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Mazarinade n° A_6_61

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Anonyme [1649], LE PARTISAN TENTÉ DV DESESPOIR PAR LE DEMON DE LA MALTAVTE, QVI LVY REPROCHE LES CRIMES de sa vie, & cause son repentir. DIALOGVE. , françaisRéférence RIM : M0_2722. Cote locale : A_6_61.



Le Demon.
Ie le croy, & vous plains grandement, voyant que vos felicitez passées,
dans le souuenir de leur cause, ne seruent qu’à former en vostre
cœur ce bourreau interieur, qu’on appelle Syndereze, dont ie ne doute
pas que vostre conscience ne soit incessamment tourmentée.
Le Partisan.
Mais quel remede à cela ? N’en sçauez-vous point d’autre que celuy de
desesperer nos affaires, pour redoubler nos craintes, & nous faire resentir
nos maux auant le temps ?
Le Demon.
A quoy bon vous flatter, vous ayant tousiours aimez, comme vous
auez peu voir par vn progrez si prospere que celuy de vos fortunes, ay-ie
pas raison d’en craindre pour vous la funeste fin ?
Le Partisan.
Et moy, bien que ie vous aye tousiours suiui auec ardeur pour l’vtilité
de vos moyens, ie suis tout prest en ce rencontre de maudire le iour
que i’eus la premiere pensée de suiure vos appas, & me donner à vous.
Le Demon.
Pourquoy ? puisque vous auez eu ce que vous desiriez par mon
moyen, & que ie vous ay éleué si haut.
Le Partisan.
Si vous m’auez éleué, ie vous ay fait valoir, & rendu necessaire, prenant
vos interests comme les miens, sans craindre la disgrace du Conseil,
ny la haine du peuple.
Le Demon.
Et moy, cependant que vous trauailliez en seureté, & à vostre aise dans
le cabinet ou dans le Conseil, pour faire receuoir vos aduis, i’ay couru
la campagne pour vos interests, où i’ay souuent veu faire des sacrifices
de mes enfans immolez par le peuple en sa fureur, parce qu’ils venoient
executer vos ordres : & voila comme les innocens patissent pour les
coupables.
Le Partisan.
Il semble que vous en veniez aux reproches.
Le Demon.
Et vous aux mespris & au repentir ?
Le Partisan.
Il est vray, mais c’est trop tard, Laisse moy donc, puisque tu nous
es inutile, aussi bien tu me donne à mal penser de ton procedé, & que
tu ne sois de l’ordre de ces faux Luisans qui conduisent aux precipices.
Ie voy bien desia que les prosperitez acquises par ton moyen, passeront
comme vne illusion, & seront peut estre la cause de nostre perte.
Le Demon.
Tu t’en dois asseurer, mais elles n’en seront pas la seule cause, c’est ton
ambition qui t’a perdu, aussi bien que ton auarice enragée : & si ce ne