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Mazarinade n° B_20_10

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Anonyme [1652], LE MIROVER DE LA REYNE. Luy representant tous les desordres de sa Regence. ET LVY DONNANT D’INFAILLIBLES moyens pour les reparer. , françaisRéférence RIM : M0_2482. Cote locale : B_20_10.


les plaintes du peuple à leur Souuerain, ie me contenteray
de marquer icy la representation des desordres
qui furent faits dans le pays d’Aunis, sous la Regence
de Catherine de Medicis, immediattement
apres la mort de Charles IX elle escouta fauorablement
les plaintes de ces bonnes gens ruynez, quoy
qu’ils fussent de la Religion, & pour les recompenser
de leurs pertes, elle leur accorda douze cent mille
escus ; ie veux que cela se fist par maxime d’estat
pour les retenir dans le deuoir, pendant l’absence du
Roy qui retournoit de Pologne, mais du moins ne
crût-elle en rien diminuer de l’authorité, d’escouter
des sujets qui se plaignoient auec assez de raison, &
de leur faire quelque sorte de Iustice en leur accordant
quelque grace, afin de soulager leurs miseres.
 
Sous la Regence de Marie de Medicis qui a precedé
la vostre, le Fauory tyran qui s’estoit rendu maistre
de l’authorité, ruyna la pluspart des familles
d’Amiens, en abbatant & bruslant les maisons de plusieurs
particuliers de cette ville, sans leur faire aucun
remplacement de leur perte, & mesme les chassant
de là auec violence & par mocquerie, il ne pût pourtant
empescher qu’ils ne fissent leurs plaintes hautement,
& qu’il ne leur restast encor cette derniere liberté
de gemir dans leur plus grande oppression qui
se fit ressentir également dans la Picardie & dans la
Champagne, & particulierement és enuirons de Soissons,
où la desolation fut horrible & déplorable.
C’est donc vn droict, MADAME, qui ne se
peut oster aux affligez de se plaindre pour toute consolation
de leurs miseres, mais ce que ie voy de plus
pitoyable en leurs lamentations, c’est, helas ! qu’elles
sont vaines & inutiles le plus souuent, & que les cris
& les gemissemens inexplicables qu’ils poussent vers
les Cieux n’arriuent que trop rarement aux oreilles