[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° C_6_25

Image de la page

Anonyme [1649], LE MOT A L’OREILLE, OV LE MIROIR QVI NE FLATE POINT. , françaisRéférence RIM : M0_2498. Cote locale : C_6_25.


que nous nous sommes propose é : & par consequent, il faut
qu’elle consiste en vne vigoureuse force d’esprit, & en vne experience
consommée au maniement des affaires publiques, dont
la connoissance est tres-difficile. Cette science Royale, à la finesse,
la fourbe, & l’imprudence pour ennemies, & quelques
éloges que la secte Mazariniste puisse donner aux supercheries, si
est-ce pourtant qu’elles ne sçauroient estre receuës, ny admises,
en l’ordre de la prudence. Ce ne sont que des seruantes de Penelope,
capables de préoccuper des insensez, & de rebuter les sages.
Les raisons d’Estat ne visent pas tant à faire des desseins, &
des entreprises, qu’à balancer les moyens plus propres, & plus à
les faire reüssir heureusement comme on souhaitte ; & pour cela,
il faut auoir vne connoissance parfaite des hommes ; des affaires,
des pays, & estre adroit & sçauant à toutes sortes d’occurrences :
il faut estimer ses ennemis capables de tout entreprendre : il
ne faut pas presumer trop de soy, ny se destourner iamais du bon
chemin, pour quelque consideration que ce puisse estre : il faut
n’auoir rien qui ressente, ny le flateur, ny l’esclaue : il faut sacrifier
ses interests particuliers pour ceux du public, & ne resoudre
iamais quoy que se puisse estre, ny par vindication, ny par colere ;
& comme il est impossible de trouuer vne Republique telle que
Platon l’a desirée, ny vn Orateur à la mode de Ciceron, ny pareillement
vn Capitaine, selon que Xenophon le demande ; ie tiens
aussi qu’il est impossible de trouuer vn parfait Ministre d’Estat, tel
qu’il nous le faut pour bien conduire nos affaires : Neantmoins, ie
ne croy pas qu’il faille prendre la peine d’en chercher ailleurs,
si la France se trouue sterile en la production des hommes de cette
science. Iules Mazarin nous monstre assez par ses actions, combien
les Estrangers sont nuisibles au gouuernement de cette Monarchie.
Ce diable humanisé, & reuestu de pourpre (quoy que
d’vne extraction tres-vile, comme tout l’Vniuers sçait fort bien)
apres s’estre mis en quelque consideration dans le monde, par
des voyes aussi criminelles qu’abominables, ne nous apprend
que trop cette verité ; & nous voyons qu’elle ne trouue que trop
de tesmoins dans le temps où nous sommes. A vray dire, qu’a-t’il
fait pour nous depuis la mort perpetuellement déplorable de nostre
inuincible Louys le Iuste, dans le maniement de nos affaires,
qu’inuenter tous les iours des nouueaux imposts pour ses interests
propres ? Et quoy qu’vne Reyne Régente, & pieuse comme la nostre,
soit en estat de disposer souuerainement de ses graces ; si est-ce
pourtant qu’elle ne laisse pas d’estre obligée de regler ses extraordinaires
liberalitez, pour laisser vne par faite édification dans