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Mazarinade n° A_6_23

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Anonyme [1649], LE MONOPOLEVR RENDANT GORGE. , français, latinRéférence RIM : M0_2491. Cote locale : A_6_23.



Mais comment auez-vous tout d’vn coup perdu la parole,
d’où vous viennent ces tremblemens, ou plustost ces agitations
& ces furies ? I’estime, que tous ces symptomes si violens
& si contraires prouiennent d’vne mesme cause. L’anatomie
(ie parle de celle qui n’a rien de hydeux, à sçauoir la
theorie de cet art) nous enseigne qu’outre cette generale
communication de toutes les parties du corps humain, qui
fait qu’elles ont du ressentiment les vnes pour les autres, il y
a vn commerce tout particulier entre le cerueau, la langue,
& le ventricule, qui fait que leurs affections sont communes,
& de là vient que ceux qui ont la fievre, ont pour l’ordinaire
mal de teste, & le Medecin fait tirer la langue à son malade
pour descouurir par sa couleur, ou par l’humeur dont elle
est chargée celle qui est dans le ventricule. Pour cette mesme
cause l’yurognerie attaque tousiours ces trois parties ; l’vne
ne se sent pas plustost des accidens du vin, que les autres en
sont affligées, ou à raison du voisinage, ou mesmes par sympathie ;
car le ventricule dés aussi-tost qu’il est trop remply
de vin, enuoye des fumées au cerueau qui en est offusqué,
& ne pouuant communiquer ses esprits animaux par les
nerfs, à raison que les passages sont bouchez, la langue se
treuue priuée de mouuement, & en mesme temps il se fait
vn effort, par lequel les parties se veulent desgorger ; & faire
quites des humeurs qui les chargent, & si elles ont assez
de force pour les mettre dehors, les voila hors de danger,
sinon les conuulsions continuent, & à la fin la mort arriue.
Escoutez moy donc, Monopoleurs, car ie suis cousin germain
du Medecin Charitable, & frere du Politique ; si vous
ne rendez gorge, vous estes morts. Et si vous ne sçauriez esuiter
deux genres de mort, à sçauoir la mort premiere, qui
est, comme dit Aristote, la desunion de l’ame auec le corps,
& la mort seconde, que Sainct Iean dit estre, la desunion de
l’ame auec Dieu.
Vous estes saouls & yures, n’est-il pas vray ? Vous en