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Mazarinade n° A_7_1

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Anonyme [1649], LE PACIFIQVE OV L’ENTRETIEN D’ARISTE AVEC LVCILE, SVR L’ESTAT DES AFFAIRES presentes. Eccles. 4. Il y aura vn conseil de Paix entre l’vn & l’autre party. , français, latinRéférence RIM : M0_2641. Cote locale : A_7_1.


sont de fragiles vaisseaux à faire souuent naufrage : que d’autres
Sages les ont encor appellez auec suiet, les Pasteurs des grands
Troupeaux, de qui la protection doit estre l’vnique objet de
leur solicitude.
 
Mais, cher Lucile, que peut faire le Peuple durant la minorité
de ses Roys, que d’auoir recours aux soins & à l’integrité
des Magistrats ? Que de demander instamment à Dieu, qu’il
daigne presider à leurs Conseils, & faire luy mesme le choix
de leurs Ministres ? Et lors qu’ils sont en estat de commander
eux mesmes, mais auec de notables defauts, que d’obtenir
pour eux s’il le peut, par vn saint renouuellement des vœux de
sa Religion & de sa Pieté, quelque plus claire lumiere d’esprit,
& quelque plus noble rayon de Sagesse ?
C’est ainsi, Lucile, que l’on peut dignement reuerer cét ordre
sacré que le Maistre des Roys a estably en leur faueur, pour
tous les Peuples.
La creance que nous auons des Puissances legitimes, ne
doit iamais dependre du succez de leurs affaires. Le sang de
tous les hommes, est bien de mesme couleur : & s’il s’en trouue
de plus beau & de plus vermeil en quelques vns, cela vient de
la santé qui s’y rencontre plus parfaite, & non pas de la Noblesse.
Mais quelque infirmité qui se remarque aux Souuerains,
le rayon de la Majesté Diuine, dont ils sont les Images visibles,
ne laisse pas de nous imprimer tousiours, ce respect, cette ioye,
& cét amour naturel que nous auons pour eux, & qui se redoublent
par des mouuemens secrets, mais tres-sensibles, toutes
les fois que nous auons l’honneur & la liberté de les voir.
Il est vray, cher Lucile, qu’aussi bien que nous, ils courent
à la mort, comme les eaux qui coulent droit à la mer, & que
dans cette cheute, comme en celle des plus hauts chesnes, dont
chacun ramasse les branches qu’il peut, il se fait tousiours de
grands bruits, qui sont les presages certains des maux qui menacent
les Peuples. Mais comme ces malheurs sont sans remede,
& des effets ordinaires d’vne Loy si commune ; lors qu’ils
arriuent, le feu de nostre amour ne s’esteint point, mais seulement
il passe par succession naturelle de la souche au rejetton,
pour lequel, il conserue tousiours la mesme flame.