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Résultat de votre recherche de l'expression "Tailles" dans le corpus des Mazarinades :


Occurrence 701. Anonyme. DECISION DE LA QVESTION DV TEMPS. A LA REYNE... (1649) chez Besogne (Cardin) à Paris , 15 pages. Langue : français. Avec permission (au colophon). Voir aussi C_7_3, D_2_9 et E_1_127. Dans le Choix I de Moreau. Pièces 33 des 52 de Carrier.. Référence RIM : M0_871 ; cote locale : A_2_32. le 2017-06-29 06:29:49.

de vostre
authorité, ont changé nos ioyes en larmes, & nos cantiques en gemissemẽs.
La premiere Declaration estoit encore moitte de l’impression,
qu’on en a veu vne seconde, qui reduisoit les choses en pire estat
quelles n’estoient auparauant; qui remettant les Tailles en party,
remettoit le peuple sous la barbarie des Partisans; qui renouuelant
les prests auec vne nouuelle methode, establissoit vne nouuelle sorte
d’vsure, infame & tyrannique, innouye iusqu’à present, contraire à
l’Euangile, à l’vsage de l’Eglise & à ses Canons: & pour vne saignée
du bras que l’on faisoit auparauant au peuple, donnoit la liberté à
ces voleurs publics, de leur couper auec impunité la veine ingulaire.   Ah! Madame! ah Madame, que ie dirois de grandes choses à
vostre Maiesté, si i’osois rappeler le passé, sans crainte de luy blesser
le cœur. Qu’il y a long temps que les François auroient eu iuste suiet
de se sousleuer, & qu’ils l’auroient pû, ne manquant point de
cœur, ny de forces pour se maintenir, s’ils estoient Machiauelistes,
& pour dire tout, s’ils estoient Italiens & non point François. Ie demanderois
à vostre Maiesté, quels sentimens elle auoit de l’estat des
peuples, sous la conduite du Cardinal de Richelieu, du viuant du
feu Roy? Ie la supplierois de rappeler sa memoire, pour se souuenir
combien de fois elle en a pleuré? & iugeant des miseres, dont
le peuple estoit opprimé, par ce qu’elle soufroit en sa personne propre,
n’estimoit-elle pas la condition des François, plus dure &
moins supportable que celle des esclaues? Et neantmoins, Madame,
i’ose dire à vostre Maiesté, que ce n’estoit que l’ombre de ce dont à
present nous voyons la verité. Ce n’estoit que la peinture, de ce
dont la realité fait dans nos iours horreur au Ciel & à la terre. Et ce
qui est plus estrange durant la regence d’vne Princesse, de vertu incomparable, comme tout le monde reconnoist & admire vostre
Majesté. On ne voyoit pas pour lors, comme on fait à present,
les gens de guerre, destinez pour la defense de l’Estat contre les
ennemis, employez pour estre les Sergens des Partisans, afin de
piller & ruiner le peuple. Nous n’auions iamais appris en France,
qu’il fallust des fuzilliers pour leuer la taille. Cette race maudite,
est trop execrable, pour auoir son inuention parmy les peuples
qui se disent Chrestiens. On les a veus oster le pain aux meres, &
le laict aux enfans; rauir les brebis, & laisser les aigneaux dans la
neige: renfermer les troupeaux dans les estables, sans souffrir
qu’on leur donnast à manger, afin qu’ils y perissent de faim, On
les a veus auec blasphemes, prendre les Prestres à la barbe, battre,
blesser, tuer, brusler, sans qu’on ait osé se plaindre, à cause de
la protection qu’ils auoient aupres des Intendans. On a veu les
prisons pleines de miserables pour raison de la taille, où ils ont demeuré
les deux & les trois années, cependant que leurs enfans demandant
l’aumosne, ne trouuoient point de pain pour se nourrir.
On a veu des brigands voler & assassiner les Marchands en pleine
campagne, & au milieu du Royaume, sous pretexte de traitte foraine,
sans qu’on en ait peu auoir raison, mesme dans le Conseil
Priué du Roy. On a veu dans la plus grande fertilité des années,
les pauures Païsans manger l’herbe, & qui eussent creu d’estre à la
nopce, ayant du pain que l’on donne aux chiens, parce qu’ils n’auoient
pas vn sol pour en acheter. Et pour ne proposer point des
exemples esloignez, combien de sois vostre Majesté, Madame, a
elle esté importunée des clameurs & des plaintes de toute sorte de
personnes, & de toutes conditions, dedans & dehors de Paris, sans
qu’elles ayent receu aucun soulagement, parce que vostre Majesté
obsedée, a tousiours esté diuertie, de l’inclination naturelle qu’elle
a à la compassion, sous des pretextes impies & cruels, que l’on qualifie
du nom de Politiques.   Parmy tant & de si rudes traittemens, & durant tant d’années,
qu’a on dit? qu’a-on fait? L’Eglise & la Noblesse ont esté dans l’oppression
comme les autres, quelle émotion a-on fait pour cela?
a on fait ligue? s’est on souleué? a on pris les armes, encore qu’il y
en eust iuste sujet, contre ces sangsuës humaines, qui de laquais &
banqueroutiers, sont deuenus grands Seigneurs, & possedent des
biens immenses, qu’ils ont volé auec impunité, & ruiné l’Estat sous le nom du Roy, & vostre authorité?   Mais on les a prises? Oüy Mais quand? Lors qu’on s’est veu
assailly par le fer, le feu, le sang & la faim, les plus extraordinaires
& cruels ennemis de la vie des hommes. Lors qu’on
s’est veu assiegé de tous costez, par des demons, non par des
hommes. Lors qu’on a veu les Allemans & les Polonois voler,
violer, & piller plus cruellement qu’en vn païs de conqueste.
Lors qu’on a entendu publier les defenses, d’apporter à Paris
aucuns viures, sur peine de la vie. Lors qu’on a veu les villages
pillez & desolez, pour marque de ce que l’on preparoit
aux Parisiens. Mais encore qu’a-on fait auec ces armes? On a tasché
à se conseruer de la surprise, & d’vn pillage general. A se garentir
des coureurs, qui viennent voler iusques dedans, les portes.
Et si l’on s’est auancé plus auant, ç’a esté pour aller chercher du
pain, afin que les pauures ne mourussent pas de faim; encore ne
l’a-on pû auoir qu’au prix de beaucoup de sang. Et voila, Madame,
ce que ces sçauans en la Theologie de Machiauel, veulent faire
passer dans l’esprit de vostre Majesté pour rebellion, dont Dieu,
qui voit tout, & qui penettre les cœurs, sera enfin le Iuge, & prendra
le party de la Iustice; comme non seulement Paris, mais toute
la France l’en supplie, auec des larmes & des gemissemens. Mais si le Parlement, si Paris, est rebelle, qu’est ce que les habitans
de la campagne, ont fait à vostre Majesté? Dequoy sont coulpables
les pauures villageois, que l’on a mis en chemise & à la besace,
ne leur laissant pas seulement de la paille pour coucher, ny
des portes à leurs maisons, pour se defendre de la rigueur de l’Hyuer?
Hé, l’oserai-ie dire à vostre Maiesté? & le pourra elle bien
entendre, sans mourir de douleur? De quel crime estoient coulpables
les femmes & les filles des vilages conuoisins, que pour
l’expier, il ait fallu les exposer à la barbarie des Soldats, pour estre
violées? Qu’on les aye veu rauies d’entre les bras de leur Pasteur,
où elles s’estoient refugiées, trainées dans l’Eglise; & là leur pudeur
& leur virginité prostituée, en la presence de Iesus-Christ au S.
Sacrement de l’Autel; afin de ioindre le sacrilege, au rauissement,
& faire voir qu’on n’est pas moins ennemy de Dieu que des hommes?
Oseray-ie encore faire vne demande? Quelle desobeyssance,
auoit receu vostre Maiesté des Eglises, pour en punition
estre exposée au pillage; iusqu’aux nappes, aux Croix, & aux Calices, & au ciboire où repose le corps de Iesus Christ? sans
parler des prophanations insolentes, & sacrileges, qui y ont
esté commises? Et puis l’on dira que cela est iuste Et puis l’on
asseurera vostre Maiesté, qu’il n’y a point matiere de peché
veniel! Va flateuse, mais sacrilege & abominable Theologie! Allez
esprits de tenebres, instrumens d’Enfer, demons déguisez,
Athées execrables. Si l’on va au Ciel par cette voye, quel chemin
faut-il tenir pour aller en Enfer? Si l’on opere son salut parmy
les vols, les meurtres, les viols, les rauages, les sacrileges;
quelles actions faut-il faire, pour fabriquer sa torture, & trauailler
à sa damnation? Si c’est la conduite qu’il faut tenir, pour viure
auec les Anges & les Bien-heureux; Enseignez nous celle, qui
rend les hommes compagnons des Diables, afin que nous taschions
de l’euiter?   Mais il semble, Madame, que ie voy vostre Maiesté rougir, &
d’vn mouuement de colere, respondre, qu’elle ne participe point à
tous ces crimes, ausquels elle ne voudroit pas mesme penser: qu’elle
ne les a point commandez, au contraire, qu’elle les improuue,
& les deteste. Ie ne doute point qu’il ne soit ainsi; mais mon souhait
seroit, que cette excuse, quoy que veritable, fust legitime deuant
Dieu, pour le repos & la décharge de vostre conscience. Oüy,
Madame! Et plust à Dieu que ce fust assez pour satisfaire à cette
supreme Iustice, deuant laquelle les Rois ne sont pas plus fauorablement
traittez que les autres hommes. Mais vostre Maiesté est mieux instruite que cela, elle sçait trop
bien, & ses Directeurs ne peuuent pas dire le contraire, que les fautes
des seruiteurs sont imputées au Maistre, lors qu’il les peut corriger,
qu’il le doit & ne le fait pas. Qu’Eli dans l’Escriture mourut
malheureusement, pour auoir toleré les crimes de ses enfans.
Que les loix Diuines & humaines, punissent les Capitaines, pour
les outrages causez par leurs Soldats, encore qu’ils ne soient pas
commis en leur presence, qu’ils les defendent, & qu’ils en ayent
du déplaisir. Que les Princes sont responsables, de toutes les fautes
de ceux qui agissent sous leur conduite. Et encore qu’ils n’ayent
point de Superieur, de la Iustice duquel ils releuent, & dont ils apprehendent
les chastimens, leur condition en cela en est d’autant
plus dangereuse, plus à craindre & plus à plaindre, qu’ils ont pour
Iuge de leurs actions celuy qui en est le tesmoin. Que le mesme Dieu, qui voit & lit iusqu’au centre de leur cœur, est le Souuerain
incorruptible, qui prononcera l’Arrest dont il n’y aura point d’appel.
Ainsi, Madame, & suiuant la maxime, que nous faisons nous
mesme, ce que nous faisons par les mains d’autruy. Ie le diray,
mais auec larmes & le respect que ie dois à vostre Maesté: Que c’est
elle qui fait tous ces outrages, & qui cause tous ces maux: C’est elle
qui vole: c’est elle qui pille, qui tuë, qui meurtrit, qui assassine, &
par vne inuention du Demon, contre la Nature & la possibilité de
son sexe, qui rauit la pudeur aux femmes, & aux filles la virginité.
Et parmy tous ces desordres incroyables, il ne se trouuera pas vn
peché veniel?   Hé quoy! piller les Eglises, prophaner les choses Sainctes,
faire de la maison de Dieu, non seulement vne retraitte de voleurs,
mais vn lieu infame pour la prostitution & le rauissement
de la pudicité des Vierges Françoises, par la rage des Polonois
& des Allemans, passera pour vne action legitime? Si les vols, les
viols, les sacrileges, les cruautez, les barbaries sont permises sous
vn pretexte de guerre, pourquoy blasmons nous les Turcs & les
Heretiques, dans les ruines dont nous voyons encore fumer les
vestiges? Les Sarrasins & les Barbares, qui tiennent les Chrestiens
à la chaisne, par l’auersion qu’ils ont à nostre Religion &
au Sauueur que nous adorons, les traittent ils auec la seuerité,
pour ne dire la cruauté, auec laquelle vostre Majesté soufre,
que l’on traitte les Sujets du Roy & les enfans de Iesus-Christ,
tous nuds dans les plus aspres rigeurs de l’Hyuer, à Sainct Germain
dans vn tripot, ou au bois de Vincenne dans vne caue: où trois cens
sans paille, n’ont autre chaleur que celle de la puanteur des excremens,
que la nature les contraint de se faire l’vn sur l’autre? Sont-ce
les loix de la guerre, mesme entre les plus Barbares? Et tout cela
est Chrestien! Et tout cela d’vne Princesse qui entend tous les
iours la Messe, qui Communie souuent, qui frequente le Sacrement
de Penitence, & qui n’en est point touchée, & ne s’en confesse point,
parce qu’on l’a asseurée qu’il n’y auoit point de peché mesme
Veniel! Et si l’on rendra compte à Dieu d’vne parole oiseuse,
& de laquelle personne n’est offencé, sera-on canonizé pour auoir
versé le sang des innocens? Iesus-Christ recompensera il de sa
gloire au dernier iour, ceux qui auront fait perir par le fer, par le
feu & par la faim, les enfans qu’il à enfantez en la Croix, dans l’effort & l’excez de ses soufrances, luy qui proteste de precipiter
en Enfer, ceux qui leur auront refusé du pain en leur necessité?   Ah, Madame, ce ne sont pas les maximes de l’Euangile! Et il
est bien estrange, qu’au mesme temps, que tout Paris est prosterné
dans les Eglises, en la presence de Iesus-Christ, exposé sur les
Autels, pour demander à Dieu la conseruation de vostre Majesté,
& la prolongation de sa vie, vous defendiez sous peine de la vie,
de leur rien apporter; afin que dans huict iours vous offriez à la
mort, vne Hostie de quatre cent mille vies! Cependant qu’ils
crient à Dieu, du plus profond de leur ame, qu’il conserue le Roy,
vous prononcez l’Arrest pour la leur rauir, par le plus cruel Tyran
de la vie, qui est la faim. Vous demandez leur mort, cependant
qu’ils ne souspirent que pour vostre vie. Vous appelez les Estrangers
pour les opprimer, sçachant bien que les vrais François n’auroient
pas assez de cœur pour se souler du sang de leurs compatriottes,
auec tant d’in humanité, cependant qu’ils prouocquent
les Anges de vous estre fauorables. Et vous mettez les armes en
la main de la colere, du despit, de la perfidie, de l’auarice & de
l’interest, pour couper les testes & les mains, qui sont esleuées vers
le Ciel, afin d’implorer son secours pour la santé du Roy, pour la
prosperité de ses armes contre ses ennemis, pour le repos & la tranquillité
de son Estat, & pour l’heureux succez de vostre regence.
Ainsi faisant vn crime de leurs vœux, & vne impieté de leurs prieres,
vous changez les loüanges qu’ils meritent en iniures, les recompenses
honorables en suplices: & comme si ce n’estoit pas assez
de leur oster la vie, vous voudriez leur rauir l’honneur & la
conscience si vous pouuiez, en les faisant passer pour rebelles &
factieux, & tout cela auec Iustice, & sans apprehension d’offencer,
non pas mesme veniellement. Ie supplierois volontiers vostre Majesté, Madame, qu’elle demandast
à ces Casuistes admirables, l’explication & l’intelligence
de l’histoire tragique de Naboth, qu’ils luy rapportassent auec fidelité,
quel en estoit le sujet, quels en surent les acteurs, le commencement,
le progrez, la fin & la suitte, ainsi que nous l’apprenons
de l’Escriture Saincte. Naboth auoit vne vigne qui luy appartenoit,
& non pas au Roy: Les François ont des biens qui leur
appartiennent, & non pas à leur Prince, quoy que veüillent dire
les faux Ministres, & les perfides Partisans. Le Roy voulut auoir la vigne de Naboth, par le seul motif de ses plaisirs; Les Ministres
sous l’autorité du Roy, ayant desia raui plus des trois quarts, veulent
auoir le reste des facultez des peuples, pour assouuir leurs passions
& leurs auarices. Naboth fist des remontrances au Roy: Le
Parlement au Nom de tous les Sujets du Roy, en a fait & reïteré
plusieurs fois de tres iustes & tres-importantes. Pour forcer Naboth,
à perdre la vie, auec sa vigne, on inuente cruellement qu’il a
mal parlé du Roy: Pour rauir la vie aux François, auec leurs biens,
on suppose malitieusement qu’ils sont rebelles. Ie ne fais point l’application
du reste de l’histoire, fasse nostre Seigneur par sa misericorde,
qu’elle soit defectueuse pour nostre regard, & quelle n’arriue
iamais.   Ie laisse vostre Majesté dans ces pensées, mais entre les bras
de la Croix, & dans les playes du Crucifié, afin de les mieux digerer,
& d’en temperer les amertumes par le meslange de celles de
cet aymable Sauueur. C’est dans ce cœur sacré, Madame, dans ce
cabinet Royal, dans cette fournaise de charité, que ie coniure vostre
Majesté, par tous les sentiments d’vne ame Chrestienne, & par elle
mesme, de considerer auec attention, & peser auec le poids du sanctuaire,
le dessein, l’esprit & conduitte, de ce Dieu misericordieux,
de ce Roy clement, de ce Pere benin, & debonnaire Seigneur,
& d’en faire la comparaison auec les vostres. Cependant
que prosterné aux pieds de sa Croix, les larmes aux yeux, les sanglots
en la bouche, & les souspirs dans le cœur, ie ne me contenteray
pas de le supplier, mais ie le coniureray auec tous les fideles
François, par la vertu & les merites de son sang, de conseruer vostre
Maiesté, dans l’eminence & l’esclat de la pieté & de la vertu, necessaires
à vne grande Princesse, qui par l’effet de deux Sacremens,
porte les tiltres glorieux, de Tres-Chrestienne & Tres-Catholique.
Qu’il luy remette par sa misericorde tous les meurtres, les
vols, les viols, les incendies & les sacrileges, qui ont esté commis
sous son authorite, & qu’elle a tollerez par vne conscience erronée,
formée par des Casuistes ignorans & malitieux. Qu’il luy
donne à l’aduenir de meilleurs conseils, plus Chrestiens & moins
interessez. Qu’il couronne sa Regence des benedictions du Ciel,
& des acclamations des peuples, & qu’il la rende à iamais triomphante
dans son amour & dans l’histoire. PERMISSION. La Cour a permis à Cardin Besongne d’imprimer, vendre &
debiter le present Liure intitulé, Decision de la Question du temps,
à la Reyne Regente. Et deffenses à tous autres de l’imprimer, sur
peine de confiscation des Exemplaires contre-faits. Fait à Paris le
27. Fevrier mil six cents quarante neuf.

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Occurrence 703. Anonyme. ARREST DE LA COVR DE Parlement, du 8.... (1649) chez Guillemot (veuve de Jean) à Paris , 4 pages. Langue : français. Du 8 juillet 1617 [sic]. Sans page de titre. Date, lieu et imprimeur sont au colophon. Voir aussi E_1_93. Référence RIM : M0_204 ; cote locale : D_2_21b. le 2012-04-01 04:02:32.

ARREST DE LA COVR DE
Parlement, du 8. Iuillet 1617. donné contre
le deffunct Marquis d’Ancre & sa
femme. VEV par la Cour, les grand’Chambre, Tournelle, &
de l’Edict assemblées, le procez criminel fait suiuãt
les Lettres patentes du Roy, par les Conseillers
d’icelle à ce par elle Cõmis, à la Requeste du Procureur
general, demandeur en crime de leze-majesté,
diuine & humaine, contre Maistre Pierre Mulart,
Procureur en ladite Cour, curateur par elle ordonné à la memoire
de desfunt Concino Conchini, viuant Marquis d’Ancre, Mareschal
de France, Leonora Galligai sa veufue, Vincent Ludouici, &
Anthoine Montaubert leurs Secretaires ; prisonniers en la Conciergerie
du Palais, pour raison des impietez entreprises contre
l’auctorité du Roy & de son Estat, traittez & negociatiõs secrettes
auec les Estrangers, fontes d’artilleries, changement des Armes du
Roy, & application de celles dudit Conchini sur lesdites Artilleries,
Magasins d’Armes, Poudres, & autres munitions de Guerre,
interuersion des deniers publics, appliquez au proffit desdits Conchini
& Galligai, & transport d’iceux hors le Royaume sans permission
du Roy : Informations : Interrogatoires des 26. 27. & 30.
Avril, deux, trois, six, sept, huit, neuf, dix, vnze May, & quatriesme
jour de Iuin derniers : Confrontations des tesmoings : Autre
procez criminel fait à la Requeste de Dame Marie Bochard, veufue
du deffunt sieur de Prouuille, viuant Sergent major en la Ville
& Citadelle d’Amiens, tant en son nom que comme tutrice des
enfans mineurs dudit deffunt & d’elle, pour raison de l’assassinat
commis en la personne dudit deffunt de Prouuille, suiuant autre
Arrest de renuoy fait par le Roy, contre lesdits Mulart curateur, & Galligai : Conclusions ciuiles & production de ladite Bochard :
Deffences par attenuation dudit Mulart curateur : Requeste presentée
par Marie le Mairat, veufue de deffunt Nicolas Largentier,
sieur de Vaucemain, le 27. Iuin dernier, signiffiée & mise au sac, de
l’Ordonnance de ladite Cour : Conclusions du Procureur general
du Roy, & tout ce que par luy a esté mis & produit : Ouys & interrogez
par ladite Cour, lesdits Mulart curateur, Galligai, Ludouici
& Montaubert, sur les cas à eux imposez & contenus audit procez ;
tout consideré. DIT A ESTÉ que ladite Cour a declaré
& declare lesdits Conchini, & Galligai sa veufue, criminels de leze-
majesté diuine & humaine ; Et pour reparation, a condamné &
cõdamne la memoire dudit Conchini à perpetuité, & ladite Galligai
à auoir la teste trãchée sur vn eschafaut, pour cét effet dressé en
la place de Gréve de cette Ville de Paris, son corps & teste bruslez
& reduits en cendres, leurs biens feodaux, tenus & mouuans de la
Couronne de France, révnis & incorporez au Domaine d’icelle :
Leurs autres fiefs, biens meubles & immeubles estãs en ce Royaume,
acquis & confisquez au Roy, sur iceux prealablement pris la
somme de quarante huit mil liures parisis d’amande, pour estre
employez à œuures pies, pain des Prisonniers de la Conciergerie
& autres necessitez, selon la distribution qui en sera faite par ladite
Cour, & vingt-quatre mil parisis, qu’elle a adjugé & adjuge à ladite
Bochard audit nom, sur tous lesdits biens confisquez, le tiers à
elle, & les deux autres tiers aux enfans dudit deffunt & d’elle, pour
toute reparation ciuille, despens, dommages & interests, outre les
sommes contenuës és Arrests donnez contre les complices. Et a
ladite Cour declaré & declare tous les autres biens par lesdits
Conchini & Galligai acquis, tant à Rome, Florence, qu’autres
lieux hors le Royaume, appartenir au Roy, comme prouenus des
deniers dudit seigneur Roy, & mal pris au fonds de ses Finances. Et
à cette fin le Procureur general du Roy fera les diligences necessaires
pour la restitution d’iceux ; A declaré & declare l’enfant nay
du mariage desdits Conchini & Galligai ignoble, & incapable de
tenir estats, offices & dignitez en ce Royaume ; Ordonne que la
maison en la quelle demeuroit ledit deffunt, prés le Louure, sera
rasée & démolie, sous le bon plaisir du Roy, & que les biens non
mouuans de la Couronne, seront vendus, & les deniers en prouenans
auec d’autres cy-dessus declarez, appartenir au Roy, mis en
ses coffres pour estre employez aux affaires dudit seigneur Roy. Et
pour le regard dudit Ludouici & Montaubert, sera plus amplemẽt
contr’eux informé pour raison des cas mentionnez audit procez,
circonstances & dépendances, cependant les a eslargis & eslargit
partout, à la charge d’eux representer quand par ladite Cour sera
ordonné, eslisant domicille, & faisant les submissiõs accoustumées ;
A fait & fait inhibitions & deffences à toutes personnes de quelque
qualité & condition qu’ils soient, auoir intelligences & communiquer
auec les Estrangers, par eux ou par personnes interposées,
directement ou indirectement, sans commandement expres &
permission du Roy, ne sous pretexte de party, droict d’aduis, des dommagemens,
& autres moyens tendans à interuersion & diminution
de ses Finances, prendre part & proffit à iceux, le tout sur
peine de la vie, & de repetition des deniers cõtre leurs heritiers, &
heritiers de leurs heritiers. Et sera déliuré Cõmission au Procureur
general, pour informer des contrauentions au present Arrest. Et
encore à toutes persõnes de transporter l’or & l’argent mõnoyé &
non monnoyé hors le Royaume, à peine de confiscation de corps
& de biens. A declaré & declare tous Estrangers incapables de tenir
Offices, Benefices, honneurs, dignitez, Gouuernemens & Capitaineries
en ce Royaume, suiuant les Edicts & Ordonnances.
Ordonne ladite Cour que Constojoux sera pris au corps & amené
prisonnier en la Conciergerie du Palais, pour ester à droict ; & où
il ne pourra estre aprehendé, sera adjourné à trois briefs jours à son
de Trompe & cry public, à comparoir en ladite Cour, ses biens
saisis, & Commissaires y establis, jusques à ce qu’il ait obey, & que
Maistre Robin, cy-deuant Controlleur des Finances, prisonnier,
sera ouy & interrogé sur les cas resultans dudit procez,
pour ce fait & communiqué au Procureur general, ordonner ce
qu’il appartiendra. Et sur la Requeste de ladite le Mairat, du 27.
Iuin dernier, se pouruoira pardeuers le Roy, ainsi qu’elle verra
bon estre. Fait en Parlement, & prononcé à ladite Galligai, & executé
le 8. Iuillet 1617. & ausdits Ludouici & Montaubert atteints,
au Guichet desdites Prisons, qui ont promis & juré se representer,
& fait les submissions, & esleu domicille en la maison de Maistre
Fournier, Procureur en ladite Cour, le 13. dudit mois.  

A PARIS,
De l’IMPRIMERIE de la Veufve
I. GVILLEMOT, ruë des
Marmouzets, deuant la petite Porte
de l’Eglise Sainte Magdeleine.

M. DC. XXXXIX.

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Occurrence 705. Anonyme. DECISION DE LA QVESTION DV TEMPS. A LA REYNE... (1649) chez Besongne (Jacques) à Rouen , 14 pages. Langue : français. Jouxte la copie imprimée à Paris. Avec permission. Voir aussi A_2_32, C_7_3 et D_2_9. Dans le Choix I de Moreau. Pièce 33 des 52 de Carrier.. Référence RIM : M0_871 ; cote locale : E_1_127. le 2017-06-29 06:28:28.

y perissent de faim. On
les a veus auec blasphemes, prendre les Prestres à la barbe, battre,
blesser, tuer, brusler, sans qu’on ait osé se plaindre, à cause de
la protection qu’ils auoient aupres des Intendans. On a veu les
prisons pleines de miserables pour raison de la taille, où ils ont demeuré
les deux & les trois années, cependant que leurs enfans demandant
l’aumosne, ne trouuoient point de pain pour se nourrir.
On a veu des brigands voler & assassiner les Marchands en pleine
campagne, & au milieu du Royaume, sous pretexte de traicte foraine,
sans qu’on en ait peu auoir raison, mesme dans le Conseil
Priué du Roy. On a veu dans la plus grande fertilité des années,
les pauures Paysans manger l’herbe, & qui eussent creu d’estre à la
nopce, ayant du pain que l’on donne aux chiens, parce qu’ils n’auoient
pas vn sol pour en acheter. Et pour ne proposer point des
exemples esloignez, combien de fois vostre Majesté, Madame, a
elle esté importunée des clameurs & des plaintes de toute sorte de
personnes, & de toutes conditions, dedans & dehors de Paris, sans
qu’elles ayent receu aucun soulagement, parce que vostre Majesté
obsedée, a tousiours esté diuertie, de l’inclination naturelle qu’elle
a à la compassion, sous des pretextes impies & cruels, que l’on qualifie
du nom de Politiques.   Parmy tant & de si rudes traictemens, & durant tant d’années,
qu’a-on dit ? qu’a-on fait ? L’Eglise & la Noblesse ont esté dans l’oppression
comme les autres, quelle esmotion a-on fait pour cela ?
a-on fait ligue ? s’est-on souleué ? a-on pris les armes, encore qu’il y
en eust iuste suiet, contre ces sangsuës humaines, qui de laquais &
banqueroutiers, sont deuenus grands Seigneurs, & possedent des
biens immenses, qu’ils ont volé auec impunité, & ruiné l’Estat sous le nom du Roy, & vostre authorité ?   Mais on les a prises ? Ouy. Mais quand ? Lors qu’on s’est veu
assailly par le fer, le feu, le sang & la faim, les plus extraordinaires
& cruels ennemis de la vie des hommes. Lors qu’on s’est veu
assiegé de tous costez, par des demons, non par des hommes.
Lors qu’on a veu les Allemans & les Polonois voler, violer, &
piller plus cruellement qu’en vn pays de conqueste. Lors qu’on a
entendu publier les deffenses, d’apporter à Paris aucuns viures,
sur peine de la vie. Lors qu’on a veu les villages pillez & desolez,
pour marque de ce que l’on preparoit aux Parisiens. Mais
encore qu’a-on fait auec armes ? On a tasché à se conseruer de la
surprise, & d’vn pillage general. A se garentir des coureurs, qui
viennent voler iusques dedans les portes. Et si l’on s’est auancé
plus auant, ç’a esté pour aller chercher du pain, afin que les pauures
ne mourussent pas de faim, encore ne l’a-on peu auoir qu’au
prix de beaucoup de sang. Et voila, Madame, ce que ces sçauans
en la Theologie de Machiauel, veulent faire passer dans l’esprit de
vostre Majesté pour rebellion, dont Dieu, qui voit tout, & qui
penettre les cœurs, sera en fin le Iuge, & prendra le party de la
Iustice ; comme non seulement Paris, mais toute la France l’en
supplie, auec des larmes & des gemissemens. Mais si le Parlement, si Paris, est rebelle, qu’est-ce que les habitans
de la campagne ont fait à vostre Majesté ? Dequoy sont coulpables
les pauures villageois, que l’on a mis en chemise & à la besace,
ne leur laissant pas seulement de la paille pour coucher, ny
des portes à leurs maisons, pour se deffendre de la rigueur de l’Hyuer ?
Hé, l’oseray-ie dire à vostre Majesté ? & le pourra-elle bien
entendre, sans mourir de douleur ? De quel crime estoient coulpables
les femmes & les filles des villages conuoisins, que pour
l’expier, il ait fallu les exposer à la barbarie des Soldats pour estre
violées ? Qu’on les aye veu rauies d’entre les bras de leur Pasteur,
où elles s’estoient refugiées, traisnées dans l’Eglise ; & la leur
pudeur & leur virginité prostituée, en la presence de Iesus Christ
au Sainct Sacrement de l’Autel, afin de ioindre le sacrilege, au
rauissement, & faire voir qu’on n’est pas moins ennemy de Dieu
que des hommes ? Oseray-ie encore faire vne demande ? Quel
tort auoit receu vostre Maiesté des Eglises, pour en punition
estre exposées au pillage ; iusqu’aux nappes, aux Croix, aux Calices, & au Cyboire où repose le Corps de Iesus Christ ? sans
parler des autres Prophanations insolentes & sacrileges, qui y ont
esté commises ? Et puis l’on dira que cela est iuste ! Et puis l’on
asseurera vostre Majesté, qu’il n’y a point matiere de peché
veniel ! Va flateuse, mais sacrilege & abominable Theologie ! Allez
esprits de tenebres, instrumens d’Enfer, demons deguisez,
Athées execrables. Si l’on va au Ciel par cette voye, quel chemin
faut-il tenir pour aller en Enfer ? Si l’on opere son salut parmy
les vols, les meurtres, les viols, les rauages, les sacrileges ;
quelles actions faut-il faire, pour fabriquer sa torture, & trauailler
à sa damnation ? Si c’est la conduite qu’il faut tenir, pour viure
auec les Anges & les bien-heureux ; Enseignez nous celle, qui
rend les hommes compagnons des diables, afin que nous taschions
de l’euiter ?   Mais il semble, Madame, que ie voy vostre Maiesté rougir, &
d’vn mouuement de colere, respondre, qu’elle ne participe point à
tous ces crimes, ausquels elle ne voudroit pas mesme penser : qu’elle
ne les a point commandez, au contraire, qu’elle les improuue
& les deteste. Ie ne doute point qu’il ne soit ainsi : mais mon souhait
seroit, que cette excuse, quoy que veritable, fust legitime deuant
Dieu, pour le repos & la descharge de vostre conscience. Ouy,
Madame ! Et pleust à Dieu que ce fust assez pour satisfaire à cette
supreme Iustice, deuant laquelle les Roys ne sont pas plus fauorablement
traittez que les autres hommes. Mais vostre Maiesté est mieux instruite que cela, elle sçait trop
bien, & ses Directeurs ne peuuent pas dire le contraire, que les fautes
des seruiteurs sont imputées au Maistre, lors qu’il les peut corriger,
qu’il le doit & ne le fait pas. Qu’Eli dans l’Escriture mourut
malheurẽusement, pour auoir toleré les crimes de ses enfans.
Que les Loix Diuines & humaines, punissent les Capitaines, pour
les outrages causez par leurs Soldats, encore qu’ils ne soient pas
commis en leur presence, qu’ils les deffendent, & qu’ils en ayent
du desplaisir. Que les Princes sont responsables de toutes les sautes
de ceux qui agissent sous leur conduite. Et encor qu’ils n’ayent
point de Superieur de la Iustice duquel ils releuent, & dont ils apprehendent
les chastimens, leur condition en cela en est d’autant
plus dangereuse, plus à craindre & plus à plaindre, qu’ils ont pour
Iuge de leurs actions celuy qui en est le tesmoin. Que le mesme Dieu, qui voit & lit iusqu’au centre de leur cœur, est le Souuerain
incorruptible, qui prononcera l’Arrest dont il n’y aura point d’appel.
Ainsi, Madame, & suiuant la maxime que nous faisons nous
mesme, ce que nous saisons par les mains d’autruy. Ie le diray,
mais auec larmes & le respect que ie dois à vostre Maiesté ; Que c’est
elle qui fait tous les outrages, & qui cause tous ces maux : C’est elle
qui vole : c’est elle qui pille, qui tuë, qui meurtrit, qui assassine, &
par vne inuention du demon, contre la Nature & la possibilité de
son sexe, qui rauit la pudeur aux femmes, & aux silles la virginité.
Et parmy tous ces desordres incroyables, il ne se trouuera pas vn
peché veniel.   Hé quoy ? piller les Eglises, prophaner les choses Sainctes,
faire de la Maison de Dieu, non seulement vne retraitte de voleurs,
mais vn lieu infame pour la prostitution & le rauissement
de la pudicité des Vierges Françoises, par la rage des Polonois
& des Allemans, passera pour vne action legitime ? Si les vols, les
viols, les sacrileges, les cruautez, les barbaries sont permises sous
vn pretexte de guerre, pour quoy blasmons nous les Turcs & les
Heretiques, dans les ruines dont nous voyons encore fumer les
vestiges ? Les Sarrasins & les Barbares, qui tiennent les Chrestiens
à la chaisne, par l’aduersion qu’ils ont à nostre Religion &
au Sauueur que nous adorons, les traittent-ils auec la seuerité,
pour ne dire la cruauté, auec laquelle vostre Majesté souffre,
que l’on traitte les Subjets du Roy & les enfans de Iesus Christ,
tous nuds dans les plus aspres rigueurs de l’hyuer, à Saint Germain
dans vn tripot, ou au bois de Vincenne dans vne caue, où trois cens
sans paille, n’ont autre chaleur que celle de la puanteur des excremens,
que la nature les contraint de se faire l’vn sur l’autre ? Sont
ce les Loix de la guerre, mesme entre les plus Barbares ? Et tout cela
est Chrestien ! Et tout cela d’vne Princesse qui entend tous les
iours la Messe, qui Communie souuent, qui frequente le Sacrement
de Penitence, & qui n’en est point touchée, & ne s’en confesse
point, parce qu’on l’a asseurée qu’il n’y auoit point de peché mesme
Veniel ! Et si l’on rendra compte à Dieu d’vne parole oiseuse,
& de laquelle personne n’est offencé ; sera-on canonisé pour auoir
versé le sang des innocens ? Iesus Christ recompensera-il de sa
gloire au dernier iour, ceux qui auront fait perir par le fer, par le
feu & par la faim, les enfans qu’il a enfantez en la Croix, dans l’effort & l’excez de ses souffrances, luy qui proteste de precipiter
en Enfer, ceux qui leur auront refusé du pain en leur necessité ?   Ah, Madame, ce ne sont pas les maximes de l’Euangile ! Et il
est bien estrange, qu’au mesme temps, que tout Paris est prosterné
dans les Eglises, en la presence de Iesus Christ, exposé sur les Autels,
pour demander à Dieu la conseruation de vostre Majesté, & la prolonguation
de sa vie, vous defendiez sous peine de la vie, de leur
rien apporter ; afin que dans huit iours vous offriez à la mort, vne
Hostie de quatre cent mille vies ! Cependant qu’ils crient à Dieu,
du plus profond de leur ame, qu’il conserue le Roy, vous prononcez
l’Arrest pour leur rauir, par le plus cruel Tyran de la vie, qui est la
faim. Vous demandez leur mort, cependant qu’ils ne souspirent
que pour vostre vie. Vous appelez les Estrangers pour les oprimer,
sçachant bien que les vrays François n’auroient pas assez de cœur
pour se souler du sang de leurs compatriottes, auec tant d’inhumanité,
cependant qu’ils prouoquent les Anges de vous estre fauorables.
Et vous mettez les armes en la main de la colere, du despit, de
la perfidie, de l’auarice & de l’interest, pour couper les testes & les
mains, qui sont esleuées vers le Ciel, afin d’implorer son secours
pour la santé du Roy, pour la prosperité de ses armes contre ses ennemis,
pour le repos & la tranquillité de son Estat, & pour l’heureux
succez de vostre Regence. Ainsi faisant vn crime de leurs vœux, &
vne impieté de leurs prieres, vous changez les louanges qu’ils meritent
en injures, les recompenses honorables en suplices : & comme si
ce n’estoit pas assez de leur oster la vie, vous voudriez leur rauir
l’honneur & la conscience si vous pouuiez, en les faisant passer pour
rebelles & factieux, & tout cela auec Iustice, & sans apprehension
d’offencer, non pas mesme veniellement. Ie suplierois volontiers V. M, Madame, qu’elle demandast à ces
Casuistes admirables, l’explication & l’intelligence de l’histoire tragique
de Naboth, qu’ils luy raportassent auec fidelité, quel en estoit
le sujet, quels en furent les acteurs, le commencement, le progrez,
la fin & la suitte, ainsi que nous l’apprenons de l’Escriture Saincte.
Naboth auoit vne vigne qui luy appartenoit, & non pas au Roy : Les
François ont des biens qui leur appartiẽnent, & non pas à leur Prince,
quoi que veüillent dire les faux Ministres, & les perfides Partisãs.
Le Roy voulut auoir la vigne de Naboth, par le seul motif de ses
plaisirs, les Ministres sous l’authorité du Roy, ayant desia rauy plus des trois quarts, veulent auoir le reste des facultez des peuples, pour
assouuir leurs passions & leurs auarices. Naboth fist des remonstrances
au Roy : Le Parlement au Nom de tous les Sujets du Roy, en a
fait & reïteré plusieurs fois de tres-iustes & tres-importantes. Pour
forcer Naboth, à perdre la vie auec sa vigne, on inuente cruellement
qu’il a mal parle du Roy : Pour rauir la vie aux François, auec leurs
biens, on suppose malitieusement qu’ils sont rebelles. Ie ne fais point
l’application du reste de l’histoire, fasse nostre Seigneur par sa misericorde,
qu’elle soit defectueuse pour nostre regard, & quelle n’arriue
iamais.   Ie laisse V. M. dans ces pensées, mais entre les bras de la Croix, &
dãs les playes du Crucifié, afin de les mieux digerer, & d’en temperer
les amertumes par le meslãge de celles de cet aymable Sauueur. C’est
dans ce cœur sacré, Madame, dans ce cabinet Royal, dans cette fournaise
de charité, que ie coniure V. M. par tous les sentiments d’vne
ame Chrestienne, & par elle mesme, de considerer auec attention,
& peser auec le poids du sanctuaire, le dessein, l’esprit & la conduite,
de ce Dieu misericordieux, de ce Roy Clement, de ce Pere benin, &
debonnaire Seigneur, & d’en faire la comparaison auec les vostres.
Cependant que prosterne aux pieds de sa Croix, les larmes aux yeux,
les sanglots en la bouche, & les souspirs dans le cœur, ie ne me contenteray
pas de le suplier, mais ie le conjureray auec tous les fideles
François, par la vertu & les merites de son sang, de conseruer vostre
Majesté, dans l’éminence & l’esclat de la pieté & de la vertu, necessaires
à vne grande Princesse, qui par l’effet de deux Sacremens, porte
les tiltres glorieux, de Tres-Chrestienne & Tres-Catholique.
Qu’il luy remette par sa misericorde tous les meurtres, les vols, les
viols, les incendies & les sacrileges, qui ont esté commis sous son
authorité, & qu’elle a tollerez par vne conscience erronée, formée
par des Casuistes ignorans & malicieux. Qu’il luy donne à l’aduenir
de meilleurs conseils, plus Chrestiens & moins interessez. Qu’il couronne
sa Regence des benedictions du Ciel, & des acclamations des
peuples ; & qu’il la rende à jamais triomphante dans son amour &
dans l’histoire.

FIN.

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Occurrence 707. Anonyme. AVIS AV MARESCHAL DE TVRENNE, SVR SON... (1650) chez Variquet (Pierre) à Paris , 24 pages. Langue : français. Le nom de l'imprimeur est au colophon.. Référence RIM : M0_478 ; cote locale : D_1_32. le 2012-04-13 16:18:20.

sinderese de leur cõscience,
qui leur donnera des rudes attaques au milieu d’vn profond
repos, & dans vne asseurance étudiée ; dont l’image menaçante
leur fera voir le respect de la Majesté royale violé, l’amour
de la patrie profané, les Loix impunément foulées, & vn Roy
dans son indignation, qui verra des yeux de trauers leur posterité,
& se rendra le meurtrier aussi-tost que le pere de leurs enfans.

A PARIS, De l’Imprimerie de PIERRE VARIQVET,
ruë Sainct Iacques.

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