les resistances du Mazarin
& des Mazarins ; il est à croire que ces ennemis de l’Estat n’en ayant
fasché la prise que par force, n’ont pas du moins perdu la resolution, ou de
l’obliger à s’attacher à leur party par l’apprehension d’vn semblable traittement,
ou de le r’engager dans leurs rets, à la premiere occasion.
Ie presume cela, de ce que Monsieur le Prince n’ayant esté emprisonné,
que pour s’estre opposé au succez de ie ne sçay quelles pretentions du Mazarin ;
il ne se peut, lors qu’il s’opposera à toute la fortune du mesme Mazarin ;
qu’on ne brasse à plus forte raison le dessein de s’en défaire vne seconde
fois ; & cela d’autant plus asseurement, que moins ils verront de iour à sa deliurance,
pendant sa Majorité.
Monsieur le Prince voyant donc que la generosité & la Iustice luy deffendent
de signer le retour de ce Ministre, comme il en a esté en vain persecuté
pendant quelques mois ; & voyant à mesme temps que ceux qui sont interessez
à ce restablissement, sont les maistres, & presque les dispensateurs de
la faueur. Ie vous laisse à penser, mon cher Lecteur, si Monsieur le Prince
n’a pas grande raison de croire que les approches de la Cour luy sont dangereuses.
On me respondra, peut-estre, que ie fonde mon raisonnement sur vne
fausse supposition : puis qu’en disant que M. le Prince doit s’opposer au restablissement
du Mazarin, ie semble donner tacittement à connoistre, qu’on
est en dessein de le restablir, ce que le party contraire pretend estre faux, du