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Occurrence 401. Saint-Julien,? [?]. LE COVRRIER BVRLESQVE DE LA GVERRE DE PARIS,... (1650) chez [s. n.] à [s. l.] , 32 pages. Langue : français. Jouxte la copie imprimée à Anuers, "Et se vend à Paris, au Palais". Partie 1. Voir aussi A_9_9 (partie 1). Dans Choix II de Moreau. Référence RIM : M0_814 ; cote locale : D_1_14. le 2013-07-22 15:47:33.    
Le quatorziesme, & le Dimanche
Par vn Prelat à barbe blanche
Fut sacré Monsieur de Bayeux.
Tandis qu’vn Edict rigoureux
Qui fut fait en l’Hostel de Ville,
Ordonna (chose tres-vtile)
Aux Chefs & Maistres des maisons,
Nonobstant toutes leurs raisons,
De porter eux mesmes en garde
Picque, mousquet, ou hallebarde,
Et d’estre chez leurs Officiers
Aux mandemens particuliers :
De venir quand on les appelle
En faction ou sentinelle,
Selon l’ordre du Caporal,
Qui bien souuent est vn brutal,
Tousiours ignorant, parfois yure ;
Mais bien qu’il ne sçache pas viure,
Fit il en commandant vn rot,
Il faut suiure sans dire mot,
Et là prendre mainte roupie,
Si le Caporal vous oublie,
S’il cause, s’il dort ou s’il boit,
Sans oser sortir de l’endroit,
Où pour sentinelle il vous pose,
Tant qu’il boit, qu’il dort, ou qu’il cause.   14. fev.  
Or le Lundy quinziesme iour,
Le vaillant la Mothe-Houdancour
Au Parlement prit sa seance,
Et depuis en toute occurence
Fut Conseiller ad honores,   15. fev.  
On eut aduis le iour d’aprea
Que de Soissons l’Escheuinage
Party pour vn pelerinage
Qu’il alloit faire à S. Germain,
Le Lieutenant homme de main
S’estant mis tres fort en colere,
Auoit fait faire vn autre Maire,
Et creé nouueaux Escheuins,
Que ces premiers furent Ianins
Lors que la gueule enfarinee
Par vne belle apresdinee
Estans à Soissons retournez,
On leur ferma la porte au nez :
Quelqu’vn d’entr’eux prit la parole,
Mais zeste comme il a pris Dole,
Les portiers sont sourds à sa voix,
Et par tout visage de bois.   16. Fev.  
Ce fut cette mesme iournee
Qu’à sept heures la matinee,
Messieurs n’estans point assemblez,
Il vint de Chartres force bleds,
Que fit apporter la Boulaye,
Que quelques vendeuses de raye,
Qui l’allerent remercier,
Nommoient leur pere nourricies :
De fait, ce Controlleur des Halles,
Esquiuant les troupes Royalles,
Alloit à la prouision
Plus souuent qu’a l’occasion.    
Les Gens du Roy le dix septiesme,
Sous vn passeport du seiziesme
S’estoient desia mis en chemin,
Et s’en alloient à Saint Germain
Dire à la Reine en bonne amie
Que par mespris ce ne fut mie
Que son Heraut ne fut admis,
Et qu’il falloit bien qu’elle eust pris
Messieurs pour des niais de Sologne ;
Quand deuers le bois de Boulogne
Nos gens virent venir d’amont
Le courtois Mareschal Grammont,
Qui leur venoit offrir main forte,
Et qui leur fit tousiours escorte.   17. Fev.  
Ieudy le Gouuerneur de Bry,
Qui depuis le fut de Sainct Pry,
Connu sou le nom de Bourgogne
Sur le Regiment de Bourgogne
Sortit auec quelques cheuaux,
Et fut vainqueur en peu de mots :
Car si de toutes vos deffaittes
Vous me demandiez des Gazettes,
Il faudroit estre Renaudot,
Qui les donne à son fils en dot,
Auoir les mesmes auantages,
Ses lieux communs & tous ses gages.   18. Fev.  
Ce iour mesme il nous fut mandé
Que le beau-frere de Condé,
Longneuille l’inébranlable
Refusoit d’estre Connestable.
Que cela fust en son pouuoir,
Ie ne sçay. Mais il d’eust sçauoir
Que tel qui refuse apres muse
Si e prouerbe ne s’abuse.    
Ce iour au Parlement on lut
La lettre qui surprise fut,
Et que par quelque manigance
Escriuoit à son Eminence
Le grand-homme Monsieur Cohon,
Dont si vous abregez le nom,
Il reste vn mot plein d’infamie,
Qui fait tort à sa saincte vie.
Il fut dit qu’on l’obserueroit,
Et Gardes on luy donneroit,
Comme à Monsieur l’Euesque d’Aire,
Qu’on croyoit estre du mystere :
Qu’en outre on prendroit au collet
Vn Conseiller du Chastelet
Laune, qui gaiguant la guerite
N’attendit pas cette visite.    
Ce iour l’Archeuesque regla,
Et par son reglement sangla
Messieurs de ieusne & de Caresme,
Qui s’en venoient à face blesme
Victorieux du carnaual
Seconder le party Royal

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Occurrence 402. Aldimary [signé]. LA CASTILLE AVX PIEDS DE LA REYNE, DEMANDANT... (1649) chez Martin (Sébastien) à Paris , 15 pages. Langue : français, latin. Avec permission. Signé Aldimary en page 4. Voir aussi B_16_26. Référence RIM : M0_645 ; cote locale : C_2_25. le 2012-11-09 09:59:16.

LA
CASTILLE
AVX PIEDS
DE LA
REYNE,
DEMANDANT
LA PAIX.

AVEC LA PREDICTION DV RETOVR
du Roy dans sa bonne Ville de Paris.

A PARIS,
Chez SEBASTIEN MARTIN, ruë S. Iean de Latran,
prés le College Royal.

M. DC. XLIX. Auec Permission. A LA REYNE
REGENTE. MADAME, Auant qu’oser offrir des vers à Vostre
Majesté, ie voudrois employer vn
siecle à les polir, si la longueur du temps estoit capable
de les rendre meilleurs ; mais l’experience fait
voir, que ceux qui coustent le plus valent le moins,
& ressemblent à des morts nez dont on arrache les
membres l’vn apres l’autre, tant ils ont de la peine
à naistre : Les Poëtes sont comme les meres, qui
acheueroient plustost d’estropier des enfans boiteux
ou bossus, qu’elles ne les redresseroient, si elles
auoient entrepris de leurs remettre les pieds ou les
espaules. Vn vers cent fois tourné en diuerses façons,
n’est iamais bien s’il n’est remis en la premiere
posture qu’il a esté conceu ; comme si la nature
rebutoit le secours de l’art, & pretendoit l’honneur de le produire seule. Ces considerations m’auroient
empesché de cacher longs-temps ceux que ie produits ;
& i’aurois pris la hardiesse de les presenter à
Vostre Majesté, soudain qu’ils furent faits, si l’on
ne m’eust fait à croire que les Muses ne sçauroient
receuoir vn fauorable accueil dedans vne ville de
guerre, en vne saison où la Cour ne s’entretenoit
que de sieges & de batailles, & il failloit tant d’or
& de lauriers pour couronner ceux qui faisoient la
guerre, qu’il n’y en auoit point pour ceux qui s’amusoient
à faire des vers. Maintenant que l’Europe
attend vn calme general, apres tant de troubles,
& qu’on est par tout sur le poinct de retirer l’Artillerie
de la campagne pour faire des feux de ioye dans
les villes. I’ay creu, MADAME, que les Muses pouuoient
paroistre en public, & qu’il estoit aussi bien
permis au moindre Poëte de vostre Royaume, comme
au plus grand Guerrier de parler à Vostre Majesté,
& de se dire,   MADAME,

De Vostre Majesté, Tres-humble, tres-obeïssant & tres-fidele
sujet & seruiteur,
ALDIMARY. LA
CASTILLE
AVX PIEDS
DE LA
REYNE,
DEMANDANT
LA PAIX.  
A L’ombre d’vn Peuplier, sur le bord d’vn ruisseau,
Où ie dormois au bruit du Zephire & de l’eau,
Il me sembla de voir la Castille sans armes,
Respandant à vos pieds vn de luge de larmes ;
S’arracher les cheueux, embrasser vos genoux,
Et d’vn flanc tout percé de plus de mille coups,
Pousser de grands souspirs, & d’vn ton lent & graue,
S’escrier qu’estant Reyne, on la traitte en Esclaue :
Que ieus horreur de voir sa crainte & ses sanglots,
L’interrompre cent fois en vous disant ces mots.    
Madame, permettez que le sang de Castille,
Ce sang dont l’Vniuers, sçait que vous estes Fille,
Respandu par les mains de tant de vos Sujets,
Se plaigne auec respect contre vostre colere ;
Qui pourroit rencontrer de plus dignes objets,
Sans enfoncer le fer au sein de vostre Mere.    
Ie sçay bien, dites vous, ma Naissance & mon Rang,
Il me souuient assez en ma iuste colere,
Et de qui ie suis Fille, & de qui ie suis Mere,
Et i’en veux à mon Sang, pour l’amour de mon Sang :
La nature en ce poinct à soy-mesme est contraire,
I’aymerois mieux combattre vn Barbare qu’vn Frere ;
Mon desir est de voir ses peuples triomphants
Des Mores, ou des Turcs, non pas de mes Enfans ;
I’ay tousiours recognu pour Mere la Castille,
L’Austriche pour Ayeule, & la France pour Fille :
Les loix de la nature & celles de l’amour
Postposent à mon Fils ceux qui m’ont mis au iour ;
Apres tant de combats ie vous cheris encore,
Mais ie vous aime moins qu’vn peuple qui l’adore :
Auec l’aide des Dieux qui l’ont mis en mes mains,
Ie le feray, comme eux, craindre à tous les humains.
Le Ciel guide mon cœur, le seul but où j’aspire,
Est de voir l’vniuers soubmis à son Empire :
Et quiconque s’oppose à ce iuste dessein,
Tous mes Sujets ont droit de luy percer le sein.
Si ce n’est qu’vne Paix si long-temps desirée,
Fust prompte, aduantageuse, & de longue durée ;
Et que deux Peuples fiers mettant les armes bas,
Peussent, enfin, borner leur haine & leurs combats.    
Sur ces dignes reparts d’vne si grande Reyne,
Passerent à cent pas des Chasseurs hors d’haleine,
Vn Cerf depuis trois iours, incessamment pressé,
Sur le poinct de se voir entierement lassé ;
S’eslançant dedans l’eau, m’en couurit le visage,
Malgré moy, de mes sens, me redonna l’vsage ;
Me priua par malheur d’vn si noble entretien,
Interrompit mon songe, & ie ne vis plus rien.   POVR LA REYNE.  
ANNE, sur qui le Ciel arreste tous ses yeux,
Et dont toute la terre admire la sagesse,
On est rauy de voir en mille sacrez lieux,
Des marques de vos soins & de vostre largesse.    
Assez de pourpre & d’or brillent sur les Autels,
Nos Eglises n’ont plus des Images de bouë,
Le marbre luit par tout, & tout le monde aduouë
Qu’il ne vous reste plus qu’à penser aux mortels.    
Les Saincts en ont assez dans le siecle où nous sommes,
Le Ciel souffrira bien que vostre Majesté
Iette l’œil sur la terre, & que vostre bonté
Se monstre aux immortels sans oublier les hommes.    
Dieu se contente des loüanges,
Qu’il reçoit des Roys & des Anges ;
Et semble vouloir que leurs mains,
Eternellement liberales,
Soient des ressources generales,
Aux infortunes des humains.   A LA REYNE.

Sonnet.  
Anne dont les bontez seruent d’exẽple aux Dieux,
Et dont tous les humains redoutent la puissance,
Auez-vous donc iuré de ruiner des lieux
Dignes de vostre Amour & de vostre Naissance.    
De cent Trosnes diuers dont la faueur des Cieux
A vostre Auguste Fils offre la iouïssance,
Faut-il que celuy seul où regnoient vos Ayeuls,
Tombe, pour se soûmettre à son obeïssance.    
Si l’exemple fameux des plus grands Conquerants
Veut qu’il verse de sang cent furieux torrents
N’en peut-il point ailleurs inonder la campagne ?    
Dedans le sang des Turcs noyer leur Potentat,
Et laisser viure en Sœurs, la France auec l’Espagne,
Comme si sous deux Roys ce n’estoit qu’vn Estat ?   SVR L’ACCIDENT ARRIVÉ
à la Reyne, le iour qu’on mit des cheuaux
de Dannemarc au Carosse de sa
Majesté.  
Qvand des cheuaux nourris dans les forests du Nort,
Estonnez de se voir dans vne autre contrée,
Pour monstrer qu’ils estoient des enfans de Borée,
Firent soudainement vn dangereux effort.    
Et la Cour & le Ciel dans vne estrange peine
Virent pallir le front du Soleil & du Roy ;
Tout le monde saisi de colere & d’effroy,
Ne cessoit de crier qu’on secourust la Reyne.    
On vit marcher d’abord les Dieux en bataillon,
Pompeusement suiuis de toute leur noblesse,
Qui pensoit secourir cette Auguste Princesse,
Mais il ne fut besoin que d’vn seul Papillon.    
Depuis l’espouuentable cheute
Du Fils & du Char du Soleil,
Iamais vn accident pareil
Ne mit tout le Ciel en émeute.    
Mais Papillon plus prompt que ne furent les Dieux,
Se vante d’vn honneur dont ils sont enuieux ;
Il eut assez luy seul d’adresse & de courage,
Pour vaincre des cheuaux l’insolence & la rage    
Tirant la Reyne du danger,
Où cét attelage Estranger    
L’alloit precipiter d’vn mouuement rapide ;
Il fait gloire d’auoir preuenu Iupiter,    
Qui couroit pour prendre la bride,
Et pour s’efforcer d’arrester    
Que tout le Ciel s’appaisse, & que sa crainte cesse ;
Vne si genereuse & si grande Princesse
N’a rien à redouter de pareils accidents,
C’est en vain que contre elle on prend le frein aux dents.   Prediction du retour du Roy dans
sa bonne Ville de Paris. Exprimé dans vne Ode Latine & Françoise.

AD VRBEM PARISIENSEM.

ODE.

 
Onavis, altâ quæ pelagus trabe
Durare polles imperiosius,
I, Navis, interfusa rupes
Æquora diuidere albicantes.  

 
Exasperati quâ Notus Adriæ
Fluctus furentes sustulit arbiter,
Vndâque fervescens ab imo
Pontus inhorruit æstuanti :  

 
Hac nocte, quotquot pingitur ignibus,
Tot fulsit axis ; neve per anxios
Actæ timores dux carinæ,
Æthere deficeret fauenti,  

 
Quæ stella quondam fulserat insolens
Ad Regis ortum siderei Magos
Ductura, tunc anno serenos
Explicuit redeunte vultus.  

 
I firma Regem quærere, sideris
Quem signat omen, respice nescios
Pallere Typhes, aut habenas
Mittere de metuente dextrâ.  

 
O Pinus, ô tu regia, Principum
Subvecta remis, Palladis ô manu
Compacta, præbe te Senatus
Palladiâ moderetur arte.   La mesme tournée en François. A la bonne Ville de Paris.

STANCES.  
Vaisseau, dont le corps & les cables
Peuuent des Ondes implacables
Rompre les violents efforts,
Fend les Mers sans craindre naufrage,
Quoy que les Rochers de ses bords
Blanchissent d’escume & de rage.    
La nuict que l’horrible furie
Du vent qui regne sur l’Adrie
Eleua l’orgueil de ses flots ;
Et que sa face estincellante
Parut aux yeux des matelots
Toute enflée & toute boüillante :    
Le Ciel malgré cette tempeste
Des ses feux couronna sa teste :
Et de peur qu’esmeuë des eaux
On ne te vist perdre courage,
Il en alluma de nouueaux
Pour te guider pendant l’orage.    
La planette qui fait l’année
Alloit nous rendre la iournée,
Que nous consacrons aux trois Roys,
Et ce bel astre d’oroit l’Onde,
Qui les a conduit autrefois
Au berceau du grand Roy du monde.    
Reçoy cét Augure auec ioye,
Suis l’Estoille que Dieu t’enuoye,
Cours hardiment chercher ton Roy.
Typhis jadis pâlit de crainte,
Voy cent Nochers qui sont pour toy
A l’espreuue de cette attainte.    
Superbe Amiral de nos flottes
Vaisseau, dont nos Roys sont Pilotes,
Les Princes ramant de leurs bras,
Laisse au Parlement ta conduite
Ploye, ô chef-d’œuure de Pallas,
Sous vne main par elle instruite.   FIN.

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Occurrence 403. Anonyme. LA FRANCE PROSTERNÉE AVX PIEDS DE MESSIEVRS... (1649) chez Langlois (Denis) à Paris , 8 pages. Langue : français, latin. Voir aussi B_14_24. Référence RIM : M0_1438 ; cote locale : A_3_58. Texte édité par Patrick Rebollar le 2012-11-25 12:53:18.

LA
FRANCE
PROSTERNÉE
AVX PIEDS
DE MESSIEVRS
DV PARLEMENT,
POVR LEVR DEMANDER
IVSTICE.

A PARIS,
Chez DENYS LANGLOIS, au mont S. Hilaire,
à l’Enseigne du Pelican.

M. DC. XLIX. LA FRANCE
PROSTERNÉE AVX PIEDS
DE MESSIEVRS
DV PARLEMENT
POVR LEVR DEMANDER IVSTICE. MESSIEVRS, LA FRANCE affligée se vient
ietter à vos pieds pour vous demander
la Iustice qu’elle a mise entre
vos mains, & que vous ne refusez pas aux moindres
Suppliants de ce Royaume. Elle croit qu’il
n’est pas necessaire de vous ramenteuoir ce que dit
autrefois vne pauure veufue à Philippe de Macedoine,
lors que luy ayant demandé Iustice, & en
ayant esté refusée, elle luy dit hardiment; Ne veuillez
donc plus estre Roy. Elle croit aussi estre inutile
de representer à chacun de vous que vostre conseruation
dépend absolument de la sienne, & que
sa ruine traisne aprés soy par vne necessité inéuitable, & vne suite necessaire celle de tous les particuliers.
Mais à mesme temps qu’elle veut ouurir la
bouche, les soûpirs & les sanglots la luy ferment
de telle sorte, qu’elle est contrainte de se taire.
Permettez donc, MESSIEVRS, que ie vous dise
en trois mots ce qu’elle vous demande en cette
posture suppliante, & ce que ses larmes vous disent.
I’ay reduit le tout en vne ligne, afin qu’vn
chacun de vous le puisse plus aisément repasser dans
son esprit.   Corrige præteritum, rege præsens, cerne futurum.

1. Corrigez le passé. 2. Reglez le present.
3. Donnez ordre à l’auenir. 1. Iusques à quand souffrirez vous que par des
violences & extorsions horribles on épuise le plus
pur sang des veines de cette pauure affligée? Iusqu’à
quand permettrez-vous qu’on luy trenche les
nerfs, & qu’on luy coupe les mains & les pieds pour
luy faire donner du nez en terre? Vous le sçauez,
Messieurs, que les Finances sont les nerfs d’vn Estat,
& que les pauures gens de la Campagne, les Laboureurs
& Artisans sont ses mains, puis qu’ils trauaillent
pour sa nourriture; & ses pieds, puisqu’encore
qu’ils soient-la moins considerable partie de l’Estat,
ils ne laissent pas de le faire subsister par leur trauail.
On a traité ces miserables auec plus de tyrannie qu’on n’en exerce sur les bestes & les choses insensibles.
Car qui est l’homme si cruel qui voulust accabler
soubs la pesanteur des fardeaux, ou la rigueur
des coups le cheual qui le porte, ou qui le sert? qui
est-ce qui pour tirer plus facilement le miel d’vne
ruche voudroit tuer les mouches qui le font? ou enfin
qui est-ce qui pour cueillir plus aisément les
fruicts d’vn arbre voudroit le mettre par terre? Ces
impitoyables harpies font encore pis que tout cela,
car ils ne se contentent pas de les reduire à l’impuissance
de se releuer de leur cheute, mais sans leur donner
la mort ils exercent sur eux toutes les sortes de
barbarie & de cruauté que la rage peut inspirer aux
loups carnaciers dont ils se seruent dans leurs violences.   Ne vous estonnez donc pas, MESSIEVRS.
si aprés auoir foulé aux pieds auec si peu de resistance
les foibles extremitez de ce Corps, on s’est attaqué
en suite aux parties nobles qui l’animent, puisque
suiuant le dire du Prophete; Superbia eorum qui
te oderunt ascendit semper, La Superbe & l’insolence
de ceux qui couurent leur violence du manteau de
l’Authorité Royale va tousiours croissant. 2. C’est pourquoy, MESSIEVRS, empéchez
de tout vostre pouuoir la continuation de ces desordres:
Seruez-vous de l’occasion presente pour vous tirer auec tout l’état de l’oppression; mais plûrost
cooperez par vos bonnes resolutions à la Iustice
Diuine, qui a permis que vos Ennemis ayent esté
si aueuglez que de choquer la plus Auguste & la
plus puissante Compagnie de l’Europe, pour estre
punis en mesme temps de toutes leurs violences.
Cependant permettez-moy de vous faire souuenir
de l’apologue de Berger, qui ayant par deux fois
crie vainement au loup ne fut pas secouru la troisiéme,
lors qu’il en auoit le plus de besoin. Vous
estes les fideles Bergers commis pour la garde de
cét Estat. Vous auez crié deux fois au Loup; La
premiere en ce iour si remarquable auquel plus de
cent mille hommes prirent les armes pour vostre
defence. Ce iour seruira de reproche eternel à l’ingratitude
de vos Ennemis, qui veulent perdre aujoud’huy
ceux qui les ont conseruez, & defendus,
mesme au peril de leur vie. Voicy la seconde fois
que la plus grande Ville, & la plus peuplée de l’Europe,
prend les armes contre ceux qui vous veulent
opprimer. Ne laissez pas échapper cette occasion
que Dieu Protecteur de la Iustice vous offre de renuerser
sur vos Ennemis les desseins pernicieux qu’ils
ont conçeu de vous ruiner.   3. La troisiéme demande & la plus importante
que vous fait cette Suppliante éplorée, c’est que vous donniez ordre à l’aduenir. Voudriez-vous
permettre, mais plustost ne vangeriez-vous pas par
toute sorte de supplices la hardiesse de ceux qui
voudroient ietter du poison dans les sources & les
fontaines publiques? & iusqu’à quand permettrez-vous
qu’on infecte le tendre esprit de nostre ieune
Prince de ces maudites & detestables maximes, de
ce poison tiré du fonds des Enfers, où leur méchant
autheur Machiauel a entraisné aprés soy tant de
mauuais Politiques. Ne sçauez-vous pas bien
que,   Quo semel est imbuta recens seruabit odorem
Testa diu? Ne souffrez pas, MESSIEVRS, que nous ayons
vn iour sujet d’éleuer nos cris vers le Ciel pour nous
seruir des paroles qui sont dites dans l’Euangile au
Pere de famille, Domine, nonne bonum semen seminasti
in agro tuo; vnde ergo habet zizania? Nous
auons reconnu tant de bonnes qualitez dans ce
ieune Prince, il nous a donné de si belles esperances;
Qui est-ce qui luy a donné de si mauuais sentimens
de ses plus fideles seruiteurs? Qui est-ce qui
a remply son esprit d’animosité contre nous, au lieu
de la douceur & de la clemence que nous nous en
promettions auec raison, puisque c’est l’enfant de
nos larmes & de nos prieres? On auroit lors iuste suiet de nous faire la mesme
response que celle qui est faite au mesme endroit;
Inimicus homo hoc fecit. Ouy, MESSIEVRS,
c’est cét homme que vous auez declaré ennemy de
l’Estat, & perturbateur du repos public, qui a causé
ces malheurs: c’est luy qui estime ne pouuoir subsister
tandis qu’il restera vne goute de bon sang
dans vos veines. C’est luy qui veut faire croire à
nostre Roy que ce que vous faites pour la defense
de son Estat, choque directement son authorité
Royale. C’est, MESSIEVRS, ce que cette pauure
affligée vous dit mieux & plus eloquemment
par ses larmes, que moy par mes paroles. Ne souffrez
pas, s’il vous plaist, qu’elle soit plus long-temps
prosternée par terre. Releuez-la, & la mettez en
estat de ne craindre plus la violence de ses ennemis.

FIN.

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Occurrence 405. Saint-Julien,? [?]. LE DIXIESME COVRRIER FRANCOIS, TRADVIT... (1649) chez Boudeville (Claude) à Paris , 12 pages. Langue : français. Partie 10 de 12. Voir Pièces de C_2_42_01 à C_2_42_12. Référence RIM : M0_2848 ; cote locale : C_2_42_10. Texte édité par Site Admin le 2013-02-12 14:43:11.

entendre :
Qu’au contraire si Leopol
Par supercherie & par dol
Se preuaut de la concurrence
Des factions qui sont en France,
Il declare dés à present
Qu’il ne le trouue pas plaisant ;
Que luy-mesme sur les frontieres
Ira luy tailler des crouppieres,
Et l’accommodant de rosty
Se monstrer Prince de Conty.
Surquoy la Cour se prit à dire
Qu’il faut enregistrer son dire,
Et que l’ayant fait coppier,
Il est besoin d’en enuoyer
A Messieurs de la Conference,
Afin que par eux grande instance
En soit faite à leurs Majestez
Maistresses de leurs volontez.    
Le mesme iour lettre fut leuë
Du premier President receuë,
Que la surseance poursuit,
Iusqu’au iour du Ieudy qui suit.    
Nous eusmes lettre de Tourrainne
Qu’a Tours le sieur de la Follainne
Et le Cheualier de Cangé,
Y fut d’importance chargé ;
Car soit qu’on connût à leur mine
Qu’ils auoient l’ame Mazarine,
Soit par vne inspiration
De leur mauuaise intention,
On voulut sonder leurs pochettes ;
Eux n’ayants pas leurs bragues nettes,
Gagnerent viste Marmoustier,
Mais les Bourgeois & de crier
Aux Mazarins, arreste arreste,
L’espée au cul, le casque en teste,
Bastons ferrats, & non ferrats,
Et boutte apres ces scelerats,
Cette guerriere populace
Inuestit d’abord cette place,
D’où l’on tira nos fugitifs,
Roüez de coups, pasles, craintifs,
Et l’on trouua pleines leurs malles
De Commissions Cardinalles,
Pour faire trouppes au païs,
Pourquoy nos drosles furent pris,
Et depuis ces premiers vacarmes
Les Bourgeois sont dessous les armes.    
Nous auons sceu qu’à S. Germain
L’on a fait traittement humain,
Aux Deputez de Normandie
Qui pour chasser la maladie
Dont les François sont menacez,
Y viennent comme interessez
Pour deliberer du remede ;
Nous guerirons si Dieu nous aide.    
Mardy la Ville de Poictiers
Escheuins, Maires, Officiers,
Par son Deputé fit entendre
Au Parlement qu’ayant fait prendre
Les armes pour le secourir,
Elle a voulu le requerir,
Que pour enrooller gens de guerre,
Pour la seureté de la terre,
Et saisir les publics deniers
Pour l’entretien de ses guerriers,
Des Commissions on luy donne.    
Ce mesme iour la Cour ordonne
Qu’on continuera tous les iours
A vendre en public les atours,
Et les bijoux de l’Eminence
Poudre, pommade, fard, essence :
Et que les biens du sieur Pety,
Deserteur de nostre party,
Soy disant Receueur des rentes,
Seront dés ce iour mis en ventes.    
Le Mercredy Monsieur Molé
Par lettre à la Cour a parlé
Et fait entendre que la Reine
N’auoit point tesmoigné de haine
Pour Dame generale paix,
Et que pour remplir nos souhaits,
Monsieur le Comte de Brienne
Priera de la part de la Reine,
Le Nonce de sa Sainteté,
Et l’Ambassadeur deputë
Des Venitiens, qu’il escriue
Al’Archiduc, qu’en paix il viue,
Et que s’il luy plaist arrester
Vn lieu conuenable à traitter,
Au mesme instant nostre Ambassade
Partira : fut-elle malade.   Fin du dixiesme Courrier

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Occurrence 407. Ailly-Annery, Charles d'... . HARANGVE FAITE AV ROY, Par Messieurs les... (1652) chez Guillemot (veuve de Jean) à Paris , 8 pages. Langue : français. Signature au colophon. Voir aussi B_19_1. Référence RIM : M0_1593 ; cote locale : B_1_29. le 2012-10-29 06:26:54.

HARANGVE
FAITE AV ROY,
Par Messieurs les Deputez du Corps
de la Noblesse. Monsieur de Nossey portant la parole.

A PARIS,
De l’Imprimerie de la Vefue I. GVILLEMOT,
Imprimeuse ordinaire de son Altesse Royale, & de
la Ville, ruë des Marmouzets, proche
l’Eglise de la Magdelaine.

M. DC. LII. HARANGVE
FAITE AV ROY,
Par Messieurs les Deputez du Corps
de la Noblesse. Monsieur de Nossey portant la parole. SIRE, Novs exposerons à Vostre Majesté en peu de mots le
sujet de nostre deputation, les longs discours ne sont ny de saison ny bien
seans en la bouche d’vn Corps, dont le zele & la fidelité à vostre seruice, doit
se faire paroistre par des effets. C’est le dessein de tous ceux qui le composent, qui attendent auec impatience
esgale à leur deuoir les ordres de Vostre Majesté pour se rendre aupres
d’Elle. Ils auoient tousiours esperé que l’honneur qu’ils ont seuls dans l’Estat
de vous auoir pour Chef les garantiroit d’opression, & l’on peut dire qu’ils
sont accablez. Cette verité paroistra à Vostre Majesté, par le Cahier duquel ils la supplient
tres-humblement que lecture soit persentement faite, & de leur faire
justice. Ensuit le Cahier. SIRE, Il n’y a point de deuoir plus legitime & plus naturel que nostre fidelité
pour Vostre Majesté, non seulement parce que vous estes nostre Roy, mais
aussi parce que nous auons seuls des trois Ordres l’honneur de vous auoir
pour Chef. Cette verité nous persuadoit, qu’ayant iugé necessaire pour le remede
à nos besoins de nous assembler, nos intentions ne pouuoient estre renduës suspectes à Vostre Majesté, bien que nous n en eussions pas eu vne
expresse permission, & neantmoins ce malheur nous est arriué apres en auoir
successiuement obtenu plusieurs de bouche & par escrit.   La premiere de nos Assemblées tenuë à Paris en 1649. en fait foy, le projet
s’en fit dans le Cabinet de la Reyne lors Regente, apres son consentement,
& fut sollicitée par les personnes qui auoient l’honneur de l’approcher de
plus pres, Vostre Majesté l’approuua de l’aduis de la Reyne vostre Mere, ce
que nous sceusmes de la bouche de Messieurs les Mareschaux Destrée,
de Chombert, de l’Hospital & de Villeroy, qui furent enuoyez d’Elle vers
nous, auec pouuoir de nous en asseurer. La susdite Assemblée ne se separa qu’apres auoir obtenu Breuet de Vostre
Majesté signé de sa main & des quatre Secretaires d’Estat, portant seureté de
la promesse qui nous estoit faite, que nulle maison de Gentilhomme n’auroit
le rang de Prince, ny n’en pourroit prendre la qualité; & qu’apres auoir deputé
vers Vostre Majesté, en laquelle deputation Monsieur le Mareschal
Destrée portant la parole exposa nos plaintes, ausquelles & particulierement
aux excez des gens de guerre, la Reyne promit au nom de vostre Majesté vn
remede present, comme aussi à l’vsurpation injuste de la qualité de Gentil-homme,
& promit de rassembler en cas d’inexecution desdites promesses
données par escrit & de bouche. En vertu de quoy les mesmes oppressions ayant multiplié les souffrances
ausquelles le soulagement nous auoit esté promis, nous fusmes contraints de
nous assembler à Paris en 1651. où pour remedier à tant de desordres pressans,
il fut resolu de demander l’Vnion à Messieurs du Clergé, nous l’obtinmes
facilement de leur pieté pour la solicitation d’vn si juste dessein de concert
entre nos deux Ordres. Il fut arresté de demander à vostre Majesté par
l’entremise de monsieur le Duc d’Orleans, lors Lieutenant General de
l’Estat, & de Messieurs les Princes du Sang, la tenuë des Estats generaux que
Vostre Majesté eut la bonté de leur accorder par escrit signé de sa main, de
celle de la Reyne Regente, & des quatre Secretaires d’Estat, & de leur donner
aussi pouuoir de s’engager à nous de vostre part à ladite tenuë; ce qu’ils
firent par d’autres escrits signez de leurs mains, & qui portoient pouuoir de
nous donner en Vostre Nom permission expresse de nous rassembler, si l’ouuerture
ne s’en faisoit dans ce temps promis en ces termes. Et ce pour nous
joindre à Monsieur le Duc d’Orleans, & à Messieurs les Princes du Sang,
pour aduiser ensemblement à tout ce qui sera necessaire pour le bien & seruice
de Vostre Majesté, & à la tenuë desdits Estats, sans que nous en puissions
estre blasmez ny estre imputez à aucune faute ou manquement de ce que
nous deuons à Vostre Majesté, quelques ordres ou commandement mesme
que nous puissions lors en receuoir au contraire. Les temps de tenir les Estats ayans passe sans que l’ouuerture en aye esté
faite, le pillage, violences, & actions execrables des gens de guerre estant
arriué au point qu’vn chacun les sçait & les sent, nous aurions deu estre coupable des maux aduenir, si en ayant obtenu la promesse par la voye de nos
Assemblées. Nous le continuons pour en demander à vostre Majesté l’execution
auec tout le respect & la submission que nous luy deuons dans le besoin
que nous auons de restablir Vostre Authorité, & de la maintenir contre
les entreprises de vos Ennemis, ne connoissant que ce seul moyen efficace
pour y paruenir, tirer vos peuples de l’opression, & particulierement nous
qui ne pouuons estre affoiblis, ayans l’honneur d’estre vos membres, que
vous ne vous en ressentiez.   Le fondement de nos Assemblées ainsi establysans nous seruir de celuy que
nous fournissent les Ordonnances sur les reglemens des gens de guerre qui y
sont expresses. N’auons nous pas vn extréme sujet de douleur de voir que
les Lettres escrites par Vostre Majesté à Messieurs du Clergé & à Monsieur de
Liancourt, nous traitent comme si nous n’auions ny permission ny cause de
nous assembler, & de voir que nos Calomniateurs ont fait de tres-fortes impressions
sur Vostre Esprit; nous le connoissons par leurs tenues pleins; de
soupçons sur les particuliers de nostre Assemblée, de doute que les resolutions
ne soient contraires à vostre seruice, comme si la lascheté de l’abandonner
n’estoit pas nostre ruine. Nos franchises & nos immunitez y sont nommez
priuileges; & faisant l’honneur d’escrire à tous les Ordres du Royaume, au
Clergé presentement qui nous est vny, à celuy qui nous est inferieur, lors
que vous desirerez de luy quelque obeissance. Vous vous seruez à nestre seui
esgard de moyens pour nous informer de vostre volonté, & declarez dans les
susdites Lettre,que la bien-seance empesche que nous ne receuons de Vous
ce mesme honneur. Vostre Majesté y nomme nostre conduite vne faction,
vne cabale, vne entreprise directement contraire aux loix de Vostre Royau
me, laquelle blesse Vostre Authorité, renuerse l’ancien ordre de Vostre
Estat, & est preiudiciable à nostre Corps, qui seul ne peut subsister sans vous
estre vny Nos Assemblées, SIRE, ne peuuent estre condamnées; la resolution de
nos dernieres les iustifie suffisamment par l’Arresté de demander la Paix, &
d’employer nos soins & nos vies pour la faire conclurre à la satisfaction de
Vostre Majesté, & au bien du Public. Qui dans l’Estat, SIRE, a plus de droict que nous à faire cette demande,
puisque la guerre ne peut continuer qu’au prix de nostre sang, & que dans la
Paix nous deurions exercer les Charges, & faire les fonctions les plus releuées
Ce seroit Vostre seureté. SIRE, & Vostre grandeur, d’employer des
sujets Nobles incapables d’actions indignes de leur naissance. Vostre Majesté
s’en souuiendra, s’il luy plaist, pour remedier au déplaisir de Vostre Noblesse,
de n’estre pas employez dans Vostre seruice Elle vous demande encor cette
Paix tant desirée, s’offre d’y trauailler, & supplie tres-humblement Vostre
Majesté de luy vouloir donner part à la consommation d’vn bien si necessaire. Tous ces bons mouuemens, SIRE, ne nous ont pû empescher d’estre blasmez de Vostre Majesté, comme nous amusans à dresser des escrits & des
projets d’vnion nullement necessaire, au lieu d’estre en ce temps proche de
nostre Roy pour chasser les estrangers de son Estat, sans qu’aucun vous aye
fait entendre qu’il y eust autre moyen pour produire le seruice que Vostre
Majesté a tesmoigné desirer de nous dans les Assemblées generales; l’esprit
du Corps tout Noble, & partant tout Royal, y preside & se communique
à tous les particuliers, desquels en detail il y en peut auoir qui n’ont pas le
mesme sentiment. Ainsi jamais Vostre Majesté ne peut tirer de secours si
puissant, laissant agir chacun seul à seul, que lors qu’ils seront assemblez, la
preuue en est éuidente par la suite de nostre conduite; laquelle ayaut inspiré
nos resolutions dans toutes vos Prouinces, par la communication de nos Arrestez
& par nostre lettre Circulaire, Ils se sont trouuées en estat pour la
pluspart de monter à cheual, ou en volonté de trauailler pour s’y mettre
auec toute la promptitude possible. Ils nous en ont donné des asseurances en
la derniere tenuë à la Rocheguyon: mesme nous en auons esté sollicité par les
Deputez presens de diuers Bailliages selon leur sentiment, & pour obeïr aux
termes de vostre Lettre escrite à Monsieur de Liancourt; Nous resolûmes de
monter incessanmment à cheual pour courir sus à vos Ennemis, esloigner de
vostre Estat selon vos Ordres ce qui en trouble le repos, mourir plustost que
de souffrir qu’il demeure interrompu, & effacer de vostre Esprit par nos seruices,
les impressions que nos Calomniateurs y ont portées,   Si l’effet de ce mouuement genereux de nostre Corps a esté differé iusques
icy, ceux qui n’auoient pas nostre mesme dessein, & qu s’y sont opposez en
sont sans doute les coupables, & sont les veritables factieux & cabalistes;
qui ayant trauaillé parmy nous à ruiner la fin de nos bonnes intentions, auec
autant de malice, que vos vrays seruiteurs auoient de chaleur pour en solliciter
l’accomplissement, Ont semé de mesme temps par leurs Emissaires aupres
de Vostre Majesté tout ce qui l’a pû preuenir de soupçon contre nostre
fidelité, parce que ne voulant concourir auec nous au maintien de Vostre
Authorité, ils nous en vouloient empescher la gloire. La deference, SIRE, que nous auons eüe au sentiment de Monsieur de
Liancourt d en surseoir l’execution, qu’il n’a pas creu estre suiuant l’intention
presente de Vostre Majesté n’a rien diminué de l’impatience que nous auons
de marcher au premier Ordre que nous en receurons d’Elle; & par cette
marque de nostre obeïssance, nous esperons en obtenir le commandement. Alors l’on connoistra l’vtilité des Assemblées de Vostre Noblesse, & l’on
jugera qu’au lieu d’estre seules condamnées dans Vostre Royaume, elles deuroient
estre seules establies, parce que ce Corps estant vostre bras droit, il
ne peut manquer à la Royauté, & ne doit iamais aussi estre diuisé pour la
soustenir plus fortement, & que ceux qui les ont sollicitées, ont l’auantage
de nous auoir ouuert vn chemin que nous deuons tousiours suiure, puis que
rien ne peut plus solidement affermir Vostre Couronne. Ce qui nous donne la liberté de supplier tres-humblement Vostre Majesté de nous en continuer
la permission, & trouuer bon qu’elles s’establissent par des deputez de chaque
Bailliage.   L’vnion inseparable de nos interests auec les vostres, SIRE, nous donne
lieu de faire sçauoir à Vostre Majesté quelques-vns des points les plus pressans,
& qui vont à l’entiere ruine de nostre Ordre que vous estes obligez de
soustenir pour en estre soustenu seurement; Pour vous faire connoistre que
ce n’est pas sans sujet, que nous cherchons quelque soulagement à nos maux.
Et d’autant que les autres Ordres y sont interessez, nous desirons ardemment
que la distribution des graces que nous vous demandons & vostre protection,
ne soit pas bornée à nostre seule vtilité, & qu’elle coule abondamment
sur tous vos sujet. La reformation des excez que commettent les gens
de guerre des concussions de quelques Gouuerneurs des Ordres en blanc, est
vne des plus grande. A ces plaintes, SIRE, Nous demandons à Vostre Majesté vn remede
pressant, par la deffence expresse à tous gens de guerre & Gouuerneurs, de
commettre à l’auenir rien de semblable, & le permettre par escrit en forme
donné à toute la Noblesse de Vostre Royaume, de s’assembler en cas d’inexecution
de ce present Commandement, & se seruir des Communes pour y
faire obeïr. Nous faisons particuliere instance à Vostre Majesté de faire justice à toute
Vostre Noblesse, de l’outrage qu’elle a receuë à Chartres, dont l’impunité
depuis neuf mois passe aux Ennemis pour vn mespris de vostre part, & pour
vne insensibilité de la nostre, qui augmente de iour en iour leur insolence,
dont la consequence n’est pas moindre pour vostre authorité, que pour nostre
seureté. Les Commissions données pour les Tailles, dans lesquelles les Gentils-hommes
sont compris, & celle par lesquelles nostre seureté a esté abandonnée
aux Preuosts des Mareschaux sont encores tres-essentielles. Il ne nous est
pas moins necessaire de supplier tres-humblement Vostre Majesté, de reuoquer
toutes lettres de Noblesse accordées sans connoissance de cause, & par
argent, Et declarer nulle toutes possessions vsurpées ou achetées par plusieurs
particuliers, en vertu dequelles ils joüissent de nos franchises & immunitez,
au deshonneur de nostre Corps, & à la foule de Vostre Peuple. Ces dernieres
lezions moins violentes & toutesfois tres-importantes, peuuent attendre
leur remede dans les Estats Generaux qu’il vous a pleu nous indiquer à
Tours le premier Nouembre prochain: dont nous rendons nos tres-humbles
remerciemens à Vostre Majesté, & la supplions, que puis qu’elle a eu
la bonté de nous les accorder comme necessaires à la reformation des abus,
le pouuoir de nous assembler soit confirmé en forme, si l’ouuerture desdits
Estats n’est pas faite au jour indiqué, & de nommer dés à present six de chaque
Bailliage pour les solliciter par tous les moyens qu’ils jugeront à propos,
Afin que par la negligence de les requerir, plusieurs mal-intentionnes, ou qui en craignent les decisions n’essayent lors à persuader à Vostre Majesté
qu’ils ne sont pas desirez, & qu’à l’exemple present l’on ne noircisse dans
vostre estime ceux, qui sans autre interest que vostre seruice & du bien general
de la Monarchie le voudroient entreprendre.   Apres quoy, ayant tres-humblement supplié vostre Majesté de receuoir
fauorablement ce Discours, que nostre zele à vostre seruice a produit pour
nous justifier aupres d’Elle, luy rendre quelques-vnes de nos plaintes, luy
faire nos demandes, & pour luy prouuer tout ensemble nostre obeissance &
nostre soûmission, Nous la supplions encore tres-humblement de nous informer
de ses volontez par sa bouche, auant que de nous retirer de sa Cour;
afin de les communiquer à ceux qui nous ont deputé, & qui la desirent impatiemment. Il nous reste, SIRE, d’adjouster l’offre de nos personnes, de nos vies, &
de celles des Gentils-hommes de nos Bailliages, qui attendent les Ordres
de Vostre Majesté; afin qu’ils se puissent montrer dignes successeurs de ceux,
qui par la force de leurs armes ont mis la Couronne que vous portez, sur
la teste des Roys vos predecesseurs, & qui la conseruant au prix de leur sang
& de leur vie, ont merité le titre glorieux de bras droit de leur auhorité. Signé de l’ordre exprés de l’Assemblée. CHARLES D’AILLY-ANNERY.

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Occurrence 409. Saint-Julien,? [?]. LE QVATRIESME COVRRIER FRANÇOIS, TRADVIT... (1649) chez Boudeville (Claude) à Paris , 16 pages. Langue : français. Partie 4 de 12. Voir Pièces de C_2_42_01 à C_2_42_12. Référence RIM : M0_2848 ; cote locale : C_2_42_04. Texte édité par Patrick Rebollar le 2013-02-12 14:25:25.


De leuer aucuns gens de guerre,
D’en loger, ou d’en receuoir
Sans l’attache & sans le pouuoir
Receu du Duc de Longueuille.
Le troisiesme il est fort vtille,
Et veut qu’aux Bureaux generaux
Soient portez les deniers Royaux
Des Tailles & des droits qu’on leue
Tant qu’vn autre ordre les releue.    
Apres auoir leu ces Arrests,
La Cour voyant les interests
Qu’elle auoit d’instruire la France
Et sçachant le peu de créance
Que donnoient les Courriers communs,
Choisit de son corps quelques-vns
Iusqu’à six, qu’il luy plût commettre
Pour escrire & receuoir lettre
Par le païs de tous costez
Où leurs pacquets seront portez.    
C’est ce iour si ie ne me blouze
Que l’Archeuesque de Thoulouze
Est arriué de S. Germain
Si ce ne fust le lendemain ;
Mais, nenny : ce fut ce iour propre
Qu’elle de son mouuement propre,
Prescha la bonne intention
De la Cour, & l’affection
De Paris pour le Roy de France
En forme d’vne Remonstrance,
Sans qu’on l’écoutast, il aduint
Que le zelé Prelat reuint.    
Ce iour merite quelque notte
Puisque le Mareschal la Mothe
Et le vaillant Duc de Beaufort
Qui fait tout nostre reconfort,
Sortis auec Cauallerie
Pour purger les chemins de Brie
Des picoreurs de S. Denis,
Virent pres les bois de Bondis
Vne forte Trouppe & tres-grande
De Cauallerie Allemande.
Demander si nos Generaux
Furent aussi tost à son dos,
Seroit vn crime que ce doutte
L’Allemand est mis en déroutte
Apres s’estre bien deffendu,
Iusques-là mesmes qu’vn pendu
Qui commandoit à cette Trouppe
(Quand i’y pense ma voix s’étouppe)
Vint tirer à bruste-pourpoint
Sur Beaufort qui ne branssa point
Mais d’vn reuers de cimeterre
Il ietta l’Allemand par terre
(Le Courrier dit de pistollet)
Enfin le coup ne fut pas lait :
Le drosle en est au cimetiere
Et mord à present la poussiete ;
Ses soldats, crainte de mourir
Se resolurent de courir :
Plusieurs sur le champ expirerent
D’autres prisonniers demeurerent.   Fin du quatriesme Courrier.

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Occurrence 411. Anonyme. ACTIONS DE GRACES DE TOVTE LA FRANCE A... (1649 [?]) chez [s. n.] à [s. l.] , 7 pages. Langue : français, latin. Référence RIM : M0_28 ; cote locale : A_2_15. le 2012-12-01 07:39:21. causes, mais Monseigneur, encore estoit-il vn peu necessaire que V. A. fit paroistre aux desinterressez
ses sentimens dans cette rencontre.   Comme la naissance des Princes surpasse le commun
des hommes par la grandeur, de mesme leurs
actions doiuent estre grandes surpasser celles du
commun, estre veus de tout le monde. Vostre
naissance, Monseigneur, est cognue à toute la terre,
& il n’est personne qui ne sçache que vous estes
de cette Illustre race des Bourbons, Illustre par
tant de voix, illustres par tant de Princes, & illustre
par tant de conquerans, dont vostre Altesse herite
si dignement des vertus & de noblesse. Toutes vos
actions Monseigneur ont esté grandes & vous n’auez
fait depuis vostre berceau que des actions de
Prince & d’vn Prince de vostre naissance; elles ont
surpassé celles du commun, puis que il n’y a eu
qu’vn seul Alexandre qui ait peu faire ce que vous
faites, & encore semblez vous le surpasser & vous
le surpassez effectiuement, puis qu’il estoit encore
sujet à quelque vice, & que vous vous ne vous plaisez
que dans la practique des vertus Mais encore,
Monseigneur toutes vos actions ont esté veuës de
tout le monde comme la maistresse de l’air les a
portées par toute la terre, & vous deuez esperer
qu’elle n’en fera pas moins de celles qui effacera
les mauuais sentimens qu’on commançoit de prendre,
du dessein que vous auiez, elle publira par tout
qu’àpres auoir cogneu tout & vaincu les ennemis de la France, vous vous estes par vn genereux mouuement,
cogneu & vaincu vous mesme, & ie diray
auec tous les hommes qu’obseruant ce beau prouerbe.    
Maxima laus est noscere se ipsum
Vincere seipsum maxima virtus.   Vous auez adiousté le comble de gloire à vos actions,
& que vous comprenez seul eminemment
ce que mille autres possedent auec auantage. Ce
sont les veritables sentimens de celuy qui veut passionnement
viure & mourir, MONSEIGNEVR Le tres-humble & tres-obeissant seruiteur

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Occurrence 413. Sipois, Cermier de (P. A. N.)... . LETTRE DV SIEVR CERMIER DE SIPOIS, A... (1649) chez [s. n.] à Paris , 32 pages. Langue : français, latin. Signature au colophon. Voir aussi C_3_49. Référence RIM : M0_2198 ; cote locale : A_5_87. le 2013-02-19 11:18:32. Et qu’au contraire, moderata durant. Est-ce là le moyen
de luy faire prendre des maximes qui luy facent donner
vn iour le tiltre d’Amour du monde, comme à vn Empereur
Othon, ou bien de Pere du peuple, comme à vn Louys XII. O! qu’il est croyable que le grand Artaxerxes
Roy des Perses, auoit esté esleué tout d’vn autre
façon, & que l’on ne luy auoit pas enseigné que ce fut
faire tort à son authorité que d’y mettre aucuns bornes.
Ce grand Prince disoit ordinairement Nolui abuti potentiæ
magnitudine, sed clementia & lenitate subiectos gubernare;
c’est à dire ie n’ay iamais voulu abuser de la grandeur
de ma puissance; ie n’ay pas cru que ce me fust assez
de vouloir vne chose pour la rendre iuste, mais ay
traitté mes suiets auec le plus de douceur qu’il m’a esté
possible. C’est ainsi que parlent les bons Roys: ie veux
dire ceux qui ne permettent pas qu’on leur souffle perpetuellement
aux oreilles, qu’ils peuuent tout, & que
c’est ne pas sçauoir ce que vaut vn Sceptre, comme fit
autrefois Neron, que de ne pas faire tout ce que l’on
veut, soit que cette volonté soit iuste, soit quelle ne le soit
pas. Crudelia, pourtant, & superba imperia acerba megis
quam diuturna esse solent; c’est vne belle leçon que Saluste
fait aux Roys. Ie m’asseure que des Princes semblables
à des Artaxerxes, des Theopompus & des Othons;
& pour ne point sortir de chez nous, semblables à des
S. Louys, des Louys XII. & des Henris IV. ne croiront
point que ce fut resister à leur authorité, si vn parlement
leur remontroit que leur volonté ne seroit pas
bien iuste en quelque chose? les Roys doiuent bien s’imaginer
qu’ils sont hommes, & par consequent suiets à
faillir. He! pourquoy, ie vous prie, ont-ils des Parlemens,
sinon pour les conseiller ce qui est à faire, & les
destourner de ce qu’ils ne doiuent pas faire. Chacun
sçait que les Loix ciuiles mesmes, veulent qu’on n’obeïsse
point au Prince, quand il commande quelque meurtre
iniuste, sinon trente iours apres le commandement
fait: pourquoy cela ie vous prie? sinon afin que cependant
les preuenus ou leurs amis, ou plustost les Magistrats
puissent remõtrer au Prince les raisons d’innocence
de ces preuenus, & que pendant les trente iours le Prince
puisse rasseoir sa colere & entendre raison. Et parce que la loy faite
pour cela par les Empereurs Gratian, Valetin, & Theodose, est bien
remarquable; i’ay trouué à propos de l’inserer icy. Si il arriue d’oresnauant,
disent-ils, que nous commandions quelque rigoureuse vengeance,
contre nostre coustume, sur quelques preuenus, nous ne
voulons point qu’ils souffrent la peine sur le champ, ny que nostre
mandement soit si tost executé, mais que l’execution soit sursise &
differée par trente iours, & que cependant le Magistrat les tienne
en seure garde. Donné à Verone le 15. des Calendes

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Occurrence 415. Anonyme. ARTICLES ET CONDITIONS DONT SON ALTESSE... (1652) chez [s. n.] à Paris , 8 pages. Langue : français. Voir aussi B_5_29. Référence RIM : M0_424 ; cote locale : B_13_38. le 2012-04-13 10:45:10.

ARTICLES
ET CONDITIONS DONT
SON ALTESSE ROYALLE
ET MONSIEVR
LE PRINCE,
Sont conuenus pour l’expulsion
du C. Mazarin hors du
Royaume, en consequence
des Declarations du Roy
& des Arrests des Parlements
de France interuenus
sur icelles.

A PARIS,

M. DC. LII. ARTICLES ET CONDITIONS
dont son Altesse Royalle & Monsieur le
Prince sont conuenus pour l’expulsion du
Cardinal Mazarin hors du Royaume, en
consequence des Declarations du Roy &
des Arrests des Parlements de France interuenus
sur icelle. QVE son Altesse Royale, & Monsieur le
Prince, sont prests de poser les Armes, &
raprocher de la personne de sa Majesté; de
rentrer dans les Conseils, & de contribuer en ce
qui dependra d’eux pour procurer la Paix generale,
remettre les affaires, & restablir l’authorité
Royale, s’il plaist à sa Majesté, de commander en
bonne foy, au C. M. de sortir du Royaume & des
Places de son obeyssance, d’esloigner de ses Conseils
& d’aupres de sa personne les proches les
adherans, & de recuser sincerement les Declarations
qu’il a données sur ce sujet, en sorte que sadite
Altesse Royale & Monsieur le Prince ayent lieu
d’estre persuadez, que l’on ne violera plus la Foy
Publique. 2. Que si au contraire les artifices du C. M. preualent
sur l’esprit du Roy, & que contre les vœux
& les sentimens de toute la France, & au preiudice
des Declarations, l’on perseuere à le maintenir,
la qualité d’Oncle de sa Majesté qu’a son Altesse
Royale, l’obligeant continuellement à veiller au
bien du Royaume, & s’opposer à ce qui peut troubler
pendant le bas aage de sadite Majesté. Et
Monsieur le Prince ne pouuant se dispenser d’auoir
les mesmes sentimens pour l’honneur qu’il a
d’estre du Sang Royal; & considerant aussi qu’ils
ne peuuent trouuer aucune seureté pour leurs
Personnes pendant que le C. M. sera le Maistre des
affaires; ont promis & se sont obligez reciproquement,
& s’obligent tant pour eux, que Monsieur
le Prince, particulierement pour Monsieur le Prince
de Conty, & Madame la Duchesse de Longueuille
sa sœur, ausquels ils promettent & s’obligent de
faire ratifier le present Traicté aux mesmes conditions
qu’eux, Comme aussi pour ceux qui sont
dans leu s’interests communs, d’entrer en vnion,
& de ioindre leurs forces, employer leur credit &
leurs amis pour procurer l’exclusion du C. M. hors
du Royaume, & l’esloignement de ses proches
& des adherans qui sont declarez tels pour le continuel
commerce qu’ils ont auec luy, hors de la
Cour & des affaires. 3. Ils promettent de ne point poser les Armes
iusques à ce qu’ils ayent obtenu l’effet de l’article cy-dessus, & de n’entendre directement ny indirectement
à aucun accommodement, qu’à cette
condition & d’vn commun consentement.   4. Ils maintiendront & augmenteront les Trouppes
qu’ils ont sur pied autant qu’il leur sera possible,
& les feront agir conjoinctement ou separement
ainsi qu’ils trouueront pour le mieux, promettant
en outre d’apporter tous les soins pour les
faire subsister auec le moins d’incommodité qui se
pourra faire pour les Peuples. 5. Ils promettent d’accepter volontiers tous les
expediens raisonnables qui leur seront proposez
pour la pacification du Royaume, aux conditions
de l’exclusion du C. M. portées par le second article,
& de trauailler incessamment pour l’establissement
de la Paix generale, qui est vne des principales
fins du present Traicté, à laquelle sans doute,
il n’y aura plus d’obstacle, quand celuy qui a voulu
la continuation de la guerre sera esloigné, & la
reünion de la Maison Royale qu’il a empescheé si
long temps, sera solidement restablie. 6. Son Altesse Royale & Monsieur le Prince,
promettent de maintenir les Parlemens, les Cours
Souueraines du Royaume, les Principaux Officiers
de l’Estat, la Noblesse & toutes les personnes
de condition dans tous les Priuileges, & de leur
faire faire raison sur les pretentions legitimes qu’ils
pourront auoir de ne faire aucun Traicté sans leurs
participations, & qu’on ne leur ayt reparé les torts
& pertes qu’ils pourroient auoir fait en consequence de celuy-cy, & particulierement d’empescher
qu’il ne soit donné atteinte à l’obseruation de la
Declaration du 22. Octobre 1648. & pour cét effet
ils sont conuiez d’entrer en la presente Vnion
& de concourir aux fins pour lesquelles elle est
establie.   7. Le C. M. qui a tousiours gouuerné en effet,
quoy qu’il fust banny en apparence, ayant empesche
l’Assemblée des Estats generaux, dont le
Roy auoit promis la conuocation au 8. Septembre
1651 & ayant obligé les Deputez qui s’estoiẽ trouuez
à Tours au iour prefix, de se retirer auec honte
& confusion; Et sçachant d’ailleurs qu’il ne changera
pas sa conduite qu’il a tenuë, & qu’il empeschera
par tous moyens l’effet qu’on attend de leurs
deliberations, ou que s’il est capable de consentir
qu’ils s’assemblent, ce ne sera que pour les mettre
dans vn lieu, où il soit le Maistre. Son Altesse
Royale & Monsieur le Prince pour obuier à ces
deux inconueniens, promettent & s’obligent de
trauailler incessament, afin de les conuoquer dans
Paris, ou dans la ville la plus prochaine & la plus
commode, en sorte qu’il puissent agir auec vne
pleine liberté, au quel cas ils declarent qu’il soumettent
de tres bon cœur ce qu’ils ont d’interest,
qu’ils protestent n’estre autres que ceux du Roy &
de l’Estat, à leur decision, dont il sera dressé vn
Edit perpetuel & irreuocable pour estre ver fié
dans le Parlement de Paris, & dans tous ceux qui
seront entré dans la presente Vnion. 8. Son Altesse Royalle & Monsieur le Prince ne
pouuant tenir pour legitime ny reconnoistre le
Conseil qui a esté estably par le C. M. vn de ceux
qui le composent, ayant acheté son employ auec
vne notable somme d’argent qu’il a donnée audit
C. M. & estant obligé chacun selon le degré du
sang dont il ont l’honneur de toucher sa Majesté,
d’auoir soin de ses affaires, en sorte qu’elles soient
bient gouuernées, promettent de n’entendre à aucun
accommodement que les Creatures & Adherents
publics dudit Cardinal M. ne soient exclus
du Conseil d’Estat, & à condition qu’il ne sera
composé que de ceux dudit Conseil & d’autres
qui ne peuuent estre soupçonnés d’auoir aucune
part auec luy 9. Et d’autant que les Ennemis de Monsieur le
Prince voulloient decrier sa conduite, en publiant
qu’il a des liaisons auec les Estrangers, S. A. R. &
Monsieur le Prince declarent qu’ils n’auront iamais
commerce ny correspondance auec eux, que
pour l’establissement de la Paix generalle, & qu’ils
n’en prendront aucune à l’aduenir auec aucuns
Princes Estrangers, quelle n’a testé iugée auantageuse
au seruice du Roy & de l’Estat, par le Parlement
& personnes principalles qui entreront dans
la presente Vnion. 10. Et afin que les plus mal intentionés & les personnes
plus attachées à la fortune dudit C. M. Son
Altesse Royalle & Monsieur le Prince ont estimé à
propos de declarer expressement par cet article qu’ils n’ont autre interest que celuy de l’entiere
seureté de leur personne, & soit qu’ils fassent des
progres pendant que le malheur de l’Estat les obligera
d’employer leurs armes pour l’expulsion du
C. M. ou que les affaires s’accommodent par son
exclusion, ainsi qu’il a esté cy-destus expliqué, de
ne prendre aucuns nouueaux establissemens, &
de trouuer leur entiere satisfaction dans celle qu’aura
la France de voir la fin des troubles & la tranquillité
publicque asseurée.   11. Son Altesse Royale, & Monsieur le Prince ont
estimé neantmoins à propos par bonnes considerations
de conuenir qu’ils procureront de tout leur
pouuoir dans l’acommodement qui se pourra faire
des satisfactions iustes & raisonnables de tous
ceux qui sont presentement engagez dans la cause
commune, ou qui s’y ioindront cy apres, en sorte
qu’ils reçoiuent des marques effectiues de leurs
protestations autant qu’il leur sera possible. 12. Ce present Traicté a esté signé double par son
Altesse Royale, & par les Sieurs Comte de Fiesque
& de Gaucourt, pour & au nom de Monsieur le
Prince, le Prince de Conty, & Madame la Duchesse
de Longueville, en vertu du pouuoir qu’en a
donné Monsieur le Prince, & qui a esté presentement
remis és mains de son Altesse Royale, par
ledit sieur Comte de Fiesque, lesquels se sont obligez
& s’obligent de fournir leurs ratifications dans
vn mois au plus tard. Faict à Paris le 24. Ianuier
1652, Signé, GASTON, Charles Leon de Fiesque,
Ioseph, de Gaucourt.

FIN.

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Occurrence 417. Anonyme. ADVERTISSEMENT ENVOYÉ AVX PROUINCES, pour... (1652) chez Larru (Samuel de) à Paris , 23 pages. Langue : français. Avec permission.. Référence RIM : M0_456 ; cote locale : B_5_32. le 2014-11-23 15:02:22.

inuincible,
& feroit jouïr la France d’vne heureuse
paix, sans estre plus le peuple chargé d’imposts
qui ne se leuent que pour entretenir la
guerre, le Royaume ne laisseroit pas de luy payer
le Tribut que Dieu luy commande ; mais il ne
seroit plus charge de Tailles, & auroit moyen
d’assister puissamment son prince d’hommes &
d’argent au besoin. Il n’y auroit plus guerre
à craindre des Financiers ny partisans qui
ne pourroient plus faire de griuelées. Le Roy
viueroit & regneroit heureusement, & paisiblement
aux cœurs de ses peuples sans craindre
ny apprehender personne, au contraire, il
seroit l’effroy & la terreur de tous les Princes de
l’Europe. Ce sont les moyens addressez à son Altesse Royale, laquelle apres auoir défait Mazarin
& ses adherans, pourroit establir cette belle
Milice de France pendant sa Charge de Lieutenant
General de l’Estat & Couronne de France,
tous les peuples y consentiroient sans contredit
se voyant ainsi déchargez d’vne si rude
Taille & voyant vne paix asseurée, dans laquelle
ils viueroient en leur prouince auec
chacun sa milice, capable d’assister le Roy &
de se deffendre.  

FIN.

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Occurrence 419. Anonyme. ARTICLES ET CONDITIONS DONT SON ALTESSE... (1652) chez [s. n.] à Paris , 8 pages. Langue : français. Voir aussi B_13_38. Référence RIM : M0_424 ; cote locale : B_5_29. le 2012-04-13 10:43:09. dans la présente Vnion. 8. Son Altesse Royalle & Monsieur le Prince ne
pouuant tenir pour legitime ny reconnoistre le
Conseil qui a esté estably par le C. M. vn de ceux
qui le composent, ayant acheté son employ auec
vne notable somme d’argent qu’il a donnée audit
C. M. & estant obligé chacun selon le degré du
sang dont il ont l’honneur de toucher sa Majesté,
d’auoir soin de ses affaires, en sorte qu’elles soient
bient gouuernées, promettent de n’entendre à aucun
accommodement que les Creatures & Adherents
publics dudit Cardinal M ne soient exclus
du Conseil d’Estat, & à condition qu’il ne sera
composé que de ceux dudit Conseil & d’autres
qui ne peuuent estre soupçonnés d’auoir aucune
part auec luy. 9. Et d’autant que les Ennemis de Monsieur le
Prince voulloient decrier sa conduite, en publiant
qu’il a des liaisons auec les Estrangers, S. A. R. &
Monsieur le Prince declarent qu’ils n’auront iamais
commerce ny correspondance auec eux, que
pour l’establissement de la Paix generalle, & qu’ils
n’en prendront aucune à l’aduenir auec aucuns
Princes Estrangers, quelle n’ait esté iugée auantageuse
au seruice du Roy & de l’Estat, par le Parlement
& personnes principalles qui entreront dans
la presente Vnion. 10. Et afin que les plus mal intentionés & les personnes
plus attachées à la fortune dudit C. M. Son
Altesse Royalle & Monsieur le Prince ont estimé à
propos de declarer expressement par cet article qu’ils n’ont autre interest que celuy de l’entiere
seureté de leur personne, & soit qu’ils fassent des
progres pendant que le malheur de l’Estat les obligera
d’employer leurs armes pour l’expulsion du
C. M. ou que les affaires s’accommodent par son
exclusion, ainsi qu’il a esté cy-destus expliqué, de
ne prendre aucuns nouueaux establissemens, &
de trouuer leur entiere satisfaction dans celle qu’aura
la France de voir la fin des troubles & la tranquillité
publicque asseurée.   11. Son Altesse Royale, & Monsieur le Prince ont
estimé neantmoins à propos par bonnes considerations
de conuenir qu’ils procureront de tout leur
pouuoir dans l’acommodement qui se pourra faire
des satisfactions iustes & taisonnables de tous
ceux qui sont presentement engagez dans la cause
commune, ou qui s’y ioindront cy-apres, en sorte
qu’ils reçoiuent des marques effectiues de leurs
protestations autant qu’il leur sera possible. 12. Ce present Traicté a estè signé double par son
Altesse Royale, & par les Sieurs Comte de Fresque
& de Gaucourt, pour & au nom de Monsieur le
Prince, le Prince de Conty, & Madame la Duchesse
de Longueville, en vertu du pouuoir qu’en a
donné Monsieur le Prince, & qui a esté presentement
remis és mains de son Altesse Royale, par
ledit sieur Comte de Fiesque, lesquels se sont obligez
& s’obligent de fournir leurs ratifications dans
vn mois au plus tard. Faict à Paris le 24. Ianuier
1652, Signé, GASTON, Charles Leon de Fiesque,
Ioseph, de Gaucourt.

FIN.

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Occurrence 421. Anonyme. ADVIS SINCERE AVX BOVRGEOIS DE PARIS. (1652) chez [s. n.] à [s. l.] , 46 pages. Langue : français. Référence RIM : M0_543 ; cote locale : B_17_11. le 2014-11-26 16:16:53.

formé ne mandassent lors, pour estre instruits des moyens par lesquels
ils pourroient nuire au Roy, ou à ses affaires. Il n’y eut pas
iusques aux Paysans des Villages circonuoisins, que l’on fit attrouper
& venir en foulle au Palais demander d’estre deschargez de la
Taille. Ils vous firent inspirer en mesme temps qu’il falloit obtenir la
descharge des Aydes, de l’entrée du Vin, du Pied fourché & autres
impositions. Pour cet effet l’on fit solliciter les Cabarettiers
& les Bouchers, qui occupoient iournellement le Palais & le
remplissoient de clameurs. Vous donnastes, Messieurs, stupidement dans ce piege ; vous
ne considerastes pas que vostre Ville ne supporte aucunes autres
impositions, que celles qui sont communes aux autres Villes franches
comme la vostre. Et que le Roy ne sçauroit faire aucune décharge
ou remise de ces sortes d’impositions, qu’au mesme temps
il ne retranche vos Rentes ? puis qu’il ne soustient plus les Fermes
des Aides, Gabelles, & autres que pour vous en faire payer,
n’en reuenant rien en son Espargne, apres les charges payées &
acquittées. Ce dessein dont l’artifice cachoit le venin, vous les
fit auoir en estime de Peres du peuple. Et il ne se tenoit plus aucune
sceance en la Chambre de S. Louis, qu’à vostre poursuitte &
instance, & il ne se fit quelque arresté pour descharger des impositions,
& pour retrancher les reuenus du Roy. Remarquez cependant la conduite de ceux qui vous ont perdus,
& la vostre. Le Roy estoit aux prises auec l’ennemy de l’Estat.
Il estoit sur le point de conclure vne paix honnorable, ou de l’obliger
par la force des armes de l’accepter. Pour y paruenir ; il
estoit important, voire necessaire, que les mesmes secours de forces
& de finances continüassent. Et vos nouueaux Peres du peuple
arrestent iournellement des restablissemens de rentes, gages,
droicts & autres charges pour des sommes immenses : & en mesme
temps des descharges tant sur les Tailles, que sur les Droicts des formes qui n’alloient pas à moins de seize millions de liures
par chacun an. N’estoit-ce pas entreprendre ouuertement la ruїne
de l’Estat ?   Tant plus le Conseil vsoit de prudence, tant plus les autheurs de
vos maux se portoient auec vehemence à faire les choses qui pouuoient
nuire, le Roy fit expedier deux Declarations, apres lesquelles
il y auoit apparence que ces Assemblées deussent cesser :
sa Maiesté fut mesme au Parlement les faire enregistrer. Elle réstablit
par icelles vne partie des gages & des droicts des Officiers :
elle pourueut au payement des rentes, elle reuoqua toutes sortes
de Commissions extraordinaires, elle establit vne Chambre de
Iustice, remit vne partie des Tailles à ses Sujets, & tous les arrerages
iusques à la fin de l’année 1646. Et generalement elle pourueut
à la plus grande partie des choses qui auoient esté traitées
dans la Chambre de Sainct Louys. Mesme elle destitua les principaux
Ministres de ses Finances. Cela fut encore inutil pour
vaincre leur opiniastreté. Toutes ces choses se passerent dans les mois de May, Iuin, &
Iuillet de l’année 1648. Le mois suiuant nous fit voir les mauuais
effects de ses funestes assemblées. Le Roy ayant esté au mois de
Iuillet obligé par ces desordres de manquer à ceux qui luy auoient
fait des prests & des aduances sur ses reuenus, les particuliers
voulurent en mesme temps retirer des mains de ces personnes
là les deniers qu’ils leurs auoient prestez, & vn chacun en vsa
ainsi enuers ses debiteurs. Les effects qui s’en ensuiuirent, vous
les sçauez, Messieurs, puis que vous les auez ressentis par la
liaison qui tient tout le monde attaché à la foy publique. Quand
elle fut vne fois violée, nous vismes vne infinité de faillittes ; non
seulement dans Paris, mais dans toutes les villes de commerce
de France & des pays Estrangers. Ie ne vous exaggereray point les maux qui ont coulé de cette
source : la cessation du commerce, la cherté de toutes denrées &
marchandises par la perte du credit, la dureté des peuples à acquitter
les impositions, la desolation de plusieurs familles par la
perte de leurs biens, la pauureté où cette faillite publique a reduit
vos artisans, ostant aux plus aisez les moyens de les faire trauailler. Si ces pretendus Peres du peuple eussent esté capables de moderation,
ces maux les eussent sans doute touchez, ils fussent reuenus
à eux : mais tant s’en faut, il ne se passe aucune iournée sans que les Communautez sollicitées par les factieux, n’aillent
au Palais demander des descharges des impositions du Roy, ou
des droicts des Officiers. Il n’y a establissement pour ancien
qu’il soit, que l’on ne recherche, & n’y a point de famille qui
puisse estre asseurée du bien qu’elle possede.   Vn Broussel fameux artisan de vos maux, celebre republicain
en nos iours, & qui en fin a fait voir où visoit sa sombre & violente
ambition, se chargeant de toutes ces Requestes. Cét homme
qui dans le procés ordinaire de parties fait languir le pauure &
le necessiteux, & duquel on n’a iamais eu expedition dans les affaires,
apportoit vne diligence incroyable, à faire les choses qui
pouuoient causer du trouble & de l’incommodité au public &
aux particulier. Vous l’auez veu, Messieurs, en ces temps. là suiui
allant au Palais d’vne infinité d’hommes, qui le publioient Pere
du peuple S’il vous souuient des clameurs qui s’excitoient
dans le Palais, c’estoit de la communaute des Cabarettiers qui
s’y trouuoient en grand nombre, pour demander la descharge de
l’entrée du vin, & des droicts des Vendeurs. C’estoit celle des
Bouchers qui demandoient la descharge du Pied-fourché, &
tout cela, non pour l’interest public, mais par vn monopole concerté.
Verité dont vous deuez estre conuaincus, puis que les descharges
que sa Maiesté eut depuis la bonté d’accorder, n’ont
tourné qu’à l’auantage particulier de ces personnes là sans que
le peuple en ait profité. Aussi ces sortes d’impositions sont si legeres,
qu’elles sont imperceptibles en detail, & neantmoins c’est
le fonds de vos rentes & de vos reuenus, que vous auez laissé perir
par lascheté. Vn particulier d’entre-vous qui auroit esté interessé
dans la continuation des impositions, qui ont esté supprimées
dans la ville de Paris, de dix liures ou plus par chacune année,
a contribué à faire perdreau Roy deux millions de reuenu,
& a perdu l’esperance de voir les reuenus de ses rentes restablis ;
puis que le Roy n’en est debiteur que tant que les fonds sur
lesquels elles sont assignées subsisteront. Le Roy voyant que ces choses alloient à l’exceds, & qu’vne
plus longue tollerance pourroit auoir des suittes de maux sans remede,
fut conseillé de faire arrester prisonniers les principaux
Autheurs de ces entreprises ; & comme lors que sa Maiesté est
presente à quelque ceremonie publique, elle y a nombre de gardes
on en choisit vn pour l’execution de cet ordre, afin d’estre
en estat de reprimer la violence de la canaille, dont Broussel s’estoit
acquis la faueur. C’est icy, Messieurs, le pas glissant que vous auez fait. C’est l’occasion
dans la quelle vous auez preferé Broussel, vn broüillon, vn
pedant vn republicain & vn criminel d’Estat ; à l’obeissance que
vous deuez à vostre Souuerain, vous vous estes barricadez dans
vostre ville, vous auez crié viue Broussel, vous auez menacé les
armes à la main de mettre tout à feu & à sang, si lon ne rendoit
Broussel. Ne vous en excusez pas sur la canaille, & ne dites pas
comme vous faites ordinairement, qu’il est bien estrange que lon
eust choisi le iour destiné à vne réjouissance publique, pour cette
execution. Car quel interest y auez-vous ? y a il quelque iour dans
l’année ou dans le cours des affaires du monde qui vous dispence
de l’obeissance, ou qui vous permette de vous esleuer contre les
volontez de vostre Souuerain ? Et quand à la canaille, il est vray
que le iour de cet emprisonnement l’on en vit dans les ruës, mais
deuant la fin de la iournée cela fut dissipé & tout le monde sçait
qu’il ny eut iamais à Paris, vne nuit plus tranquille que celle qui
suiuit cette iournée. Qui est-ce qui entreprit le lendemain matin
le premier ouurage de la sedition, qui commença par vn assassinat
en la personne du Chef de la Iustice & des siens ? Ne fut-ce pas des
personnes qualifiées parmy les Bourgeois ? Fut-ce en suitte des
canailles qui se barricaderent par toute la ville ? N’est-il pas vray
que ce fust vous ; Messieurs, qui ne peustes souffrir vne execution
de Iustice ordonnée par vostre Souuerain ? Ne fust ce pas vous
que pour vne personne de nulle valleur, pristes les armes, leuastes
les chaisnes, portastes des barricades & des sentinelles iusques à
la garde du Roy ; & qui menaçastes de mettre tout à feu & à sang
si l’on ne vous rendoit vostre Tribun ? Pour moy quand ie fais comparaison de cette iournée auec celle
qui se passa le quatriesme Iuillet dernier, ie demeure suspens
& estonné. Ie ne puis discerner si vous agissez librement, ou par
les mouuemens d’autruy, s’il y a en vos conduites de l’aueuglement,
ou de la rage, vous ne pouuez, sans vous porteraux dernieres
extremitez, supporter vne execution de Iustice qui se fait par
les ordres de vostre Souuerain contre vne personne qui vous deuroit
estre en execration. Et vous voyez à vos yeux les plus celebres
personnes de vostre ville de toutes qualitez & professions,
deputez des quartiers, assemblez dans l’azile public pour pourueoir
à vostre seureré, assassinez & embrasez par l’ordre de vos
tirans. Durant cette horrible tragedie qui fait couler le sang de
vos concitoyens, vous demeurez enfermez dans vos maisons, vous ne faites pas vne démarche pour aller à leurs secours, vous
les laissez massacrer inhumainement, que n’auez-vous fait à lors
ces barricades ? s’il y en peut auoir de iustes, c’est en cette rencontre,
que ne les auez-vous portez iusques dans les portes de vos
tirans pour les faire eux mesme perir & vous mettre en liberté ?
Où est en suitte la vengeance que vous auez poursuiuie de ce paricide
public ? n’auez-vous pas deu, & deuriez-vous pas encore, si
vous auez du cœur & du courage, exterminer tous ceux qui peuuent
estre soubçonnez d’y auoir eu part. Il n’y a respect de condition
que vous deuiez preferer au salut public.   Voyla, Messieurs, l’estat auquel Dieu permet que les peuples arriuent,
lors qu’ils abandonnent le respect deu aux Souuerains,
establis par luy, pour courir à des pretextes de liberté imaginaire.
C’est l’esprit de vertige que Dieu mesle parmy eux, qui leur fait
en fin creuser eux mesmes l’abysme de leur perte, & trouuer leur
ruїne inéuitable. De cette digression, ie reprendray la suitte de vos barricades,
Broussel vous fut rendu, le Roy voulut bien oublier vostre crime
& pour moy ie tiens pour certain que le trop de bonté & d’indulgence
que sa Majesté à eu pour vous, est l’vne des causes principales
de vos mal heurs & de nos miseres presentes. Vne personne plus moderée & qui eust eu plus de probité que
Broussel, se fust trouué confuse elle mesme, elle se fust condamnée
comme criminelle, d’auoir acquis l’amitié & le credit du peuple, &
encore par des voyes si scandaleuses & si punissables. Car en vn
Estat Monarchique, c’est vn crime, & des plus capitaux, que de
s’acquerir le credit des Peuples au prejudice du Souuerain. Le
seul soubçon en cela faisoit autrefois exiler des grands Personnages,
vtiles d’ailleurs & fort innocens. Sans doute, vn autre que
Broussel eust eu recours au Roy, il se fut retiré des affaires, il
n’eust pas voulu estre dauantage la pierre de scandalle & alors sa
moderation eust esté loüée, mais cet homme tout au contraire,
n’en deuient que plùs fier & plus audacieux. Il continuë ses mesmes
pratiques, il deuient vn illustre parmy vous, il n’y a coing de
ruë ou l’on ne voye son Portrait ; luy qui fust demeuré enseuely
dans l’obscurité s’il ne se fust esleué & fait cõnoistre par la faction. Vous mesmes, Messieurs, imputastes à foiblesse du gouuernement,
la bonté que le Roy auoit euë de mettre en liberté ce seditieux.
Vous creustes qu’il y auoit de la seureté à entreprendre dauantage.
Les Assemblées du Parlement continuent sur vos clameurs, & vos clameurs sont excitées par des personnes qui portent
leurs desseins bien plus auant que vous : & qui se seruent de
vostre foiblesse & de vostre legereté pour s’establir.   Il sembloit que les vacations du mois de Septembre deussent
faire separer le Parlement, & que deux mois de temps pourroient
ralentir le courage de ces esprits emportez. Mais ils creurent en
auoir trop fait pour demeurer en si beau chemin. De leur authorité
priuée ils continuent le Parlement, & toutes leurs Assemblées
ne vont qu’à affoiblir le Roy. Ils deputent souuent à S. Germain
en Laye, où le Roy s’estoit retité apres les barricades, & pour faire
approuuer des descharges & des remises d’impositions qu’ils
arrestoient par vn dessein premedité de broüiller & de nuire. Ils
mettoient en auant qu’ils n’auoient plus l’authorité, ny le pouuoir
de vous contenir, qu’il n’estoient pas en seureté de leur vie,
s’ils retournoient sans les asseurances de ces descharges. Si déslors le Roy les eust laissé se desmeller de ces factieuses entreprises,
nous n’aurions pas veu tous les éuenemens tragiques qui
ont depuis mal-heureusement ensanglanté le theatre de la France,
& s’il est vray que vous les pressassiez de si prés, vous en eussiez
vengé le Roy. Mais comme la Reyne dont le courage est égal à sa
naissance, & la vertu au dessus de toutes les calomnies, par vne sagesse
& bonté digne d’elle, à tousiours eu dessein de faire regner
le Roy, plutost par la douceur que par la force, elle creut par l’aduis
des Princes, que pour preuenir les maux qui pourroient s’en
ensuiure il estoit à propos de leur accorder ce qu’ils demandoient. Aprés donc plusieurs conferences, & autant de resistance qu’il
s’en peut imaginer on leur accorde enfin cette Declaration du
mois d’Octobre 1648. elle est dressée par eux-mesme, expediée
& seellée sans y rien changer. C’est, Messieurs, cette piece fatale à l’Estat, qui fait voir
qu’ils n’ont autre dessein que d’affoiblir l’authorité Royale, décrediter
les affaires du Roy, ruiner plusieurs familles, se soustraire
du pouuoir Royal, & faire perdre à sa Maiesté vingt millions
de liures de reuenu, en vn temps auquel l’Estat ne pouuoit subsister
des reuenus establis. Aussi est-ce ce maudit ouurage qui a
rendu la France de victorieuse & triomphante qu’elle estoit, le
Theatre de la guerre, & le seiour des armées estrangeres & ennemies :
& qui a inspiré l’audace à tant de monde, sous pretexte de
la liberté pretenduë acquise par cette pretenduë Declaration, de
se mesler dans les affaires publiques, & d’y introduire la confusion que nous y auons veuë, qui fait gemir tous les bons & veritables
François.   C’estoit neantmoins à les oüyr parler vn remede, par le
moyen duquel ces nouueaux Politiques pretendoient auoir guery
tous vos maux. C’estoit, disoient-ils, vn moyen d’establir le
commerce, de soulager les miserables, de faire naistre l’abondance
de toutes choses, d’establir la seureté publique ; en vn mot,
de vous faire voir vn siecle d’or. Mais ces Empiriques d’Estat,
ces Medecins non experimentez vous firent croire que vous estiez
malades, pour faire vne espreuue sur vous ; ou si vrayement
vous l’estiez, vous pristes de leurs mains des remedes plus forts,
plus violents, & plus dangereux que vostre maladie. Car quel suiet auiez-vous de vous plaindre, comme ie vous
l’ay remarqué cy-dessus ? Cinq années de la Regence s’estoient
écoulées sans que vous vous en fussiez apperceus. Pendant ces
iours de tranquillité & de bon heur vous n’auiez veu ny senty
l’establissement d’aucune nouueauté, les Prouinces, si vous prenez
leurs interests, auoient esté soulagées de plus du quart des
impositions, comme ie l’ay aussi remarqué, & qu’il est tres-vray,
le ministere, Messieurs, est chose si esleuée au dessus de vostre
portée, que vous n’auez point de droict de le contredire ; &
quand vous en auriez quelqu’vn, il ne vous desplaisoit pas en ce
temps là, vous viuez heureusement sous sa conduite, quest-ce
donc qui vous a excitez à souhaiter ce changement ? vous y auez
rencontré la ruine du public & la vostre ? Ne deuez vous pas,
rentrans en vous-mesmes pleurer auec des larmes de sang vostre
emportement, qui d’heureux que vous estiez, vous a rendus miserables
pour complaire à des ambitieux ? Et qui vous a fait oublier
le respect que vous deuez à vostre Souuerain, en vons esleuant
contre son authorité, de laquelle dépend vostre conseruation. le souhaiterois que traitant de bonne foy, quand mesme vostre
intention n’auroit pas esté mauuaise, & que vous auriez esté
lors surpris ; ie souhaiterois, dis-ie, que vous voulussiez auoüer s’il
n’est pas vray, que vostre condition est deuenuë pire qu’elle n’estoit
auparauant. Pour moy qui suis nay au cœur de vostre ville,
ie l’ay oüy dire à ceux d’entre-vous qui sont les moins passionnez,
& ie vous apprendray, qu’ayant voyagé par toute la France depuis
ce temps-là, ie n’ay esté en aucune contrée où les peuples ne
vous donnent mille maledictions, d’auoir esté les instrumens desquels le sont seruis ces Ambitieux reuoltez, pour faire sentir à
toute la France les miseres qu’elle a depuis souffert. Ie sçay mesme
de science certaine le scanda le qu’en ont conceu les Nations
estrangeres, ie dis celles-là mesmes qui profitent le plus de nos
desordres, & pour nous renfermer dans le Royaume, à present
que vous estes deuenus les instrumens & le soustien de la rebellion,
ie vous puis protester auec verité, que vous estes en execration
à toute la France. Car par tout l’on vous tient ou pour
des meschans & des ennemis du Roy, ou bien pour des insensez
& des stupides, qui sous des pretextes imaginaires vous laissez tiranniser
(comme vous faites) iusques à la perte de vos biens & à
la desolation de vostre paїs. Vous serez conuaincus de cette verité,
si vous remarquez par auance, que toutes les vnions pretenduës
auec les autres Parlemens & auec les autres villes, s’aboutissent
comme vous voyez à vous voir tous seuls.   Cette Declaration ainsi expediée & scellée, fut publiée en
Parlement sans aucune modiffication, aussi n’y auoit-il pas lieu d’y
en apporter puisque c’estoient eux-mesmes, chose assez estrange,
qui l’auoient dressée & redigée par escrit : mais comme les autres
Compagnies auoient fait solliciter auprés du Roy qu’elle leur fust
adressée ; Ils voulurent aussi proceder & deliberer sur l’enregistremẽt
d’icelle, & faire voir par les modificatiõs qu’ils y apporterent,
qu’ils pouuoient nuire à l’Estat & aux affaires du Roy, aussi bien
que le Parlement. Cette Declaration ne sembloit point estre la
matiere d’vne deliberation, puis que c’estoit vn assemblage & vne
compilation des choses resoluës dans la Chambre de S. Louis par
les Deputez de toutes les Compagnies. Neantmoins l’vne d’icelles
ordonna par l’Arrest d’enregistrement quil ne pourroit estre
faitaucun prest ou auance sur les reuenus du Roy, & fit deffences
à toutes personnes de l’entreprendre, sur peine de la vie. Le Roy en suitte deferant aux prieres & aux supplications tres-instãtes
que vous luy auiez fait, estoit reuenu à Paris le dernier iour
d’Octobre ; aprés auoir satisfait aux pretentions d’vn chacun, aux
despens de ses reuenus & de son authorité ; Il se proposoit de restablir
ses affaires & de mettre ordre aux fonds necessaires pour le
soustien de l’Estat, afin de faire subsister les Trouppes en quartier
d’hiuer, faire les recreuës necessaires, pouruoir aux despences de
la Marine, Artillerie, Galleres, pain de munition, & autres, les
reuenus de l’année qui s’en alloit experiante estoient consommez ;
en sorte que toutes ces despences se deuoient necessairement prendre sur les reuenus de l’année suiuante 1649. Il falloit que le
tout fut prest au Printemps pour s’opposer, mesme pour entre.
prendre sur les Ennemis de l’Estat ; qui faisoient de grands projets
sur la foiblesse & sur le decredit dans lequel les Compagnies de
Iustice auoient fait tomber le Roy : neantmoins les reuenus de sa
Maiesté ne pouuoient estre perceus si tost, ce qui est des Fermes
n’estoit payable qu’au quinziesme de May, & ce qui est des Tailles
à la fin d’Aoust. Les impositions n’estant & ne pouuant estre
acheuées plustost : Que faire doncques dans vn si fascheux détroit,
& vne telle necessité ? Le Roy fait rechercher aucuns de
ses Suiets, & particulierement ceux qui estoient ses creanciers,
à cause des auances faites sur les années precedentes, sous les offres
mesme de leur accorder quelque remboursement, s’ils vouloient
s’interesser en de nouuelles auances. Ils declarent ne le
pouuoir faire, en consequence des Arrests interuenus sur cette
Declaration, & il n’y eut pas moyen de les y faire resoudre.   Le Roy fut conseillé de faire expedier vne nouuelle Declaration
pour ce regard, elle fut seellée & enuoyée en la Chambre
des Comptes. C’est en cette occasion où les mauuaises volontez & les pernicieux
desseins commencerent à se manifester. L’on arriue, Messieurs,
à toutes choses par de certains degrez. Il est difficile que
des Suiets se puissent tout d’vn coup esleuer contre vne authorité
legitime & bien establie ; vos clameurs & vostre reuolte
auoient donné l’audace & la force aux gens de robbe, d’entreprendre
ce qu’ils auoient fait, & c’est cela mesme qui donne lieu
à des broüillons & à des mescontens de faire des proiets pour entreprendre
sur l’authorité Royale. Ils iugent bien qu’vn des plus
asseurez expediens, est celuy d’en sapper les fondemens par la necessité.
C’est pourquoy ils trauaillent puissamment à oster au
Roy tous les moyens de subsister. L’on tient pour cet effet des
Assemblées iour & nuict dans le cloistre Nostre-Dame, & en autres
diuers endroits : Vn Prelat de l’Eglise, lequel ioignant les
obligations de sa naissance, & les bien faits que ses ancestres ont
receus de la liberalité des Roys, depuis que Catherine de Medicis
les eut introduits en France, à celles que luy-mesme personnellement
auoit à la Reyne, deuoit estre inseparable des interests
du Roy. Ce Pasteur dessigné, qui estoit obligé par sa profession de seruir
d’exemple aux peuples, qui doiuent estre vn iour sousmis à sa conduite, se porte à engager ceux qu’il peut, dans les factions
que nous auons veuës depuis dans l’Estat. S’en rend luy mesme
le chef, par le seul interest, à ce qu’il disoit, qu’il auoit esté negligé ;
& que l’on n’auoit pas assez reconnu les soins & les peines
qu’il auoit pris la iournée que Broussel fut emprisonné. Il voulut
depuis faire croire que le Prince de Condé estoit de la partie.
L’euenement iustifia le contraire, ou du moins fit voir qu’il s’en
estoit retiré.   Ce Prelat excite quelques Docteurs & Curez à censurer l’vsage
de ces prests & auances, & de les faire passer pour des vsures.
L’on pratique & l’on cabale tant au Parlement, que quoy qu’il
en eust approuué l’vsage par la Declaration du mois d’Octobre,
ayant fait ordonner par icelle, que les interests & remises des
prests & auances ne seroient plus employez dans les comptans.
Il prend neantmoins resolution de se ioindre à cét obstacle : c’est
pour cela qu’il enuoye prier les Officiers de la Chambre des
Comptes, de vouloir concerter ensemble ce qu’il y auoit à faire
sur cette nouuelle Declaration. Cependant la fin de l’année 1648. approchoit, le Roy estoit
d’ailleurs informé de toutes les menées & de toutes les cabales
qui se pratiquoient dans la ville de Paris ; iusques à vouloir entreprendre
sur la liberté de sa personne, ainsi que sa Maiesté depuis
le declara ; elle prit resolution, par l’aduis de la Reyne Regente,
des Princes de son Sang, & des principaux de son Conseil
de sortir de Paris, pour trouuer plus facilement le remede à
ces desordres. C’est cette sortie qui se fit le iour des Roys de l’année 1649.
que l on vous a tant qualifiée enleuement, & qui seruit de matiere
à la Predication plus seditieuse qu’heureuse, que fit en l’Eglise
de Sainct Paul, au scandale de tous les bons, ce Prelat dont ie
viens de parler ; comme si le Roy pouuoit estre presumé enleué
quand il sort d’vne ville remplie de factieux, pour se retirer en vn
autre lieu, & qu’il sort accompagné de la Reyne Regente sa Mere,
des Princes de son Sang, de tous les Officiers de sa Couronne &
des plus grands du Royaume. C’est chose estrange de vostre genie, Messieurs, & de vostre
humeur, l’on vous enchante comme l’on veut & auec des illusions
foibles & ridicules, l’on vous fait iuger des choses par les plus affoiblies
apparences & les plus trompeuses qui se puissent imaginer,
vous trouuastes à dire à l’emprisonnement de Broussel, par ce qu’il se fit le iour d’vne réjouyssance publique, & cette sortie
vous paroist vn enleuement par ce qu’elle s’est faite de nuict, en
vne saison fort incommode : Ce sont cependant ces mesmes circonstances
qui vous deuoient faire comprendre la necessité de
cette sortie, & vous armer contre ceux qui en estoient la cause. Est-il
à croire que le Roy eust esté conseillé de sortir la nuict, si de iour
il l’eust peu faire raisonnablement ? N’estoit-il pas necessaire que
S. M. sortant, emmenast les principaux Officiers de sa Couronne
& de son Conseil, les principales personnes de sa Cour & ses
Domestiques ? Cela se pouuoit-il faire de iour ? N’auez-vous pas
assez tesmoigné quand vous vous emparastes des Portes de la
Ville à la pointe du iour, que si cette action n’eust dés-ja esté executée,
elle n’eust pas reussi ? Ne vous souuient-il pas que tout ce
qui se presenta aux Portes pour sortir fut arresté : que les chariots
allans par les ruës furent pillez ? Combien de temps ensuite fustes-vous
pour permettre la sortie des meubles necessaires au Roy ; à
faute desquels il souffrit de tres-grandes incommoditez ? Pourquoy
doncques auoir qualifié cette sortie necessaire, du nom d’enleuement,
par la circonstance du temps.   Qui voudroit, Messieurs, vous mettre deuant les yeux tous vos
emportemens sur ce sujet, vos crimes, vos laschetez & la legereté
ou imbecillité que vous aués eu, à croire tout ce que les factieux &
les Autheurs de ces tumultes vous ont meschamment inspiré,
pour se mettre à couuert sous vos reuoltes ; entreprendroit vn
ouurage, qui excederoit les termes que ie me suis proposé. C’est
pour quoy n’ayant dessein que de vous oster le voile de dessus les
yeux, & de vous faire voir la verité en son iour naturel sur l’occasion
des affaires presentes ; Ie ne m’y estendray pas dauantage.
Veu mesme qu’il est important à vostre honneur, que ce que vous
auez fait dans ces funestes rencõtres, soit enseuely, si faire se pouuoit,
dans vn eternel oubly, pour ne pas laisser ce mauuais exemple
à la posterité. Ie m’abstiendray mesme d’escrire en ce lieu toutes les intrigues,
les cabales & les factions qui s’esleuerent dans l’Estat : lesquelles
ayant pris leur naissance de vos reuoltes, ont depuis esté fomentées
par les mesmes causes, comme elles le sont encore à present.
Ce detail est reserué ailleurs. Ie vous representeray seulement en cet endroit trois choses
principales. La premiere, c’est que iusques à cette sortie l’on n’auoit
point encore entendu de voix dans vostre ville, s’escrier sur la conduite du Cardinal Mazarin, non seulement par ce que iusques
là les peuples ne s’estoient point meslez de censurer les
actions des Ministres d’Estat, mais aussi par ce qu’il ne s’estoit acquis
la haine de personne.   La seconde, c’est que cette sortie auoit esté conseillée par la
Reyne, par les Princes, & par les plus grands du Royaume qu’ils
authorisoient par leurs presences. La troisiéme, que le Roy sortant de Paris n’auoit aucun dessein
de vous assieger, ny de vous faire sentir aucun chastiment de vos
barricades & de vostre reuolte, il auoit oublié le tout, & vous
l’auoit pardonné. Les lettres & Declaration que S. M. enuoya,
iustiffierent assez ses intentions : & vous faisoient connoistre que
ce que S. M. desiroit de vous, c’estoit qu’à faute, par le Parlement
d’obeir, & se retirer pour quelque temps hors de Paris, vous employassiez
les forces de vostre ville pour les y obliger, en ce cas le
Roy vous promettoit de reuenir le lendemain dans vostre ville ;
& d’oublier tout ce qui c’estoit passé. En vn mot, le Roy vouloit
faire espreuue de l’affection des bons Bourgeois de la ville de Paris,
il vouloit reconnoistre par effect s’ils prefereroient l’interest
de quelques factieux au respect & à l’obeїssance qu’il doiuent à
leur Prince, mesme à la necessité dont vous estiez menacez. Si vous eussiez esté à l’Hostel de Ville ou au Palais, dire hautement,
que vostre intention estoit d’obeїr au Roy, que ceux qui
ne le voudroient pas faire, y seroient contrains ; qu’il n’estoit pas
iuste que le peuple tombast dans l’indignation du Roy, & souffrit
de la necessité pour des particuliers, vous eussiez terminé
dans la iournée mesme, ce qui vous a cousté tant de sang, tant de
biens, & ce qui a causé tant de maux, qui se sont respandus dans
tout le Royaume, le Roy fust rentré le lendemain dans sa ville,
laquelle à lors il eust peu auec iustice appeller sa bonne ville. Il y
fust venu sans force & sans trouppes, car il eust esté asseuré de vostre
cœur & de vostre fidelité. Mais au lieu de faire ce que vous deuiez en cette occasion, vous
prenez le change à vostre ordinaire, le Parlemẽt & les supports de
la Fronde qui se ioignirent à ses interests, sçauẽt bien que toutes
les fois que des sujets veulent faire la guerre à leur Souuerain, ils
ne manquent iamais de prendre des pretextes pour les attirer à
eux. C’est pourquoy animez de cet esprit de faction, ils vous
font croire que le Cardinal Mazarin, qui est vn estranger, vous a
rauy & enleué le Roy de nuict. Ils vous persuadent que les Princes, quoy que presens à cette action, n’y ont point apporté leur
consentement, que le Duc d’Orleans se doit ioindre à eux, &
vous le faisoient attendre de iour à autre, pour le proclamer Regent
du Royaume : que le Prince de Condé est aussi d’intelligence
auec eux, & que le C. Mazarin seul a resolu la perte de vostre
ville ; qu’il la veut affamer, & en faire perir tous les habitans.   Ainsi, Messieurs, au lieu de vous seruir du remede que vous
auiez en main contre le mal dont l’on vous menaçoit, vous prenez
dé la main de vos mauuais Conseillers le poison qui vous doit faire
mourir. Vous prenez la resolution de faire, & de souffrir la guerre.
Vous voyez en suite exercer sur vous des tyrannies, que les
Souuerains n’exercent point, comme si l’ennemy eust esté à vos
portes, l’on vous assuietist à des gardes penibles & de grands frais,
en vne saison tres-rude. L’on vous expose à des rencontres tres-perilleuses,
l’on fait des taxes sur vos maisons, l’on prend le bien
des particuliers, dont l’on fait recherche dans les lieux les plus cachez,
sans en excepter les sepulcres. Celuy qui n’y consent pas est vn Mazarin. Ce fut le mot par
lequel vous commençastes à expliquer vostre indignation, & à
qualifier les seruiteurs du Roy. Cependant vous souffrez des necessitez
extrémes, & vous vous sousmettez volontairement aux
Autheurs de toutes vos miseres. Mais vous n’en estes qu’à l’entrée,
vn abysme en attire vn autre. L’on recherche le secours de
l’ennemy de l’Estat. L’on enuoye des Deputez en Flandre, l’on
fait entrer l’Espagnol en France, leurs Agent sont receus & escoutez
en plein Parlement, vous vous en réioüyssez, l’on vous
en debite des nouuelles, l’on vous en chante des chansons dans
les places publiques, c’est ce qui vous diuertit. Y a-t’il aueuglement
ou letargie comparable à la vostre ? Ie passeray sous-silence ce qui se fit durant vostre pretendu siege.
Il suffira de dire que la saison pressante le Roy, de mettre en
campagne ses armées contre l’ennemy de l’Estat, S. M. se trouua
obligée d’accorder la Declaration de la Paix qui fut traitée à S.
Germain. Ainsi le mal ne fut que pallié, les Factieux éuiterent le
chastiment : & l’esprit de la faction a tousiours subsisté depuis, &
receu protection entiere dans vostre ville. S. M. reuint au mois
d’Aoust ensuiuant, elle y amena le C. Mazarin, on le reçoit auec
applaudissement, les Corps luy font complimens, les particuliers,
& des plus qualifiez, recherchent ouuertement ou secrettement
ses bonnes graces. Il est bien venu parmy vous, non seulement estant auec le Roy, mais allant en plusieurs endroits de la Ville
en son particulier.   Le reste de l’année 1649. se passe en vne infinité d’intrigues,
qui n’aboutissent & n’ont qu’vne fin de voir qui l’emportera à la
Cour, ou du Prince de Condé, ou du Coadiuteur. Les assemblées
frequentes de iour & de nuict, mesme en armes : l’assassinat resolu
du Prince de Condé sur le pont-neuf ; l’accusation intentée
contre le Duc de Beaufort, le Coadiuteur & Broussel, de laquelle
ils furent depuis deschargez, l’assassinat feint & imaginaire de
Ioly Conseiller au Chastellet, & la sedition excitée par le Marquis
de la Boulaye ; c’est ce qui vous entretient iusques à l’emprisonnement
des Princes, qui arriua le 18. Ianuier 1650. Les causes & les raisons de cet emprisonnement furent veuës en
vne lettre que le Roy en escriuit au Parlement. Ce qui s’en est
dit de particulier, c’est que le Duc d’Orleans y contribua plus
que personne, par l’entremise de la Duchesse de Chevreuse. Souuenez-vous
que vous en allumastes des feux, vous fistes boire
tous les passans pour marque de la ioye que vous en eustes Ie fais
cette remarque expressément pour vous reprocher vostre inconstance
& vostre legereté ; puisque vn an aprés vous estes sortis au
nombre de trois cens mille hors de vostre ville, pour vous aller
reioüyr de sa liberté. Accordez ces bizarres changemens. Le
Prince de Condé lors de son emprisonnement estoit l’autheur de
vos miseres, & le C. Mazarin en ce temps-là estoit tres-innocent.
Vn an aprés, vos esprits changeans comme les saisons, vous le
croyez opprimé par ce Cardinal, l’esloignement duquel vous
demandez comme le seul remede des miseres publiques. En suite de cet emprisonnement, le Roy va dans ses Prouinces
de Normandie & de Bourgongne. Il est obey par tout, vne seule
ville en Bourgongne fait resistance, elle est aussi-tost emportée,
de là S. M. vient à Paris, la ville de Bordeaux, laquelle comme
la vostre auoit tousiours soustenu les factieux & les rebelles,
prend l’occasion de se sousleuer de nouueau en faueur du Prince
de Condé. Le Roy est conseillé d’y aller en personne faire cesser
ce trouble. Toutes les villes de la Prouince, & toute la Noblesse
luy rendent vne entiere obeїssance. Il n’y a que Bordeaux, suiet à
semblables reuoltes aussi bien que vous, que la Noblesse entreprend
de mettre à la raison les factieux de vostre ville, assistez de
vos clameurs, s’interessent en l’affaire, ils obtiennent du Duc
d’Orleans qu’il se trouuast par plusieurs fois au Parlement. L’on en depute par deuers le Roy, pour l’obliger d’accorder vne Paix,
indigne de l’authorité Royale, à des Suiets rebelles.   En ce faisant on rauit au Roy vne victoire toute certaine, & ce
par le seul interest de l’apprehension qu’ils auoient de voir des factieux
& des rebelles chastiez, de crainte de l’estre en suite. C’est
auec regret, qu’il m’a eschappé de dire que le Roy fut contraint
d’accorder cette Paix, mais comme l’on n’en proposoit les expediens
qu’auec menaces de voir de semblables reuoltes dans Paris,
si l’on ne terminoit celle de Bordeaux par les voyes de douceur ;
ie dis la verité sans interesser l’authorité Royale. Souuenez-vous, Messieurs, que pendant l’absence du Roy il
n’y auoit iour que vous ne leussiez auec ioye des Libelles diffamatoires,
dont la prodigieuse quantité, & la qualité maligne, n’a
pas esté vn des moindres artifices pour allumer le feu par tout.
Souuenez-vous qu’il n’y auoit heure, que vous n’entendissiez auec
plaisir des chansons honteuses & infames, contre les personnes
les plus augustes : que vous ne vissiez des placards affichez aux
poteaux des places publiques, qui tendoient à sousleuer le peuple ;
l’on crioit aux Mazarins sur ceux qui entreprenoient de les
oster. L’Archiduc vient auec vne puissante armée iusques à Fismes,
aprés auoir rauagé & desolé la Champagne, il se campe à
Basoches. L’on vous dit qu’il vient vous donner la Paix, mais
qu’il la veut traiter auec le Duc d’Orleans, & non auec la Cour,
parce que le Mazarin l’empesche. Et vous estes si stupides de
croire que l’ennemy ancien de l’Estat vous apporte la paix. Des
volleurs de nuict attaquent par vn pur hazard le carrosse du Duc
de Beaufort ; plustost qu’vn autre ; vous voulez absolument que le
Mazarin l’air fait faire. Ces voleurs sont condamnez à la roüe.
Auant l’execution on les applique à la question extraordinaire.
Ils reconnoissent tous la verité, & declarent vnanimement &
sans varier, que c’est par vn pur hazard qu’ils se sont adressez au
carrosse de ce Duc, qu’ils en attendoient mesme vn autre. Ils
perseuerent en public iusques à la mort en cette declaration. Nõobstant
vous dites que les Iuges sont corrompus & que le Mazarin
a fait entreprendre cet assassinat. Au mesme temps l’on attache
des tableaux de ce Cardinal aux poteaux publics, auec des
inscriptions infames ; les Magistrats vont pour les faire oster, ils
ne sont pas en seureté de leurs vies, l’on court sur eux & sur tous
ceux qui les assistent. La qualité qu’il a de Ministre d’Estat, outre
celle de Prince de l’Eglise, l’honneur qu’il a d’estre bien venu du Roy, ne vous arrestent point. Vous vous portez à tous exceds,
parce qu’ils déplaisent au Roy.   Sa Maiesté estant de retour à Fontainebleau ; donna ordre
pour transferer les Princes au Havre de Grace, puis s’en reuint à
Paris au mois de Nouembre 1650. Cette translation opere vn effet
tout contraire aux esperances d’vn chacun. Par vne nouuelle
conspiration de la caballe, les deux partys contraires, celuy du
Prince & celuy des Frondeurs se reunissent. L’on tient des assemblées
indeuës iour & nuict contre l’authorité du Roy, l’on y resout
l’esloignement du C. Mazarin & la liberté des Princes, sous
plusieurs conditions. Et entre autres, d’vn chapeau de Cardinal
pour le Coadiuteur, qui ne l’auoit peu obtenir de la Cour, quelques
menaces qu’il eust fait faire par la Duchesse de Chevreuse,
& du mariage de la fille de cette Duchesse auec le Prince de Conty.
Ce qui vous doit bien faire connoistre, que l’interest & l’ambition
ont esté les ressorts continuels de ces mouuemens. Pour l’execution de ces proiets, l’on fait vn estat asseuré de
vous, l’on sçait que vous auez vne disposition perpetuelle à croire,
& à faire toutes les choses que l’on voudra, & qui sont contre
les interests du Roy. L’on ne fait qu’attendre le retour du C. Mazarin.
Ce Ministre qui ne s’occupoit à destruire de mauuaises caballes
que par de bonnes actions, & les artifices malins que par la
sincerité de ses seruices. estoit allé sur les frontieres de Champagne,
auec des forces considerables, pour reprendre Rethel. Ce
dessein luy reussit heureusement. Il reuint triomphant aprés auoir
emporté Rethel, & fait combatre l’armée ennemie, qui fut deffaite. Il y auoit apparence que le C. reuenant à Paris, apres vne action
si memorable & si auantageuse deust receuoir toutes les acclamations
des Peuples. En vne autre saison vne personne qui eust agy
auec le zele & le succes qu’il auoit fait, vn homme qui eust rendu
à l’Estat vn seruice si important & si illustre que de reduire les
Ennemis à demander la paix comme ils firent, voyans qu’il n’auoient
plus rien à esperer des partis formez dans le Royaume, eust
receu toutes les reconnoissances & toutes les recompenses qui
sont deües à de semblables actions. Mais il en arriue tout au contraire. Les deux partis du Prince &
des Frondeurs vnis emsemble, preuoyans qu’aprés leurs forces
ruïnées & abbattues, la paix general estant concluë, il n’y auoit
plus rien qui peust seruir d’obstacle au restablissement de l’authorité Royale, que le chastiment des factieux n’eust en suite dependu
que de la volonté du Roy, resoluent de faire vn dernier effort ;
par lequel ils puissent en mesme temps emporter la liberté
des Princes, & faire sortir le C. Mazarin hors du Royaume.   Le Coadjuteur & la Duchesse de Chevreuse se chargent de
mesnager cette affaire auprés du Dnc d’Orleans, & tous les interessez
agissent de leurs costé. Le Parlement qui auoit approuué
l’emprisonnement des Princes, sa Majesté luy en ayant expliqué
les motifs par ses lettres, se porte à faire des remonstrances. Le
Duc d’Orleans sabstient d’aller au Palais Royal, & d’assister au
Conseil, protestant de n’y point aller iusques à ce que le C. Mazarin
soit esloigné de la Cour. Il va au Parlement. L’on y rend des
Arrests, par lesquels on ordonne des remonstrances pour la liberté
des Princes, & pour l’esloignement du Cardinal : qu’vn Parlement
entreprenne de demander l’esloignement d’vn Ministre,
qui vient de mettre en liberté des Prouinces entieres par la desroute
des ennemis de l’Estat : & d’opiniastrer à mesme temps la
liberté des Princes dont l’humeur & le ressentiment ne manqueroient
pas de se porter à des guerres ciuiles. C’est chose estrange,
mais que S. A. Royale qui auoit eu si grande part dans cet emprisonnement,
& qui a si notable interest de defendre l’authorité
Royale, se porte à ces sortes de resolutions. Qu’vn fils de France
donne cet auantage à vn Parlement, que d’apprendre par sa bouche
les choses les plus secrettes qui s’estoient passées dans les Conseils
du Roy, & de solliciter des Arrests sur des affaires de cette
nature. C’est chose qui fut veuë auec estonnement, & qui fit bien
iuger aux plus sensez les suites & les consequences de cette entreprise. Tout cela neantmoins, Messieurs, estoit peu considerable si l’on
ne vous eust engagé dans l’affaire ; car que les Princes entreprennent
tout ce qu’ils leur plaira, contre les intentions du Roy : que
le Parlement & toutes les Compagnies s’y ioignent ; si vous sçauez
discerner la verite d’auec les pretextes, par lesquels on sçait vous
surprendre, ce seront des entreprises vaines & sans effet, si vous
sçauez ne vous attacher iamais à d’autres interests qu à ceux du
Roy, comme vous y estes obligez & vous contenir dans l’obeïssance ;
vous verrez tousiours tous leurs efforts inutils, & toutes les
factions qui s’esleueront estouffées dans leur naissance. Mais comme l’on fut informé que les chefs de cette entreprise
estoient asseurez de vous, pour l’execution, iusques à vous faire prendre les armes & hazarder les dernieres extremitez : le Roy
vsant de la prudence necessaire en ces rencontres voulut bien
consentir à la retraite du C. Mazarin : & luy mesme aima mieux
se retirer, que d’estre le pretexte de quelque emportement extraordinaire,
qui eust engagé trop auant l’authorité Royale.  

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Occurrence 423. Anonyme. ARTICLES ET CONDITIONS DONT SON ALTESSE... (1652) chez [s. n.] à Paris , 8 pages. Langue : français. Voir aussi B_5_29. Référence RIM : M0_424 ; cote locale : B_13_38. le 2012-04-13 10:45:10.

ARTICLES
ET CONDITIONS DONT
SON ALTESSE ROYALLE
ET MONSIEVR
LE PRINCE,
Sont conuenus pour l’expulsion
du C. Mazarin hors du
Royaume, en consequence
des Declarations du Roy
& des Arrests des Parlements
de France interuenus
sur icelles.

A PARIS,

M. DC. LII. ARTICLES ET CONDITIONS
dont son Altesse Royalle & Monsieur le
Prince sont conuenus pour l’expulsion du
Cardinal Mazarin hors du Royaume, en
consequence des Declarations du Roy &
des Arrests des Parlements de France interuenus
sur icelle. QVE son Altesse Royale, & Monsieur le
Prince, sont prests de poser les Armes, &
raprocher de la personne de sa Majesté; de
rentrer dans les Conseils, & de contribuer en ce
qui dependra d’eux pour procurer la Paix generale,
remettre les affaires, & restablir l’authorité
Royale, s’il plaist à sa Majesté, de commander en
bonne foy, au C. M. de sortir du Royaume & des
Places de son obeyssance, d’esloigner de ses Conseils
& d’aupres de sa personne les proches les
adherans, & de recuser sincerement les Declarations
qu’il a données sur ce sujet, en sorte que sadite
Altesse Royale & Monsieur le Prince ayent lieu
d’estre persuadez, que l’on ne violera plus la Foy
Publique. 2. Que si au contraire les artifices du C. M. preualent
sur l’esprit du Roy, & que contre les vœux
& les sentimens de toute la France, & au preiudice
des Declarations, l’on perseuere à le maintenir,
la qualité d’Oncle de sa Majesté qu’a son Altesse
Royale, l’obligeant continuellement à veiller au
bien du Royaume, & s’opposer à ce qui peut troubler
pendant le bas aage de sadite Majesté. Et
Monsieur le Prince ne pouuant se dispenser d’auoir
les mesmes sentimens pour l’honneur qu’il a
d’estre du Sang Royal; & considerant aussi qu’ils
ne peuuent trouuer aucune seureté pour leurs
Personnes pendant que le C. M. sera le Maistre des
affaires; ont promis & se sont obligez reciproquement,
& s’obligent tant pour eux, que Monsieur
le Prince, particulierement pour Monsieur le Prince
de Conty, & Madame la Duchesse de Longueuille
sa sœur, ausquels ils promettent & s’obligent de
faire ratifier le present Traicté aux mesmes conditions
qu’eux, Comme aussi pour ceux qui sont
dans leu s’interests communs, d’entrer en vnion,
& de ioindre leurs forces, employer leur credit &
leurs amis pour procurer l’exclusion du C. M. hors
du Royaume, & l’esloignement de ses proches
& des adherans qui sont declarez tels pour le continuel
commerce qu’ils ont auec luy, hors de la
Cour & des affaires. 3. Ils promettent de ne point poser les Armes
iusques à ce qu’ils ayent obtenu l’effet de l’article cy-dessus, & de n’entendre directement ny indirectement
à aucun accommodement, qu’à cette
condition & d’vn commun consentement.   4. Ils maintiendront & augmenteront les Trouppes
qu’ils ont sur pied autant qu’il leur sera possible,
& les feront agir conjoinctement ou separement
ainsi qu’ils trouueront pour le mieux, promettant
en outre d’apporter tous les soins pour les
faire subsister auec le moins d’incommodité qui se
pourra faire pour les Peuples. 5. Ils promettent d’accepter volontiers tous les
expediens raisonnables qui leur seront proposez
pour la pacification du Royaume, aux conditions
de l’exclusion du C. M. portées par le second article,
& de trauailler incessamment pour l’establissement
de la Paix generale, qui est vne des principales
fins du present Traicté, à laquelle sans doute,
il n’y aura plus d’obstacle, quand celuy qui a voulu
la continuation de la guerre sera esloigné, & la
reünion de la Maison Royale qu’il a empescheé si
long temps, sera solidement restablie. 6. Son Altesse Royale & Monsieur le Prince,
promettent de maintenir les Parlemens, les Cours
Souueraines du Royaume, les Principaux Officiers
de l’Estat, la Noblesse & toutes les personnes
de condition dans tous les Priuileges, & de leur
faire faire raison sur les pretentions legitimes qu’ils
pourront auoir de ne faire aucun Traicté sans leurs
participations, & qu’on ne leur ayt reparé les torts
& pertes qu’ils pourroient auoir fait en consequence de celuy-cy, & particulierement d’empescher
qu’il ne soit donné atteinte à l’obseruation de la
Declaration du 22. Octobre 1648. & pour cét effet
ils sont conuiez d’entrer en la presente Vnion
& de concourir aux fins pour lesquelles elle est
establie.   7. Le C. M. qui a tousiours gouuerné en effet,
quoy qu’il fust banny en apparence, ayant empesche
l’Assemblée des Estats generaux, dont le
Roy auoit promis la conuocation au 8. Septembre
1651 & ayant obligé les Deputez qui s’estoiẽ trouuez
à Tours au iour prefix, de se retirer auec honte
& confusion; Et sçachant d’ailleurs qu’il ne changera
pas sa conduite qu’il a tenuë, & qu’il empeschera
par tous moyens l’effet qu’on attend de leurs
deliberations, ou que s’il est capable de consentir
qu’ils s’assemblent, ce ne sera que pour les mettre
dans vn lieu, où il soit le Maistre. Son Altesse
Royale & Monsieur le Prince pour obuier à ces
deux inconueniens, promettent & s’obligent de
trauailler incessament, afin de les conuoquer dans
Paris, ou dans la ville la plus prochaine & la plus
commode, en sorte qu’il puissent agir auec vne
pleine liberté, au quel cas ils declarent qu’il soumettent
de tres bon cœur ce qu’ils ont d’interest,
qu’ils protestent n’estre autres que ceux du Roy &
de l’Estat, à leur decision, dont il sera dressé vn
Edit perpetuel & irreuocable pour estre ver fié
dans le Parlement de Paris, & dans tous ceux qui
seront entré dans la presente Vnion. 8. Son Altesse Royalle & Monsieur le Prince ne
pouuant tenir pour legitime ny reconnoistre le
Conseil qui a esté estably par le C. M. vn de ceux
qui le composent, ayant acheté son employ auec
vne notable somme d’argent qu’il a donnée audit
C. M. & estant obligé chacun selon le degré du
sang dont il ont l’honneur de toucher sa Majesté,
d’auoir soin de ses affaires, en sorte qu’elles soient
bient gouuernées, promettent de n’entendre à aucun
accommodement que les Creatures & Adherents
publics dudit Cardinal M. ne soient exclus
du Conseil d’Estat, & à condition qu’il ne sera
composé que de ceux dudit Conseil & d’autres
qui ne peuuent estre soupçonnés d’auoir aucune
part auec luy 9. Et d’autant que les Ennemis de Monsieur le
Prince voulloient decrier sa conduite, en publiant
qu’il a des liaisons auec les Estrangers, S. A. R. &
Monsieur le Prince declarent qu’ils n’auront iamais
commerce ny correspondance auec eux, que
pour l’establissement de la Paix generalle, & qu’ils
n’en prendront aucune à l’aduenir auec aucuns
Princes Estrangers, quelle n’a testé iugée auantageuse
au seruice du Roy & de l’Estat, par le Parlement
& personnes principalles qui entreront dans
la presente Vnion. 10. Et afin que les plus mal intentionés & les personnes
plus attachées à la fortune dudit C. M. Son
Altesse Royalle & Monsieur le Prince ont estimé à
propos de declarer expressement par cet article qu’ils n’ont autre interest que celuy de l’entiere
seureté de leur personne, & soit qu’ils fassent des
progres pendant que le malheur de l’Estat les obligera
d’employer leurs armes pour l’expulsion du
C. M. ou que les affaires s’accommodent par son
exclusion, ainsi qu’il a esté cy-destus expliqué, de
ne prendre aucuns nouueaux establissemens, &
de trouuer leur entiere satisfaction dans celle qu’aura
la France de voir la fin des troubles & la tranquillité
publicque asseurée.   11. Son Altesse Royale, & Monsieur le Prince ont
estimé neantmoins à propos par bonnes considerations
de conuenir qu’ils procureront de tout leur
pouuoir dans l’acommodement qui se pourra faire
des satisfactions iustes & raisonnables de tous
ceux qui sont presentement engagez dans la cause
commune, ou qui s’y ioindront cy apres, en sorte
qu’ils reçoiuent des marques effectiues de leurs
protestations autant qu’il leur sera possible. 12. Ce present Traicté a esté signé double par son
Altesse Royale, & par les Sieurs Comte de Fiesque
& de Gaucourt, pour & au nom de Monsieur le
Prince, le Prince de Conty, & Madame la Duchesse
de Longueville, en vertu du pouuoir qu’en a
donné Monsieur le Prince, & qui a esté presentement
remis és mains de son Altesse Royale, par
ledit sieur Comte de Fiesque, lesquels se sont obligez
& s’obligent de fournir leurs ratifications dans
vn mois au plus tard. Faict à Paris le 24. Ianuier
1652, Signé, GASTON, Charles Leon de Fiesque,
Ioseph, de Gaucourt.

FIN.

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