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Rechercher dans le corpus des Mazarinades
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Résultat de votre recherche de l'expression "taille" dans le corpus des Mazarinades :


Occurrence 301. Anonyme. LE STRATAGESME OV LE POVR ET CONTRE DV... (1652 [?]) chez [s. n.] à [s. l.] , 28 pages. Langue : français. Référence RIM : M0_3720 ; cote locale : B_12_59. le 2013-12-28 09:29:02. pace.
Sire, Mazarin est vn homme
Tel qu’il en croist beaucoup à Rome,
Et qui sans mentir n’est pas tel
Qu’on vous a dépeint ce mortel
De nulle vertu que ie sçache,
Il n’a fruition, ny tache ;
Et i’ignore aussi les bien faits
Qu’aux pauures François il a faits :
Si ce n’est qu’a sa conscience
Il fait que tout le monde pense,
Et que chacun dans ce tourment
Croit estre au bout du iugement.
D’ailleurs, de trauail il exempte
Maint manœuure qui ne s’en vante,
Et fait que tous les Artisans
Tranchent icy des Courtisans,
Se promenent leuans la teste
Aux iours d’œuures comme à la feste,
Et vont plus de dix fois le iour
Au Luxembourg faire leur cour.
D’autre part par sa modestie
Mainte luxure est amortie.
Le luxe mesme est presque éteint,
Bacchus n’a plus son rouge teint,
Et bannit de sa Confrerie
La bonne Dame Yurognerie :
Ainsi que des dances de nuit
On ne prend plus le sot déduit.
Bref, iamais Prescheur pour la gerbe
N’a si bien détruit la superbe,
Et fait plus de vrais penitents
Qu’icy l’on en voit en tout temps :
De plus, il est aussi la cause
Des beaux escrits que l’on compose,
Et met par son authorité
Maintes Nonnes en liberté,
Qui, croyans que leurs vœux s’annullent,
La Paix par leurs desirs recullent.
De mesme il fait que maints Tubeuf
A Paris est plein comme vn œuf,
Donne aux Partisans dequoy frire,
Aux ieunes Abbez dequoy rire,
Aux vieux Drilles dequoy pinter ;
Et pendant tout pour subsister
Il fait en nous baillant la baye
Du cuir d’autruy large courraye,
Faisant des biens de son voisin
Comme des choux de son iardin.
Il met vos peuples en chemise,
Rauit aux petits la franchise ;
Et les rend plats comme harang :
Or qui perd son bien perd son sang.
Sire, donc qui perd l’vn & l’autre
Deuient plus chetif qu’vn Apostre.
C’est l’estat, Sire, où nous reduit
Ce bon Apostre qui vous suit,
Et dont vostre Mere est coiffée
Plus qu’oncques ne le fut d’Orphée.
Aucune femme que ie croy ;
Mais, grand Prince, pardonnez moy
Ce grand mot que ie viens de dire,
Le Marchand qui perd ne peut rire :
Et nous croyons tous que sans eux
Paris seroit moins mal-heureux.
Mais pour vous acheuer mon compte,
De nous il fait fort peu de compte,
Et croit que nous sommes tous faits
Pour estre ses petits valets ;
Que grace il nous feroit entiere
De luy noüer la jaretiere,
Au lieu qu’on dit qu’il vaut si peu
Qu’on le rebuteroit au jeu.
Pourtant il a beaucoup d’adresse,
Il fait mille tours de souplesse ;
Il discourt à bastons rompus,
Il sçait mille petits Rebus,
Cent contes de ma mere l’oye
Pour vous entretenir en ioye,
Vous amadouë, & fait des mieux
A vostre maman les doux yeux,
Dit qu’il confondra le rebelle
Pour vostre hõneur pour l’amour d’elle,
Qu’il tranchera ces reuoltez
Menu comme chaire à pastez,
Et qu’à son retour, sa milice
Leur donnera de l’exercice :
Bref, si l’on en croit ce Caphard
Nous auons tous mangé le lard ;
Et ses Drilles n’ont fait sottise
Qui merite d’estre reprise,
Bien qu’on sçache qu’en cét endroit
Le pauure gibet perd son droit
Perdant Mazarin, qu’on luy vole,
Parce qu’il fiche bien la cole,
Qu’il inuente & ment à propos,
Et fait le chien pour auoir l’os.
Sire, c’est vn grand personnage,
Il entend bien le bastellage,
Et s’excrime des mieux du croc,
Prend ab hic, ab hac, & ab hoc,
Brochet, il mange tanche & carpe,
Il ioüe à rauir de la harpe,
Il est parent du Roy Dauid,
Il est moins vaillant que le Cid,
Moins sage & moins prudent qu Vlisse,
Donner du sien n’est pas son vice,
Des gens lettrés il ne fait cas,
Les adroits ne luy plaisent pas,
Des auanturiers il s’acoste,
Les transfuges sont à sa poste,
Les empoisonneurs sont ses gens,
Les mercenaires ses agents,
Les Boutefeux ses satellites,
Il n’est du rang des Hyppolites,
De Ioseph il n’a fait les vœux,
Et de l’amour craignant les feux.
Il n’auroit quitté sa mandille
De peur de baiser femme ou fille.
Pour ce qui touche son estat,
Il n’est pas vrayment Apostat :
Mais ie gagerois bien ma vie
Qu’il est animal Amphivie
Et qu’il n’a iamais comme Armand,
Fait aux Curez de Reglement.
Au reste, pour la Politique,
Ma foy ce n’est pas sa pratique
Il s’y connoit comme aux couleurs
Font les Aueugles demandeurs,
Ou comme vne truye en espices
Passe aussi pour ces artifices,
I’aurois honte icy d’en parler,
Il s’en scait fort mal demesler,
Et n’est propre qu’à faire vn moine
Dedans le petit saint Anthoine.
C’est-là ce qu’en cet entretien
Auroit pu dire vn bon Chrestien.
Mais parlons de ce qui nous meine ?
Mais bon Dieu, dequoy suis-je en peine,
Si le Ciel tombe, en ce hazard,
Qu’en porteray-je que ma part,
Et d’ailleurs, que pourois je faire
Quand ie serois bien en colere,
Scachant que de plus fins que moy,
N’ont rien fait dans leur grand employ,
Et se trouuent au blé remoudre,
Sans sçauoir quelle piece coudre
Au trou que leur fait le Magot :
Aussi ie scay que de l’escot
Bien se passe qui rien n’en paye,
Et ie voy qu’en ce lieu l’yuraye
Est si fort meslée au bon blé
Qu’on en a l’esprit tout troublé.
Donc sans former de vaine attente,
Disons enfin, vienne qui plante,
Qui bien fait bien le trouuera,
Apres le hasle il pleuuera,
Si le Roy veut venir qu’il vienne,
S’il ne veut venir, qu’il se tienne,
Si Iules fait bien c’est pour luy,
Et s’il fait mal c’est pour autruy.
C’est ainsi que dans ce partage
Le drosle a tousiours l’auantage ;
Que le plus iuste soit vainqueur,
Puis, contre fortune bon cœur.
Si nos princes font des merueilles
Nous les nommerons sans pareilles,
Et s’ils ne tentent rien de plus
Nous suiurons ce fascheux le reflus,
Souspirans de voir leur armée
Inutillement consommée,
Et pleins de rage & de chagrin
Crierons tous viue Mazarin,
Viue Mazarin, Dieux que dis je ?
Puis je conceuoir ce prodige !
Que plustost mais il plaist au Roy,
Et nos grands Chefs, comme ie voy,
Pour exterminer le rebelle
N’ont tousiours batu que d’vne aisle.
Et montrent que nostre douleur
Et nostre feu n’est pas le leur ;
Que Mazarin leur est vtille,
Ha ! le zele excitte ma bile.
Et me deust leur foudre estouffer,
Le front commence à m’eschauffer.
Ha Gien, que dans ta prouince
N’estois-je en la place d’vn Prince ?
Quand ayant batu d’Hoquincourt
Il s’en reuint soudain en Court,
Au sein de Paris la grand ville,
Lors qu’il estoit vrayment facile
De mettre Turenne en estat
De perir au fort du combat,
Et d’enuoyer ce temeraire
Aux lieux ou gist son aisné frere :
Certes à l’entour de Paris
On n’eust veu tant de corps meurtris
Et l’insolent n’eust eu laudace
De venir bloquer cette place,
Bien qu’auec le Duc d’Orleans
Le Grand de Condé fut leans,
Maintenant la Mazarinaille
Ne passeroit que pour Canaille,
Et ne viendroit par ses agents
Insulter aux honestes gens ;
Le Cardinal pai sa sortie
N’auroit introduit l’amnistie,
Et feint de s’esloigner du Roy
Afin de nous donner la loy :
Il n’auroit plus vois en chapitre,
Et ne porteroit plus le titre
De Ministre & de Directeur.
Etant nostre persecuteur ?
Coadjuteur que tes intrigues
Nous causẽt de maux partes brigues ?
Et que pour toy de trespassez
Sont dans le monument placés.
Le Duc d’Orleans par tes feintes
A receu d’estranges atteintes,
Et Condé n’osant le quitter
Hors d’icy n’a rien pu tenter.
Toy seul as reduit son armée
Et nostre esperance en fumée ;
Et toy seul fais que Mazarin
Est maistre de nostre destin.
Grand Senat, que n’est tu plus ferme,
Nos maux eussent trouué leur terme ?
Dans la fin de quarante & neuf ?
Failloit-il trouuer vn d’Elbœuf
Pour chef de ta forte milice ;
Longueuille plein d’artifice
Te plaisoit il dans sa langueur ?
Luy qui sans force & sans vigueur
Ne fist que berner la Neustrie ?
L’interest de nostre Patrie
Ne peut il estre le motif
Qui touche tes sens iusqu’au-vif ?
Tu Fronde quand on te menasse,
Et tu changes soudain de fasce
Quand on te met hors d’interest
Et que tout va comme il te plaist
Falloit-il aller chercher noise
En mettant Paris dans Pontoise,
Et que la par toy fut cassé
Tout ce que tu fis l’an passé.
Princes que dans vostre entreprise
Ne monstriez vous plus de franchise,
La Noblesse aux esprits ardens
Eust pris le mor auec les dents,
Et donnant d’estoc & de pointe
A vos escadrons se fust iointe ;
Au lieu que pleine de douleur
Elle a rengaigné son ardeur,
Scachant que vous n’auiez enuie
De guerir nostre maladie,
Et que ne tendant qu’à nos fins
Vous n’estes nos vrais Medecins,
C’est ce qui fait auec adresse
Chacun se tire de la presse
En attendant qu’vn autre eschec
Mette les mazarins à sec,
Que n’auez vous en cette guerre
Mis dix mille traitans par terre,
Et destruit ces Interessez
Que n’auez oncques menassés,
Bien que cette ardeur témoignée
Vous eust donnée ville gaignée,
Plustost qu’en deux ou trois endroits
Tascher de restablir les droits
Et tirer par taxe & saisie
Quelque argent de la Bourgeoisie.
Ainsi le peuple en vn monceau
Eust donné tout dans le panneau,
Et vous auriez eu pour tout prendre
Des communautez à reuendre.
Mais quoy, chacun a son aduis,
Et les meilleurs ne sont suiuis.
Ha Reine ! quel zele vous touche ?
N’aurons nous iamais à la bouche
Que le seul nom de Mazarin ?
Vous reglez vous sur le destin ?
De l’insolente Fredegonde,
Cette autre infame Rosimonde
Qui fit auec son Landry
Ce detestable Fauory,
Des coups si noirs que la memoire
Les voit auec honte en l’histoire,
Et qui nonobstant ses forfaits
Eût le don de mourir en paix,
Et de laisser son fils Clotaire
Heritier de son failly pere ?
Non, non, en ces funestes jeux
Le crime n’est tousiours heureux,
Puisque Brunehaut sa riuale
N’est pas vne fortune egalle.
Ha grande Reyne à cette fois
De vos peuples oyez la vois,
Et si vous estes leur Princesse,
Faittes que leur misere cesse,
Et que Mazarin leur tyran
Ne vous soit plus qu’indifferent,
Esloignez cét impitoyable
Monstre vrayement insatiable
Et le chassez de vostre Cour,
Sans aucun espoir de retour,
En ce faisant aussi madame,
Daignez l’esloigner de vostre ame,
Car s’il regnoit dans vostre cœur,
Vostre fils paroistroit mocqueur,
Et nous prendroit lors qu’il l’esloigne
Pour de vrais niais de soloigne,
Puis que ce ne seroit qu’vn ieu
Parce qu’il reuiendroit dans peu,
Et que son malheureux genie,
Vous tiendroit tousiours compagnie.
Mazarin cruel ennemy
Monstre que l’enfer a vomy,
Ne cesseras tu, quoy qu’on die
De tramer quelque perfidie ?
Iusqu’à tant qu’a pres cent combats
La France soit du tout à bas
Et qu’il ne reste en cette terre
Maison haute, ny pierre sur pierre,
Parce que tousiours ton party
Est de maints traistres assorty
Ton objet dans le dueil nous plonge
Tu parts, on croit que c’est vn songe,
Fusses tu loin, on te croit pres,
On dit que tu fais tes apprests
Pour reuenir à main armée :
La France en est toute alarmée,
Et n’aura paix que le Tombeau
Ne couure ta chienne de peau ?
Pauure France que de gabarres,
Helas chez toy l’on ioüe à barres,
Ton plus parfait amy te nuit,
Qui feint de t’ayder, te destruit,
Mazarin est tousiours l’Idole
A qui ton Roy mesme t’immole,
D’où vient qu’icy les plus puissants
Luy daignent offrir de l’encens ;
Que ferons nous dans cette peine ?
Tendrons nous les bras à la chaine,
Qui s’apreste à nous resaisir ?
Nous auans encor à choisir,
De la mort ou de ce supplice :
Ha ! grand Roy, faites nous iustice,
Mazarin est vn criminel,
Digne d’vn suplice éternel,
Luy seul fait que dans vostre Empire
Nul sujet en paix ne respire,
Et que la cruauté du fer
De la France a fait vn enfer.
Faites que sur ce beau riuage
Nous ne voyons plus son visage
Dont l’obiect nous est si fatal :
Grand Prince, en perdant ce Brutal,
(Car ainsi la France le nomme,)
Ie dis en perdant ce seul homme,
Vous gaignerez cent mil cœurs
Pourueus de bien plus belles mœurs,
Et ferez vn heureux eschange
De ce vieux Diable auec vn Ange,
Qui sera quelque homme de bien
Qui des lois estant le soustien
Par sa prudence sans seconde
Vous rendra le plus grand du mõde,
Et sera mentir ce magot
Qui portant le nom de mangot
Tient vostre grande destinée
Au seul Mazarin enchainée.
Sire, c’est ce fameux Deuin
Qui glosant sur vostre destin,
Iure qu’auez vn’Horoscope
La plus heureuse de l’Europe :
Il dit que serez Empereur,
Si son calcul est sans erreur :
Mais que Mazarin estant pape
En nous brauant rira sous cappe,
Et que n’obstiendrés aucun bien
Que par son art & son moyen.
Grand Roy, sauuez nous d’esclauage
Et nous procurez l’auantage
De voir vostre beau frond à nu ;
Et lors nostre zele ingenu
Vous scaura si bien reconnoistre
Pour Chef, pour Seigneur & pour Maistre.
Que vous prendrés plaisir à voir
Les preuues de nostre deuoir.  

FIN.

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Occurrence 303. Anonyme. ARREST DE LA COVR DE PARLEMENT de Rennes en... (1649) chez Pépingué (veuve de Théodore) et Maucroy (Estienne) à Paris , 4 pages. Langue : français. À Rennes le 18 janvier 1649 [au colophon]. Voir aussi E_1_52 et E_1_90 (qui ont toutes les deux le titre fautif que Moreau reproduit et la signature de "Monneraye").. Référence RIM : M0_345 ; cote locale : B_11_2. Texte édité par Patrick Rebollar le 2012-03-27 15:44:09.

ARREST DE LA COVR DE PARLEMENT
de Rennes en Bretagne, contre
le nommé Iulles Mazarin, &
ses autheurs & adherans, par lequel
ils sont tous declarez criminels
de leze Majesté, tous
leurs biens acquis & confisquez.

A PARIS,
Chez la Veufve THEOD. PEPINGVÉ, & EST.
MAVCROY, ruë de la Harpe, vis à vis
la ruë des Mathurins.

M. DC. XLIX. ARREST DE LA COVR DE
Parlement de Rennes en Bretagne, contre
le nommé Iulles Mazarin, & ses autheurs
& adherans, par lequel ils sont tous declarez
criminels de leze Majesté, tous leurs
biens acquis & confisquez. EXTRAICT DES REGISTRES
de Parlement. CE jourd’huy la Cour, les deux Semestres assemblez,
sur le rapport fait par le Procureur General
du Roy, de l’enleuement de la personne dudit Seigneur
Roy, la nuict du cinq au sixiesme iour du
present mois & an, par le nommé Iules Mazarin
de nation Italienne, & sur la notorieté de fait des leuées
des Gens de Guerre & deniers en cette Prouince: Veu
aussi les Arrests du Parlement de Paris des huictiesme &
& treiziesme desdits mois & an A declaré & declare
ledit Iules Mazarin, ses fauteurs, adherans, criminels
de leze Majesté au premier chef, & perturbateurs du
repos public: Leur fait commandement de garder leur ban
ordonné par ledit Arrest du huitiesme Ianuier, sur peine
de la hart, auec confiscation de tous leurs biens, meubles
& immeubles, & mesmes les fruits des Benefices dudit
Mazarin: Fait deffenses à toutes personnes, de quelque
estat & qualité qu’ils soient, de leur donner retraite, à peine
de descheance des priuileges de Noblesse, & d’estre declarez
incapables de tenir aucunes dignitez, & Offices
Royaux. ORDONNE qu’à la diligence dudit Procureur
General du Roy, il sera informé du diuertissement d’argent en espece ou lingots faits par ledit Mazarin hors du Royaume,
ensemble des leuées des Gens de Guerre, ausquels aucuns
Baillifs & Gouuerneurs ne pourront donner entrée, aide, ou
main forte, sur pareille peine, A permis & permet aux Communes
de leur courir sus au son du toxin: Et a ladite Cour
enjoint à tous les Officiers de ce ressort de tenir la main à
l’execution du present Arrest, lequel elle ordonne d’estre
publié à son de trompe, & affiché par tout où besoin sera en
la maniere accoustumée, afin que personne n’en pretende
cause d’ignorance. FAIT à Rennes, en Parlement, le dix-huitiesme
Ianuier mil six cens quarante-neuf.  

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Occurrence 305. Anonyme. LE TABLEAV DES TYRANS FAVORIS, ET LA... (1649) chez Noël (François) à Paris , 12 pages. Langue : français. Référence RIM : M0_3746 ; cote locale : A_7_54. le 2013-12-28 13:58:16.

vostre peuple ne pouuoit plus supporter les grandes charges des
Tailles & impositions dont il estoit opprimé: Qu’il vouloit despoüilier
tous les Officiers de vostre Royaume, mesmes ceux de vos
Cours Souueraines, de leurs biens, en leur ostans leurs gages; Que
les Tailles estoient tombées en party contre l’ordre prescrit par les
Ordonnances & les Loix du Royaume; Que par ce moyen elles se
leuoient auec tyrannie, & des frais excessifs; Qu’il choquoit continuellement
l’authorité, la liberté, & le Priuilege du Parlement,
par des Arrests du Conseil, & autres nommez du Conseil d’enhaut,
dont il se seruoit pour l’oppression du peuple; Enfin, voyant que
vostre Maiesté estoit à la veille d’vne ruine totale, & d’vn mal sans
remede, il est enfin reuenu de son assoupissement, & se ressouuenant
du pouuoir que les Loix de vostre Estat luy donnoient, que
par la disposition de vos mœurs & coustumes, il est naturel tuteur
de vos Roys, principalement pendant le temps de leur minorité: il
s’est senty obligé de chercher les moyens conuenables pour remedier
aux abus que l’ambition & l’auarice de ce Cardinal auoit formé
dans vostre Estat. Pour cét effet, i’ay appris que ce Parlement s’estoit vny aux autres
Cours Souueraines, nonobstant l’exil de quelques Officiers desdites
Cours, & qu’ils ont trauaillé ensemble vtilement à la recherche
de ces abus, & au moyen de les corriger. Ie ne doute point
qu’auec le temps il n’arriue quelque ordre dans ce desordre, &
qu’au point où l’on m’a asseuré que vos affaires sont, dont ie m’afflige
plus que ie ne m’en réjouïs, à cause de mon changement d’humeur,
qui me fait maintenant beaucoup plus aymer vostre bien
que vostre perte, vous ne voyez bien tost vn changement, qui rendra
vostre gloire aussi resplendissante, que Mazarin a eu intention
de l’obscurcir. Mais auant que de vous depeindre dans ce Tableau que ie vous
enuoye, la basse naissance de ce nouueau Ministre d’Estat, qui comme
vn Monstre pensa faire mourir sa mere en le mettant au monde,
sa honteuse vie, ses mœurs deprauées, & toutes les mauuaises
actions qu’il a faites auant qu’il se soit manifesté en vostre Royaume,
permettez ie vous prie que ie depeigne dans ce mesme ouurage
la perfidie, la trahison, & la haute conspiration qu’a tramée
contre mon Estat le Comte Duc d’Oliuarets le Fauory de son Roy,
& les delices de l’Espagne. Dés que ce nouueau Administrateur de tous mes Estats eut gagné
par ses charmes la bien-vueillance de son Prince, il eut cette
addresse de ne souffrir plus qu’auec beaucoup de peine, que les
grands du Royaume eussent d’entretiens particuliers auec son Monarque.
Son naturel vain & altier, ne luy faisant regarder les principaux
Officiers de ma Couronne qu’auec mespris, leur donnerent
en peu de iours tant de diuers sujets de mescontentemens, que la
Cour ne fut plus guere frequentée que de ses Partisans, & gens de
sa ligue. Le Roy ne voyant plus si souuent qu’à l’ordinaire ces viues
lumieres qui auoient accoustumé d’éclater auprés de sa Maiesté,
se plaint de leur absence: mais ce Fauory sceut si adroittement
diuertir l’esprit de ce Prince de cette pensée, qu’il luy en osta presque
du tout la memoire. C’est ce qui fit, que n’ayant plus accoustumé
de voir auprés de soy, que le Comte, qu’il fit Duc, & Grand
de mon Estat, & dont l’hypocrisie & la dissimulation luy faisoient
ioüer tel personnage qu’il luy plaisoit. Il le prit en vne si grande
affection, & son humeur complaisante luy pleust tant, que tous
les obiects qui luy auoient esté autresfois agreables, commencerent
à luy estre indifferens. Ce nouueau Fauory ne manqua pas de se seruir de l’astuce, & du
stratageme dont vsent ordinairement ceux qui veulent s’éleuer
dessus les espaules des Roys; l’amitié de son Prince ne luy suffit pas,
si auec sa bien-vueillance, il ne tire des marques de ses liberalitez,
& de ses largesses. Il receut en peu de temps de si riches dons, que
quand on eut cessé de luy en faire plus, il eust tousiours esté riche
toute sa vie. Il ne se contente pas d’épuiser les finances du Roy, il
veut s’enrichir de celles de tout mon Royaume. Enfin, à l’imitation
de vos Richelieu & Mazarin, grande Reyne, il fit tant de leuées
excessiues sur mes peuples, que ses exactions furent cause que
les Portugais, secoüant le ioug de cette tyrannie se redonnerent au
sang de leurs anciens Roys, & que la Catalogne oppressée de mesme
sorte, se mit aussi entre les mains du vostre, qui ne fut pas vn
petit aduantage pour vostre gloire, ny pour vos desseins. Quoy que ce mal fut assez grand pour estre plaint, & obliger
promptement mes Estats restans dans mon obeyssance, à
demander punition de l’autheur de tant de desordres: Neantmoins
cette extraordinaire affection qu’auoit pour luy son Monarque, fut
le suiet qui obligea mes peuples à se voir arracher ses entrailles, &
les miennes, sans en oser rien dire. Ce coup de malheur toutesfois,
se fit ressentir auec le temps si preiudiciable, & à la Couronne
d’Espagne, & à tous les plus Grands du Royaume, qui s’estoient
volontairement bannis de la Cour, qu’on commença de murmurer
contre l’autheur de nos disgraces, & à plaindre mon infortune.
En vn instant le bon Genie du Royaume, fit naistre dans l’esprit de
plusieurs grands Personnages, le genereux dessein de reuoir l’Escurial, & en vrais, & fideles Espagnols, remonstrer au Roy, le malheureux
Estat où l’ambition, & l’auarice du Comte Duc m’auoit
mis auec mes peuples. Ce Prince ne fut pas sourd à leurs iustes remonstrances,
& en leur donnant vne fauorable audiance, il leur
tesmoigna bien assez qu’elles luy estoient agreables. De cette plainte
des grands, n’asquit celle des petits, & de ceux cy à ceux-là: de
façon que le Clergé, la Noblesse, & le Tiers-Estat ne s’espargnerent
point à representer au Roy qu’il arriueroit vne subuersion à la
Monarchie si le Ministre d’Estat qui en auoit le gouuernement n’estoit
osté de cette charge, dont tout le monde le trouuoit indigne.   La Iustice aussi bien qu’en vostre Estat, Auguste Princesse, fit des
plaintes si amples & si iustes contre ce Fauory, touchant le retranchement,
& de leur authorité, & de leurs gages, dont il s’attribuoit
la seule vtilité, que le Roy promist d’y apporter du remede. L’on
ne voyoit point apporter de secours à ce mal, quand tout Madrid
émeu & armé, comme n’aguere a fait la premiere Cité de vostre
Empire, commit au Roy des Deputez pour luy demander raison de
l’iniustice qu’on faisoit de ne point remedier à leurs desordres, &
de ne donner point à la vengeance publique l’autheur de toutes ses
miseres. A cette fois, ce tumulte confus mit le Roy en vne si grande apprehension,
& moy en vne si grande crainte de voir arriuer nostre perte
en recherchant nostre salut, que me monstrant au Prince dans
vne desolation toute entiere, ma peine fut vne augmentation à la
sienne. Comme vn bon Pilote, il fit tout ce que l’art & l’experience
luy auoient appris pour garentir ses Estats & les miens, de naufrage,
& sans plus temporiser, il n’abandonna pas le Duc, qu’il
estoit les delices de son affection, au peuple: mais par vne voïe plus
douce, il creut qu’il n’y auoit point de plus iuste moyen de le chastier,
que de le mettre entre les mains de la Iustice. Ceux qui ont ordre de la rendre en mes Estats aussi souuerainement
que fait le Parlement au vostre, ne voulans pas faire cet affront
à leur Prince, que de faire passer par les mains d’vn bourreau
ce larron audacieux qui s’estoit enrichy de la ruine des peuples, le
condamnerent à vne prison perpetuelle. Ainsi cette indulgence
loüée par le Roy, luy fit agréer l’Arrest que l’on donna contre son
Fauory, qu’en son ame il croyoit mieux meriter la mort qu’vne captiuité
trop douce pour vn crime si enorme, que de voler impunement
son Roy, & son peuple. Voilà vn exemple de clemence plustost
que de Iustice: car pour tous les maux que ce Tyran auoit
commis contre Dieu, contre son Roy, & contre sa Patrie; qui doute
qu’il ne meritoit vn chastiment bien plus seuere? Le Roy eut cette
constance & cette vertu particuliere de ne tesmoigner point de
ressentimẽt de la misere de sõ premier Ministre: & c’est par là aussi,
qu’il tesmoigna tout de bon à ses Subiets, que l’amitié qu’il auoit pour le general de ses peuples surpassoit de beaucoup celle qu’il confessoit
auoir euë pour cét homme particulier.   Il ne fut pas guere de temps prisonnier, qu’on ne l’accusast d’auoir
conspiré auec le nouueau Roy de Portugal conire ma Couronne, &
contre mon Estat. Il est vray, que de bons & vrais Espagnols, descouurirent
vne trame secrette que l’on auoit ourdie, pour faire tomber
tous mes Estats entre les mains de sa Maiesté Portugaise, par vne reuolte
generale de tous mes peuples: mais l’on n’en a pas sceu si bien
conuaincre le Comte Duc d’Oliuarets, qu’on aye pû le punir de cette
conspiration qui tendoit au parricide: puis qu’on deuoit attenter à la
vie du Prince, & de celle de toute sa famille Royale, furent accusez &
conuaincus, plusieurs personnes de haute qualité, qui expierent par
leur mort l’enorme crime qu’ils auoient voulu commettre. Quelque particuliere inquisition qu’on peust faire, pour descouurir
si d’Oliuarets n’estoit point chef, ou complice de cette pernicieuse conspiration,
l’on n’en pust iamais auoir d’esclaircissement; ainsi peut-il
estre coupable; qu’il a passé pour innocent: mais quelque innocent
pourtant qu’il puisse estre, si beaucoup de personnes m’ont-elles voulu
persuader qu’il estoit criminel. Il n’est que Dieu seul qui puisse sçauoir
au vray la pensée des hommes; & cependant, pour moy qui parle
à vostre Maiesté, ie croy que s’il n’a esté l’autheur de cét enorme attentat,
qu’il en a pû à tout le moins estre l’vn des complices. Ie le laisse en
sa prison pour acheuer de vous faire la troisiesme representation du
Tableau que ie vous presente, vous sçauez bien que c’est de Mazarin
de qui ie veux vous entretenir. Non seulement moy, mais toute l’Europe, auons de la peine à croire
que le premier Prince de vostre Sang, veuille fauoriser de sa protection,
contre vostre bien, celuy du Roy, & de l’Estat, vne personne
que tout le monde sçait estre le Perturbateur du repos public,
l’Ennemy, le Destructeur, la Peste, & la ruine de toute vostre
Monarchie. Chacun demeure d’accord, qu’il faut qu’il se soit seruy
de quelque puissante Magie, pour charmer les oreilles, & siller les
yeux de ce grand Prince, afin de l’empescher de voir l’excez de ses voleries,
& d’entendre les plaintes de la misere publique, qui sont montées
au Ciel, & ont attiré la misericorde de Dieu sur eux, & prouoqué
sa Iustice à en faire la punition sur l’autheur de tant de maux. Quoy que vous soyez vne Princesse clairuoyante, & que vous ayez
assez d’experience de la conduite & des actions de Iules Mazarin: Ie
ne veux pourtant pas laisser de vous dire, ce qu’il a esté, & ce qu’il est;
& il vous sera fort aisé d’en tirer la consequence certaine, & demonstratiue,
de ce qu’on doit se promettre d’vne personne de sa naissance,
& de son temperament. Son origine n’est pas de ces illustres & de ces
conquerans, qui ont esté autrefois la terreur de tout le monde, cependant
que les Aigles Romains commandoient à tout l’Vniuers. Sa Noblesse
n’est pas plus ancienne que les honneurs qu’il a receus en vostre Royaume, sans les auoir meritez. Quoy qu’il prenne les haches auec
le faisseau de verges pour ses armes, il ne faut pas que vous croyez que
ce soient celles qui seruoient de marques d’authorité à ces anciens
Senateurs de cette florissante Republique de Rome: mais bien les haches
dont son ayeul fendoit du bois, & les houssines dont son pere
foüettoit les cheuaux. On sçait que son ayeul estoit vn pauure Chappellier,
Sicilien de nation, qui eust la fortune si peu fauorable, qu’il fut
contraint de faire banqueroute, & de quitter son pays. Son pere estant
ieune, & dans cette indigence, commença à estre palfrenier, & peu
apres s’auançant, deuint Pouruoyeur, & Maistre d’Hostel de la maison
d’vne personne de condition, où faisant valoir auec industrie, les
petits profits, qu’on appelle en France les tours du baston; il eut enfin
dequoy payer en partie le Maistre des Postes de Rome à Naples; sa
fortune estant encore si foible, que deux enfans qu’il auoit, il fut contraint
d’en faire vn Iacobin, afin de soulager sa famille.   Cependant cét autre fils, qu’on appelloit Iules, qui est le mesme
qui a l’administration de vostre Estat, grande Reyne, estant encore
ieune, seruoit de laquais, ou d’estafier, dans les plus honteuses, & salles
voluptez que le diable ait pû inuenter pour perdre les hommes, par
la corruption & concupiscence de la chair. Tout Rome sçait ce qu’il
estoit, & le rang qu’il tenoit pour lors dãs les maisons des Cardinaux
Sachetti & Antonio. Chacun sçait aussi que son esprit formé sous l’Astre
de Mercure, & né au larcin, & à la fourberie, ne s’employoit qu’à
l’estude de son inclination. Il fit vn voyage à Venise, & à Naples, pour
apprendre les piperies qu’on pratique dans les ieux de hazard, dont il
deuint maistre si parfait en peu de temps, qu’on luy donna par excellence
le nom de pipeur. Vostre Royaume sçait cette verité, Madame,
& plusieurs en ont fait l’experience à leur tres-grand preiudice, &
de toute leur famille, de ce qu’il sçait faire en cét exercice. Du depuis
s’estant installé, par des voyes aussi honteuses que criminelles, en des
charges plus eminentes, il luy prist fantaisie de se faire instruire par
vne Megere, en l’art de posseder les esprits; ainsi deuenu grand maistre
en Negromancie, il s’aquit vn bonnet dont vous sçauez qu’il s’est
rendu tres-indigne. Apres cela, de quelle sorte ne s’est-il pas conduit
aux affaires de vostre Monarchie? toute la terre habitable est instruite
de ses filouteries, de ses peculats, & des trahisons qu’il a voulu exercer,
& contre l’Estat, & contre son Prince legitime. Ainsi puis que ces
sangsuës ne s’instalẽt aupres de nos Roys que pour les tenir dans la diuision,
afin d’assouuir leur prodigieuse auidité, & de s’enrichir pareillement
de nos dépoüilles; trauaillons à leur perte, & faisons si bien,
que les siecles à venir ne s’entretiennent iamais que de nostre generosité,
& de leur insigne perfidie.

FIN.

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Occurrence 307. Amelot, Jacques. HARANGVE FAITE A LA REYNE, PAR MR AMELOT... (1649) chez Langlois (Denis) à Paris , 10 pages. Langue : français. Voir aussi A_4_25. Référence RIM : M0_1564 ; cote locale : C_5_41. le 2012-10-28 02:33:43.

HARANGVE
FAITE
A LA REYNE,
PAR MR AMELOT PREMIER
President de la Cour des Aydes.

POVR LA REVOCATION
DV TRAITÉ DES TAILLES,
& le soulagement
DES OFFICIERS,
ET DV PEVPLE. AVEC
VN RECIT ABBREGE
de ce qui se passa en la Deputation
de ladite Cour sur ce sujet.

A PARIS,
Chez DENYS LANGLOIS, au mont S. Hilaire,
à l’enseigne du Pelican.

M. DC. XLIX. HARANGVE FAITE A LA REYNE
Monsieur le Premier President de la Cour
Aydes.

AVEC VN RECIT ABBREGE
de ce qui se passa en la Deputation
de ladite Cour sur ce suiet. LA Cour des Aydes ayant, entr’autres modifications
apposées à la Declaration derniere, fait defenses à toutes
personnes de faire aucun Traité sur les Tailles, à peine de
Confiscation de corps & de biens, fut mandee le Lundy
21. Decemb. 1648. au Palais Royal, où en presence de la Reyne,
de Monseigneur le Duc d’Orleans, & de plusieurs Ministres & Officiers
de la Couronne, Monsieur le Chancelier par ordre de la Reyne
Regente, dit aux Deputez de la Compagnie, Qu’aprés la remise que le
Roy auoit fait à son peuple de l’auis de la Reyne, qui montoit à trentecinq
millions par an, elle attendoit que les Compagnies faciliteroient
les leuées du reste pour secourir l’Estat dans la necessité qu’il y auoit
d’entretenir les Troupes, & d’attirer à nous celles qui alloient estre licentiees
en Allemagne ; qu’duirement les ennemis en profiteroient à nostre
preiudice, & en pourroient si fort grossir leurs armées, qu’il seroit impossible
de leur resister : Que les deniers des Tailles n’estoient pas vn
argent prest, qu’ils ne seroient perçeus que neuf mois mois aprés l’imposition, & que si l’on attendoit ce temps-là, l’Estat se trouueroit en peril.
Que le seul remede à cela estoit de faire des Traittez sur les Tailles
comme on auoit fait auparauant, & que pour cét effet la Reyne desiroit
que l’on ostast ces mots de confiscation de corps & biens, inserez
dans la modification.   Sur quoy Mr Amelot, premier President de la Cour des Aydes,
representa à la Reyne les inconuenients qu’il y auoit de mettre les
Tailles en party, & les autres desordres dont il auoit esté parlé dans
la Compagnie, ce qu’il fit à peu prés en ces termes : MADAME, Entre les auantages qui éleuent les Souuerains au
dessus du commun des hommes, & qui les font approcher de la
Diuinité pour estre sur terre ses plus visibles images, l’vn des
plus considerables est qu’ils font grace, ainsi que Dieu, lors mesme
qu’ils font Iustice. Comme ils ne se sont presque reseruez que cette partie bienfaisante
de la Iustice, qui distribuë les recompenses & les faueurs :
quand ils exercent cette distributiõ auec poids & mesure, & qu’ils
font part de leurs bien-faits à ceux qui les meritent le mieux ; ils
ne laissent pas de les fauoriser, puis qu’il est vray qu’ils pourroient
ne leur faire pas ces liberalitez dont il les honorent. Ainsi quoy que la remise que V. M. a faite à son peuple soit
vne de ces gratifications, que l’equité & l’interest mesme de l’Estat
vouloit que V. M. ne luy déniast point ; Nous luy en rendons
neantmoins nos tres-humbles remerciemens ; pource que nous
reconnoissons que c’est enfin vne grace qu’il estoit égallement en
vos mains de luy accorder, ou de luy refuser. Nous auons bien raison, MADAME, de rendre des graces
eternelles, & à Dieu qui vous a inspiré ce dessein si important & si necessaire au bien de l’Estat, & à V. M. qui a voulu suiure auec
tant de bonté ces diuines inspirations.   Mais quelque grande & cõsiderable que soit à l’égard de V. M.
la décharge qu’il luy a plû octroyer aux suiets du Roy, is arriue
que ceux d’entre le peuple, qui en auoient le plus du besoin,
n’en reçoiuent pas le soulagement qu’ils en attendoient : & si l’on
fait reflexion sur la misere extrême où l’inhumanité des precedentes
exactions auoit reduit tout le monde, on trouuera qu’il
s’en faut beaucoup que cette grace ne soit proportionnée à la foiblesse
& à la misere du peuple ; & que le fardeau qui reste, est encor
trop excessif pour ceux qui gemissent soubs sa pesanteur. Nous ne sommes plus au temps qu’il falloit augmenter, par
des descriptions estudiées, les incommoditez publiques & particulieres
pour exciter la compassion : la misere est si extréme & si
generale, qu’il la faut diminuer pour la rendre croyable à ceux
qui ne la voyent pas, ou plustost qu’elle se fait voir iusques à ceux
qui en détournent les yeux, pource qu’elle fait sentir sa rigueur
à ceux mesmes qui semblent en deuoir estre le plus exempts par
les aduantages de leur naissance, & de leur condition. Ce n’est pas sans suiet que la Campagne presque deserte se
décharge dans les Villes, & iusques dans les pays Estrangers, de
la plus grande partie de ses habitans : ce n’est pas volontairement
que tant de pauures gens abandonnent leur labour auec leurs
maisons ; C’est la necessité, & vne derniere necessité qui les force
d’oublier l’amour si naturel du pays natal, pour aller demander
leur vie de porte en porte, où ils pensent la pouuoir trouuer. Et ce n’est pas dans le plat pays seulement que regne cette
cruelle necessité : elle a gagné peu à peu les bonnes Villes, si toutefois
il reste encore des Villes qui puissent porter ce nom auec
fondement : le mal est à son extremité, il s’est glissé bien auant
dans cette grande Ville, aussi bien qu’ailleurs ; & il n’y a plus personne
qui ne souffre & qui ne se sente bien fort des calamitez publiques,
que ce peu de gens qui les ont causées, & qui en ont profité
aux dépens des autres : Ces gens qui ont aneanty tous
les reuenus publics soubs couleur de les accroistre ; qui ont
pillé impunément les particuliers soubs le nom du Prince, & le
Prince mesme soubs pretexte de l’acquitter enuers les particuliers :
Ces marchands d’iniquité, qui font trafic des afflictions
d’autruy, & qui establissent leur fortune sur les fleaux de Dieu, En fin ces Partisans, qui sont les Ennemis irreconciliables de
l’Estat, puis qu’ils ne peuuent trouuer l’auancement de leurs
affaires que dans sa ruine. Ce sont là les seuls qui ont esté exempts
du pesant fardeau, dont ils ont accablé tout le reste.   V. M. peut iuger que la guerison de nos maux n’est encore que
dans l’esperance & dans le souhait des gens de bien, & que l’on
n’a pas coupé la racine des malheurs publics, puisque ces Partisans
sont tousiours les Maistres des Reuenus du Roy, & que l’on
veut mettre en party les Tailles des années à venir. Autrefois nous auions cette consolation dans nos maux qu’ils
n’estoient que temporels & passagers, & que les Edicts ne portoient
que des leuées pour vn temps : Mais à present, c’est vne coûtume
receuë, ou plustost vn abus introduit, de trouuer marchand
qui achepte le fonds de la leuée, & de la conuertir en rente : n’est-ce
pas vne playe immortelle, vn mal tousiours renaissant, & vne
necessité imposée de viure tousiours dans la necessité ? Il est vray qu’il semble d’abord que ce malheur ne regarde que
les suiets du Roy, sur lesquels on fait peu de reflexion : mais quand
on pourroit separer les interests du Prince d’auec ceux du peuple ;
Vos Maiestez mesmes, pour le seruice desquelles on veut que ces
introductions soiẽt faites, n’en souffrent-elles pas du desaduantage,
& les thresors qu’on leur procure par ces voyes extraordinaires,
leur sont-ils profitables ? ne parlons point s’ils sont honorables
& glorieux, car il y a long-temps que la necessité l’emporte
sur ces considerations. Mais à n’examiner que l’vtilité mesme du Roy, qui ne sçait ce
qu’emportent les remises, de tous les partis qui se font, & ce qu’en
emportent les prests multipliez à l’infiny, & comme entassez
les vns sur les autres ? prests vsuraires, qui estant autrefois les escueils
& les gouffres des biens des particuliers, condamnez si rigoureusement
par les Ordonnances de tous nos Roys ; se trouuent
auiourd’huy, non seulement auoir acquis l’impunité, mais
regner dans la fortune sacrée du Prince, & monter sur le throsne
à la ruine de toutes les fortunes particulieres. Outre cette perte, qui est presente pour le Roy, & qui reuient
le plus souuent à plus de la moitié du reuenu total ; le preiudice
que ces Traitez apportent aux leuées suiuantes n’est pas imaginable :
il y a autant de difference entre les diligences que les
Receueurs font par deuoir pour le Recouurement des deniers du Roy, & les vexations causées par l’auarice de ces harpies alterées
de sang, qui ne se proposent pour but que leur interest ; qu’il y
en a entre l’ordre & le déreiglement, l’equité & l’oppression. Comme
ces gens là font leur Dieu du gain, quelque iniuste qu’il soit ;
ils ne se soucient que de trouuer leur compte durant le temps de
leur Traité, & pour cét effet ils pressent le peuple iusques au marc
par des executions violentes, dont les fraiz excedent le plus souuent
de beaucoup la debte principale, sans se mettre en peine si le
Roy en pourra tirer du secours à l’auenir, ou si les taillables seront
reduits à l’impossibilité de continuer les Contributions.   Ainsi on ne peut nier que le Roy ne souffre vn preiudice inestimable
par le moyen de ces fâcheuses inuentions. Mais la plus grande & la plus preiudiciable de toutes ces pertes,
est celle qu’on prise le moins, & que les plus grands & les
plus habiles Monarques ont neantmoins estimée la plus sensible ;
C’est le refroidissement de l’amour des peuples. Amour qui est le
Tresor des Tresors, la ressource eternelle & immuable des Roys,
qui ne sont releuez en puissance & en authorité que par le zele
& la fidelité inébranlable de leurs suiets, puis que c’est cette seule
consideration qui leur fait donner leurs biens, répandre leur sang,
& prodiguer leur vie pour la defence de leur Souuerain. Mais
amour qui ne peut qu’il ne soit notablement diminué par les souffrances
continuelles, & qui semble demander pour les suiets du
Roy à VV. MM. comme vne iuste recompense, la protection de
leurs personnes, & la conseruation des mesmes biens & des
mesmes vies qu’ils leur offrent. Ces considerations, MADAME, & celle de cette bonté
Royale qui reluit dans toutes les actions de V. M. nous font esperer
qu’elle ne trouuera pas mauuais que nous l’osions supplier
tres-humblement de vouloir encore accroistre le nombre de ses
graces, tant à l’endroict du pauure peuple, que des Officiers
subalternes. Ceux des Elections particulierement, & des Greniers à sel,
sont reduits à tel poinct par les diuerses surcharges dont on les
a accablés, que pour peu qu’on differe leur soulagement, ils ne
seront plus en estat de s’en preualoir : Pour faire cõnoistre à V. M.
la grandeur extrême des oppressions qu’ils ont souffertes, & de la
misere où ils se trouuent par consequent, il suffit de luy dire que
depuis vingt ans le seul Corps des Eleuz a fourny au Roy plus de deux cens millions de compte fait, & que les douze Officiers seulement
du Grenier à sel de Paris, ont payé depuis l’année 1634.
plus de huict cens mil liures dans les coffres de S. M.   Les Officiers des Presidiaux ne sont guiere mieux, & il est difficile
que l’authorité du Roy soit aussi considerable entre leurs
mains qu’il seroit à desirer, tandis que la necessité où ils sont, les
rendra méprisables à ceux qui sont sous leur iurisdiction. On parle de supprimer les Officiers des Traites foraines sans
remboursement ; traiter ainsi ces pauures gens, ce n’est guiere
moins que de prononcer vn Arrest de mort contre toutes leur
familles, c’est à dire, contre vn million d’innocens. Ne souffrez pas, MADAME, que soubs vne Regence qui a eu
tant de benedictions du Ciel & de la terre, & qui, si nos vœux
sont exaucez, en aura tous les iours de nouuelles, La France voye
ces cruels spectacles, & souffre ces nouueautez pleines d’horreur,
auec vn peril euident de sa ruine totale. La Compagnie espere qu’il vous plaira mettre fin à ces desordres,
& employer cette charité qui vous est si naturelle à faire
cesser, ou du moins adoucir, la rigueur de ces Monstres de surcharges
si preiudiciable à l’Estat, & dont la défaitte vous apportera
plus de gloire & de benedictions, que les plus signalées victoires
que vos soins nous ayent procurées. Elle espere aussi que
V. M. trouuera bon que ses Arrests demeurent en leur entier,
puis qu’ils ne peuuent estre reuoquez sans faire vn notable tort
au Roy, & au public. Comme il a plû à V. M. donner depuis peu des marques
extraordinaires de sa bonté, en accordant beaucoup de graces
au peuple par les prieres des Compagnies souueraines, nous
croyons qu’elle ne trouuera pas mauuais que nous la supplions
auec tout le respect que nous deuons, de donner la derniere perfection
à son ouurage ; & en ce temps de grace, l’accorder entiere
à tout le monde, s’il est possible. Agreez s’il vous plaist, Madame,
que nous vous demandions auec la reuocation des Traitez des
Tailles, celle de tous les partis, & de tous les Edicts, qui vont à
la foule du peuple, & sur tout de ceux qui n’ont pas esté verifiez
dans vne entiere liberté de suffrages ; l’éloignement des Troupes
vers les frontieres, auec la punition de leurs excez, afin de faire
cesser, non seulement les plaintes, mais le soupçon des esprits foibles ;
& de plus, la liberté des prisonniers d’Estat, le rappel des absens, & le retablissement de vos Officiers interdits, en vn mot
l’execution entiere de la derniere Declaration.   Par ce moyen, tout ce qu’il y a de Magistrats & de particuliers
ayans le mesme suiet de benir de plus en plus la douceur de vostre
Gouuernement, seront animez d’vn semblable zele, & tascheront
de concourir auec nous à tout ce qui regardera le seruice
de V. M. Après que Monsieur le Premier President eut acheué ce Discours,
Monsieur le Chancelier prit la parole, & dit, Que si l’on
auoit fait de grandes despenses, leur employ paroissoit auantageusement
dans les grandes conquestes qui ont esté faites par les Armes du Roy ; &
rapporta entr’autres choses l’exemple d’vn ancien Romain, lequel estant
recherché par ses enuieux de rendre compte des deniers publics dont il
auoit eu le maniment estant general d’armée, creut respondre pertinemment
à la demande qu’on luy faisoit, en disant, qu’il se souuenoit qu’à pareil
iour il auoit gagné vne Victoire sur les ennemis, & en conuiant le
Peuple de monter auec luy au Capitole pour en rendre grace aux Dieux :
Qu’ainsi il estoit necessaire de se seruir de toute sorte de moyens pour resister
aux ennemis de l’Estat, & que la Reine pourroit auoir égard aux
Remonstrances de la Compagnie, & aux Raisons qu’elle venoit de luy
representer contre les Traitez à forfait sur les Tailles : Mais que n’y
ayant point de reuenu plus clair que celuy-là, il estoit pour le moins
necessaire de faire des auances sur les deniers qui en prouiendroient, afin
d’auoir vn fond pour les necessitez vrgentes de l’Estat ; que cette maniere
de secourir le Roy, estoit establie depuis long-temps, & auctorisée
mesme par le texte du huictiesme article de la derniere Declaration de
sa Maiesté, & que le desir de la Reine estoit, Que comme la Compagnie
auoit tousiours bien seruy l’Estat, elle expliquast son intention,
& la modification apposée sur cét article, en sorte que ceux qui voudroient
faire quelques auances sur les Tailles, le pussent faire auec seureté,
& sans crainte d’en estre recherchez à l’aduenir. A cela Monsieur le Premier President dit, Que tandis que les Gens
de Guerre continuëroient de commettre impunément toutes sortes de
violences iusques aux portes de Paris, & qu’ils viuroient sur les terres
du Roy comme en pays de Conqueste, ainsi qu’ils faisoient, il n’y auoit
pas lieu d’esperer grand secours du peuple de la Campagne : que les
Tailles & tous les reuenus du Roy en seroient entieremeut ruinez,
& qu’ainsi on ne seroit pas en peine de faire, ny Traité, ny auance
sur les Tailles. Qu’il n’en estoit pas besoin pour l’entretien des gens
de Guerre, puis qu’on leuoit les Estapes, & qu’on pouuoit prendre
l’argent des Receptes pour leur subsistance, au moyen dequoy on les
pourroit tenir en discipline sur les frontieres comme les années precedentes.
Et que la connoissance des Tailles appartenant à la Compagnie,
ils estoient obligez de remonstrer les desordres qui en empeschoient
la leuée. Le Rapport de ce qui s’estoit passé en cette Deputation ayant esté
fait le lendemain à la Cour des Aydes, Monsieur le President le Noir,
au nom de la Compagnie, remercia Monsieur le Premier President,
& Messieurs les autres Deputez, de la peine & des soins qu’ils
auoient pris en cette rencontre pour la Compagnie, qui témoigna en
estre fort satisfaite, approuuant les choses qui auoient esté par luy
dites, quoy qu’il n’en eut pas charge expresse de la Compagnie.

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Occurrence 309. Anonyme. LES QVARANTE-CINQ FAICTS CRIMINELS DV C.... (1651) chez [s. n.] à [s. l.] , 17 pages. Langue : français. Page de titre en page 2.. Référence RIM : M0_2931 ; cote locale : C_11_17. Texte édité par Morvan Perroncel le 2013-03-30 07:24:59.

C’est ainsi qu’il ne s’est point espargné de faire valoir
cette œconnomie à son profit dans la disposition qu’il a eu des
Finances par cette adresse depuis l’année 43, à sçauoir sur quatre
vingt quatre millions, à quoy reuiennent à present les deniers
des Tailles & des Fermes chasque année, sur ceux du Domaine,
des Parties cazuelles, des Decimes, comme sur ceux qui prouiennent
d’vne infinité de partis qu’il a fait faire contre le Peuple,
puis qu’il ne se trouue personne payée de ce qui est deub par le
Roy, les Officiers de sa Iustice, des Finances de sa Maison
Royale, gens de guerre, non plus que les particuliers qui ont
ouuert leurs bourses pour se prest sur les Tailles & autres partis.
Au contraire, les vns & les autres se voyent fort esloignés de rien toucher, & de plus, par cette belle œconomie le Mazarin
reduit le Roy à despenser desia son reuenu de l’an 1653. Aussi on
s’apperçoit bien que l’or qui a esté espãdu par le traffic des Marchands,
& qui auoit esté accumulé en France de longue main
n’y est plus, & qu’il en est bien loin sous le nom de Mazarin, de
son pere & de ses confidans. Si bien que les Commis de l’Espargne,
des autres Receptes à Paris, Receueurs particuliers &
generaux, les Marchands, les Banquiers, comme ceux qui ont
encores quelques bourses se demandent les vns aux autres par
tout la France, que sont deuenus deux cens soixante millions qui
ont esté conuertis en la fabrique des Louys d’or, desquels il n’en
paroist presque point.   2. Qu’il diuertit & enleue hors le Royaume les Finances &
les richesses de l’Estat, les comptans des sommes immenses iusqu’au
nombre de cinquante millions, ainsi que la Chambre des
Comptes en a esclaircy le Parlement de Paris ; la belle œconomie
de Mazarin les a fait monter à cela en vne seule année, au
lieu qu’en la plus haute despense du feu Roy on ne les a veus
que de cinq millions. Cantariny & autres Banquiers ses confidens,
sçauent bien que la quantité de remises qu’ils ont faites par
change, le nombre de Bordereaux des Louys d’or qu’ils ont enuoyé
par les Voituriers vers l’Italie, sous pretexte que c’estoit
pour y payer les Armees, y entretenant la guerre à dessein de fauoriser
son enleuement, & dans la rareté des Louys d’or en Frãce,
on void bien qu’ils sont tres-communs par toute l’Italie, soit
soit par les paragantes qu’il a donnez pour porter son frere au
Cardinalat, soit pour les despenses des somptueux bastimens,
soit pour y faire vne reserue de deniers, soit par le coust des dignitez
de Noble Venitien pour son pere & pour luy, ce qui l’a obligé
de quitter vne partie de douze millions qu’il auoit és
mains de quelques particuliers, lesquels menaçoient de descouurir
que c’estoit argent volé à la France, & afin que cela ne fit
pas bruit, il s’est accommodé de ses dignitez que ces particuliers
luy ont donné en payement, & cette negociation a este ainsi
mesnagee par Antonio Folgy, confidant de son pere, qui a par
toutes ses lettres fort soigneusement recommandé à son fils Mazarin,
& nommément par celles du 15. Auril 1644. ou il luy marquoit ces mots en trois endroits precisement : Mandate dinares,
Mand ite dinares, Mandate dinares.   3. Que les gros mariages par lesquels il veut s’appuyer sur les
alliances de ses Niepces dans les hautes maisons du Royaume,
doiuent estre payez, comme il le pretend par des tailles si precises
sur ses peuples de France. 4. Que le mesme Cantariny a donné sur chaque Louys d’or en
eschange de monnoye blanche, le prix de six iusques à huict
sols de profit par piece pour les voiturer en Italie, & que les voisins
& autres personnes ont veu apporter chez luy vne prodigieuse
quantité d’argent blanc à millions par des crocheteurs &
des charrettes chargees, bien que chacun sçache que son trafic
de Banque n’ait iamais accumulé en sa caisse, trente mil liures
à la fois. 5. Que la politique Mazarine est de rendre les Subiets du Roy
pauures, afin de les faire flechir & obeyr plus facilement à ce
qu’on leur impose. 6. Qu’il tasche de couurir ce haut crime de vol des Finances
du Roy, en voulant persuader toute la Cour & la Ville de Paris,
qui en est vne extreme necessité d’argent par l’emprunt qu’il
en a fait de toutes mains, iusques là qu’il a mesme surpris le Prince
de Condé, qui luy a presté cinquante mil escus à Compiegne,
ou la Cour estoit apres la guerre de Paris, De laquelle somme
son Intendant Perraut fit emprunt de quelque particuliers, vers
lesquels on trouuera cette somme encore deuë par le Prince,
ce qui seruira pour desabuser ceux qu’on a persuadé que le Mazarin
auoit donné force argent à ce Prince durant cette guerre. 7. Que par ses fourbes, il a fait tousiours esperer la paix generale,
quoy que son but n’ait esté que d’entretenir incessammët
la guerre, & qu’à cette fin il a rompu le traitté de paix que le Duc
de Longueville auoit fait à Munster auec l’Espagne, qui estoit à
l’honneur & à l’aduantage de la France, pareille à celle des Hollandois,
afin d’auoir vn pretexte continuel de surcharger le peuple
par la force des armes, comme on a veu ces iours passez les
prisons remplies en toutes parts du Royaume de France du pauure
peuple, faute de ne pouuoir payer cette grande quantité de
diuerses natures de surchanges. 8. Qu’il a fait effort vers les Hollandois de faire rompre leur
paix auec l’Espagne a deux fins l’vne pour prendre suiet de faire
la guerre auec eux, & l’autre à dessein d’accuser le Duc de Longueuille
de n’auoir pas bien menagé ou negocié cet affaire à
Munster : mais les Estats des Pays-bas qui obseruent vne Politique
pratique, trouuent mieux dans cette paix leur compte, comme
ils ont fait voir à Mazarin par cette brieufue supputation de
dire cinq & cinq sont dix, qu’ils ne faisoient point dans ses belles
parolles & promesses, veu que ses artifices leur demoistroient
que pour trouuer leur compte & le mesme nombre de dix, cela
se feroit par cette addition & cét ordre de dire vn, & vn font
deux & vn font trois, & ainsi de suitte, ils trouueroient le mesme
nombre de dix : mais eux comme tous les autres Estats abhorrent
le procedé du Mazarin & blasment extremement les
Francois de souffrir qu’a leur confusion les affaires du Royaume
se manient par vne personne seule & de ce calibre. 9. Qu’il a fait expedier des pouuoirs de la parte du Roy à
des particuliers pour se mesler dans les cõpagnies, & descouurir
ceux qui auec liberté disoient leurs sentiments, afin de les accuser
en mesme temps : & ces infames qui seruoient de tesmoins,
estoient deschargez & absouz de toutes leurs mesdisances ; artifice
qui estoit inuenté pour empescher les François de se plaindre
de ses crimes. Mais le Parlement de Paris ayant connoissance
d’vne telle inquisition introduite en France à la mode d’Espagne
en a reprimé l’vsage, auec deffence à qui que ce soit de se
seruir de semblable lascheté, à peine de la vie, 10. Qu’il a obligé des Capitaines des Gardes de quitter leurs
seruices dont la generosité & l’amour de leur patrie a reietté le
profit qu’on leur offroit pour aller escorter l’establissement des
nouuelles leuées sur les peuples, & afin de porter les autre à suiure
ses mouuemens. Il les flatte en particulier de belles paroles
& de grandes esperances, les exhortans chacun de chercher
quelque affaire pour demander, afin de les persuader qu’il peut
tout, les esloigner ou les changer, & pourtant ne laisse pas de les
fourber : car lors qu’aucuns d’eux trouue quelque chose à demander,
ce Sicilien dit qu’elle n’est pas bõne, ou qu’elle est donnée,
ou bien comprise dans quelque traitté, sinon il la fait changer de face, & l’enueloppe dans quelque party, soit pour en profiter,
soit pour en gratifier ceux de sa Nation qui le seruent, & est
d’humeur tellement auare, qu’il ne reconnoit point les gens genereux,
ny les sçauans.   11. Qu’il a fait establir des fuzilliers dans les Prouinces qui ont
serui à bourreler nos pauures Compatriotes, & bien que le Parlement
de Paris ait fait reuoquer les Intendans, & deffendre l’vsage
de ces fuzilliers, & des prests sur les tailles, neantmoins tout
cela a esté de nouueau estably par le Mazarin, qui a enuoyé en
diuerses prouinces, dont le sieur Foulé est l’vn de ces Intendans,
qui auec ses fuzilliers a commis vers le Limosin des violences
inhumaines & barbares, empeschant la voye directe & ordinaire,
des Officiers des Tailles, qui apportoient les deniers à l’Epargne
dans les coffres du Roy, cõme ils ont fait de tout temps. 12. Qu’il a surpris la Reine & les Princes, leur faisant entendre
qu’ils estoient tenus & obligez d’appuyer l’authorité Royale,
que le Parlement de Paris fletrissoit selon son dire, quoy que le
Parlement ne se portast qu’à reprimer les dangereux procedez
du Mazarin vers les peuples pour le bien de l’Estat & le seruice
du Roy. L’intention de ce fourbe estoit d’émouuoir les peuples
contre le Parlement, & de rompre l’vnion qui a tousiours esté, se
seruant de médisances de toutes sortes qu’il faisoit semer par Paris,
comme entr’autres par la Raliere, que le Parlement auoit
pris resolution de faire comme celuy d’Angleterre, & en suite
par le Cheualier de la Valette respandre des billets infames, qui
pour cette lascheté fut emprisonné, & eust esté puny sans les
pressantes & puissantes sollicitations Le Mazarin presumant
que cét artifice partageroit les habitans de la ville de Paris d’auec
le Parlement, & attireroit des vns & des autres vne haine generale
vers le Prince de Condé, bien qu’il n’agissoit que par le
commandement de la Reine auec son Altesse Royale, la Reine
portée à cette entreprise par la suscitation de ce Cardinal. 13. Qu’il a fait diuertir le fonds des rentes de l’Hostel de ville
de Paris, des droicts & gages des Officiers de Iustice, & par ce
moyen en a fait souffrir nos Compatriotes de Paris & d’ailleurs,
& fort incommodé leurs familles, & par l’accroissement énorme
des Tailles, a mis nos François qui habitent la campagne dans l’impuissance, & fait mourir en languissant vne quantité innombrable
de familles.   14. Qu’il a fait donner Arrest au Conseil d’en haut, portant
que le Parlement de Paris seroit transferé à Montargis, afin de
faire obeyr & soubmettre apres cela toutes conditions de personnes
à ses exactions. 15. Qu’il a esloigné & rompu les desseins qu’on a fait souuent
paroistre de conuoquer les Estats Generaux tres importans, &
tres necessaires d’estre conuoquez auiourd’huy, qu’il porte les
affaires du Royaume à des desordres extremes & au desespoir. 16. Qu’il a surpris le Duc d’Orleans, le persuadant que le Prince
de Condé vouloit entreprendre sur son Altesse Royale, afin
de les mettre mal ensemble par des souplesses dont il surprend
vn chacun pour empescher la descouuerte de ses crimes eminẽs,
dont il croignoit la punition s’en deuoit faire par ces Princes,
qu’il voyoit de bonne intelligence cherie, & tousiours cultiuée
par le Prince de Condé, & a present il veut persuader que les
Princes s’en prendront contre son Altesse de leur emprisonnement
& autres personnes, comme s’ils ne voyoient pas bien,
comme tout le monde le dit, que cela s’est fait par l’artifice du
plus perfide & meschant homme que iamais la terre ait porté. 17. Qu’il a pratiqué diuers moyens pour se deffaire du Prince
de Condé aux armées, & principalement en Catalogne, entre
autres par vn espion de nation Italienne, nommé Iouan Fredidy,
qui porta parole assurée aux ennemis, que le Prince de Condé
ne receuroit pas de secours d’argent ny d’hommes que le Mazarin
luy faisoit esperer par des lettres da cachet, qu’il fait escrire
comme il veut, l’animant à se picquer, & de s’opiniastrer au siege
de Lerida. Cela ne luy est pas nouueau de trahir les Princes :
car il a trahy le Roy d’Espagne son Prince naturel à Cazal & aileurs,
& ses meilleurs amis par tout. 18. Qu’il a dans la place Dauphine nuictamment formé vn
guet à pan contre la personne du Prince de Condé, mais ce Prince
en estant aduerty & ne pouuant se persuader ce guet à pan, il
fit passer son Carrosse par deuant auec vn Laquais, de dans, sur
lequel fut tiré plusieurs coups de Pistolets, dont-il fut blessé d’vn, si bien que les assassinateurs abordans le carosse, & ne rrouuant
pas dequoy executer leur ordre, se retirerent, & le Mazarin picqué
d’vne extreme ialousie contre la fidelité, des conquestes &
batailles de ce Prince, & preuoyant que ce Prince commencoit
à se desabuser, que par là son chastiment estoit ineuitable, tascha
d’obscurcir vn attentat si abominable, donnant ordre aux nouueaux
assassinateurs, apres auoir manqué ce coup, de faire feu
sur le President Charton & Ioly, Conseiller au Chastelet de
Paris, Scindics des Rentiers, qui estoient dans vn mesme carosse.
Ce dernier demeurant blessé, les assassinateurs s’euaderent
adroitement a la rumeur de ce procedé. Le Mazarin accuse soudain
les Frondeurs d’auoit fait vne sedition premeditée, & reiette
sur eux le guet à pan, qui ne luy auoit reussi, en quoy il surprẽd
le Prince de Conde, que c’estoit les Frondeurs, qui l’ayans manqué
à la place Dauphine, le vouloient perdre par le moyen de
cette sedition, si bien qu’il le porta de pousser le Marquis de la
Boulaye, & d’enuelopper en suitte le Duc de Beaufort, Mõsieur
le Coadiuteur & toute la fronde. Cependant le Mazarin se met
en peine de chercher des fanx tesmoins à force d’argent, afin de
faire affirmer la supposition, & que ce guet à pan fait de sa part
ne fut point esclaircy ; & d’vn autre costé, il ne s’espargne point
de persuader la Reine, que ce Prince auoit de mauuais desseins,
qu’il inuente si bien, qu’il l’a portée de le faire emprisonner auec
les deux autres Princes, à la faueur de cette haine qu’il a fait naistrs
artificieusement entre ce Prince & les Frondeurs, & in continent
apres il fait agir, & fait descharger les Frondeurs de cette
fausse accusation, & leur fait entendre que ce Prince leur iouoit
cette piece pour les faire perdre tous, Apres quoy sur le bruict
que les Parisiens faisoient de cette detention des Princes, le Mazarin
menasse Paris de luy opposer le Prince de Condé, & de
s’accommoder auec luy, voila comment cet Estranger nous
ioüe à tous.   19. Qu’il a fait faire cette proposition par la bouche de la Raliere,
& autres infames partisans, sangsuës du peuple, d’enuelopper
aux Tailles les priuilegiez & toute la Noblesse sous pretexte
d’vne precise necessité des affaires importantes à quoy les Princes n’ont voulu iamais consentir, & ne cesse point d’exhorter
les partisãs de mediter quelques leuées, pour lesquelles il fait
executer toutes sortes de violences, & en suite rend criminels de
leze Maiesté les habitans des villes qui repoussent sa tyrannie.   20. Qu’il a voulu par le mesme la Raliere seduire les Mariniers
& autres habitans de Paris pour les porter contre le Parlement,
les exhortant d’aimer son Eminence tyrannique, & de n’estre
plus Frondeurs : mais le credit de la Raliere partisan, n’a
rien pû operer sur la fidelité de ce peuple. 21. Qu’il s’est seruy du mesme la Raliere, pour restablir la diminution
qu’on auoir accordé de faire sur les entrées de Paris ;
pour indemniser les habitans de la guerre excitée contre cette
Ville par cet eminent fourbe, qui a fait innouer aussi aux traittez
de Paris, Rouen, Bourdeaux & d’Aix. 22. Qu’il a fait mourir de faim vne infinité de familles à Paris
& ailleurs par des grandes chertez de grains, causée par la guerre
de cette Ville, & deuant cela par vne tres-grande quantité de
passe-ports qu’il a fair expedier pour le Ponant & le Leuant, à
Garganr & à Cantariny qui luy en ont baillé huict cens mil liures,
& en consequence de ces passe-ports, ont tiré vne prodigieuse
quantité de grains par la riuiere de Seine, de la Bourgonne,
Champagne, l’Isle de France & autres lieux, qui fournissent
Paris, comme aussi des autres Prouinces, qui fournissent les autres
grands Villes, ou ces desordres ont produit les mesmes cheretez. 23. Qu’il veut introduire cette maxime que le Roy ne doit
point tenir sa parole a ses suiets ; maxime qui est de pernicieuse
consequence cõtre la seureté publique, le droict des gẽs & la foy
inuiolable que les Princes doiuent dautant plus garder que n’est
la loy des hõmes fondee sur celle de Dieu ? Enfin il renuerse les
Loix fondamentales du Royaume, afin d’establir des leuees de
toutes facons, & sa tyrannie chez tous tant que nous sommes de
Francois. 24. Qu’il a fait offrir au fils de Brousselles, Conseiller au Parlement
de Paris, 50. mil escus, & vne cõpagnie au Regiment des
Gardes, pourueu qu’il voulu remettre la Bastille, ou il cõmande
pour son pere, à qui Paris l’a dõnnee en garde, iusques à la maiorité du Roy ; mais cela n’a pas esbranslé le fils non plus que les
diuerses offres, & les menaces que le Mazarin a faites au pere, qui
est tousiours d’humeur esgale pour le seruice du Roy & du public.   25. Qu’il tasche de preocuper sa Maiesté de haine contre les
Parisiens, Normands, les Bourdelais & ceux de la Ville d’Aix,
la persuadant par vne suppositlon si noire & si horible, que tous
ces peuples-là auoient pris dessein de faire ainsi que les Anglois
auoient fait en Angleterre. 26. Qu’il a pris Belle-garde, afin qu’à cet exemple les François
regardent son Emmence Mazarine de ventre à terre, cõme
il pretend ; mais vers Bordeaux & en plusieurs endroicts, l’on
luy dit, n’en as tu point d’autres. 27. Qu’il a par ses finesses voulu surprendre les Parisiens, ayãt
fait distribuer à dessein au menu peuple quelque bled de sa part à
mesme temps que les trois Princes furent emprisonnez, cette distribution
portant aux despens de ses Partisans, qu’il ne duppe
pas moins par cette addresse, leur disant que c’estoit à cette heure
qu’il tenoit M. le Prince garand des Bourde lois, qui les chastieroit
bien, afin de trauailler apres librement aux affaires du
Roy : c’est ainsi qu’ils appellent les affaires des monopoles, &
& qu’en distribuant ces bleds, il attireroient l’affection des peuples
vers luy, & la haine sur ce Prince, faisant entendre qu’il vouloit
perdre Paris, & partager l’Estat ; mais quelque solicitation
que ces maudits partisans ayent fait, soit en donnant ces grains
là, soit vers les autres peuples pour les gaigner, l’on ne laisse pas
d’y crier hautement, point de Mazarin, & d’y dire de plus. Qu’ils
ont grand tort, & qu’il n’en falloit pas faire à deux, c’est à dire,
qu’ils se repentent bien fort de ne s’estre point saisi & emparé de
sa personne, apres auoir fait rendre celles de Brousselles & le
Naiu, Conseillers en Parlement ; ou se sauuera-t’il donc ? puis
qu’il est hay de Dieu & des hommes. 28. Qu’il a fait perir des Armées, & laisse expressement
prendre des Villes, afin d’entretenir plus long temps la guerre
pour se faire redouter ; & à present il abandonne, non seulement
la Catalogne, mais encore hazarde plusieurs Prouinces de ce
Royaume. 29. Qu’il pretend par sa tyrannie venir à bout des vns, les faisant seruir d’exemple, tandis que les autres seront contraints
de le reclamer, & de luy obeir par force, faisant parade qu’il peut
tout souz ce pretexte de l’authorité Royale, dont il se couure
abusiuement & criminellement.   30. Mais nous voyons bien aussi qu’il traitte les Princes de
mesme air qu’à fait le Marquis d’Ancre de sa nation ; Tant y a
que ceux qui de nous feront vn bon haraut sur sa personne, rendront
vn signalé seruice au Roy & à toute la France ; & outre
cela, acquerront en propre les piereries qu’il tient sur luy par precaution,
& quoy qu’en peu de contenance, neantmoins de la
valeur de quinze millions ainsi que les Orphevres & les autres
personnes qui se meslent d’en vendre ont donné memoire qu’il
en a fait achepter pour ce prix-là, lors de la guerre de Paris,
dans le dessein qu’il prit d’en faire sortir le Roy, comme vn
chacun sçait. 30. Qu’auoit fait Boutellier, pour luy auoir osté la Sur-Intendance,
sinon qu’il n’a pas voulu adherer aux volontez du
Mazarin. 31. Qu’a fait Chauigny pour l’auoir obligé de se demettre de
sa charge de Secretaire d’Estat du Ministere, & du gouuernement
du Bois de Vincennes, sinon la mesme chose. 32. Pourquoy a t’il fait porter le President Bailleul de se demettre
de sa Sur-Intendance, sinon qu’il n’a peu rien gaigner
sur sa probité. 33. Qu’a fait le Mareschal de la Motte, qu’il a si mal-treté,
sinon de ne vouloir point faire ce qu’il desiroit. 34. Qu’a fait-le Duc de Guys, n’a-il pas fait ce à quoy le
Mazarin l’a porté, l’ayant flatté de l’espoir d’vn grand secours,
pour luy faire entreprendre l’affaire de Naples, où il l’a laissé
embarassé. 35. Qu’auoit fait le Duc de Beaufort pour luy auoir fait souffrir
vne si longue prison, & d’auoir prins dessein de se deffaire de
sa personne, soit par poison ou autrement : Que luy à fait le Coadiuteur
de Paris, qu’il menasse de faire écarteler, selon son
terme ordinaire : & qu’elle seureté peuuent pretendre ces deux personne d’vne ame si noire & si perfide, qui ne cherche que de
leur faire piece à son tour & vne Mazarinade, quelque posture
ou grimasse qu’il leur fasse.   36. Que luy auoit fait le President Barillon sinon de luy faire
accroire qu’il auoit eu quelque intelligence auec le Duc de
Beauforr. 37. Mais que luy auoit fait le bon homme de Brousselles & le
Nain, Conseillers au Parlement de Paris, qu’il fit ainsi enleuer
au sortir du Te Deum, qu’on venoit de chanter pour la quatriesme
Bataille gaignee par le Prince de Condé, sinon d’estre zelez
pour leur patrie & le seruice du Roy. 38. Que luy a fait le Mareschal Ranzau, qu’il a fait emprisonner,
sinon de n’estre point voulu venir lors de la guerre de Paris,
ainsi que le Mazarin le vouloit. 39. Que luy a fait Perrant. Intendant du Prince de Condé, &
President des Comptes, pour l’auoir fait emprisonner, sinon à
fin de l’empescher d’agir, & de descouurir les artifices & trahisons
dont Mazarin vse contre le Prince de Condé son Maistre. 40. Qu’à fait la Riuiere, sinon que le Mazarin apprehendoit
en ce rencontre qu’il le pourroit nuire en esclaircissant Son Altesse
Royale de tant de fourbes & de ruses, dont luy-mesmes a esté
traitté & flatté du Chapeau de Cardinalat, pour tant d’aggrables
suruices qu’il luy a rendus. 41. Qu’à fait le Chancelier pour l’auoir disgracié sinon d’auoit
plusieurs fois representé au Mazarin qu’il estoit necessaire de
moderer les choses. 42. Mais nous vous prions qu’auoit fait les peuples de Paris,
Roüen, Bourdeaux & Aix que d’auoir repoussé ses tyrannies,
comme l’on fait encores vers Bourdeaux ; Ville qui a esté obligée
pour le seruice du Roy, pour son salut, de se deliurer des entraues
du Chasteau Trompette, comme elle le declare par le
Manifeste qu’elle a publié. 43. Qu’à fait Madame de Longueville qu’il a persecutée par
ce qu’elle alloit reclamer la Iustice au Parlement de Rouen. 44. Qu’à fait la Princesse de Condé Doüairiere, pour estre exilée, & pour estre empeschée de pour suiure sa requeste au Parlement
de Paris, tendant à faire le procez aux trois Princes ses
enfans, conformément à la Declaration du mois d’Octob 1648.
apres qu’vne infinité de personnes ont iouy du benefice de cette
Declaration qui donne la seureté publicque.   45. Qu’ont fait la Princesse de Conde & le Duc d’Anguien
sou fils pour estre persecutez si cruellement par ce scelerat, &
pour auoir esté obligee de se refugier en vne ville frontiere du
Royaume. Et qu’à fait son fils qu’il faille que le Mazarin aye
osté le Roy de Paris, où la presence de sa Maiesté est si necessaire,
veu que la France est assaillie à main-armée pour le conduire
à Bourdeaux, afin qu’à la presence & saueur du Roy il puisse
faire declarer cette ville criminelle, & la prendre encore qu’elle
soit au Roy, pour auoir receu comme nous auons dit, cette Princesse
& son fils le Duc d’Anguien, Ville qui s’estimeroit criminelle
& tres inhumaine si elle ne les auoit pas receus comme elle
a fait, auec tres-grande affection & compassion de la misere de
ces illustres personnes qui doiuent estre si cheres & si precieuses
à toute la France, ruinee & bouleversée par le ministere infame
Estrangere, qui pour se venger des Bourdelois, quoy que tre-fideles
& tres zelez au seruice du Roy, ne laisse pas de risquer
tout, iusques aux personnes de leurs Maiestez & celle du Duc
d’Aniou, qu’il conduit en la ville de Libourne, où la peste est, &
la famine extreme. Il faudroit vn tres-gros volume pour descrire tous les crimes
de cét homme, de qui les meschancetez execrables ne trouuent
point de termes que soibles & peu significatifs. De dire qu’il ruine le Royaume, qu’il met à feu & à sang cela
n’est pas assez nous ressentons plus de maux de cét homme que
nous n’en pouuons dire. Enfin nous nous deuons esueiller, desabuser & porter nos pensées
pour l’execution d’vne Requestes des trois Estats publiée à
Paris qui porte que le Mazarin sera pris au corps, & pour l’Arrest
de la condamnation donné par le Parlement de Paris. A quoy tient-il donc, que nous n’allions fondre dans les prisons pour deliuret les Princes, afin qu’en leur presence & par
leur assistance l’on puisse l’autheur de tant & de si detestables
crimes capitaux.   Cher François, Nous te conjurons de donner
cecy à lire à tous ceux que tu pourras, afin que
ceux qui agissent en faueur du Mazarin, ou qui le
setuent de leurs personnes, connoissent que c’est
souz des pretextes déguisez & faux, & que la posterité
leur reprochera qu’ils auront trempé leurs
mains dans le sang de leurs parens & Compatriotes,
pour faire reussir la tyrannie d’vn Estranger, laquelle
tomberoit fut eux aussi bien que sur ceux qui la
repoussent en rendent des veritables sentimens au
Roy & à l’Estat. Et vous qui voulez acquerir de l’honneur par les
Armes, considerez le sensible desplaisir que le Chevalier
de la Valette a eu de mourir dans ce party d’vn
coup receu à l’Isle S. George : & la satisfaction &
l’honneur qui demeure à la memoire de ce Caualier
Richon, d’estre mort pour le seruice du Roy & celuy
de sa propre patrie, comme tesmoigne son
Eloge Fvnebre, auec la benediction de tous les gens
de bien.

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Occurrence 311. Anonyme. A MONSIEVR DE BROVSSEL CONSEILLER DV ROY AV... (1649) chez Noël (François) à Paris , 4 pages. Langue : français. Voir aussi C_2_22. Référence RIM : M0_5 ; cote locale : E_1_115. le 2012-12-01 06:23:35.

A
MONSIEVR
DE BROVSSEL
CONSEILLER DV ROY
AV PARLEMENT
DE PARIS.

A PARIS,
Chez FRANÇOIS NOEL, ruë Sainct Iacques, aux
Colomnes d’Hercules.

M. DC. XLIX. A MONSIEVR DE BROVSSEL CONSEILLER
du Roy au Parlement de Paris. STANCES.  
Illustre Senateur, Heros Incomparable,
Qu’on ne m’accuse pas te croyant Adorable
Si i’esleue à ta gloire vn si fameux Autel :
Quel honneur dans ces lieux ne doit-on point te rendre
Dans les siecles passez vit-on iamais mortel,
Qui pour le bien du peuple oza plus entreprendre.    
Ny le bruit des prisons, des tourmens, ny des chaisnes,
Ny l’horreur des bourreaux, ny de leurs dures genes,
N’ont iamais esbranlé ton inuincible cœur :
Tu l’as tout exposé, pour l’honneur de la France
Et pour le bien public, ton extréme vigueur
A monstré les effects de ta ferme asseurance.    
Que tu t’es trauaillé pour destourner l’orage
Qui menaçoit nos iours d’vn funeste naufrage :
Pilote genereux de l’Empire Gaulois
Sans l’art industrieux de ta sage conduite
Serions nous pas captifs dans les iniustes loix
D’vne troupe de gens que l’Enfer à produite.    
Iniustes Partisans, qui bruslans d’auarice,
Bannissez la vertu pour establir le vice,
Et ne vous repaissez que du sang des humains :
Larrons, audacieux, impudens, heretiques,
Retiendrez vous tousiours nos tresors dans vos mains
Sans vouloir soulager nos miseres publiques.    
De Broussel est armé du bras d’vne Deesse
Qui veut vous punissant finir nostre tristesse,
Et de nostre seul bien ourdir vostre mal-heur
Voyez comme il combat pour auoir la victoire,
Malgré tous les demons le Ciel pour son bon-heur
Le fera triompher dans vn thrône de gloire.    
Vostre rage a vomy contre luy sa furie,
Et le plus grand effort de vostre barbarie
Produisit son effet quand il fut enleué :
Cet énorme attentat, cette lasche industrie
L’ont mis dedans les fers, qu’en est-il arriué ?
Les François ont rendu le Pere à sa Patrie.    
Parmy les legions des soldats tous en armes,
Parmy le bruit confus du peuple en ses alarmes
Qui demandoit auoir ce Soleil eclipsé :
Qu’on fut rauy voyant esclater sa lumiere
Lors que plus on croyoit qu’il estoit oppressé
Ou qu’il fut le butin de quelque cimetiere.    
Quel heureux changement cette forte tempeste,
Qu’on eust dit qui vouloit tomber sur nostre teste
Et qui si promptement auoit armé Paris,
Se calma dés l’instant qu’on vit libre Brousselles
Alors toutes nos pleurs se changerent en ris
Madrid seul s’affligea d’en sçauoir les nouuelles.    
Au milieu du Pont-neuf se fit cette entreueuë,
Qui surprit nos esprits d’vne ioye impreueuë
De te voir de retour mon Heros glorieux ;
Que d’applaudissemens & que de bien-veillances,
L’air retantit des cris qui furent iusqu’aux Cieux
Raconter le succés de nos resiouїssances.    
Vn seul homme pour toy fit qu’il s’en arma mille
Aux armes crioit il en chacune famille,
On nous vient d’enleuer nostre vnique support,
Retirons-le des fers, garantissons sa vie,
Puis qu’il nous a si bien affranchis de la mort :
Allons, disoit Lisis, où l’honneur nous conuie.    
Enfin on t’a rendu nostre Ange tutelaire,
Obiect qui d’vn clin d’œil calme nostre misere,
Et remets en splendeur l’authorité du Roy :
Vous regnez maintenant dans son lit de Iustice,
Senat Auguste & Saint en faisant vne loy
Pour punir les meschans par vn iuste supplice.    
Que vous reste-t’il plus pour couronner vos peines,
Qu’à ranger au deuoir ces ames inhumaines,
Qui sans crainte de Dieu, volent impunément,
Faites les regorger ces infames harpies,
Par vos fameux Arrests, Auguste Parlement,
Et vous verrez bien tost, nos haines assoupies.   FIN.

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Occurrence 313. Anonyme. LES QVARANTE-CINQ FAICTS CRIMINELS DV C.... (1651) chez [s. n.] à [s. l.] , 17 pages. Langue : français. Page de titre en page 2.. Référence RIM : M0_2931 ; cote locale : C_11_17. Texte édité par Morvan Perroncel le 2013-03-30 07:24:59.

fait diuertir le fonds des rentes de l’Hostel de ville
de Paris, des droicts & gages des Officiers de Iustice, & par ce
moyen en a fait souffrir nos Compatriotes de Paris & d’ailleurs,
& fort incommodé leurs familles, & par l’accroissement énorme
des Tailles, a mis nos François qui habitent la campagne dans l’impuissance, & fait mourir en languissant vne quantité innombrable
de familles.   14. Qu’il a fait donner Arrest au Conseil d’en haut, portant
que le Parlement de Paris seroit transferé à Montargis, afin de
faire obeyr & soubmettre apres cela toutes conditions de personnes
à ses exactions. 15. Qu’il a esloigné & rompu les desseins qu’on a fait souuent
paroistre de conuoquer les Estats Generaux tres importans, &
tres necessaires d’estre conuoquez auiourd’huy, qu’il porte les
affaires du Royaume à des desordres extremes & au desespoir. 16. Qu’il a surpris le Duc d’Orleans, le persuadant que le Prince
de Condé vouloit entreprendre sur son Altesse Royale, afin
de les mettre mal ensemble par des souplesses dont il surprend
vn chacun pour empescher la descouuerte de ses crimes eminẽs,
dont il croignoit la punition s’en deuoit faire par ces Princes,
qu’il voyoit de bonne intelligence cherie, & tousiours cultiuée
par le Prince de Condé, & a present il veut persuader que les
Princes s’en prendront contre son Altesse de leur emprisonnement
& autres personnes, comme s’ils ne voyoient pas bien,
comme tout le monde le dit, que cela s’est fait par l’artifice du
plus perfide & meschant homme que iamais la terre ait porté. 17. Qu’il a pratiqué diuers moyens pour se deffaire du Prince
de Condé aux armées, & principalement en Catalogne, entre
autres par vn espion de nation Italienne, nommé Iouan Fredidy,
qui porta parole assurée aux ennemis, que le Prince de Condé
ne receuroit pas de secours d’argent ny d’hommes que le Mazarin
luy faisoit esperer par des lettres da cachet, qu’il fait escrire
comme il veut, l’animant à se picquer, & de s’opiniastrer au siege
de Lerida. Cela ne luy est pas nouueau de trahir les Princes :
car il a trahy le Roy d’Espagne son Prince naturel à Cazal & aileurs,
& ses meilleurs amis par tout. 18. Qu’il a dans la place Dauphine nuictamment formé vn
guet à pan contre la personne du Prince de Condé, mais ce Prince
en estant aduerty & ne pouuant se persuader ce guet à pan, il
fit passer son Carrosse par deuant auec vn Laquais, de dans, sur
lequel fut tiré plusieurs coups de Pistolets, dont-il fut blessé d’vn, si bien que les assassinateurs abordans le carosse, & ne rrouuant
pas dequoy executer leur ordre, se retirerent, & le Mazarin picqué
d’vne extreme ialousie contre la fidelité, des conquestes &
batailles de ce Prince, & preuoyant que ce Prince commencoit
à se desabuser, que par là son chastiment estoit ineuitable, tascha
d’obscurcir vn attentat si abominable, donnant ordre aux nouueaux
assassinateurs, apres auoir manqué ce coup, de faire feu
sur le President Charton & Ioly, Conseiller au Chastelet de
Paris, Scindics des Rentiers, qui estoient dans vn mesme carosse.
Ce dernier demeurant blessé, les assassinateurs s’euaderent
adroitement a la rumeur de ce procedé. Le Mazarin accuse soudain
les Frondeurs d’auoit fait vne sedition premeditée, & reiette
sur eux le guet à pan, qui ne luy auoit reussi, en quoy il surprẽd
le Prince de Conde, que c’estoit les Frondeurs, qui l’ayans manqué
à la place Dauphine, le vouloient perdre par le moyen de
cette sedition, si bien qu’il le porta de pousser le Marquis de la
Boulaye, & d’enuelopper en suitte le Duc de Beaufort, Mõsieur
le Coadiuteur & toute la fronde. Cependant le Mazarin se met
en peine de chercher des fanx tesmoins à force d’argent, afin de
faire affirmer la supposition, & que ce guet à pan fait de sa part
ne fut point esclaircy ; & d’vn autre costé, il ne s’espargne point
de persuader la Reine, que ce Prince auoit de mauuais desseins,
qu’il inuente si bien, qu’il l’a portée de le faire emprisonner auec
les deux autres Princes, à la faueur de cette haine qu’il a fait naistrs
artificieusement entre ce Prince & les Frondeurs, & in continent
apres il fait agir, & fait descharger les Frondeurs de cette
fausse accusation, & leur fait entendre que ce Prince leur iouoit
cette piece pour les faire perdre tous, Apres quoy sur le bruict
que les Parisiens faisoient de cette detention des Princes, le Mazarin
menasse Paris de luy opposer le Prince de Condé, & de
s’accommoder auec luy, voila comment cet Estranger nous
ioüe à tous.   19. Qu’il a fait faire cette proposition par la bouche de la Raliere,
& autres infames partisans, sangsuës du peuple, d’enuelopper
aux Tailles les priuilegiez & toute la Noblesse sous pretexte
d’vne precise necessité des affaires importantes à quoy les Princes n’ont voulu iamais consentir, & ne cesse point d’exhorter
les partisãs de mediter quelques leuées, pour lesquelles il fait
executer toutes sortes de violences, & en suite rend criminels de
leze Maiesté les habitans des villes qui repoussent sa tyrannie.   20. Qu’il a voulu par le mesme la Raliere seduire les Mariniers
& autres habitans de Paris pour les porter contre le Parlement,
les exhortant d’aimer son Eminence tyrannique, & de n’estre
plus Frondeurs : mais le credit de la Raliere partisan, n’a
rien pû operer sur la fidelité de ce peuple. 21. Qu’il s’est seruy du mesme la Raliere, pour restablir la diminution
qu’on auoir accordé de faire sur les entrées de Paris ;
pour indemniser les habitans de la guerre excitée contre cette
Ville par cet eminent fourbe, qui a fait innouer aussi aux traittez
de Paris, Rouen, Bourdeaux & d’Aix. 22. Qu’il a fait mourir de faim vne infinité de familles à Paris
& ailleurs par des grandes chertez de grains, causée par la guerre
de cette Ville, & deuant cela par vne tres-grande quantité de
passe-ports qu’il a fair expedier pour le Ponant & le Leuant, à
Garganr & à Cantariny qui luy en ont baillé huict cens mil liures,
& en consequence de ces passe-ports, ont tiré vne prodigieuse
quantité de grains par la riuiere de Seine, de la Bourgonne,
Champagne, l’Isle de France & autres lieux, qui fournissent
Paris, comme aussi des autres Prouinces, qui fournissent les autres
grands Villes, ou ces desordres ont produit les mesmes cheretez. 23. Qu’il veut introduire cette maxime que le Roy ne doit
point tenir sa parole a ses suiets ; maxime qui est de pernicieuse
consequence cõtre la seureté publique, le droict des gẽs & la foy
inuiolable que les Princes doiuent dautant plus garder que n’est
la loy des hõmes fondee sur celle de Dieu ? Enfin il renuerse les
Loix fondamentales du Royaume, afin d’establir des leuees de
toutes facons, & sa tyrannie chez tous tant que nous sommes de
Francois. 24. Qu’il a fait offrir au fils de Brousselles, Conseiller au Parlement
de Paris, 50. mil escus, & vne cõpagnie au Regiment des
Gardes, pourueu qu’il voulu remettre la Bastille, ou il cõmande
pour son pere, à qui Paris l’a dõnnee en garde, iusques à la maiorité du Roy ; mais cela n’a pas esbranslé le fils non plus que les
diuerses offres, & les menaces que le Mazarin a faites au pere, qui
est tousiours d’humeur esgale pour le seruice du Roy & du public.   25. Qu’il tasche de preocuper sa Maiesté de haine contre les
Parisiens, Normands, les Bourdelais & ceux de la Ville d’Aix,
la persuadant par vne suppositlon si noire & si horible, que tous
ces peuples-là auoient pris dessein de faire ainsi que les Anglois
auoient fait en Angleterre. 26. Qu’il a pris Belle-garde, afin qu’à cet exemple les François
regardent son Emmence Mazarine de ventre à terre, cõme
il pretend ; mais vers Bordeaux & en plusieurs endroicts, l’on
luy dit, n’en as tu point d’autres. 27. Qu’il a par ses finesses voulu surprendre les Parisiens, ayãt
fait distribuer à dessein au menu peuple quelque bled de sa part à
mesme temps que les trois Princes furent emprisonnez, cette distribution
portant aux despens de ses Partisans, qu’il ne duppe
pas moins par cette addresse, leur disant que c’estoit à cette heure
qu’il tenoit M. le Prince garand des Bourde lois, qui les chastieroit
bien, afin de trauailler apres librement aux affaires du
Roy : c’est ainsi qu’ils appellent les affaires des monopoles, &
& qu’en distribuant ces bleds, il attireroient l’affection des peuples
vers luy, & la haine sur ce Prince, faisant entendre qu’il vouloit
perdre Paris, & partager l’Estat ; mais quelque solicitation
que ces maudits partisans ayent fait, soit en donnant ces grains
là, soit vers les autres peuples pour les gaigner, l’on ne laisse pas
d’y crier hautement, point de Mazarin, & d’y dire de plus. Qu’ils
ont grand tort, & qu’il n’en falloit pas faire à deux, c’est à dire,
qu’ils se repentent bien fort de ne s’estre point saisi & emparé de
sa personne, apres auoir fait rendre celles de Brousselles & le
Naiu, Conseillers en Parlement ; ou se sauuera-t’il donc ? puis
qu’il est hay de Dieu & des hommes. 28. Qu’il a fait perir des Armées, & laisse expressement
prendre des Villes, afin d’entretenir plus long temps la guerre
pour se faire redouter ; & à present il abandonne, non seulement
la Catalogne, mais encore hazarde plusieurs Prouinces de ce
Royaume. 29. Qu’il pretend par sa tyrannie venir à bout des vns, les faisant seruir d’exemple, tandis que les autres seront contraints
de le reclamer, & de luy obeir par force, faisant parade qu’il peut
tout souz ce pretexte de l’authorité Royale, dont il se couure
abusiuement & criminellement.   30. Mais nous voyons bien aussi qu’il traitte les Princes de
mesme air qu’à fait le Marquis d’Ancre de sa nation ; Tant y a
que ceux qui de nous feront vn bon haraut sur sa personne, rendront
vn signalé seruice au Roy & à toute la France ; & outre
cela, acquerront en propre les piereries qu’il tient sur luy par precaution,
& quoy qu’en peu de contenance, neantmoins de la
valeur de quinze millions ainsi que les Orphevres & les autres
personnes qui se meslent d’en vendre ont donné memoire qu’il
en a fait achepter pour ce prix-là, lors de la guerre de Paris,
dans le dessein qu’il prit d’en faire sortir le Roy, comme vn
chacun sçait. 30. Qu’auoit fait Boutellier, pour luy auoir osté la Sur-Intendance,
sinon qu’il n’a pas voulu adherer aux volontez du
Mazarin. 31. Qu’a fait Chauigny pour l’auoir obligé de se demettre de
sa charge de Secretaire d’Estat du Ministere, & du gouuernement
du Bois de Vincennes, sinon la mesme chose. 32. Pourquoy a t’il fait porter le President Bailleul de se demettre
de sa Sur-Intendance, sinon qu’il n’a peu rien gaigner
sur sa probité. 33. Qu’a fait le Mareschal de la Motte, qu’il a si mal-treté,
sinon de ne vouloir point faire ce qu’il desiroit. 34. Qu’a fait-le Duc de Guys, n’a-il pas fait ce à quoy le
Mazarin l’a porté, l’ayant flatté de l’espoir d’vn grand secours,
pour luy faire entreprendre l’affaire de Naples, où il l’a laissé
embarassé. 35. Qu’auoit fait le Duc de Beaufort pour luy auoir fait souffrir
vne si longue prison, & d’auoir prins dessein de se deffaire de
sa personne, soit par poison ou autrement : Que luy à fait le Coadiuteur
de Paris, qu’il menasse de faire écarteler, selon son
terme ordinaire : & qu’elle seureté peuuent pretendre ces deux personne d’vne ame si noire & si perfide, qui ne cherche que de
leur faire piece à son tour & vne Mazarinade, quelque posture
ou grimasse qu’il leur fasse.   36. Que luy auoit fait le President Barillon sinon de luy faire
accroire qu’il auoit eu quelque intelligence auec le Duc de
Beauforr. 37. Mais que luy auoit fait le bon homme de Brousselles & le
Nain, Conseillers au Parlement de Paris, qu’il fit ainsi enleuer
au sortir du Te Deum, qu’on venoit de chanter pour la quatriesme
Bataille gaignee par le Prince de Condé, sinon d’estre zelez
pour leur patrie & le seruice du Roy. 38. Que luy a fait le Mareschal Ranzau, qu’il a fait emprisonner,
sinon de n’estre point voulu venir lors de la guerre de Paris,
ainsi que le Mazarin le vouloit. 39. Que luy a fait Perrant. Intendant du Prince de Condé, &
President des Comptes, pour l’auoir fait emprisonner, sinon à
fin de l’empescher d’agir, & de descouurir les artifices & trahisons
dont Mazarin vse contre le Prince de Condé son Maistre. 40. Qu’à fait la Riuiere, sinon que le Mazarin apprehendoit
en ce rencontre qu’il le pourroit nuire en esclaircissant Son Altesse
Royale de tant de fourbes & de ruses, dont luy-mesmes a esté
traitté & flatté du Chapeau de Cardinalat, pour tant d’aggrables
suruices qu’il luy a rendus. 41. Qu’à fait le Chancelier pour l’auoir disgracié sinon d’auoit
plusieurs fois representé au Mazarin qu’il estoit necessaire de
moderer les choses. 42. Mais nous vous prions qu’auoit fait les peuples de Paris,
Roüen, Bourdeaux & Aix que d’auoir repoussé ses tyrannies,
comme l’on fait encores vers Bourdeaux ; Ville qui a esté obligée
pour le seruice du Roy, pour son salut, de se deliurer des entraues
du Chasteau Trompette, comme elle le declare par le
Manifeste qu’elle a publié. 43. Qu’à fait Madame de Longueville qu’il a persecutée par
ce qu’elle alloit reclamer la Iustice au Parlement de Rouen. 44. Qu’à fait la Princesse de Condé Doüairiere, pour estre exilée, & pour estre empeschée de pour suiure sa requeste au Parlement
de Paris, tendant à faire le procez aux trois Princes ses
enfans, conformément à la Declaration du mois d’Octob 1648.
apres qu’vne infinité de personnes ont iouy du benefice de cette
Declaration qui donne la seureté publicque.   45. Qu’ont fait la Princesse de Conde & le Duc d’Anguien
sou fils pour estre persecutez si cruellement par ce scelerat, &
pour auoir esté obligee de se refugier en vne ville frontiere du
Royaume. Et qu’à fait son fils qu’il faille que le Mazarin aye
osté le Roy de Paris, où la presence de sa Maiesté est si necessaire,
veu que la France est assaillie à main-armée pour le conduire
à Bourdeaux, afin qu’à la presence & saueur du Roy il puisse
faire declarer cette ville criminelle, & la prendre encore qu’elle
soit au Roy, pour auoir receu comme nous auons dit, cette Princesse
& son fils le Duc d’Anguien, Ville qui s’estimeroit criminelle
& tres inhumaine si elle ne les auoit pas receus comme elle
a fait, auec tres-grande affection & compassion de la misere de
ces illustres personnes qui doiuent estre si cheres & si precieuses
à toute la France, ruinee & bouleversée par le ministere infame
Estrangere, qui pour se venger des Bourdelois, quoy que tre-fideles
& tres zelez au seruice du Roy, ne laisse pas de risquer
tout, iusques aux personnes de leurs Maiestez & celle du Duc
d’Aniou, qu’il conduit en la ville de Libourne, où la peste est, &
la famine extreme. Il faudroit vn tres-gros volume pour descrire tous les crimes
de cét homme, de qui les meschancetez execrables ne trouuent
point de termes que soibles & peu significatifs. De dire qu’il ruine le Royaume, qu’il met à feu & à sang cela
n’est pas assez nous ressentons plus de maux de cét homme que
nous n’en pouuons dire. Enfin nous nous deuons esueiller, desabuser & porter nos pensées
pour l’execution d’vne Requestes des trois Estats publiée à
Paris qui porte que le Mazarin sera pris au corps, & pour l’Arrest
de la condamnation donné par le Parlement de Paris. A quoy tient-il donc, que nous n’allions fondre dans les prisons pour deliuret les Princes, afin qu’en leur presence & par
leur assistance l’on puisse l’autheur de tant & de si detestables
crimes capitaux.   Cher François, Nous te conjurons de donner
cecy à lire à tous ceux que tu pourras, afin que
ceux qui agissent en faueur du Mazarin, ou qui le
setuent de leurs personnes, connoissent que c’est
souz des pretextes déguisez & faux, & que la posterité
leur reprochera qu’ils auront trempé leurs
mains dans le sang de leurs parens & Compatriotes,
pour faire reussir la tyrannie d’vn Estranger, laquelle
tomberoit fut eux aussi bien que sur ceux qui la
repoussent en rendent des veritables sentimens au
Roy & à l’Estat. Et vous qui voulez acquerir de l’honneur par les
Armes, considerez le sensible desplaisir que le Chevalier
de la Valette a eu de mourir dans ce party d’vn
coup receu à l’Isle S. George : & la satisfaction &
l’honneur qui demeure à la memoire de ce Caualier
Richon, d’estre mort pour le seruice du Roy & celuy
de sa propre patrie, comme tesmoigne son
Eloge Fvnebre, auec la benediction de tous les gens
de bien.

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Occurrence 315. Anonyme. CENSVRE OV REFVTATION DV LIBELLE INTITVLÉ,... (1649) chez Dupont (Pierre) à Paris , 11 pages. Langue : français. Avec permission. Voir aussi C_1_12.. Référence RIM : M0_674 ; cote locale : E_1_121. le 2012-04-29 15:14:16.

CENSVRE
OV
REFVTATION
DV
LIBELLE INTITVLÉ,
SOVPIRS
FRANÇOIS,
SVR LA PAIX
ITALIENNE.

A PARIS,
Chez PIERRE DV PONT, au Mont saint Hilaire,
ruë d’Escosse.

M. DC. LXIX. Auec Permission. CENSVRE OV REFVTATION
du Libelle intitulé, Souspirs François
sur la Paix Italienne. IE me doute bien que l’Autheur des Soupirs
François sur la paix Italienne, voudra tirer de la
vanité de ce que ie me suis mis en peine de refuter
cét ouurage ; s’imaginant peut-estre qu’il
faut que cette piece ait eu l’approbation generale,
& que l’enuie qui s’attache principalement à la vertu,
est le seul motif de cette Refutation, par laquelle il pretendra
donner vn nouuel éclat à cette production d’esprit :
Ces raisons m’obligent d’abord de dire le sujet veritable
qui m’a mis la plume à la main pour le desabuser de cette
creance, & iustifier des motifs de mon procedé. Pour destruire entierement son opinion, qui ne feroit
qu’augmenter le nombre des fautes qui se rencontrent
dans son ouurage ; Ie suis bien aise qu’il sçache que c’est
vne pure charité qui m’oblige à prendre cette peine pour
luy seul, parce qu’il est tres-cuident que son esprit a plus
besoin d’estre guery que tous ceux qu’il pouroit auoir infectez
par ses Escrits seditieux, ils sont en si petit nombre, &
si peu considerables, que bien qu’ils demeurassent obstinez
dans leurs sentimens, tous les honnestes gens qui sont bien
contraires aux maximes de cét Autheur, ne s’en deuroient
nullement mettre en peine : La populace est propremẽt vne
girouette qui tourne à toutes sortes de vents, vn miroüer
qui change de face selon les obiets que l’on luy presente, &
comme vne cire molle qui reçoit mille differentes impressions
autant de testes, autant d’aduis, & dans l’affaire la
moins douteuse : Scinditur incertum studi a in contraria vulgus. Qu’il n’estime pas aussi que la ialousie de voir admirer cette
piece fameuse, m’ait fait repandre de l’ancre pour ternir son
éclat, son ouurage n’est pas si digne d’enuie, & quand mes-
la crainte de la corde ne luy auroit pas empesché d’y mettre
son nom, ie croy que pour son honneur (si toutes fois il en
est curieux) il se deuroit cacher de honte, & desauoüer cét
enfant monstrueux, qui n’a pour toute perfection que l’effronterie. Non, ie ne suis point ialoux de sa gloire, qui n’est point si
brillante qu’elle me puisse ébloüir, & m’empescher de remarquer
les fautes infinies de cette piece, elles sont trop
apparentes, & tout autre esprit que le sien iugeroit qu’elles
seroient dignes du foüet dans les petites escholes, aussi bien
que son impudence le meriteroit dans les Carrefours. Il semble à la verité que ie contredise par ce trait de passion
à la charité que ie me suis proposée pour motif, mais
à des maladies si pressantes, il est besoin de remedes violens ;
& comme ie sçay bien qu’il se flatte dans la bonne opinion
qu’il a de son genie, il l’a faut destruire tout à fait, & ne l’a
point flatter, si l’on pretend d’y donner du remede. Pour combattre d’abord cét estime d’esprit qu’il se donne
à luy-mesme, il est necessaire de faire voir à tout le monde
qu’il n’est pas capable du mestier d’escrire dont il s’est voulu
si temerairement escrimer : Si ce n’estoit que les lignes
sont à peu prés mesurées, on auroit de la peine à discerner
s’il a voulu faire des Vers ou de la Prose ; les mesures si mal
obseruées, tant de fausses rimes, comme de glaiue à vefue,
d’Abbayes à bayes, excez à François, &c. ces endroits si tu
en doute ; & au lieu d’Autels, & au lieu d’actions, &c. qui
sont des cacophonies insupportables : ces termes deterrés
& barbares, de desastreux, larmoyer, &c. & quantité de
phrases & façons de parler indecentes, le conuainquent necessairement
de n’estre pas bon François comme il se vante,
puis qu’il n’en sçait pas le langage. Que si pour sa replique il vouloit alleguer cette sentence
triuialle, qu’il est bien aisé de reprendre & mal-aisé de mieux faire, & que dans le dessein de refuter son Ouurage, ie
deuois me seruir du mesme genre d’escrire, & non pas opposer
de la prose à des vers, dont la contrainte & la mesure suppose
plus de difficulté : Ie n’ay rien à luy dire, sinon que ie
sçay mieux choisir le style selon les suiets, & qu’vne de ses
plus grandes fautes que ie ne veux point imiter, est d’auoir
traitté cette matiere dans vn genre si peu propre à son suiet,
qui me fait croire que quoy qu’il soit tres mauuais Poëte, il
est encor plus mauuais Orateur. Pour mon esgard, quoy que
ie sois assez mediocre dans l’vn & l’autre quelques vers que
l’on a veu de ma façon, feront aysément reconnoistre que
l’ignorance de la poësie n’est pas la cause pourquoy i’ay
choisi la prose pour luy respondre.   Pour faire voir qu’il s’est seruy tres mal à propos des vers
pour son suiet, les moins versés dans cette science, n’ignorent
pas qu’elle n’est propre qu’aux fictions, & pour
faire esclater dauantage les inuentions & les pensées de
l’esprit ; mais dans vne ouurage serieux dans lequel il est
question de faire voir la verité, & persuader par la force des
raisons les esprits à quelque creance, comme sans doute
nostre Auteur s’estoit imaginé : pourquoy vouloir importuner
les Muses, & les tirer pour ainsi dire par les cheueux ;
Ie dis bien dauantage qu’encor bien que ce suiet se pust
traitter en vers, il ne falloit pas contredire comme il a fait
à son titre qui ne parle que de soupirs, par de petits ieux de
mots & de ridicules allusions, dont l’impertinence fait rire
le lecteur, il semble qu’il veut estre vn Ieremie, & dans le
milieu d’vne triste la mentation, il quitte tout d’vn coup le
personnage d’Heraclite pour prendre celuy de Democrite ;
il fait le censeur Politique, & met en suitte vne pointe ridicule
sur l’allufion de faux Louis, ou de Iustes ; & dans le
zele le plus enflammé, dont il fulmine contre des Euesques,
il va chercher des pedanteries Scholastiques, & se ioüe
sur des noms de Dol, Dair, eur de Cordelier & de Corde,
qui ne peuuent estre permises que dans vn style extremément
burlesque : d’alleguer pour raison qu’il s’est seruy de cet artifice, afin de ne pas nommer ouuertement ces Prelats,
ne pourroit-on pas luy demander, pourquoy donc il en
a nommez de plus considerables en d’autres endroits, qu’il
deuoit taire auec plus de raison & de iustice.   Mais venons au principal de nostre suiet iusques icy, nous
n’auons fait que considerer quelques galles qui ne font que
la superficies de cette dangereuse apostume, dans laquelle
il est necessaire d’appliquer le fer ; & pour venir à la connoissance
de sa cause, il faut examiner l’intention de cet Autheur,
& la fin qu’il s’est pu proposer en commançant ce
pernicieux ouurage, descouurir en suitte ses qualitez vicieuses,
& luy faire si bien conceuoir l’horreur de sa faute par de
charitables aduis, quelle soit la derniere qu’il commette iamais. I’aduoüe que ie suis bien empesché dans la recherche de
son dessein, puisque le zele pour sa Patrie dont il veut faussement
couurir sa mauuaise volonté, n’en est nullement le
suiet.  
Arracher la paix des Prouinces,
Aigrir les peuples & les Prouinces,
Taxer vn auguste Senat,
Et comme vne horrible furie
Bouleuerser tout vn Estat,
Est-ce là seruir sa Patrie.   Ce ne peut estre pareillement le dessein de se mettre en faueur,
puisque son insolente satyre attaque tellement tous
les deux partis, qu’il semble qu’il en veut à tout le monde,
& que comme vn autre mysantrope il ayt vne haine generale
contre toutes sortes de personnes, ie reuiens donc à la
creance que i’ay qu’vn ouurage de cette nature n’est pas produit
par vn François, ou du moins qu’il a le cœur Estranger.
puis qu’il trauaille auec tant d’ardeur à remettre le trouble
& la diuision dans cette Monarchie, qu’vne paix de tant de
sueurs & de fatigues, vient à peine de bannir & de destruire. Pour confirmer cette opinion, nous n’auons qu’à considerer son Ouurage de prés, & non pas superficiellement à
l’exemple de quelques esprits vulguaires, qui sur la simple
lecture du titre l’ont admiré comme vne merueille ; Mais
ces personnes sont à bien dire des enfans qu’vne pomme satisfait
& qu’vne bagatelle amuse, plustost que la plus belle
piece du monde : ce n’est pas tout qu’vne boëtte soit peinte
& bien enjoliuée, si ce qui est dedans n’encherit sur cette
exterieure beauté : & sans taxer ce titre d’extrauagance
quoy qu’il le merite assez iustement, voyons si la piece respond
à cette apparance ; Il l’intitule les soupirs, François, &
l’on n’y remarque que des rages, des desespoirs, des iniures,
& des fulminations horribles ; il voudroit dit-il que la paix
fut stable, & par de seditieuses exhortations, il l’ébranle si
viuement qu’il semble qu’il ait pris à tasche de la destruire ;
Bref, pour cuiter vn mal imaginaire il en introduit vn mille
fois plus à craindre, & dont la seule pensée imprime de l’horreur
dans l’esprit des honnestes gens.   Toutesfois ce n’est pas assez de cette censure generale,
il faut venir à la discution particuliere, & refuter chaque
stance l’vne apres l’autre. Les trois premieres declament hautement contre ceux qui
nous ont procuré la paix les taxe d’auoir esté corrompus,
d’auoir quitté l’interest de la patrie pour celuy de ses ennemis,
& d’auoir traitté sans honneur sans guain & sans asseurance :
Bien que la voix commune iustifie assez ces personnes
incorruptibles, la contradiction qui se rencontre,
entre auoir esté corrompus & d’auoir traitté sans guain,
renuerse de soy-mesme cette iniurieuse calomnie ; mais il a
reserué sa plus forte raison pour la troisiesme, en ce qu’il
leur reproche qu’apres auoir condamné le Cardinal comme
vn perturbateur du repos public, ils le restablissent dans
son premier Estat, en cassant les Arrests qu’ils auoient donné
contre luy ; Ce n’est pas vn deffaut de memoire comme
presume ce seditieux, mais vne raison bien puissante qui
les a fait condescendre à ces conditions ; Sa Maiesté se soûmettant
à casser ses Declarations & ses Arrests, qui durant les desordres auoient interdit le Parlement, n’estoit-il pas
plus que raisonnable qu’il fit le reciproque de son costé,
puisque toutes nos esmotiõs ne pouuoient estre autrement
pacifiées ; falloit-il comme il dit luy porter le poignard sous
la gorge, & que le suiet contraignit le Souuerain à subir
ses caprices, & suiure ses volontez inconsiderées.   La quatriesme est vn galimatias enioliué d’allusions &
d’antitheses, indignes d’estre refutées. Dans la cinquiesme comme vn Prophete de mal-heur,
il menace Paris de maux espouuantables qu’il s’est forgé
dans son imagination sans aucune apparence de fondement,
veu que quand mesme le Cardinal Mazarin auroit
dessein de se vanger de cette Ville, il n’en aura iamais les
occasions qu’il a laissé passer dans vn temps, auquel il estoit
plus obligé de s’en seruir. Il tasche de confirmer cette Prophetie dans la sixiesme,
par vne mauuaise peinture qu’il fait voir de la desolation
des villages & de la campagne ruinées ; Mais ces massacres
ne paroissent que dans ses vers, & reserué quelques degats
causez par la Soldatesque qui ne sont pas irreparables,
nous deuons rendre graces à Dieu du peu de sang qui s’est
respandu parmy ces desordres, qui deuoient en apparence
auoir vn suceez beaucoup plus funeste & plus violent : il
acheue par vne iniure brutale qui ne fait qu’aigrir vn Prince
genereux, dont l’amitié se doit acquerir par la douceur. Les sept, huict, neuf & dixiesme apprennent des sacrileges
inoüis, qui ne sont iamais tombés dans l’imagination
des plus abominables, bien loin d’auoir esté commis
comme il dit par des Estrangers qu’il accuse de ces crimes,
& pour en tirer vangeance il met le fer & le feu dans
la main des François, & la rage dans le cœur de la patrie ;
Mais les cheueux me dressent d’horreur à la lecture de la
dixiesme, & ie croy comme il dit que le Diable est l’autheur
de cette stance qui contient vn espouuantable sacrilege,
qui rend vn homme coupable pour l’auoir couché par escrit puisque la seule pensée en est tout à fait criminelle : &
supposé mesme qu’il ne fut pas de l’inuention de nostre
Poëte, quoy qu’il y ait bien de l’apparance, à quel dessein
publier ces abominations, qui ne font qu’irriter de plus en
plus la Iustice de Dieu desia si viuement offensée &c.    
Par ces detestables exemples,
Enseigner à ces nations
De nouuelles inuentions
Afin de profaner ses Temples.   L’vnziesme n’est qu’vne inuectiue contre quelques Generaux
qui sont auprés du Roy, par laquelle il les taxe d’estre
Estrangers & de n’estre pas François, quoy qu’à la reserue
de ces derniers troubles (ou l’interest de leur charge les a
contraints de nous estre contraires) ils en ayent donné toutes
les preuues imaginables, il les coiffe sur la fin de la mesme
Epithete qu’il a desia donnée au Prince, ce qui est vne
marque de la sterilité de son esprit. Dans la 12. 13. & 14. il tranche du Predicateur, mais au
lieu de reduire la Reine dans les termes de la douceur, il
tasche de la ietter dans le desespoir par l’impossibilité de
donner remede aux desordres qu’il exagere extraordinairement,
& la menace insolemment de la Iustice diuine,
sans que l’on puisse iuger ce qu’il pretend par cette remonstrance,
puis qu’il se plaint des maux qui sont desia
passez, & qu’il auroit tort d’en desirer le remede, puis qu’il
les iuge irremediables. Quant à ce qui touche le Cardinal
Mazarin, l’on voit appertement que c’est plutost la haine
que la charité qui anime son zele, en voulant attirer la vengeance
diuine sur sa teste, au lieu d’implorer pour luy sa
misericorde. Les 15. 16. 17. 18. & 19. sont des declamations pleines
d’iniures & d’inuectiues contre quelques Prelats & Predicateurs
de leurs Maiestez, qu’il accuse d’enseigner de fausses
doctrines, & d’animer contre nous l’esprit de la Reine
& des Princes, pour en obtenir des Benefices & des recompenses ;
Ce qui me fait imaginer qu’il s’est peut-estre autrefois voulu seruir de ces maximes, puis qu’il en parle comme
sçauant, & que le dépit de n’auoir fait reüssir ses desseins,
est le suiet de la passion qui l’emporte à ces indiscretes
calomnies, entremeslées de protestations d’estre bon
François, & de contradictions ridicules, conseillant à ces
predicateurs d’exhorter la Reyne à respandre des larmes sur
des embrazemens, que des pleurs de mil ans ne pouroient
pas esteindre, n’est-ce pas desirer vne chose impossible.   La vingtiesme s’addresse aux Confesseurs, qu’il pretend
sacrileges, d’accorder le saint Sacrement aux Seigneurs de
la Cour, sans considerer qu’apres vne reconciliation faite
auec les hommes, rien ne les empesche de faire leur Paix
auec Dieu, mais il ne peut passer que pour vn Casuiste
ignorant, en voulant obliger les penitens à restituer &
reparer les viols, les carnages & les desordres qu’ils ont
commis durant la Guerre, veu que Ad impossibile nemo tenetur. Et que la restitution n’est eniointe qu’entant qu’elle est
dans nostre possible, la misericorde de Dieu suppleant au
deffaut de nostre puissance. Il insiste encore dans cét opinion, & la derniere stance
est ramassée de ridicules raisons, par lesquelles il pretend
prouuer, que sans cette restitution, la Paix est pire que la
Guerre, & par des subtilitez ineptes, & des aduertissemens
hors de saison, il fait vne distinction de celle de France d’auec
l’Italienne pour ietter les esprits foibles dans vne deffiance
perpetuelle, & les empescher par ce moyen de gouster
la douceur du repos apres de si longues calamitez. Il me semble que i’ay suffisamment fait reconnoistre les
pernicieuses intentions de nostre Autheur, qui ne tendent
euidemment qu’à ietter cét Estat dans de nouueaux desordres
par le vent de diuision qu’il souffle dans les esprits seditieux,
& ses dangereuses maximes, que la Iustice a desia
censurées, comme contraires à la tranquillité publique, en
supprimant vn ouurage si preiudiciable au repos de l’Estat.
Il n’est question maintenant qu’à conclurre par vn aduis charitable à tous ceux qui se meslent d’escrire, qu’ils ayent
à choisir mieux leurs subiets, & qu’ils ne commencent iamais
vn ouurage qu’ils n’ayent considere que la fin n’en
peut estre qu’aduantageuse à la correction des mœurs, & à
l’honneur de la Patrie ; ce n’est pas que ie veuille les interdire
de la Satyre, pourueu qu’elle ne soit point scandaleuse,
& qu’elle ne repugne en rien à la charité, qui doit reprendre
sans passion & sans interest ; Que la consequence des
escrits de cette nature est bien dangereuse, puis qu’en voulant
remedier à quelque desordre particulier, on en introduit
vn general. Enfin qu’ils tiennent cét axiome, par lequel
ie finis pour vn principe tres-asseuré, que la Paix la
plus pauure & la plus deschirée, est preferable à la Guerre la
plus glorieuse & la plus magnifique, & que nous la deuons
bien conseruer quant nous la pouuons obtenir comme la
plus precieuse chose que nous sçaurions desirer ny posseder.  

FIN.

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Occurrence 317. Anonyme. LETTRE RENDVË AV ROY EN PARTICVLIER, Pour... (1652) chez [s. n.] à Paris , 30 pages. Langue : français, latin. Référence RIM : M0_2254 ; cote locale : B_2_34. le 2013-04-09 16:51:34. , le Roy Mithridates, ce qui abatit l’orgueil de
Philippus Roy de Macedoine, du grand Roy Antiochus &
de tant d’autres, fut qu’ils ne sceurent iamais accepter les
bonnes & raisonnables conditions de paix qui leur estoient
offertes par les Romains, & aimerent mieux experimenter
ce que peut la force fondée en bon droit ; Ie dis notamment
fondée en bon droit : car vne petite force qui a le droict auec
elle, abat bien souuent vne grande force qui n’est pas fondée
en bon droict. La raison est éuidente, parce que celuy
qui se sent auoir iuste cause de faire guerre, & qui voit que
son aduersaire se confiant en ses forces, ne veut venir à aucune
composition raisonnable, redouble son courage & son
ardeur, & combat plus vaillamment que celuy qui est poussé
d’vn orgueil, plustost que d’vne generosité de cœur. Mais
la principale raison est, que Dieu, qui donne les victoires,
supporte tousiours le droict : & si quelquesfois il semble
que le party le moins iuste l’emporte, il fait neantmoins que
l’issuë & la fin, selon laquelle il faut iuger, est pour l’équité
& la iustice.   Or si, comme il est aisé de iuger par ces exemples, vn Prince
doit tascher d’appaiser, par des conditions honnestes, les
guerres qu’il a contre les Estrangers ; auec combien plus de
raison doit-il faire tous ses efforts pour assoupir les seditions
& les mouuemens de ses peuples ? Car pour ce qui est
des guerres qu’il peut auoir des Estrangers, elles peuuent
aucunement seruir pour entretenir tousiours des gens agueris
pour le besoin, & principalement quand les sujets du
Prince sont naturellement enclins à la guerre, comme est la
nation Françoise ; de peur que ne les employans pas en ce ou
les porte leut inclination, ils ne prennent les armes contr’eux-mesmes
& contre leur patrie, comme dit fort sagement
l’Empereur Charles V. à François I. à leur entreueuë
au Chasteau d’Amboise. Mais les troubles & guerres ciuiles,
de quelque costé qu’on les tourne & considere, ne peuuent
iamais estre vtiles à vn Estat ; Et c’est pourquoy aussi vn
Prince bien aduisé, les fuïra sur toutes choses, & assoupira
tousiours le plustost qu’il luy sera possible ; premierement,
parce que c’est vne chose contre nature, de faire la guerre à
ceux de son pays, & de déchirer, pour ainsi dire, ses propres
entrailles. Ce qui a fait dire au grand Homere,  
Ceux-là n’ont point d’amour, pour parens ny famille,
Qui aiment les malheurs d’vne guerre ciuile.   Et en second lieu, parce qu’il s’affoiblir plus, & luy & ses
sujets en vn an, par ces guerres intestines, qu’il ne peut s’affoiblir
en trente ans par des guerres estrangeres : & que celles-là
sont incomparablement plus dangereuses & plus pernicieuses
que celles-cy. Si la grandeur & la puissance des
Roys ne dependent que de l’opulence & des richesses de
leurs sujets ; de grace que peuuent-ils esperer les plongeans
dans vne guerre ciuile, sinon de deuenir, au bout du compte,
les Roys de pauures gueux : ou de ioüer mesme quelquesfois au Roy dépoüillé. Ie ne parleray pas icy de l’Angleterre,
cét exemple me fait trop d’horreur : Ie diray seulement
que tels Princes sont ordinairement semblables à se
Samson du liure des Iuges, qui pour se venger des Philistins
ses ennemis, s’enseuelit auec eux sous vne mesme ruïne.
Mais quand il n’y auroit point d’autre raison pour destourner
les Princes de ces guerres funestes, que parce qu’ils font
souffrir iniustement vne infinité de pauures innocens, pour
punir seulement quelque peu de coupables, ou qu’ils estiment ;
tels ; Ne seroit ce pas assez pour les retenir, & les faire
plustost pencher vers la clemence ? Il y a plaisir à voir sur
ce sujet la harangue memorable que les Deputez du Senat
Romain, firent à Martius Coriolanus, lors qu’il tenoit la
ville de Rome, assiegée par l’armée des Volsques, dont il
estoit le chef, outré qu’il estoit de douleur d’auoir esté iniustement
banny par les Romains. Nous n’ignorons pas, luy
dirent-ils. Seigneur Coriolanus que l’on ne vous a fait grãd
tort de vous auoir chassé & banny de vostre Patrie, pour laquelle
vous auez tant fait & tant de fois si vaillamment
combatu, que vous estes comme son second pere & fondateur.
Nous sçauons bien aussi que c’est à bon droict que vous
estes indigné & marry de l’inique iugement que l’on a rendu
contre vous, veu que naturellement celuy qui est injurié
est irrité contre celuy qui luy fait injure. Mais nous sommes
merueilleusement estonnez que vostre iugement ne discerne
point par raison ceux sur lesquels vous pourriez iustement
vous vanger, d’auec ceux qui ne vous ont point fait
de mal ny d’outrage ; mais reputez indifferemment pour ennemis
autant les coupables que les innocens. Nous qui
sommes vos amis, & des plus anciens des Patriciens, sommes
icy enuoyez par vostre patrie & la nostre, pour nous
plaindre au nom d’icelle de ce que vous violez les loix inuiolables
de nature, & pour vous prier de vous déporter de
cette guerre, & entendre à vne bonne paix, vous offrans de
vous accorder tout ce qui sera à vostre honneur & à vostre
profit. Nous confessons qu’on vous a fait grand tort de vous
auoir chassé : mais qui l’a fait ? le peuple, direz-vous, qui a
donné sa voix en ma condemnation. Cela est vray, nous no
le nions pas, mais tout le peuple n’est pas d’vne voix, bien
que la pluralité aye esté contre vous. Ceux donc qui auoient
donné leur voix pour vostre absolution, meritent-ils que
vous leur fassiez la guerre comme à des ennemis ? & nous autres
Senateurs qui auons esté si desplaisans de vostre mal,
nous deuez vous reputer pour ennemis ? Mais les femmes
& les enfans que vous ont-ils fait ? faut il que tant d’innocens
tombent en peril & danger d’estre tuez, pillez & saccagez,
sans vous auoir fait tort, mais plustost vous ayans fauorisé ?
si nous vous demandons pourquoy vous voulez razer
& destruire les edifices bastis par nos Majeurs, où sont
leurs statuës & les images de leurs victoires & triomphes, &
pourquoy vous voulez abolir leur memoire : que respondrez
vous ? Pour parler franchement, vous ne sçauriez auoir
sujet d’agir de la sorte, si vous ne voulez dire que les amis &
ennemis, coupables & innocens, les morts & viuans doiuent
également souffrir la vengeance de l’injure qu’on vous
a faite ; chose qui est du tout indigne de vostre pensée. Vous
deuez considerer l’inconstance des affaires de ce monde, le
changement des esprits des hommes, & excuser l’accident
qui vous est arriué à nostre grand regret, & accepter vn retour
honnorable en vostre patrie qui vous desire pour continuer
à employer vostre vertu pour elle, comme vous auez
fait par le passé. Par ce moyen vous laisserez apres vne bonne
& saincte reputation de vostre vertu à la posterité : & si
vous faites autrement, vous laisserez apres vostre mort vne
memoire de vous comme d’vn ennemy, pilleur & saccageur
de vostre pauure patrie, où vous estes né, & où vous auez
esté nourry si tendrement & si honnorablement. Bien plus,
tant que vous viurez vous serez en horreur & execration à
tout le monde, voire mesme aux Volsques, qui maintenant
vous sont amis ; si bien que tout le monde fuïra vostre compagnie
comme d’vn brigand ou d’vn voleur. Et partant
nous vous prions de tout nostre cœur, Seigneur Coriolanus,
de vouloir oublier l’injure que vous auez receuë iniustement,
& d’accepter & accorder vn heureux, salutaire &
honnorable retour en vostre patrie & en vostre maison, où
est vostre pauure mere, vostre chere femme, vos aimez &
chers en fans qui sechent de douleur & de tristesse de vostre
absence, & mesme depuis qu’on leur a fait sçauoir que vous
venez à main armée pour les mettre au tranchant de l’espée
auec les autres. Ce discours eut tant de force sur l’esprit de
Coriolanus ; joint à cela que Veturia sa mere, & sa femme
Volumnia le vindrent trouuer, portans ses petits enfans entre
leurs bras, & fondans tous en l’armes, qu’il fit paix aussi-tost
auec les Romains, & cessa de faire la guerre à sa patrie.   Si l’on ne sçauoit pas combien les guerres ciuiles apportent
de miseres : & si nostre France n’auoit pas elle-mesme
seruy de theatre, il n’y a pas long-temps, pour en representer
les cruautez ; Ie rapporteray icy cette sanglante guerre
ciuile de Marius & de Sylla, qui remplit toute l’Italie de
sang, & qui fit par tout vne horrible & espouuentable boucherie.
Comme ces deux monstres de cruauté furent tous
deux maistres de Rome & de l’Italie, l’vn apres l’autre, &
firent par consequent massacrer tous ceux qu’ils pouuoient
trouuer de contraire party ; c’est vne chose effroyable combien
il y eut de sang respandu. Le pere égorgeoit le fils, le
fils le pere ; Il n’y auoit aucune pieté qui pût arrester le cours
de ce desordre, tant on estoit acharné les vns contre les autres.
Mais la guerre ciuile qui fut suscitée quelque temps
apres par Pompée & Cesar, & ce continua par le Triumvirat
d’Octauius, Antonius & Lepidus, contre Cassius &
Brutus, fut bien plus sanglante. Cette guerre dura trente-deux
ans & se respandit presque par tout le monde qui lors
estoit en la sujetion du peuple Romain, & s’en ressentirent
les peuples du Leuant du Couchant, du Septentrion, &
du Midy : Il fut verifié que dans ces troubles là, depuis leur commencement iusques au Consulat de Cesar seulement,
moururent des citoyens de la seule ville de Rome, le nombre
de cent soixante & dix mille ; & est bien croyable qu’il
en mourut beaucoup plus depuis, & qu’il en mourut dix fois
autant des Prouinces sujettes à l’Empire Romain. Mais que
s’ensuit-il de toute cette barbarie, sinon le bouleuersement
de ce mesme Empire ? C’est le fruict qu’apportent infailliblement
les guerres ciuiles ; & c’est la raison aussi pour laquelle
tout bon Prince mettra tout son soin à les preuenir,
ou au moins à les estouffer dans leur naissance, à l’exemple
de ce bon & sage Roy Charles VII. Ce Prince estant encore
Dauphin, le Duc Iean de Bourgonne, homme fort
ambitieux & vindicatif, apres auoit fait tuer de guet à pend
Louys Duc d’Orleans, frere vnique du Roy Charles VI. &
apres auoir remply le Royaume d’armes ciuiles & estrangeres,
ne se contentant pas de tout cela, s’empara du Roy qui
estoit aliené de son sens par maladie, & de la Reyne, pour
faire la guerre au Dauphin : ces occasions semblerent suffisantes
à ceux qui gouuernoient le Dauphin, pour entreprendre
vn coup hasardeux, comme ils firent, & le firent
trouuer bon au Dauphin, qui lors estoit encore ieune Prince.
Il manda donc audit Duc qu’il vouloit faire paix auec
luy, & le pria de prendre lieu & iour ensemble pour s’entreuoir,
& traitter de cette paix. Le iour fut pris, & le lieu assigné
à Montereau-faut-Yonne, où ledit Duc se trouua
sous la confiance de la parole & promesse du Dauphin, qui
luy auoit donné foy & asseurance. Arriué qu’il fut faisant
la reuerence à Monsieur le Dauphin, il fut enueloppé & tué
sur le champ, & quelques Gentilshommes de ses gens par
mesme moyen Philippes fils & successeur de ce Duc Iean,
prit grandement à cœur ce meurtre commis en la personne
de son pere, & chercha tous les moyens qu’il pût pour s’en
venger, & par ce moyen continuerent encor long temps
les guerres ciuiles. Les Anglois cependant faisoient bien
leurs affaires en France, & conquirent la Normandie, Paris
la pluspart de la Picardie, & marcherent iusques à Orleans,
qu’ils assiegerent. La dessus le Roy Charles VI. mourut ; si
bien que Monsieur le Dauphin son fils, qui fut nommé
Charles VII. venant à la Couronne, se trouua dépoüillé
de la meilleure partie de son Royaume ; Tellement qu’on
l’appelloit le Roy de Bourges, par raillerie. Ce sage Roy
considera bien que si les guerres ciuiles duroient, il estoit en
estat de tout perdre, vne piece apres l’autre ; c’est pourquoy
il mit tout son soin, pouuoir & diligence à faire paix & accord
auec le Duc de Bourgogne. Si bien qu’il enuoya vers
luy son Connestable, son Chancelier, & autres des principaux
de son Conseil pour luy dire qu’il desiroit d’auoir paix
auec luy, & qu’il reconnoissoit bien que par mauuais conseil
il auoit fait tuer son pere à Montereau, & que s’il eust esté
lors aussi aduisé qu’il estoit à present, qu’il n’eust iamais fait
faire vne telle action, ny permis de la faire ; mais qu’il estoit
ieune & mal conseillé. Que pour ce sujet il luy offroit d’en
faire telle amende & reparation qu’il s’en contenteroit, &
qu’il luy offroit de luy en demander pardon, non en personne,
mais par Ambassadeurs qui en auroient charge expresse,
& le prier qui luy pardonna cette faute au nom de nostre
Seigneur Iesus-Christ, & qu’entr’eux deux il y eut bonne
pais & amour, & qu’il confesseroit auoir mal fait, & d’auoir
vsé de mauuais conseil faisant tuer son pere. Et en outre luy
fit offre de plusieurs. Terres & Seigneuries qu’il luy donneroit,
comme de la Comté de Maconnois, Sainct Iangon,
la Comté d’Auxerre, Bar-sur-Seine, la Comté de Bologne
sur Mer, & autres Terres, & qu’il le quitteroit sa vie durant,
luy & ses sujets, du seruice personnel qu’il luy deuoit comme
vassal de France, & luy fit faire encor plusieurs autres
belles offres. Ce Duc Philippes voyant son Prince souuerain
s’humilier tant, fléchit enfin son courage, & entendit
à la paix, qui fut faite à Arras, là où se trouua vne assemblée
d’Ambassadeurs de tous les Princes Chrestiens, du Concile
de Basse & du Pape : Si bien qu’il y auoit plus de quarre
mille cheuaux. Tous, ou la pluspart de ces Ambassadeurs
estoient venus pour le bien du Roy & de son Royaume, mais
il n’y en eut pas vn qui ne trouua ces offres du Roy bonnes
& raisonnables : comme aussi faisoient tous les Princes &
Seigneurs du Royaume, & tout le Conseil du Roy. Tellement
que les Ambassadeurs de sa Majesté, qui estoient le
Duc de Bourbon, le Comte de Richemont, Connestable
de France, Archeuesque de Reims Chancelier, le Seigneur
de la Fayette, Mareschal de France, & plusieurs autres
grands Seigneurs, en pleine assemblée, au nom du Roy leur
Maistre, demanderent pardon au Duc de Bourgogne de la
mort de son pere, confessans, comme nous auons desia dit,
que le Roy leur Maistre auoit commis cette mauuaise action
par ieunesse & mauuais conseil, & le prierent de quitter la
mauuaise volonté qu’il auoit legitimement conceuë contre
luy, & de vouloir viure à l’aduenir en paix & bonne amitié.
Voila comment le Roy Charles VII. appaisa les guerres ciuiles
de son Royaume, par son humilité & reconnoissance
de ses fautes ; Aussi de là en auant prospera-il de telle sorte,
qu’apres auoir mis fin aux guerres ciuiles, il vint puis apres
au dessus des guerres estrangeres contre les Anglois. Il ne
faut point douter que ce ne fust vne toute particuliere benediction
de Dieu, qui prend plaisir à esleuer les humbles,
& à ruïner & renuerser les orgueilleux & superbes. Et à la
verité ce n’est point vne chose messeante à vn grand Prince
de temperer sa Majesté par vne gracieuse humilité, douceur
& affabilité : au contraire, cette temperation, comme dit
fort bien Plutarque, est si harmonieuse & si excellente, qu’il
n’en est point de plus parfaite que celle-là. Si le Roy eust
eu de tels Conseillers qu’il en est auiourd’huy, quel conseil
luy eussent-ils donné sur cette affaire ? Ils luy eussent dit
sans doute, que de s’humilier ainsi enuers son vassal, de luy
demander pardon, de confesser d’auoir mal fait, de le quitter
luy & ses sujets du seruice personnel, ce sont choses indignes
d’vn Roy, & qu’vn Roy ne doit iamais faire paix qui
ne soit a son honneur, & que tels articles estans à son deshonneur
& desauantage, il deuoit plustost endurer toutes
extremitez, que de faire aucune paix par la quelle il ne demeurast
le Maistre en tout & par tout, pour disposer des personnes
& des biens à son plaisir Si est-ce que tout le Conseil
du Roy Charles VII. tous les Princes du Sang, tous les
grands Seigneurs du Royaume, tous les Ambassadeurs des
Princes estrangers luy conseillerent de passer ces articles,
quoy qu’vn peu rudes & fascheux, pour le bien de la paix.
Est-il croyable que dans vn si grand nombre de grands personnages,
il n’y en eut aucun aussi sage & aussi clair-voyant
que les Conseillers & les Politiques de ce temps ? si est-ce
que c’estoient tous gens bien sages & bien experimentez
dans les affaires : il y en auoit plusieurs de grand sçauoir,
comme les Deleguez du Concile, de l’Vniuersité de Paris
& des Parlemens : & ceux d’auiourd’huy tout au contraire
ne sçauent que leur Machiauel.   Apres tout cela, Sire, nous sommes estonnez comme vostre
Conseil violent, vient resueiller vne guerre cruelle contre
des sujets respectueux, obeїssans, & qui n’ont iamais
monstré à leur, Monarques que de l’amour & du secours
dans les plus vrgentes necessitez de leur Estat ; On persuane
à V. M. pourtant que nous sommes des coupables, que
nous n’auons autre dessein que d’abatre vostre Throsne, &
secoüer le joug de l’obeїssance : celuy qui est l’Intendant de
vos Conseils, le Surintendant de vostre education, fait passer
vostre Parlement de Paris, dans le mesme predicament
que celuy de l’Angleterre, composé des parricides creatures
de Cromvvel ; Ie vois bien aussi qu’il nous fait passer
pour des independans & des souhaitteurs de Republiques. Il est vray, Sire, que ses maluersations & ses brigandages
intolerables pourroient esmouuoir la patience la plus ferrée,
& pousser vne necessité irritée à des extremitez dangereuses ;
mais, Sire, il raisonne mal de nous vouloir accuser
d’vn crime, parce qu’il est coupable d’vn autre. Nous sçauons bien à qui attribuer l’origine de nos miseres. Ce n’est
point à V. M. que nous reconnoissons nous auoir esté donné
de Dieu, si V. M. qui a iusques icy esté dans l’innocence
de l’enfance, & qui ne monstre que de douces inclinations
pour le gouuernement de ses sujets. La juste haine que nous
auons conceuë contre luy, luy en a fait conceuoir vne injuste
contre nous, & il nous voudroit voir tous ruinez, dautant
que nous demandons seulement sa retraite, il pousse
tout à la desolation, aux incendies & au carnage, & abandonnant
les illustres conquestes de Louys XIII. & les vostres,
il tourne le fer de vos Soldats contre les sujets qui
vous y ont fourny de leur sang : Enfin, Sire, il vous veut
esleuer & nourrir parmy les troubles de vostre Estat, &
vous faire succer auec le laict vne auersion contre nous &
& contre vos Parlemens, comme contre des rebelles ; Est-ce
là, Sire, le moyen de vous faire prendre les sentimens
d’vn bon Prince, & vous pouuoir faire dire vn iour, comme
Philippes Roy de Macedoine, Malo diu benignus ac clemens
quam breui tempore Dominus appellart ; ou auec vn
Theopompus Roy de Sparte, que quelques Courtisans
mal aduisez blasmoient d’auoir estably des Ephores puissans,
qui sembloient beaucoup diminuer de son authorité,
minorem quidem creatis Ephoris ; sed diuturniorem potestatem
relinquo, sçachant fort bien que comme dit Senecque,
Violenta nemo tenuit imperta diu.
Et qu’au contraire, moderata durant. Est-ce là le moyen de
vous aprendre des maximes qui vous fassent dõner vn iour
le tiltre d’Amour du monde, comme à vn Empereur Othon,
ou bien de Pere du peuple, comme à vn Louys XII. O ?
qu’il est croyable que le grand Artaxerxes Roy des Perses,
auoit esté esleué tout d’vn autre façon, & que l’on ne luy
auoit pas enseigné que ce fut faire tort à son authorité que
d’y mettre aucuns bornes. Ce grand Prince disoitor nairement
Nolui abuit potentiœ magnitudine, sed clementia &
lenitate subiectos gubernare ; c’est à dire ie n’ay iamais voulu
abuser de la grandeur de ma puissance ; ie n’ay pas cru que
ce me fust assez de vouloir vne chose pour la rendre juste,
mais ay traitté mes sujets auec le plus de douceur qu’il m’a
esté possible. C’est ainsi que parlent les bons Roys : ie veux
dire ceux qui ne permettent pas qu’on leur souffle perpetuellement
aux oreilles, qu’ils peuuent tout, & que c’est ne
pas sçauoir ce que vaut vn Sceptre, comme fit autrefois Neron,
que de ne pas faire tout ce que l’on veut, soit que cette
volonté soit iuste, soit quelle ne le soit pas, Crudelia,
pourtant, & superba imperia acerba magis quam diuturna esse
solent ; c’est vne belle leçon que Saluste fait aux Roys. Ie
m’asseure que des Princes semblables à des Artaxerxes, des
Theopompus & des Othons ; & pour ne point sortir de
chez nous, semblables à des S. Louys, des Louys XII &
des Henris IV. ne croiront point que ce fut resister à leur
authorité, si vn Parlement leur remontroit que leur volonté
ne seroit pas bien iuste en quelque chose ? les Roys doiuent
bien s’imaginer qu’ils sont hommes, & par consequent
sujets à faillir. He ! pourquoy, Sire, ont-ils des Parlemens,
sinon pour les conseiller ce qui est à faire, & les destourner
de ce qu’ils ne doiuent pas faire. Chacun sçait que les Loix
ciuiles mesmes, veulent qu’on n’obeїssent point au Prince,
quand il commande quelque meurtre injuste, sinon trente
iours apres le commandement fait : pourquoy cela ie vous
prie ? sinon afin que cependant les preuenus ou leurs amis,
ou plustost les Magistrats puissent remontrer au Prince les
raisons d’innocence de ces preuenus, & que pendant les
trente iours le Prince puisse rasseoir sa colere & entendre
raison. Et parce que la loy faite pour cela par les Empereurs
Gratian, Valerian, & Theodose, est bien remarquable :
i’ay trouué à propos de vous l’inserer icy. Si il arriue d’oresnauant,
disent-ils, que nous commandions quelque rigoureuse
vengeance, contre nostre coustume, sur quelques
preuenus, nous ne voulons point qu’ils souffrent la peine
sur le champ, ny que nostre mandement soit si tost executé,
mais que l’execution soit sursise & differée par trente iours,
& que cependant le Magistrat les tienne en seure garde.
Donné à Verone le 15. des Calendes de Septembre, l’année
du Consulat d’Antonius & de Siagrius.   Vous voyez de là, Sire, non seulement qu’il est raisonnable,
mais que c’est mesme le deuoir des Magistrats d’aduertir
auec respect leurs Princes, quand ils commandent
quelque chose qui n’est pas bien iuste : & que les Roys ne
doiuent pas s’imaginer que ce soit choquer leur authorité,
que de leur faire quelques remonstrances, & de nobeïr pas
à l’aueugle à tout ce qu’ils commandent. Or que sera-ce
maintenant si des Ministres abusent de la minorité d’vn
Prince, pour faire des leuées intolerables ? qu’elles obligations
n’ont pas alors les Magistrats de leur faire des remonstrances,
& leur faire entendre la verité de cette belle maxime
de Tibere, que c’est le fait d’vn sage Berger de tondre
ses brebis, mais non pas de les escorcher. Ne seroient-ils
pas veritablement criminels de leze-Maiesté, si ils permettoient
ces execrations, & souffroient durant la foiblesse de
l’âge de leur Prince, qu’on pilla son Royaume & ses suiets ?
Mais si les Ministres bouchent les oreilles aux iustes plaintes
& remonstrances du Parlement ; Que doiuent faire en
ce cas là ces Messieurs, si ils veulent passer pour bons & fideles
suiets de leurs Princes ? ne doiuent-ils pas resister à la
tempeste, pour grande quelle soit, & perir plustost que de
consentir iamais à aucune lascheté ? Ie m’asseure, Sire, que
si maintenant que Dieu vous a mis en main les resnes du
gouuernement, vous venez à faire reflexion sur la conduite
de vostre Parlement de Paris, & les tres-humbles, & tant
de fois reïterée remonstrances de vos suiets ; tant s’en faut
que vous les accusiez de rebellion, qu’au contraire vous
les loüerez de genereuse resolution, & d’vne soûmission
toute entiere ; parce que vous reconnoistrez fort bien qu’ils
n’ont rien fait en cela, que ce que leur foy, leur conscience,
& le bien de l’Estat demandoit d’eux ; & qu’il faut qu’vn gouuernement pour estre heureux, soit plustost pour le
bien de celuy qui est conduit, que non pas de celuy qui
gouuerne, Vt tutela, sic procurato reipublicæ, ad vtilitatem
eorum qui commissi sunt, non ad eorum quibus commissa
est, gerenda est. C’est ce que fit bien entendre Louys le Gros
à son fils, auant que mourir ; il ne luy fit point d’autre leçon
que celle-là, sçachant bien que tandis qu’il seroit dans cette
pensée, il gouuerneroit sagement, & se feroit aimer &
cherir de ses suiets, ce qu’vn bon Prince doit rechercher
sur toutes choses,    
Omne culmen ættigit,
Virtutis altæ qui timeri se timet,
Amore sidens : qui patrem se non herum
Studet vocari.   Nous ne vous en dirons pas dauantage, Sire, sinon que
nous supplions tres-humblement V. M. de vouloir auoir
esgard en qualité de pere à ses enfans qu’vn Estranger insolent
veut faire esgorger auec des barbaries impitoyables,
& de prendre garde que son authorité ne sera iamais bien
asseurée si sa conduite n’est temperée de douceurs & de
suauitez.

FIN.

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Occurrence 319. Anonyme. CAYERS DES REMONSTRANCES FAITES AV ROY ET A... (1649 [?]) chez [s. n.] à [s. l.] , 12 pages. Langue : français. Sans page de titre.. Référence RIM : M0_663 ; cote locale : A_9_40. le 2012-04-29 02:04:49. os ordres si souuent reïterées
pour en faire sortir les troupes, Elles a esté espuisèe
par des rençonnemens qui excedent en general ou
en particulier deux millions de liures, outre les desordres,
les brussemens, les pillages des meubles &
des bestiaux qu’on ne sçauroit estimer,   Toutes lesquelles violences ont esté fauorisées
par les Ordres & les Routes données en blanc par
M. le Comte d’Allais, & augmentées par ses Ordonnances,
portant assignation sur les Communautez
de diuerses sommes considerables, dont vne partie a
seruy de recompence aux Ministres de ses passions &
à indamniser plusieurs de ses amis des dommages
qu’ils disent auoir receus en leurs terres par ses propres
troupes, ayant luy-mesme nommé des Arbitres
pour les estimer: Ce qui est vn tesmoignage sensible
de son peu d’affection à l’endroit du Pays, & qui fait
iuger qu’il est non seulement iuste, mais necessaire de
luy oster les moyens de continuer nos maux, de troubler
la tranquillité publique, & faire cesser les plaintes
contre son regiment, dont la Prouince importune
depuis long-temps Vos Majestez, parce qu’il est
depuis long-temps l’instrument de ses miseres. La iustice de ces tres-humbles Remonstrances est
d’autant plus considerable qu’elle est fondée sur cette
maxime d’Estat, qu’il ne faut pas donner sans necessité
aux Gouuerneurs des Prouinces des Regimens entretenus
dans leurs Gouuernemens, de peur qu’ils ne
s’y rendent trop puissans, & pour ne leur mettre en
main des forces dont ils pourroient abuser contre le
seruice du Souuerain & la tranquillité des Peuples,
dequoy on a fait que trop souuent des funestes esperiences. Il n’y a point aussi de Gouuerneur en France qui
ayt cét aduantage que M. le Comte d’Allais, lequel
fist establir, augmenter, & subsister son Regiment
par des voyes contraires aux libertez du Païs: Car
l’ayant mis sans necessité jusques à trente Compagnies,
il faisoit deliberer leur entretien comme il
pretend faire à l’aduenir de celuy de Vallois, qu’il a
subrogé à sa place, dans les Assemblées des Communautez,
composées de tous ceux que par Lettres Patentes
ou de Cachet & le plus souuent par brigues
ou par menasses, il auoit fait créer Consuls des principaux
lieux de la Prouence, particulierement de la
Ville d’Aix, qui sont Procureurs du Païs, si bien
que par tant de raisons appuyées sur les Declarations,
sur le bien public & sur les mauuais vsages que M. le
Comte d’Allais a fait autres fois du Regiment de Prouence,
licentié par l’Edit du mois de Mars, & presentement
de celuy de Vallois, qu’il a leué depuis la paix
sans ordre de Vos Majestez, à quarante-cinq Compagnies
qu’on paye à huict monstres par an, sur le pied de soixante & quinze soldats & vne Enseigne en
chaque Compagnies, quoy que les Enseignes ayent
esté cassées en tous les nouueaux Regimens.   Toutes ses considerations font esperer à vostre
Parlement & à vostre païs de Prouence, que Vos
Majestez faisant executer leur Declaration du mois
de Mars dernier, comme elles ont eu la bonté de leur
promettre souuent par Lettres & par la bouche de
Mr Destampes dans la plus grande chaleur des mouuemens
qu’elles licentieront, le Regiment de Vallois
ou le feront sortir de la Prouence. Qu’elles enuoyeront, s’il leur plaist, quinze Compagnies
pour garder la Coste, dont la paye & le
nombre des soldats seront reglez conformement aux
derniers Reglemens, & de mesmes pour les Enseignes. Que les reueuës en seront faites par vn Commissaire
du Païs, & qu’elles ne seront entretenuës à ses
despens que durant la guerre dans les lieux de leurs
garnisons, où elles demeureront fixes & non ailleurs. Que les Consuls des villes & villages ne pourront
estre faits que par la liberté des suffrages & par
les voyes ordinaires, nonobstant toutes Lettres Patentes
ou de Cachet, qu’on pourroit obtenir par surprise
sur ce sujet. Que les Procureurs du Païs ioüyront du Priuilege
de l’Attache comme ils en ont ioüy durant plusieurs
siecles, & mesmes durant les huict premieres annees
du Gouuernement de M. le Comte d’Allais, lequel Priuilege est d’autant plus raisonnable que les Procureurs
du Pays, connoissants mieux la portée des lieux,
ils peuuent mieux aussi conseiller les Gouuerneurs
sur le sujet des logements des gens de guerre, & ordonner
les aydes necessaires pour les contributions,
le tout conformément à la Declaration du mois de
Mars & confirmant les Priuileges des Procureurs du
Pays, Vos Majestez autoriseront, s’il leur plaist, ce
qui a esté fait par leurs deliberations iusques à la Declaration
de la Paix du mois d’Aoust.   Vos Majestez sont aussi tres-humblement suppliées,
d’ordonner que les Places qu’on a fortifiées
& où l’on a mis des garnisons durant ou apres les
mouuemens, seront remises en leur premier estat, notamment
les Villes de Tarascon, Sisteron, Brignole
& Berre, dans laquelle M. le Comte d’Allais fait
payer par les lieux circonuoisins la subsistance de
deux cens cinquante hommes, quoy que deuant les
derniers troubles, il n’y eust pas vn soldat entretenu;
Et cette garnison est si fort inutile, qu’apres les guerres
Ciuiles toutes les fortifications de cette Place furent
demolies, lors qu’Alexandre Vitelli qui s’en
estoit saisi pour le Duc de Sauoye, l’eust remise és
mains de celuy que le Roy Henry le Grand y enuoya. Vos Majestez sont encores tres-humblement suppliées
de faire establir dans la Prouince des Estappes
conformement à vos derniers Reglemens, dans les
lieux que les Procureurs du pays ou l’assemblée des
Estats iugeront les plus commodes, ce qui espargnera
beaucoup de desordres & de despences, que les gens de guerres font quand ils vont errans par la
Prouince, laquelle auroit plus de moyens de secourir
Vos Majestez en la necessité des affaires presentes
& de mieux tesmoigner son zele au bien de
vostre seruice, s’il leur plaisoit de la soulager aussi
d’vne partie de la somme de cent quarante mil liures
qu’elle paye annuellement pour la subsistance
de plusieurs garnisons qui sont entierement inutilles
le long de la Coste, puisque celle de Monaco la
met à couuert des entreprises des ennemis, ausquelles
d’ailleurs des petites tours ne sçauroiẽt s’opposer.   De mesme que la Citadelle de Sisteron qui ne peut
seruir que de retraicte à des criminels & à ceux qui
voudroient troubler la tranquilité publicque, sans
que le Gouuerneur en deust legitimement pretendre
autre recompence que les cent mil liures qu’il
a pillées durant les derniers mouuemens. Ce sont les graces que vostre Parlement & vostre
Pays de Prouence ozent esperer de la bonté de Vos
Majestez, qui leur en feront, s’il leur plaist, expedier
les Declarations necessaires, ce qui les obligera tousjours
plus à redoubler les vœux que font journellement
pour la durée de vos jours & la prosperité
de vos glorieux desseins; Vos tres-humbles, tres-obeyssans & tres-fidelles
Subjets & seruiteurs les Gens
Tenans Vostre Cour de Parlement
& les Procureurs de vostre Pays de
Prouence.

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